Comment une cellule secrète de Facebook manipule les opinions publiques (2)


par Shelley Kasli

Lisez la première partie de cet article

La manipulation des émotions par Facebook !

Une étude parue en 2014 intitulée : La mise en évidence expérimentale d’un phénomène de contagion émotionnelle de grande ampleur via les réseaux sociaux a étudié le ratio entre les messages positifs et négatifs vus par 689.000 utilisateurs Facebook.

Cette expérience, qui s’est déroulée entre le 11 et le 18 janvier 2012, a tenté d’identifier des effets de contagion émotionnelle en modifiant le poids émotionnel des informations diffusées aux utilisateurs ciblés.

Les chercheurs concluent avoir mis en évidence pour la première fois « la preuve que les émotions peuvent se propager à travers un réseau informatique, [même si] les effets liés à ces manipulations restent limités ».

Cette étude a été critiquée à la fois pour ses fondements éthiques et méthodologiques.

La polémique s’intensifiant, Adam Kramer, un des principaux instigateurs de ces recherches et membre de l’équipe responsable des données de Facebook, a défendu cette étude dans un communiqué de la compagnie.

Quelques jours plus tard, Sheryl Sandberg, directrice d’exploitation de Facebook, a prononcé une déclaration, lors de son voyage en Inde.

Au cours d’un événement organisé par la Chambre de commerce à New Delhi, elle a déclaré : « Cette étude s’est faite dans le cadre des recherches en cours menées par les entreprises pour tester différents produits, ni plus ni moins. La communication à ce sujet a été très mauvaise et nous nous en excusons. Nous n’avons pas voulu vous contrarier ».

Ainsi donc, pour quel nouveau produit révolutionnaire Facebook a-t-il conduit des expérimentations psychologiques visant à manipuler émotionnellement ses utilisateurs ?

Ces produits révolutionnaires sont des armées de Trolls numériques à des fins de propagande qui diffusent des informations mensongères comme une trainée de poudre afin d’aider ses clients pendant les élections.

Peu après, le 3 juillet 2014, USA Today rapporte que le groupe EPIC, qui milite pour le respect de la vie privée des citoyens, a déposé une plainte officielle à la Commission fédérale du Commerce stipulant que Facebook a enfreint la loi en menant une recherche sur les émotions de ses utilisateurs sans leur consentement, ni même les informer.

Dans sa plainte, l’EPIC prétend que Facebook a trompé ses usagers en conduisant secrètement une expérience psychologique sur leurs émotions : « Au moment de l’expérience, Facebook n’a pas fait état dans sa politique d’utilisation des données que les informations concernant ses utilisateurs seraient amenés à être utilisées à des fins expérimentales. Facebook a aussi omis d’informer ses usagers que ces informations seraient communiquées à des chercheurs ».

La majorité des cobayes pour ces expériences de manipulation émotionnelle étaient indiens.

La plupart d’entre nous ne prête pas vraiment attention à ce qui est posté sur les réseaux sociaux et la majorité de ce que l’on voit est plutôt inoffensif. Du moins, c’est l’apparence que cela prend à première vue. La vérité est que ce que nous postons sur le net a un impact effrayant.

Selon une recherche menée conjointement par le Laboratoire national du Nord-Ouest pacifique et l’université de Washington, le contenu que l’on poste sur les réseaux sociaux pourrait être utilisé par un logiciel afin de prédire des événements futurs – peut-être même le prochain Premier ministre indien.

Dans un papier qui vient d’être publié par ArXiv, une équipe de chercheurs a découvert que les réseaux sociaux peuvent être utilisés dans le but de « repérer et de prédire des événements dans le monde réel ».

L’analyse de Twitter peut prédire avec précision des troubles sociaux, par exemple, lorsque des personnes utilisent certain hashtags pour discuter certains problèmes avant que leur colère ne se répande dans le monde réel.

L’exemple le plus connu de ce phénomène est survenu lors des printemps arabes, lorsque des signes évidents de protestations et de soulèvements imminents ont été repérés sur le net les jours précédant la descente des gens dans les rues.

L’inverse est aussi vrai, signifiant que la colère peut aussi être générée par les réseaux sociaux et une fois qu’elle atteint un niveau optimal être déversée sur des événements de la vie réelle comme on peut le voir depuis au moins deux ans déjà en Inde avec des cas de lynchages collectifs et autres.

Comment fonctionne l’industrie de la désinformation en Inde

En Inde, une gigantesque industrie de la désinformation a émergé, exerçant une influence bien supérieure au traditionnel discours politique et pouvant potentiellement devenir un problème sécuritaire à l’image des printemps arabes si elle n’est pas maîtrisée.

Au moment où le débat sur le lynchage fait rage en Inde, il faut bien comprendre que de tels incidents n’auraient pas eu aussi rapidement un tel impact si la jeunesse n’avait eu accès à Facebook, Twitter, YouTube, et autres réseaux sociaux qui permettent à cette industrie de la désinformation de gérer et partager de faux montages vidéos et de la fausse information.

Le phénomène de lynchage apparu depuis quelques années est une conséquence directe de cette industrie de la propagande qui se répand des réseaux sociaux vers le monde réel.
Ceci prend une tout autre ampleur maintenant qu’il a été révélé que Facebook & WhatsApp ont comploté avec l’establishment en créant « une armée de Trolls » à des fins de propagande numérique, engendrant des violences sur le sol indien. C’est un cas typique de terrorisme.

Ce dernier est défini comme « l’utilisation systématique de la terreur ou de la violence par un individu ou un groupe à des fins politiques ».

Dans le cas présent, ce terrorisme est perpétré par une compagnie étrangère (Facebook) sur le sol indien par le biais d’une guerre numérique de (dés)information. Qu’attendons-nous pour réagir à de tels actes ?

Une campagne de désinformation a été menée au cours des élections présidentielles états-uniennes. Elle fait partie intégrante de la campagne officielle elle-même menée en collaboration avec des entreprises de pointe. Cette même méthode a aussi été utilisée pour orienter le débat sur le Brexit.

À l’heure où nous parlons, cette vaste entreprise de désinformation étend ses tentacules en Inde. De nombreux sportifs de renom, des célébrités, des économistes, des politiciens en ont déjà été victimes en disséminant du contenu fallacieux. C’est une dangereuse tendance qui devrait être surveillée de près par nos services de Renseignement afin de prévenir de futurs désastres.

Voici succinctement comment tout cela fonctionne.

De nombreux sites et portails web de légitimité et financement divers reçoivent des publicités flottantes. Des contenus bien spécifiques sont créés pour différentes catégories de personne basés sur leur région, leur idéologie, leur âge, leur religion… qui sont mélangés à une vaste quantité de contenu érotique noyant le véritable objectif.

Ce contenu fallacieux est ensuite injecté dans le réseau social et des groupes spécifiques sont ciblés par le biais d’outils analytiques développé par des entreprises de pointe.

À mesure que cette fausse information se répand, elle acquiert petit à petit sa dynamique propre et finit par être reprise par une personnalité quelconque – célébrité, politicien et même parfois un journaliste. Ce qui advient ensuite est pure folie.

Que ce soit par choix ou par ignorance, les médias dominants commencent à diffuser ce tissu de mensonges, consacrant l’intégralité de leurs revues de presse à l’analyse de ces fausses informations : qui a dit quoi et pourquoi et bla bla bla… au lieu de chercher à vérifier l’authenticité de ces dernières.

Du fait du caractère sensationnel de ces canulars et aussi parce qu’ils sont relayés par des personnalités influentes, cette vision faussée du monde va se répandre dans le monde réel, pour témoins les victimes de lynchage. Sans contrôle, ce phénomène de désinformation pourrait contaminer toute l’opinion publique.

Nous arriverons à un moment où il sera quasiment impossible de distinguer le vrai du faux, le fait de la fiction, avec la société tout entière se radicalisant en différentes factions opposées sur la base de mensonges.

yogaesoteric
11 février 2020

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