Continental va fabriquer des pneus à partir de pissenlit
A présent, l’écologie et la sécurité sont au cœur de toutes les nouveautés en matière d’automobile. Comme les constructeurs, les équipementiers se voient contraints d’innover afin de répondre à ces problématiques. Roues sans air ou connectées, pneus végétaux autonettoyants… les innovations pneumatiques ont été nombreuses ces dernières années.
Après les technologies ContiSense et ContiAdapt, Continental a franchi fin décembre 2018 une nouvelle étape. L’année s’est clôturée avec l’inauguration d’un laboratoire de recherche à Anklam en Allemagne. Ce centre d’une superficie de 30.000 m2 se consacrera entièrement au projet de fabrication de pneumatiques à partir de pissenlit. Concrètement, le pissenlit servira à produire le caoutchouc naturel présent dans les pneus !
Cette initiative peut paraître étonnante, mais elle est le fruit d’une réflexion poussée, entamée il y a plusieurs années par Continental. Suite à des premiers tests encourageants, Continental a pris la décision de se lancer dans la concrétisation de ce projet ambitieux.
Pourquoi le pissenlit ? Une demande de caoutchouc en hausse
A présent, un pneu pour voiture de tourisme se compose de 10 à 30% de caoutchouc naturel. Cette proportion est encore plus élevée sur les pneus pour utilitaires. On obtient ce caoutchouc naturel à partir de la transformation du latex, une matière première provenant exclusivement de l’Hévéa (ou arbre à caoutchouc).
Or, cet arbre ne se trouve que dans certaines régions du monde, essentiellement la forêt amazonienne et l’Asie du sud-est. La production croissante de véhicules dans le monde pose donc un problème écologique. Elle implique en effet une demande en hausse de caoutchouc naturel. Pour répondre à cette demande, il est nécessaire d’étendre les monocultures d’hévéas. Cela se fait au détriment des végétations voisines et n’est pas sans conséquences pour la biodiversité et l’équilibre de l’écosystème.
Un second problème a été souligné par Continental. Un hévéa mettrait en moyenne sept ans avant d’être capable de produire du latex ! En raison de ces cycles relativement longs, la demande du marché est en train de dépasser la capacité de production des hévéas.
Le pissenlit russe comme alternative
Pour Continental, le pissenlit se présente comme une solution efficace à ces deux problèmes. L’équipementier allemand a choisi de se concentrer uniquement sur les pissenlits russes. Cette espèce originaire du Kazakhstan est la seule à produire un composé proche du latex et pouvant être utilisé pour fabriquer des pneumatiques solides et de qualité premium. Par rapport à l’hévéa, le pissenlit russe dispose de nombreuses qualités qu’il est important de souligner.
– Tout d’abord, le cycle de croissance d’un pissenlit russe n’est que d’un an en moyenne. Cela signifie que la première récolte peut être effectuée seulement un an après la plantation du pissenlit !
– Ensuite, le pissenlit russe pousse dans des régions à climat tempéré. Il n’a pas besoin d’un sol de qualité supérieure pour grandir. Ainsi, il sera donc possible de faire pousser les pissenlits à proximité des usines de pneumatiques Continental. Selon Carla Recker, responsable de la chimie des matériaux chez Continental, cela contribuera fortement à réduire les émissions de CO2, grâce à une réduction des trajets pour l’acheminement des matières premières.
– Enfin, le pissenlit russe est une plante robuste et peu sensible aux conditions climatiques, ce qui est moins le cas de l’hévéa.
Le Taraxagum pour remplacer le latex
Compte tenu de tous ces arguments en faveur du pissenlit, l’idée de Continental est de remplacer le latex de l’hévéa par le Taraxagum. Il s’agit d’une substance liquide extraite du pissenlit et qui présente des propriétés assez proches du latex. Comme ce dernier, le Taraxagum est d’abord transformé afin de donner un caoutchouc naturel que l’on utilisera dans la fabrication des pneus.
Continental a effectué les premiers tests à l’été 2014. Les WinterContact TS 850 P furent les premiers pneumatiques hiver constitués d’un caoutchouc provenant à 100% du pissenlit. Ces pneus ont été testés sur des routes allemandes et suédoises avec des résultats très positifs. En 2016, Continental a créé le premier pneumatique pour poids lourd composé de caoutchouc issu du pissenlit. Ce pneumatique a été présenté au Salon international des véhicules commerciaux de Hanovre.
Taraxagum Lab Anklam
C’est en novembre 2017 que Continental a annoncé son projet de créer un centre de recherche entièrement dédié à ce projet. Il n’aura fallu qu’un an pour construire le Taraxagum Lab Anklam !
Sur le moyen terme, une vingtaine de personnes travailleront dans ce centre : chimistes, agronomes, chercheurs en technologie des process… Cette équipe mènera des tests et recherches approfondies sur l’agriculture du pissenlit et les procédés d’extraction du Taraxagum.
Continental a investi 35 millions d’euros dans ce projet. De son côté, le ministère des Affaires économiques de la région (Mecklembourg-Poméranie-Occidentale) a octroyé une aide financière à hauteur de 11,6 millions d’euros pour encourager le projet et la création d’emplois locaux.
Selon Continental, si tous les tests réalisés sont positifs, les pneumatiques fabriqués à partir de pissenlit devraient pouvoir être produits en série d’ici 5 à 10 ans.
yogaesoteric
5 décembre 2019
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