En 2017, The Economist prédisait une révolution en France

 

Analyse fine ou prophétie auto-réalisatrice ? Le magazine anglais, détenu à 21% par la branche anglaise des Rothschild, publiait en avril 2017 une édition dédiée à l’élection présidentielle française. La couverture n’est pas le moindre du monde énigmatique comme c’est souvent le cas avec eux. Ils annoncent carrément une nouvelle révolution française. L’article consacré au sujet est moins tranchant mais évoquait bien les risques très nets de l’après élection.

Le magazine évoquait alors un bouleversent dans la politique française pouvant avoir des répercussions dans le pays et bien au-delà. Selon eux, la France allait vivre dans tous les cas une révolution, soit politique (décrivant deux candidats radicalement opposés) soit du peuple.

« Les implications de ces insurrections (le duel Macro/Le Pen) sont difficiles à exagérer. C’est l’exemple le plus clair d’une tendance mondiale : l’ancien fossé entre la gauche et la droite devient moins important que le nouveau entre l’ouverture et la fermeture (référence à leurs politiques diamétralement opposées). Le ré-alignement qui en résultera aura des répercussions bien au-delà des frontières françaises. Cela pourrait revitaliser l’Union européenne ou la détruire. »

« Les Misérables

La cause immédiate de la révolution est la fureur des électeurs face à l’inutilité et l’égoïsme de leur classe dirigeante. La présidence socialiste de François Hollande est si impopulaire qu’il ne se présente pas pour sa réélection.

L’angoisse suscitée par l’état de la France alimente encore plus la colère des électeurs. Un sondage l’année 2016 a révélé que les français sont les gens les plus pessimistes de la planète, avec 81% qui considèrent que le situation dans le monde s’aggrave et 3% seulement disent qu’elle est en train de s’améliorer. Une grande partie de cette morosité est d’ordre économique. »

Le magazine liste ensuite les motifs de mécontentement populaire comme le chômage, la hausse des taxes, les attaques terroristes, l’état d’urgence et l’immigration. Rappelant que ces problèmes perdurent depuis des décennies, The Economist indique que ni la droite ni la droite n’ont été capables d’endiguer ces problématiques qui ont provoqué des manifestations massives. Puis s’en suit une description des deux candidats et de la présidence qu’ils proposent. The Economist montre alors clairement son choix (dont on se serait douté) en lançant au passage une énième salve anti-russe pour conclure l’article:

« Néanmoins, ils représentent une répudiation du statu quo. Une victoire de M. Macron serait la preuve que le libéralisme plait toujours aux Européens. Une victoire de Mme Le Pen rendrait la France plus pauvre, plus insulaire et plus méchante. Si elle retire la France de la zone euro, cela déclenchera une crise financière et condamnera l’union qui, malgré tous ses défauts, a favorisé la paix et la prospérité en Europe pendant six décennies. Vladimir Poutine adorerait cela. Ce n’est pas un hasard si le parti de Mme Le Pen a reçu un prêt d’une banque russe et l’organisation de M. Macron a subi plus de 4000 attaques informatiques.

Il ne reste plus que deux mois avant les élections et Mme Le Pen est peu susceptible de décrocher la présidence. Les sondages la montrent gagnante du premier tour mais perdante au second. Mais dans cette élection extraordinaire, tout peut arriver. La France a déjà secoué le monde. Elle pourrait le faire à nouveau. »

Au-delà de la propagande pro Macron du magazine on notera que l’allusion à une révolution n’est que peu présente dans cet article. On la retrouve uniquement dans la couverture qui est limpide et cette phrase faisant référence au roman de Victor Hugo « Les Misérables ». « La cause immédiate de la révolution est la fureur des électeurs face à l’inutilité et l’égoïsme de leur classe dirigeante. »

The Economist : des visionnaires en carton

Mais ce qui transpire de cet article c’est le fait que fait que The Economist n’est pas si clairvoyant que cela. Certes, la victoire de Macron est annoncée comme inéluctable mais aussi comme une bonne chose qui serait à même de réformer positivement la France et de renforcer l’Europe. Il est aussi vu comme à la fois la solution face à la débâcle politicienne des gouvernements précédents mais aussi un espoir d’éviter une crise financière globale et le « méchant » populisme annoncé par Le Pen. Pire, Macron est considéré comme « le révolutionnaire pro-mondialisation ». Il est vrai qu’il s’est présenté lui-même ainsi dans un livre intitulé fort à propos… « Révolution » :

Macron pensait alors apporter lui-même une révolution… mais politique. Voilà ce qu’en dit un lecteur : « L’introduction ainsi que le 1er chapitre font dans l’auto-satisfaction et le contentement de soi à un niveau assez élevé… et donc ridicule. J’avais failli arrêter après cela mais j’ai continué.

Sa vision des choses est intéressante, on a envie d’y croire à sa révolution socio-libérale mais c’est juste une vision et il n’y aucun véritable programme. Il pense sincèrement que libéraliser le marché du travail, assouplir les règles juridiques, déréguler davantage le marché financier permettra à notre pays d’aller mieux et profitera à tous… mais cela profite seulement aux très riches et aux multinationales tout en demandant aux mêmes classes moyennes & aisés de se serrer davantage la ceinture avec toujours moins de moyens pour les services publics notamment ceux de première utilité.

Les signaux envoyés dans ce livre et dans la réalité sont très mauvais, les gens (comme moi) en ont marre d’être pris pour des imbéciles. Pourtant on souhaiterait juste un environnement de partage plus équitable des richesses notamment en France, de développement durable et d’ordre républicain. »

Donc il est clair que The Economist voyait surtout l’élection de Macron comme une révolution politicienne permettant de réformer la France à défaut de subir une révolution citoyenne. Or, c’est exactement l’inverse qui est en train de se produire : clairvoyance zéro pointé.

Le Monde en 2017

Le magazine avait également montré une foule de manifestants en jaune dans l’édition annuelle de 2017. Cette allusion est pourtant nettement moins évidente car les pancartes montrent des slogans contre l’Union Européenne, l’accord TTIP (Traité de libre-échange transatlantique) et le TPP (Accord de partenariat transpacifique). Ce sont en gros des manifestants contre la mondialisation et rien n’indique qu’elles soient liées à la France. D’ailleurs, la mobilisation à ce sujet dans l’hexagone est très faible. Par contre, en 2016, 320.000 Allemands ont défilé contre le Tafta, selon les syndicats. Cette photo est donc loin d’être prophétique. The Economist montrait simplement la poursuite de la mobilisation populaire contre ces traités.

Les français quant à eux, n’ont pour la plupart, toujours pas compris que l’UE est en grande partie responsable de leurs malheurs. La grogne populaire reste le plus souvent axée sur des objectifs à court terme et une cible bien identifiable (Macron). Les marionnettistes en coulisse eux restent toujours dans l’ombre, bien à l’abri de la révolte qui couve.

 

yogaesoteric
18 décembre 2018

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