En Chine, la reconnaissance faciale traque déjà les cancres
Un système pilote de caméras déployées dans un lycée de Hangzhou vise à déterminer si les élèves sont attentifs.
Le monde idéal imaginé par la Chine évoque de plus en plus « Big Brother». Un lycée de la ville de Hangzhou, à l’est du pays, a ainsi installé dans deux classes des caméras équipées d’un système de reconnaissance faciale pour surveiller si les étudiants sont attentifs, ont rapporté des médias d’État chinois. Ce « programme pilote » permet d’analyser l’attitude et les expressions des visages des élèves ; et de déterminer en temps réel leur niveau d’implication et leur état émotionnel (bonheur, peur, dégoût, surprise ou colère), précise le Global Times, un quotidien proche du Parti communiste chinois (PCC).
« Grâce à ce système, on peut voir quels élèves sont concentrés, et lesquels ont l’esprit qui vagabonde », se félicite le professeur principal de l’école, Ni Ziyuan, sur le site d’information Sina News. Si un élève se conduit mal ou n’est pas attentif, le professeur en est aussitôt informé. L’objectif est aussi d’évaluer les qualités pédagogiques des enseignants, fait valoir l’établissement. Et de pouvoir recenser rapidement les présents et les absents.
À en croire les médias chinois, les jeunes participants à cette expérience sont ravis d’être fliqués. « Avant, dans certains cours que je n’aimais pas beaucoup, je pouvais parfois être paresseux : je faisais des siestes sur mon bureau ou feuilletais d’autres livres scolaires », reconnaît un étudiant cité par Sina News. Mais depuis que son école a installé les caméras, « c’est comme si une paire d’yeux mystérieux était constamment en train de m’observer, et je n’ose pas laisser mon esprit errer », explique-t-il.
Si la presse officielle considère visiblement cette expérience comme un progrès – le Global Times qualifie de « chanceux » les élèves qui y participent –, son caractère « orwellien » a suscité de nombreux commentaires grinçants sur les réseaux sociaux. « Ce n’est pas une école, c’est une prison ! », s’indigne un internaute sur Weibo, le Twitter chinois. « Le but est de former des robots ou quoi ? », ironise un autre. « Ce qui est terrible, c’est que les technologies sont prêtes. Un jour, quand elles seront largement répandues, on vivra vraiment dans le roman 1984 », s’inquiète un troisième.
La Chine, qui a installé plus de 170 millions de caméras sur son territoire, a de plus en plus recours à la reconnaissance faciale. Le système de surveillance Skynet, installé dans 16 municipalités et provinces chinoises, aurait ainsi permis d’identifier ces deux dernières années plus de 2000 personnes recherchées, selon la presse d’État. Un fugitif a même été repéré – à sa plus grande stupéfaction – dans une foule de 60.000 personnes, assistant à un concert de musique pop dans la ville de Nanchang.
yogaesoteric
15 octobre 2018
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