Est-ce que les moines font du karma yoga? Une comparaison entre le karma yoga et le travail pour la communauté des moines orthodoxes

            En Roumanie, “la vie en communauté” des monastères est réglementée par le Moniteur Officiel 

                                                                                                                                    de Mihaela Gheorghiu

Devise:
“Dans la communauté des monastères il faut se soumettre non seulement à l’abbé, mais à toute à la confrérie, supportant de leur part des admonestations, des reproches, des injures, d’être de la poussière et de la cendre sur leurs pieds, comme un esclave acheté pour de l’argent, servant à tous, avec de l’humilité et peur de Dieu”.
Saint Jean Climaque

“L’effort, la sueur, la peine, l’humilité, le mépris de soi,
tout ceci bâti le vrai moine, ce sont ses couronnes pour l’éternité.
Pour cela le diable fier porte la guerre au monachisme,
faisant en sorte que ceux qui font partie du monde méprisent le monachisme”
Le père Ephrem l’Athonite

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En défiant les lois, la déontologie professionnelle et l’évidence, les procureurs ont commandé à la Patriarchie de déclarer que MISA est une secte dangereuse

On ne s’est pas laissé tromper par l’aura d’expert avec laquelle le parquet a présenté le prêtre Sterea Tache, l’auteur des „études scientifiques” sur MISA inclues dans le réquisitoire anti-MISA, ni par la diligence avec laquelle celui-ci a exécuté la commande donnée par le sinistre procureur Marian Delcea. Ce dernier avait demandé explicitement au prêtre de déposer au dossier un document où il montre que la pratique du Karma Yoga ne peut pas être assimilée aux activités quotidiennes déployées dans l’enceinte des monastères orthodoxes. Pourquoi prendre ce genre de précautions? Justement parce qu’il sait très bien que les moines pratiquent ce que les yogis appellent depuis des milliers d’années Karma Yoga. Et c’est quelque chose de légal et qui ne peut pas du tout être considéré comme un trafic de personnes ou une exploitation.

Sterea Tache écrit à son tour: “Tant l’organisation et le fonctionnement des monastères, que les activités de ménage ici déroulées n’ont rien à voir avec les pratiques de MISA”. On s’attendait à ce que, après une affirmation aussi catégorique, des arguments ou des exemples qui prouvent sa validité suivent. Mais rien du tout. Cette façon suspecte d’agir nous a déterminé à étudier de près le sujet. Nous avons visité plusieurs monastères, nous avons parlé avec les moines, hommes et femmes, nous avons étudié des livres religieux, nous avons lu des reportages, nous avons vu des documentaires, nous avons consulté le Moniteur Officiel où est publié le Statut de fonctionnement des monastères. Finalement nous avons découvert que nous avons à faire avec une nouvelle mystification gigantesque.

En effet, entre les ashrams et les monastères il existe des différences, même très grandes. Par exemple, pour entrer dans un monastère les moines ont l’obligation (par la loi) de donner tous leurs biens – pour entrer dans un ashram les yogis n’ont pas du tout cette obligation. Les moines sont obligés (par la loi) d’exécuter sans commentaires les travaux établis par le staretz et tout ce que celui-ci leur demande – les yogis ne sont pas soumis à ce genre de régime. Les moines sont obligés (par la loi) de rompre toutes leurs liaisons avec la famille et la société, y compris de renoncer au travail – les yogis, et il y en a de nombreux exemples, gardent les relations avec la famille, avec la société et continuent de travailler (à l’exception des cas où ils sont rejetés par la famille ou licenciés de leur travail pour la raison qu’ils pratiquent le Yoga). Les moines déposent le serment de rester toute leur vie dans le monastère – les yogis ne réalisent pas ce genre de serment, ils peuvent rester dans l’ashram autant qu’ils le veulent, et de même ils peuvent en partir lorsqu’ils le souhaitent. Et les exemples pourraient continuer.

Nous allons voir par la suite comment toutes ces accusations – qui, nous le soulignons, NE SE PASSENT PAS dans le cadre de MISA, mais qui nous ont été attribuées de force – sont en fait des pratiques courantes dans toutes les monastères orthodoxes. Elles sont parfaitement légales et même réglementées par le Statut de fonctionnement des monastères – “acte normatif ayant pouvoir de loi, publié dans le Moniteur Officiel” – comme le prêtre Sterea Tache l’affirme dans le réquisitoire anti-MISA.

Attribuées à MISA, ces aspects deviennent soudainement des accusations pénales. Les procureurs accusent Gregorian Bivolaru et les professeurs de MISA que les yogis renoncent à tout ce qu’ils possèdent, que les yogis sont obligés de donner leurs biens, que les yogis se rompent totalement de leur famille, de la vie sociale et qu’ils renoncent au travail, que les yogis sont des prisonniers dans les ashrams, que les yogis sont affamés à cause du régime végétarien et du jeûne, que les yogis sont drastiquement punis s’ils ne respectent pas les règles établies de façon „despotique” par Gregorian Bivolaru, etc. Pour nous, en tant que yogis, ces accusations sont étonnantes – nous savons très bien que ces choses ne se passent pas dans le cadre de MISA. Mais elles ont été tellement répétées dans les mass medias, que beaucoup de monde les considèrent comme réelles. Pendant que ces choses, qui se passent dans tout monastère orthodoxe, mais non pas dans le cadre des ashrams de MISA, ont été intensément claironnées pour faire en sorte que l’opinion publique soit contre nous, étant présentées pour des illégalités énormes, les autres aspects – communs aux monastères et aux ashrams, comme le régime alimentaire végétarien ou le travail volontaire pour la communauté – nommé par les yogis Karma Yoga et par les moines orthodoxes “travail pour la communauté”, ont été ignorés en totalité.

Si nous partons de la prémisse que Sterea Tache a raison lorsqu’il dit: “Tant l’organisation et le fonctionnement, que des activités de ménage déroulées dans le cadre des monastères n’ont rien en commun avec les pratiques de MISA” alors en effet toutes les accusations contre MISA devraient tomber. Si, au contraire, Sterea Tache se trompe, alors la vie des monastères et la vie des ashrams de MISA se ressemblent, et dans ce cas, toutes les accusations ci-dessus se trouvent être un autre abus – parce que ce sont des choses parfaitement légales qui se passent d’ailleurs dans les monastères, réglementées par la loi et non pas du crime organisé ou du travail forcé.

De même que les ashrams, les monastères chrétiens sont convaincus de la nécessité de consacrer tout le temps à une pratique spirituelle assidue

Dès le début du monde, dans le cadre de différentes traditions spirituelles, certains adeptes ont choisi de vivre dans des communautés, à côté de ceux qui partageaient leurs aspirations. Les roumains, vivant dans un pays chrétien, assimilent la vie dans une communauté spirituelle aux monastères orthodoxes, bien que celle-ci ne soit pas spécifique seulement au christianisme, puisqu’elle existe depuis des millénaires au Tibet, en Inde etc.

Le premier monastère chrétien est apparu vers l’an 300 en Egypte, à l’endroit à l’Apôtre Paul s’était retiré comme moine dans une grotte. Mais bientôt, à la base de la montagne où il vivait, de plus en plus de croyants désirant suivre son exemple ont commencé à se réunir. Déjà un groupe, il n’était plus question qu’ils vivent dans la solitude, c’est ainsi que la première communauté monacale avait pris naissance, dirigée par Saint Antoine.

Le père Dumitru Stăniloae écrit dans l’ouvrage “Fondements dogmatiques et confessionnels pour la vie monacale dans la communauté”: “Vers l’an 306, les anachorètes qui vivaient dissipés et isolés ont commencé à se réunir autour de l’abri de Saint Antoine et à se soumettre à sa direction confessionnelle. Antoine a été le premier qui a unit les ascètes dans une sorte de vie sociale. Cette réunion était en tout cas très peu contraignante et toute à fait bénévole, il ne s’agissait pas encore de la création d’une obédience ; la volonté la remplaçait. L’endroit créé par St. Antoine devrait plutôt être nommé une colonie de moines.

Certains ne savaient pas avec précision quel est le but de l’ascèse, d’autres n’avaient pas en eux suffisamment de ressources, de pouvoir pour poursuivre le but. Ces désavantages ont déterminé Saint Antoine à réagir en réunissant les ascètes dans une communauté et les coordonnant. Il insista, dans ses discours envers les moines, que la perfection n’est pas atteinte par la fuite du monde et en se retirant dans l’isolement; la solitude et la renonciation sont seulement des moyens pour arriver à la sainteté intérieure. Personne ne doit dire que la Sainte Écriture suffit pour l’enseignement ; par contre, il est bien que les moines cultivent la vie en communauté et se renforcent réciproquement dans la croyance ainsi que par des discussions, se fortifier pour la lutte. Mais cette forme d’organisation a été de courte durée.

Celui qui a donné naissance à la forme d’organisation définitive et normative pour la plupart des moines a été Pacôme, qui a développé l’association créée par Antoine jusqu’à la vie en communauté. La vie monacale de Pacôme ajoute à celle-ci un nouveau principe, qui devient la base de l’édifice : la vie en commun. La vie en commun englobe trois côtés :
a) le service divin commun,
b) habiter, dormir, manger en commun, dans un bâtiment isolé du monde extérieur;
c) gagner en commun les moyens de s’entretenir par travail en commun.

Ce mode de vie était quelque chose de tout à fait nouveau. Les moines de Pacôme ne consomment pas les biens qu’ils ont emmenés, mais ils vivent d’un travail en commun bien organisé ; ici il ne s’agit pas de la simple consommation en commun, mais d’une production commune.

Pacôme introduit ce mode de travail dans les groupes de moines, qui, selon leur conviction et en totalité libres, acceptaient cette vie en vue de la perfection religieuse. L’économie commune imposait que leurs chambres soient proches les unes des autres. Pacôme les entoure avec un mur, qui protégeait les moines du tumulte de la vie extérieure, facilitant ainsi leurs efforts en vue de la rédemption.

Le moine pouvait se consacrer sans perturbation à la prière, à la méditation, aux pénitences corporelles et à son travail. Avec ce mur prend naissance en fait le monastère, le « claustrum », la communauté fermée de ceux qui sont préoccupés, loin du monde, intensément et exclusivement par leur rédemption. Le monastère réalisait une autarchie complète, due aux nécessités peu nombreuses des moines. Ainsi, de ce point de vue, la vie en communauté offrait les conditions pour un accomplissement plus léger des exercices ascétiques. En effet, l’acte de renonciation aux choses matérielles, réalisé par l’ascète au début de sa vie monacale, pouvait être rendu permanent seulement dans la vie en communauté, qui le dispensait de tout soin de se procurer ce qui lui était nécessaire pour vivre. Et en fait la vie en communauté s’est trouvé être dans la pratique comme le cadre le plus adéquat où les efforts de perfectionnement des moines peuvent s’accomplir.”

Nous avons cité de ce texte écrit par le père Stăniloae parce qu’il correspond à la raison d’être des ashrams de l’école de Yoga de MISA – comme ils ont été décrits dans le rapport réalisé par l’expert suédois Karl Eric Nylund: “L’ashram est un endroit où on vit de façon simple, pour pouvoir pratiquer le plus possible la méditation. L’ashram dans le cadre de MISA est un endroit où on vit en commun, simple, comme dans un foyer. Le but pour celui qui choisit de mode de vie en commun est de consacrer plus de temps au Yoga“.

L’entrée dans le monastère implique de donner tous les biens matériels et d’obéir de façon inconditionnée au staretz

Dans la loi du Moniteur Officiel est prévu à l’article 16 que “celui qui désire entrer dans la vie monacale doit faire au Hiérarque de l’endroit une demande écrite” accompagnée, entre autres, par “la déclaration de renoncer à ses biens, en les donnant à sa famille ou au monastère“.

L’étape suivante est décrite dans les articles 18 et 19: “le staretz du monastère confie le nouvel arrivé à un moine ou à membre du Conseil Confessionnel et lui apprend les devoir du monastère pour les débutants, et au cas où le candidat prouve un comportement digne et qu’il est utile à la communauté du monastère, après trois mois, le staretz le recommandera au Hiérarque pour être admis parmi les frères, lui avançant tous les papiers et la demande ; une fois reçu, il sera préparé pour la voie canonique ou le noviciat. Durant ce temps-là, le frère est considéré comme un débutant et il est conseillé par son guide confessionnel et son confesseur pour réaliser des bonnes actions et pour le protéger de tout le mal et pour investiguer seul sa conscience: toutes ses pensées, ses mots et ses actions les révélant, sans mentir, à son père confessionnel, chaque soir, sans réaliser quelque chose selon sa volonté, même si cela lui semble être quelque chose de bien. Dans toute action il doit obéir à son conseiller, en sachant que sa volonté est annihilée. Maintenant, il doit traverser les différentes pénitences, pour prouver sa patience et ses penchés pratiques.”

Ensuite, le Statut de fonctionnement des monastères prévoit: “Le candidat est rasé, son nom est changé, il reçoit des habits monacaux. Dorénavant, il doit avoir un guidage et une surveillance augmentés dans la vie monacale, c’est-à-dire: accomplir les coutumes de l’Église et les sept Louanges, la vie en communauté, la soumission, le silence, le comportement modeste et respectueux et, surtout, de toujours avoir à la bouche et dans le cœur la prière de Jésus, se donnant du mal pour combiner le travail avec la prière”. “En conformité avec les décisions des Saints Synodes Œcuméniques (Can.4, Syn.IV; Can.21, Syn.VII), les moines doivent demeurer obéissants jusqu’à la fin de leur vie dans leurs monastères ou dans les endroits où ils ont été envoyés par le Hiérarque, en gardant entièrement la discipline des canons et des règlements monacaux et les pénitences inconditionnées, il leur est interdit de déménager d’un monastère à l’autre par leur seule volonté.” (art.21 et art. 28 )

La religieuse Irina raconte la même chose dans un article publié par le journal « La Pensée », le 15 avril 2006: “Jusqu’à ce qu’elle devienne religieuse, une mère est au début sœur. Cette période dure trois ans. Ensuite on réalise une messe durant laquelle la femme reçoit un autre nom, de sainte, et elle sera « fiancée » avec le Christ. Seulement ensuite elle dépose le grand serment et entre vraiment dans la vie monacale. “On jure de rester toute la vie dans la monastère et d’obéir sans condition“, explique la mère Irina.

Voilà ce que Sterea Tache écrit sur les sectes: “Le gourou suggère l’idée qu’il a une réponse à toutes les questions – à une seule condition – la soumission inconditionnelle”. Quelle est la différence entre l’obéissance inconditionnée du moine qui doit se soumettre entièrement au staretz, “il lui est interdit de faire quelque chose, même si cela lui semble juste” et la soumission inconditionnée de laquelle MISA est accusée par Sterea Tache?

Rompre les liaisons avec la famille et la société est une obligation pour les moines

Dans une revue de spiritualité orthodoxe, Epifania, n° 4/ 1998, nous lisons: “Dans les premiers siècles de l’ère chrétienne, lorsque le monachisme se développe très vite dans le désert de l’Egypte, il a étonné le monde par son mode de vie opposé au mode de vie laïque, et de nombreuses personnes ont recueilli des témoignages sur les moines et décrivaient leur mode de vie. Les visiteurs des moines étaient des gens de bonne croyance, qui, venant chez eux pour un conseil, ont couché par écrit ces mots d’enseignement, de même que les faits religieux des pères de l’antiquité. Aujourd’hui c’est l’inverse : la vie monacale est un phénomène commun, il n’est pas considéré comme quelque chose d’à part par les gens, en quittant les liaisons de famille et sociales, les plaisir de la vie, ils s’enferment entre les mur d’un quelconque monastère, ce n’est pas considéré comme quelque chose de méritoire que le moine passe la moitié de la journée avec les messes de l’église et dans la prière, se soumettant aux règles âpres du monastère, en ce qui concerne la nourriture et l’obéissance inconditionnelle envers le staretz, en suivant soumis sa vocation et en demeurant inconnu.”

À côté des réglementations du Moniteur Officiel, la vie dans le monastère est aussi réglementée par les règles établies par Saint Basile le Grand. “Pour Saint Basile, la vie monacale est premièrement un don divin fait aux gens qui peuvent comprendre ce mot. Le visage divin qui existe dans l’homme tend naturellement vers l’Archétype, et pour cela l’homme, indépendamment de sa religion, a planté en lui un désir de perfection, d’infini, d’immortalité. Le monachisme est lié, par les aspirations qu’il promeut, à la nature même de l’âme humaine, mais il apparaît sous forme de vocation et d’appel à la vie monacale seulement chez les élus de Dieu. Être chrétien, pour Saint Basile, ne signifie pas ne pas avoir de vices, mais avoir le pouvoir de les vaincre, en soulevant ainsi le voile qui sépare le mental et notre âme de Christ – Dieu. Donc, le visage de Dieu qui se retrouve dans l’être humain et la réalité déformée des vices constituent deux des prémisses de la vie monacale, définie, comme nous l’avons vu, par Saint Basile, comme persévérance pour acquérir la pureté. Ainsi, l’isolement que les moines réalisent n’est pas du au mépris de la vie de famille ou à une attitude misanthrope et antisociale, mais est simultanément l’expression de l’amour de Dieu et de la prise de conscience du fait que l’accomplissement de cet amour n’est pas possible au milieu des tentations que le monde offre”, écrit l’ermite hiérarque Agapie Corbu, professeur à la faculté de Théologie d’Arad, dans l’étude nommée ” Saint Basile le Grand, professeur des moines”.

“Donc le monastère est avant tout un endroit de retraite, le fondement de l’isolement des moines de la vie des autres gens est tant anthropologique, que théologique. Justement afin de pouvoir garder les conditions nécessaires à la contemplation, Saint Basile demande aux moines d’éviter les liaisons avec les laïques”, continue Agapie Corbu. Et les règles établies par Saint Basile montrent que sortir du monastère se réalise seulement avec la permission du staretz, et de même pour recevoir des visites, y compris de la part de la famille: „Le staretz a le pouvoir de permettre qu’un frère sorte du monastère, et d’interdire cela à ceux dont il pense que cela ne leur sera pas utile. Donc ils vont rester dans le monastère et s’occuper du ménage. Il est permis à un frère de sortir du monastère, seulement si ce voyage ne nuira pas à son âme, mais que ce sera utile pour les autres aussi.”

Ces règles monacales anciennes sont confirmées aussi par le Moniteur Officiel: “Il est interdit aux moines de sortir du monastère sans billet de permission, rédigé par le staretz, avec le tampon du monastère où on présente la raison de sortir ou la tâche qu’il doit accomplir, l’endroit où il va et l’intervalle de temps qu’il peut s’absenter. Celui qui ignore cette disposition sera considéré comme un vagabond.” (article 96)

En ce qui concerne les liaisons avec la famille, Saint Basile le Grand a établi que : „Les parents de sang ou les frères, s’ils vivent dans le nom du Seigneur, alors ils jouissent du soutien de tous les autres qui vivent dans le monastère comme s’ils étaient les parents de tous. Et s’ils sont encore liés à la vie laïque, alors ils n’ont rien à faire avec nous, qui cherchons à amplifier tout ce qui nous rapproche du Seigneur. Car, à côté du fait qu’on ne peut leur apporter aucune aide, nous troublons notre vie aussi, en la remplissant d’ennuis, nous dirigeant ainsi vers le péché. Par contre, ceux qui détestent les lois du Seigneur et détruisent la dévotion, lorsqu’ils viennent au monastère pour vérifier celles de leur famille, il ne faut pas recevoir en visite certains qui n’aiment pas le Seigneur” et „De la famille, des amis, des parents il faut éloigner ton cœur, aussi loin que les vivants sont des morts”.

Voilà ce que Sterea Tache écrit sur les sectes – parmi lesquelles il inclue, sans pouvoir le démontrer, MISA : “Cet asservissement suppose la destruction d’une personne du point de vue psychique, en annulant les liaisons avec la famille et la société (cf. Jean Vernette – Sectes, quoi dire, quoi faire ? Salvator 1994, page 13-14)”. Nous avons vu plus haut comment le moine doit obéir de façon inconditionnelle, voyons maintenant comment il vit dans le monastère entièrement séparé de tout ce qui a été sa vie avant d’entrer au monastère : les parents, les amis, le mari/la femme, les enfants, le service, les vêtements laïques, les coupes, même le nom est changé pour marquer le début d’une nouvelle vie. Pourquoi dans le cadre de l’Église, annuler les liaisons avec la famille et la société – faits incontestables – sont considérées comme quelque chose de positif, de légal et de nécessaire, et lorsqu’ils sont associés à MISA ils deviendrait soudain une infraction ?

Les punitions pour le non respect des règles de vie monacale

La staretz du Monastère Suzana, de la vallée de Teleajen raconte: „Les filles viennent de partout, d’où on ne pense même pas. Elles viennent du Sighet Marmaţia, de Moldavie… Mais elles ne restent pas toutes ici, certaines ne peuvent pas s’habituer à la vie du monastère. D’abord elles doivent apprendre à respecter les règles. Le monastère a un règlement, une organisation, on n’est pas libre de faire ce que l’on veut.”

“Le sermon prend fin, les religieuses sortent soudainement de la “transe”. Dans quelques instants chacune va accomplir sa “tâche”. La pénitence est la tâche tracée par la staretz. Par exemple balayer, laver des vêtements, bêcher ou chasser les araignées. Au total il y a 45 pénitences, une pour chaque religieuse du monastère. Grâce à elles, Clocociov est devenu une sorte de ruche. On travaille presque sans arrêt. Les religieuses par leurs forces ont donné de la vie à cet endroit. C’était vers 1976 et Clocociov était devenu une ruine. Les prêtres l’avaient déclaré inappropriée pour le service divin. “En arrivant ici j’ai trouvé un désastre: quelques annexes n’avaient que leurs murs, il n’existait pas même un sentier, on avait peur dans cet endroit sauvage. La déchéance était si grande que je suis venue avec des couvertures et des draps de chez moi et j’ai donné mes économies pour acheter des matériaux pour la construction. Le père nous a encouragé à ne pas avoir peur des voleurs, ce qui était nécessaire. On ne vole pas où il y de la pauvreté”, raconte la mère Paraschiva. À l’époque j’avais un peu plus de 30 ans. Têtues, les religieuses n’ont pas renoncé jusqu’à ce que les murs ne fussent entièrement refaits. La mère staretz avait des yeux d’ingénieur, la mère Paraschiva avait main de constructeur, d’autres avaient des muscles pour porter le béton et le sable. On n’avait pas encore entendu parler de bétonnière. Les seuls travailleurs du chantier étaient sept à huit religieuses. Le monastère n’avait pas d’argent pour employer des ouvriers. Les femmes n’avaient pas le droit de porter des salopettes, elles travaillaient dans la grande chaleur avec des vêtements longs, noirs, et pour de ne pas s’évanouir à cause de la chaleur, elles portaient un bonnet. La robe s’accrochait à quelque chose, on s’encombrai dans le vêtement, il y avait une qui tombait de la charpente…” Je me souviens que je me suis blessée à la tête pendant qu’on construisait la barrière en fer. Pour ne pas tomber de la tour, j’avais utilisé une ceinture sous le vêtement, comme j’avais vu que les ouvriers le faisaient. J’attachais ma taille et une jambe”, raconte la mère Paraschiva. Elle était le chef de chantier.” (le journal Gândul)

Le centre de la vie monacale est donc la soumission totale, inconditionnée, envers le staretz, qui a le devoir, selon le Moniteur Officiel, “d’indiquer à chacun la pénitence requise, en conformité avec les nécessités du monastère et selon les forces de chacun. Celui qui n’obéit pas à ses dispositions, sera puni selon les canons monacaux”. (article 38)

Les pénitences sont des tâches ou des activités établies par le staretz que les moines sont obligés d’accomplir sans protester même s’il s’agit de choses qui leur déplaisent. Elles ne sont pas établies par le staretz selon des critères subjectifs ou pour des intérêts personnels, mais ont le rôle d’aider celui dont il est question à prendre conscience de certains aspects et à dépasser certaines limites: „Chacun doit pratiquer les travaux auxquels il est destiné, et non pas ceux qu’il aime, parce que celui qui a renoncé à lui-même, celui qui a renoncé à ses tendances, ne fait pas ce qu’il veut, mais ce que les autres l’apprennent à faire”, dit Saint Basile. “De même que Dieu, qui est le père de tous et de toutes et c’est ainsi qu’Il se surnomme, demande à ses servants la plus parfaite soumission, toujours ainsi le père confesseur des gens, en suivant l’exemple de Dieu, demande de la soumission sans opposition. Ceux qui cherchent à apprendre la religiosité et la sainteté, quand qu’ils deviennent conscients du fait qu’ils peuvent acquérir une grande connaissance de la part de celui qui leur apprend, répondront avec toute la soumission et une parfaite obéissance à tout et ne chercheront pas à s’interroger sur la raison pour laquelle une certaine tâche leur a été confiée; s’ils désirent poser une question quelconque sur la rédemption, qui puisse être révélée aux ignorants, ils peuvent demander avec beaucoup de modestie et de respect et alors ils recevront des clarifications”. „La vraie et la parfaite soumission envers le staretz est prouvée par le fait que ceux qui sont soumis non seulement font pas de mal, selon le conseil du staretz, mais ils n’accomplissent pas même les choses dignes d’appréciation sans la permission du staretz” (Saint Basile).

Dumitru Stăniloae apporte aussi quelques informations de plus quant à ce mode de vie : « Ainsi, le Bien heureux Hiéronyme, à la question de quelqu’un s’il est bien de vivre seul, ou avec d’autres au monastère, répond: “J’aime que tu sois dans la communauté des saints, de ne jamais parcourir seul la voie que tu n’as jamais encore parcouru, pour ne pas dévier et t’exposer à la faute; pour ne pas faire plus ou moins que ce qu’il faut ; pour ne pas te fatiguer ou arriver en retard ou t’endormir. Dans la solitude, la fierté peut vite s’insinuer. Et au cas où celui qui vit dans la solitude réalise le jeûne et ne voit pas d’autres gens, il commence à se croire important. En s’oubliant un peu lui-même, en oubliant pourquoi et pour qui il est là, il erre avec le cœur à l’intérieur et la langue à l’extérieur. Il juge contre la volonté de l’Apôtre, les servants étrangers. Les vices auront tendance à s’emparer de lui; il dort autant qu’il veut, il n’a peur de personne, il fait ce qu’il veut, il considère tous les autres comme inférieurs. »

Pour prévenir ce genre de situation, ceux qui ne se soumettent pas au staretz et ne respectent pas les règles de vie en communauté sont punis par : le jeûne, la prière, l’isolement ou même l’exclusion de la communauté, selon la gravité du fait. Selon le Moniteur Officiel, le staretz a le devoir de sanctionner le non respect des règles: “Pour toute écart d’un moine des canons monacaux, le staretz, selon l’enseignement de l’Évangile, lui conseille de changer d’attitude.” (article 38). “Si celui qui est coupable ne s’est pas corrigé, dit l’article 123, son cas sera soumis par le staretz au Conseil Confessionnel qui peut appliquer les punitions suivantes :
a) Demeurer en position à genoux dans l’église, pendant le service divin;
b) Ne plus lui donner à manger, à l’exception du pain et de l’eau, pendant un ou plusieurs jours; (ceci est encore une des accusations fantasmagoriques portées à l’encontre de Gregorian Bivolaru dans le réquisitoire, note de la rédaction)
c) Ne plus lui offrir de l’argent pour les vêtements, le gardant (l’argent) dans la caisse;
d) Être soumis aux pénitences inférieures pendant un mois, etc.”.
“Ces punitions ne sont pas susceptibles d’appel”.

D’autres exemples de situations où l’on applique des punitions sont établies par les Règles de Saint Basile le Grand:
„Si quelqu’un, en étant sain, ne réalise pas d’effort dans la prière ou l’apprentissage des psaumes, en ignorant des causes du péché”
„Si quelqu’un sort du monastère sans la bénédiction du staretz ou sans le prier de lui permettre de sortir”
„S’il change avec un des frères l’endroit où il dort d’habitude, sans que les surveillants le sachent”
„Si quelqu’un va faire sortir ou entrer quelque chose du/dans le monastère sans la permission du staretz”
„Si quelqu’un, sans la permission du stareté, écrit ou reçoit une lettre de la part de quelqu’un”

Le régime végétarien est une règle dans les monastères

En ce qui concerne la nourriture du monastère, l’aspect suivant a attiré notre attention. Le Moniteur Officiel prévoit: “Le repas doit être le même pour toute la communauté, sans différence, et personne n’a pas le droit de cuisiner à l’extérieur de la cuisine de la communauté. Exceptionnellement, dans certains monastères, à la proposition du staretz et du Conseil Confessionnel et avec l’accord de la Réunion des moines, ayant aussi l’accord du Hiérarque de l’endroit, il est possible de consommer de la viande aussi.” (article 93). Nous remarquons donc que dans les monastères on suit un régime végétarien, et la consommation de viande est un fait tout à fait exceptionnel qui a besoin de toute une chaîne d’accords. Les règles de Saint Basile le Grand disent la même chose: „La nourriture des moines doit viser le jeûne et être premièrement composée des fruits de la terre. Pour servir le repas sera établie une certaine heure pour tous. Celui qui arrive en retard au repas en faisant preuve d’une implication insuffisante, d’insouciance ou de paresse ne recevra pas de nourriture jusqu’au lendemain. Avant et après le repas on réalise des prières. Les moines ne se nourrissent pas pour délecter le corps, mais pour satisfaire un besoin naturel.”

De vraies histoires de la vie monacale

Dans un article du journal Gândul (10 mai 2006) la staretz du monastère « Pasărea » raconte comment est-elle arrivée au monastère et comment ses parents ont réagi : “Son seul désir était de servir Dieu. Elle a laissé derrière elle une lettre, et puis elle est partie. Le lendemain son père accompagné par une patrouille de police est venu à la porte du monastère. Ils sont venus pour l’emmener à la maison. Elle est restée cachée pendant de journées entières pour qu’ils ne la trouvent pas. “Aller au monastère est un appel de Dieu”, comme le dit la Mère Staretz dans son histoire. “Je suis venue ici par vocation. Ce n’est pas possible autrement. J’ai été un enfant qui avait très envie de jouer. Je montais dans tous les arbres et peut être personne ne s’était imaginé que j’allais arriver au monastère. Les gens de l’extérieur pensent que si on devient moine la vie sera seulement de la peine, et pourquoi faire cela surtout quant on est jeune et on a envie de voler, comme je le sentais ?”

“Ce n’est pas facile de se rompre en totalité du monde. Le livre de la vie monacale est écrit avec plusieurs lignes– quelques unes cachées et mises sous silence pour toujours. Personne n’a le droit de parler ou de se vanter et d’autant moins de ne pas obéir à son confesseur, parce qu’en haussant la tête, on peut se perdre et, sans doute, toute sorte de tentations terribles te guetteront. Les parents de Turnu hésitent à parler de ces histoires. La faiblesse de l’homme est grande et les tentations de plusieurs sortes. Personne, pas même le plus vieux des moines, n’échappe à cette tentation. Le père Dionysies raconte comment pendant des mois il s’était proposé de dormir seulement deux heures par nuit, jusqu’à ce qu’il tombe et qu’il soit emporté à l’hôpital. Le frère Leonard s’était enfuit de chez lui et, sans dire à personne qu’il voulait devenir moine, il a laissé croire à ses parents qu’il est mort. Sa famille avait fait toutes les cérémonies comme pour un mort, et en apprenant où leur fils vivait, ils sont venus très vite à Turnu, bien qu’il eut entendu qu’ils pleuraient et lui demandaient avec désespoir de les recevoir, le frère Leonard n’a même pas ouvert la porte.” (journal Formula As)

“La sœur Ileana dit que la vocation de moine ressemble au moment où on tombe amoureux. Les 10 moniales du Monastère Aninoasa mènent leur vie tranquille, jour après jour, comme dans une grande et heureuse famille. Une d’elles lave, une autre s’occupe des plantes, une autre coupe du bois, une autre s’occupe des abeilles, ou traie les vaches etc. Notre guide dans le monastère, la sœur Ileana Leotescu, est ici depuis 5 ans. Elle a fait la Faculté de Lettres et est l’un des êtres les plus intelligents et les plus sereins que j’ai jamais rencontré. Elle est partie pour devenir moine, en dépit des conseils de son père. Maintenant l’attitude de son père a changé en totalité, nous raconte-t-elle. Il a commencé même à faire des jeûnes et ne lui a plus jamais fait des reproches quant à sa décision.” (Observator Argeşean)

Le père Papioc, parle en des termes chrétiens de ce que les yogis appellent l’abandon de la volonté individuelle devant la volonté de Dieu: “Dieu a créé la volonté libre pour que nous la coupions ensuite. Dans le monastère, on peut se perdre pour se retrouver, on est annihilé en tant qu’homme pour devenir un ange. C’est la chose la plus difficile, cela veut dire s’être au Christ! Et il y a encore quelque chose: Dieu aime beaucoup cette défaite. Tout instant peut être un temps et tout soupir peut être une prière. La présence continue, n’est pas nécessaire! Cela me rend différent du père Cleopa : il recommande la peine, avec des prières et des larmes, je suis plus versé vers l’éveil continu. Si on a cette perception, on ne perd pas de temps; Dieu, un moment perdu… le deuxième arrive, et ainsi de suite, on peut perdre une journée entière! – ce qui est énorme. Imaginez que vous allez mourir aujourd’hui! Dans ma vie je me suis souvent trouvé à côté des mourants et je vous dis : tous voulaient vivre encore un jour. Un jour est beaucoup, en un jour on peut arriver à la mesure divine.” (Formula As)

La staretz du monastère Izvorul Mureşului, la mère Miriam raconte comment elle est arrivée au monastère: “Et ensuite, un jour, elle s’est enfuie. Elle avait 19 ans lorsqu’elle a décidé d’aller au monastère. Pour que les autres ne soupçonnent rien, elle est partie de la maison habillée comme pour une fête, avec une jupe courte et des talons. Conseillée par son confesseur, le seul qui connaissait la décision de la fille, elle est partie directement à Miercurea Ciuc, chez le Saint épître Ioan, qui se préparait à bâtir le premier monastère de moniales orthodoxes à Harghita-Covasna”. “(Formula As)

La mère Paraschiva raconte: “J’avais 14 ans quand je me suis enfuie de la maison pour entrer au monastère. Je n’étais pas conduite par un ennui quelconque, mais par un grand amour de Dieu. En route, ceux de la famille m’ont forcée à rentrer à la maison. Après un certain temps ils ont entendu parler d’une autre fille qui est tombée malade parce que ces parents ont refusé de la laisser aller au monastère, et ayant peur qu’il ne m’arrive de même, ils m’ont permis de devenir moniale”. (Gândul)

“Le père Avram Vasile du Monastère Vărzăreşti, a environ 50 ans. L’histoire de sa vie ressemble à un miracle: “Je suis du département de Brăila et, au début de ma vie d’adulte j’ai été tractoriste. Ensuite j’ai travaillé à la Mine Tarniţa, de Suceava, mais après la Révolution de 1989 j’ai décidé d’ouvrir une affaire privée. Je suis rentré chez moi, j’ai construit quelques scies et quelques moulins et ainsi je suis devenu patron. Mais la santé ne m’a pas aidé. J’ai été conduit huit fois à l’hôpital et à chaque fois j’en suis sorti vivant, mais la dernière fois j’ai vu la Mère de Jésus en rêve et elle m’a dit que seulement en devenant moine je viendrais me sauver. Le lendemain j’ai appelé ma femme et mes enfants et je leur ai dit que je vais donner ma fortune à un monastère et que je vais partir rejoindre la vie sainte. Au début ils n’ont pas été d’accord, mais finalement ils ont accepté ma décision: j’ai donné tout ce que j’avais au monastère Mitoc et je suis devenu moine, après un certain temps je suis arrivé ici, à Vărzăreşti, où Dieu m’a donné des signes que je me trouve sur la bonne voie, m’aidant à guérir à l’aide de la prière des gens malades”. (Formula As)

“Les religieuses de Cârţişoara sont très jeunes, presque des enfants. Elles détournent les yeux de nous, les étrangers. Bon nombre de religieuses se trouvant ici sont parties du monde en ayant une bonne condition, non pas à cause des déceptions de la vie ou à cause des manques matériels, comme il arrive parfois dans d’autres monastères. Certaines d’elles ont quitté des fonctions de direction qu’elles détenaient dans des hôpitaux, des usines et même dans la justice. D’un coup elles ont senti l’appel. Elles n’ont pas eu le choix. Il en est de même avec Valentina. Un jour elle est venue à Cârţişoara et elle n’a plus pu rentrer à la maison. Purement et simplement. Sa vie avait changé. Elle est venue est n’est plus jamais partie, en restant parmi les religieuses qu’elle considère comme des saintes,. “Mon Dieu, combien elles ont souffert!”, dit-elle. “Elles ne veulent pas tout dire, elles ne vont jamais tout dire. Regardez-les ! La plupart d’entre-elles sont entrées au monastère à l’âge de 13 à 15 ans. Elles n’ont aucune liaison avec le monde extérieur, certaines ne se souviennent même pas de la maison de leurs parents, de la chambre de leur enfance. Dites-leur, mère staretz, ce que vous nous avez dit à la cellule. Racontez-leur ! Racontez-leur ce qu’est cet appel…” La staretz Siluana se tait. Un visage sans âge, deux yeux noirs regardant la terre. Et ces paumes qui gardent encore des traces de peinture. Je vais apprendre qu’elle a quitté le monde à l’âge de 13 ans. Purement et simplement elle est partie de sa maison vers le Monastère « Dintr-un Lemn », décidée à mourir comme religieuse. Elle poursuivait sa route, sans regarder autour, en pensant sans arrêt qu’elle ne va plus retourner à la maison. C’est pour rien que ses parents, qui l’aimaient énormément, sont venus l’implorer. Elle essayait de leur dire en pleurant que “ne peut pas”, qu’elle “n’a pas d’air”, qu’elle va “étouffer” en se trouvant ailleurs.” (Formula As)

“Celui qui goûte la solitude monacale n’en aura jamais assez. C’est comme le miel – doux et rassasiant. On en languit toujours. On en languit comme Paisie, qui, en passant les 40 jours du Jeûne du Noël dans la grotte la plus éloignée de Cozia, témoignait d’une voix basse des états merveilleux qu’il a vécu. Il ne s’imaginait pas que les feuilles puissent protéger contre le froid de même qu’une peau d’agneau, qu’après sept jour de jeûne complet, tout commence à avoir le goût propre de la sève de bouleau – le grain de blé, l’eau et l’air. C’est comme un retour aux origines, aux états élémentaires – sans calendrier et des heures et des jours. Sans paresse, sans urgence ou d’autres épouvantes. Seulement dans la solitude et en contemplation on découvre la simplicité de Dieu, la grandeur du calendrier floral et la précision du temps mesuré seulement par l’horloge du soleil. Seulement dans le silence et en contemplation on comprend le langage de la forêt et le langage des oiseaux, qui chaque matin se précipitent pour jeter des pierres sur le mur de la cellule, t’annonçant que c’est le moment de te réveiller et de saluer le Seigneur. Après 40 jours de jeûne, le Père Paisie était comme un fantôme. Il pouvait à peine se tenir sur ses jambes, mais il souriait heureux, comme faisant partir d’un autre monde. Il n’a pas pu descendre seul de la grotte. Trois moines l’ont descendu à l’aide de cordes et l’ont porté sur leurs épaules jusqu’au monastère. À partir de ce moment, il n’a plus jamais parlé à personne. Lui, qui était un orateur sans égal, il a refusé de prêcher devant la foule des croyants, spécialement venus pour l’écouter. Le père était totalement changé. Le père Paisie est rentré de sa courte solitude avec une mission sainte et une vérité qu’il était seul à connaître. “Si tu veux que le monde vienne à toi, deviens ascète”, disait-il.” (Formula As)

Les récits de ces moines sont impressionnants. Nous y retrouvons la même force mystérieuse de la vie et de l’expérience vécue, non pas lue dans des livres, que nous avons perçue seulement dans les récits de nos collègues yogis de MISA. Ceux qui se contentent de théoriser sur Dieu de la hauteur d’une fonction, quelle qu’elle soit dans le cadre de l’église, sont privés de la richesse d’un état pareil. Nous sommes ceux qui aspirent à vivre Dieu à chaque instant, dans chaque respiration, chaque action désintéressée – Karma Yoga – dans chaque pensée, de même que les moines des monastères orthodoxes, nous cherchons à nous unir, non pas à nous séparer, ni à nous enfuir. “L’essence d’une religion ne consiste ni dans des rituels, ni dans des cérémonies, écrivait le Père Déchanet, c’est l’homme qui les a inventées et il continuera à les inventer. Elle ne se trouve ni dans les églises ou les temples que l’homme a construits et qu’il continuera de construire ; elle ne réside, de même, ni dans les livres sacrés, toujours écrits par des gens. Ces livres écrits sous l’inspiration de Dieu pourraient être entièrement détruits car l’inspiration dont ils proviennent fera en sorte qu’ils apparaissent à nouveau. Le Yoga n’est pas une alternative à la religion chrétienne, au contraire, il offre une multitude de techniques pratiques pour l’atteinte du même but commun : la connaissance de Dieu. Dieu une fois connu, les gens peuvent construire le reste.”

Bibliographie:

1. Statutul pentru organizarea şi funcţionarea Bisericii Ortodoxe Române – Aşezămintele monahale, Monitorul Oficial nr. 47 / 25.02.1949
2. Sfântul Teofan Zăvorâtul – Rânduielile vieţii monahale după Sfântului Vasile cel Mare, Sfântul Pahomie cel Mare, Sfântul Ioan Casian, Sfântul Benedict, Editura Sofia, Bucureşti, 2005
3. Dumitru Stăniloaie – Temeiuri dogmatice şi duhovniceşti pentru viaţa monahală de obşte, Studii Teologice, vol. IV, 1952
4. Sf. Ioan Scărarul – Scara raiului, Editura Arhiepiscopiei Timişoarei Învierea, Timişoara, 1997
5. Ieroschimonah Agapie Corbu – Sfântul Vasile cel Mare, dascăl al monahilor, http://www.geocities.com/levitki/ekklesia14/sfVasile.htm
6. Gheron Iosif – Mărturii din viaţa monahală, Editura Bizantina, Bucureşti, 1996
7. Părintele Efrem Athonitul – Despre credinţă şi mântuire, Editura Bunavestire, Galaţi, 2003
8. Formula As – Colecţia de articole despre mănăstirile româneşti de la secţiunea Spiritualitate
9. Alina Bădălan, Stupul cu măicuţe de la Clocociov – Gândul, 15.04.2006

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yogaesoteric

2008

 
 

 

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