Etes-vous cyberdépendant ? Tests et ressources
Qu’est-ce que la cyberdépendance ? Le terme remonte à 1996. Il a pour synonymes les expressions : cyberaddiction, trouble de dépendance à Internet et TDI. Les usagers des EPN et les parents fréquentant les lieux d’accès publics à l’Internet peuvent se poser des questions sur la cyberdépendance.
Selon des études concordantes, la dépendance à l’écran toucherait de plus de 4 à 6 % des usagers du Web dans le monde occidental et de plus en plus de jeunes. La personne dépendante aux jeux vidéos, au clavardage (chat) ou au cybersexe, sans oublier les jeux virtuels, passe progressivement de l’usage simple à l’abus, et de l’abus au besoin nécessaire. La sensation de manque, le désintérêt pour les autres domaines de la vie : amis, travail, scolarité, sports ou loisirs, sont les signes que la personne se coupe du réel. La perte de concentration, les troubles du sommeil et le manque de motivation général s’ajoutent à la rareté des relations sociales.
La cyberdépendance est un phénomène relativement nouveau. Un individu qui fait face à un problème de dépendance est un individu qui souffre habituellement de troubles obsessifs-compulsifs. Il aura, par exemple, une hantise, une idée ou une pensée, toujours omniprésente, qui amplifiera jusqu’à devenir une obsession. Cette obsession sera suivie de la compulsion, caractérisée par un comportement répétitif, souvent irrationnel et illogique, générateur de souffrances.
Le cyberdépendant est conscient de son obsession, mais il peut difficilement se sortir d’une dynamique qu’il a lui-même créée. Il néglige ses activités dans les autres secteurs de sa vie pour consacrer tout son temps devant l’écran de son ordinateur; il est pris dans un engrenage qui l’amène progressivement à fuir la réalité.
Le portrait type de la personne cyberdépendante a évolué depuis quelques années. Autrefois on pouvait reconnaître majoritairement des hommes âgés de 25 à 35 ans, scolarisés, financièrement capables de se doter d’un ordinateur assez dispendieux et qui passaient un nombre incalculable d’heures devant l’écran de leur appareil. Maintenant, il semble y avoir une certaine parité entre les hommes et les femmes. La démarche des deux sexes, vis-à-vis d’Internet et de son utilisation, est cependant très différente. Les hommes cyberdépendants recherchent beaucoup de site reliés à la pornographie, à l’érotisme, aux rencontres affectives avec un aboutissement dans la sexualité. Les femmes s’informent davantage et recherchent des relations vraies. De plus, les femmes sont déjà dans la mire des promoteurs du commerce électronique, l’achat compulsif étant souvent associé à cette catégorie de personnes.
L’individu cyberdépendant s’isole graduellement, néglige ses amis, son conjoint ou sa famille : il développe un comportement compulsif. Son système informatique exerce sur lui une vive fascination. Souvent sa curiosité et sa soif d’apprendre sont renforcées par le pouvoir d’explorer le monde pour y cueillir une vaste quantité d’informations. Attablé devant son ordinateur, il a la sensation de subjuguer le temps, de le transcender. Il s’isole ainsi dans un monde qui devient le sien : il est happé par le système. Mais il faut surtout comprendre que l’individu cyberdépendant est « accroché » à l’expérience que lui fait vivre l’ordinateur et/ou Internet.
M. Goodman, psychiatre anglais, a formulé en 1990 une définition de la dépendance, la qualifiant « d’un processus dans lequel est réalisé un comportement qui peut avoir comme fonction de procurer du plaisir et de soulager un malaise intérieur, et qui se caractérise par l’échec répété de son contrôle et sa persistance en dépit des conséquences négatives » . Il a élaboré des caractéristiques communes à toutes les dépendances : impossibilité de résister aux impulsions à réaliser ce type de comportement, sensation croissante de tension précédant immédiatement le début du comportement, plaisir ou soulagement pendant sa durée, sensation de perte de contrôle pendant le comportement.
Il décrit les critères diagnostiques, adaptables à la cyberdépendance, en soulignant la présence d’au moins cinq de ces critères, de la manière suivante :
– Préoccupation fréquente au sujet du comportement ou de sa préparation en rapport avec Internet;
– intensité et durée des épisodes, où on utilise l’ordinateur, plus importantes que souhaitées à l’origine;
– tentatives répétées pour réduire, contrôler ou abandonner le comportement virtuel;
– temps important consacré à préparer les épisodes, à les entreprendre, ou à s’en remettre lorsque le sujet est sur Internet;
– survenue (i.e. arrivée à l’improviste) fréquente des épisodes de cyberdépendance lorsque le sujet doit accomplir des obligations professionnelles, scolaires, familiales ou sociales;
– activités sociales, professionnelles ou récréatives majeures sacrifiées du fait du comportement cyberdépendant;
– perpétuation du comportement, bien que le sujet sache qu’il cause ou aggrave un problème persistant ou récurrent d’ordre social, financier, psychologique ou psychique;
– tolérance marquée : besoin d’augmenter l’intensité ou la fréquence d’utilisation d’Internet pour obtenir l’effet désiré ou diminution de l’effet procuré par un comportement de même intensité;
– agitation ou irritabilité en cas d’impossibilité de s’adonner au comportement de cyberdépendance.
Certains éléments du syndrome ont duré plus d’un mois ou se sont répétés pendant une période plus longue.
La personne cyberdépendante est souvent dans le déni. Lorsqu’on la confronte à cette réalité, elle peut devenir agressive.
L’impression de vivre une vraie communication à travers le courriel et les sites de bavardage (chatlines) est en partie illusoire. Car on ne peut tout saisir de l’aspect non verbal du corps de l’autre personne, et cette possibilité de réagir spontanément à l’interlocuteur; ces dimensions sont d’autant plus importantes lors d’une communication. Puis il y a le mensonge, l’image, la fraude intellectuelle et/ou affective. Le courrier électronique et les discussions sur ICQ, par exemples, sont d’autres aspects de la dépendance : le désir intense de recevoir des messages ou des rendez-vous virtuels, la déception quand on n’en a pas reçu, le retard cumulé dans nos activités au cas où on en recevrait. Tout comme un dépendant affectif qui est « accroché » à son téléphone. L’individu se crée des attentes, se sent coupable quand il a manqué un rendez-vous virtuel, etc.
Le syndrome de la cyberdépendance va en s’accroissant. Trois (3) millions de Québécoises et de Québécois utilisent Internet, et tout porte à croire que les pressions sociales des « branchés » amplifieront le phénomène culturel qu’est Internet.
Combien de personnes souffrent de cette dépendance au cyberespace ?
« Près de 6% des usagers d’Internet souffrent d’une façon ou d’une autre de dépendance à Internet. C’est ce que révèle une étude scientifique : des mariages sont brisés, des adolescents ont des problèmes d’échec scolaire, des gens commettent des gestes illégaux (cybercrimes) ou dépensent beaucoup trop d’argent dans les sites pornographiques, etc. » selon le Dr David Greenfield, psychologue américain et chercheur, auteur de l’étude (www.virtual-addiction.com). L’enquête du Dr Greenfield a été faite en collaboration avec la station américaine de télévision ABC News. 17.251 personnes ont répondu au questionnaire distribué, puis collecté par le site ABCNews.com. Si l’on répondait « oui » à 5 des dix différents critères, on était considéré comme dépendant. Or, 990 répondants ont dit oui à cinq questions ou plus. Avec environ 200 millions d’usagers d’Internet à travers le monde, 3 millions au Québec, 11,4 millions de personnes seraient donc dépendantes d’Internet dont 180.000 Québécois. La dépendance à Internet a déjà été étudiée par le passé et plusieurs thérapeutes disent avoir aidé des patients à s’en débarrasser. L’un des éléments majeurs de cette dépendance serait le sentiment d’intimité que les gens ressentent lorsqu’ils échangent en ligne.
La proximité des ordinateurs facilite cette dépendance : au travail, à la maison, dans le système scolaire, les ordinateurs sont partout. Les gens s’abonnent de plus en plus aux nombreux services qu’offre Internet et ce nombre double à chaque année.
Tests psychologiques de cyberdépendance
Voici quelques ressources pouvant aider les personnes tout en sachant que la cyberaddiction se soigne et qu’il convient d’orienter, le cas échéant, les individus souffrant, vers des structures spécialisées en psychologie.
Pour aller plus loin sur le sujet, on conseille la lecture du rapport La cyberdépendance : fondements et perspectives – avec des tests de référence (novembre 2006, 40 pages, téléchargeable en pdf ) par Pierre Vaugeois (Ph.D.), Centre québécois de lutte aux dépendances.
Alain Rioux, psychologue au Québec, reprend le questionnaire sur la cyberdépendance du Dr Kimberly Young : Etes-vous cyber-dépendant ? Le test d’Orman (ou Internet Stress Scale) est connu pour mesurer la cyberdépendance. Retrouvez-le sur le site linternaute.com .
L’Université de Genève (TECFA) présente un test de joueur compulsif sur Internet.
Tests pratiques de cyberdépendance
En complément, le portail Doctissimo propose un questionnaire de 10 questions : Etes-vous un cyber-addict ? Enfin, via un test, O1Net suggère d’évaluer sa cyberdépendance.
yogaesoteric
20 octobre 2019
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