Gui

Indications

Dans plusieurs pays d’Europe, en Suisse et en Allemagne notamment, il existe une foule de préparations à base d’extraits de gui sous forme de solutions injectables. Ces préparations prescrites sur ordonnance sont très populaires pour ralentir la progression du cancer : Iscador, Eurixor, Helixor, Isorel, Iscucin, Plenosol, ABNOBAviscum, Iscar, Vysorel, Lektinol, etc.

 

Ces extraits peuvent différer considérablement les uns des autres. Certains ont une teneur normalisée en lectine, d’autres sont fermentés à l’aide de bactéries lactiques, additionnés de certains minéraux ou dilués suivant les principes homéopathiques. De plus, il faut distinguer sur quel hôte on a cueilli le gui que renferme un produit. Ainsi, on trouve dans le commerce, par exemple, IscadorM (issu de pommiers – Malus), IscadorP (issu de pins – Pinus), IscadorQ (issu de chênes – Quercus) ou IscadorU (issu d’ormes – Ulmus). La vente de ces produits injectables est interdite aux États-Unis et au Canada.

L’utilisation du gui à des fins thérapeutiques doit se faire sous la supervision d’un thérapeute dûment formé. Les dosages ci-dessous sont donnés à titre indicatif seulement.

Note : l’usage interne du gui est limité aux feuilles et aux tiges, car les fruits sont toxiques.

Hypertension artérielle légère (traitement) et athérosclérose (prévention)

Macération. Faire macérer 2 c. à thé de feuilles séchées et hachées finement dans 500 ml d’eau froide durant 10 à 12 heures. Filtrer et prendre deux tasses par jour.


Teinture (1:4 – 40 à 50 % d’alcool). Prendre de 10 à 60 gouttes, trois fois par jour.


Extrait fluide (1:1 – de 25 % à 50 % d’alcool). Prendre de 25 à 60 gouttes, trois fois par jour.


Historique

Durant l’Antiquité, le gui avait déjà une solide réputation de panacée (remède universel) auprès des Grecs et des Celtes. On l’employait pour traiter l’hypertension artérielle, l’athérosclérose, l’épilepsie, les symptômes de la ménopause, l’infertilité, les états nerveux, l’asthme, le mal de tête et la dermatite. La phytothérapie traditionnelle a surtout conservé l’usage de la plante pour traiter l’hypertension artérielle et pour prévenir l’athérosclérose, notamment en Europe occidentale, mais également en Bulgarie, en Turquie et au Mexique. En Médecine traditionnelle chinoise, le gui est utilisé pour soulager les douleurs arthritiques.

En 1921, le scientifique et philosophe Rudolf Steiner, fondateur du mouvement anthroposophique, émit l’hypothèse que la plante pouvait être utile pour le traitement du cancer (voir la fiche Médecine anthroposophique). C’est alors que s’ouvrirent, en Suisse et en Allemagne, des cliniques médicales vouées à l’application de cette thérapeutique. La pratique s’est depuis intégrée à la médecine officielle de quelques pays européens. Cet usage thérapeutique est principalement axé sur l’administration par injection sous-cutanée ou intramusculaire de diverses préparations à base de gui. Pour leur part, les autorités médicales du Canada et des États-Unis n’ont jamais autorisé ce type d’injection et ne reconnaissent pas le gui comme un médicament contre le cancer.

Recherches


Cancer. En Europe, on a mené de nombreux essais cliniques visant à évaluer l’efficacité du gui administré par injection sous-cutanée, pour réduire les tumeurs cancéreuses ou en ralentir la progression. Le plus souvent, on a utilisé le gui en plus du traitement classique (chimiothérapie, radiothérapie, chirurgie) et on a comparé son effet à celui du traitement classique seul.

Bien que la majorité de ces études aient donné des résultats positifs, principalement au chapitre de la qualité de vie des patients, les chercheurs qui les ont analysées déplorent la présence de nombreuses faiblesses méthodologiques (pas de placebo, pas de traitement à l’aveugle, analyse statistique déficiente) et de résultats parfois contradictoires ou non concluants. Un auteur a publié en 2003 une synthèse plus optimiste (23 essais, 3.500 sujets), mais il a retenu plusieurs études dont la méthodologie laissait trop à désirer, selon certains chercheurs. De plus, les traitements ont varié beaucoup en ce qui concerne la durée, le type de préparation utilisée, la dose, ainsi que le type de cancer traité (sein, poumon, mélanome, vessie, etc.).

Plusieurs essais ont été publiés. Leurs résultats indiquent que les injections sous-cutanées d’extraits de gui peuvent améliorer la qualité de vie des patients et leur performance immunitaire. Elles pourraient aussi augmenter leur temps de survie. Sur ce dernier point, les données sont cependant moins solides : elles ont été contredites par une étude menée par la Société allemande du cancer.

Il est donc difficile de tirer une conclusion claire quant à l’efficacité du gui pour traiter le cancer. Une étude des États-Unis auprès de patients atteints de tumeurs avancées, financée par le National Center for Complementary and Alternative Medicine (NCCAM) et le National Cancer Institute (NCI), compare l’effet d’un traitement de chimiothérapie (chlorhydrate de gemcitabine) seul et du même traitement associé à l’injection sous-cutanée d’un extrait de gui.

Athérosclérose et hypertension artérielle. Les experts estiment généralement que l’action du gui sur les vaisseaux sanguins et sur la circulation du sang tient principalement à ses propriétés vasodilatatrices. On a démontré que la plante avait un effet hypotenseur au cours d’essais in vitro et sur des modèles animaux. Une longue pratique en herboristerie témoigne aussi de son utilité dans le cadre d’un traitement à long terme. En Europe, de nombreuses préparations à base de plantes destinées à traiter l’hypertension artérielle contiennent en effet du gui. Cependant, les résultats d’essais cliniques sur des humains manquent à l’appel pour conclure à son efficacité à cet égard.

Précautions

– Ne pas confondre le gui américain (Phoradendronspp), qui est toxique et n’a pas d’usages thérapeutiques, avec le gui européen (Viscum album) dont il est question dans cette fiche.
– L’utilisation du gui à des fins thérapeutiques doit se faire sous la supervision d’un thérapeute dûment formé.

Contre-indications

– Éviter durant la grossesse ou l’allaitement.
– Allergie au gui.

Effets indésirables

– Dans le cas des injections sous-cutanées, on a fréquemment rapporté des frissons, de la fièvre, des maux de tête, ainsi que des douleurs au site d’injection, mais pas d’effets indésirables graves, même après un traitement à long terme.

– Par voie orale, le gui peut être toxique lorsqu’on dépasse les dosages mentionnés dans cette fiche. L’ingestion accidentelle de jusqu’à trois fruits entiers ou deux feuilles entières de la plante semble sans danger. L’ingestion de plus grandes quantités peut causer des troubles gastro-intestinaux et cardiaques. La consommation de grandes quantités peut même causer le coma ou la mort.

Interactions


Avec des plantes ou des suppléments

– Aucune connue.

Avec des médicaments

– Théoriquement, les effets du gui pourraient s’ajouter à ceux des médicaments hypotenseurs.
– Théoriquement, les effets du gui pourraient contrer ceux des médicaments immunosuppresseurs.

L’avis du pharmacien


Le gui, tradition et mysticisme

« Le gui est une plante difficile à comprendre parce que son mécanisme d’action n’est pas bien établi. Son usage est aussi entouré d’un mysticisme important. Ses principes actifs seraient des lectines, c’est-à-dire des protéines capables de se fixer de façon spécifique sur les membranes cellulaires. Ceci laisse supposer que le gui aurait la capacité d’inhiber l’activité de certaines cellules, dont les cellules cancéreuses. La confusion entourant cette plante est d’autant plus grande que les lectines varient d’un type de gui à l’autre en fonction de l’hôte (arbre) sur lequel il pousse.

L’usage du gui, ou plutôt des différents guis, remonte aux druides de l’Antiquité. Il est basé sur des concepts philosophiques issus de traditions souvent complexes et occultes. D’ailleurs, en Europe, le principal produit de gui (Iscador®) sur le marché a été créé par Rudolf Steiner (1861 – 1925), le grand penseur à l’origine du mouvement anthroposophique. Sans vouloir invalider les travaux de Steiner, je constate que la compréhension de la chimie et du mode d’action du gui n’explique pas son usage pour le traitement du cancer.

Les connaissances scientifiques actuelles ne permettent pas de recommander ce produit, ce qui ne signifie pas qu’un mécanisme d’action valable ne puisse être découvert un jour. Des essais récents ont donné des résultats intéressants, mais il est important de répéter que le gui n’est pas une plante que l’on peut offrir en vente libre et ne devrait être recommandé que par un thérapeute formé. »

Jean-Yves Dionne, pharmacien

Sur les tablettes

La distribution des préparations injectables pour traiter le cancer est interdite au Canada et aux États-Unis. Cependant, pour les indications traditionnelles du gui (hypertension et athérosclérose), on peut trouver dans les magasins spécialisés des tiges ou des feuilles de gui séché et des extraits fluides. Les extraits solides font parfois partie de mélanges de plantes destinés à traiter l’hypertension.

yogaesoteric

7 juillet 2019

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