J’ai désiré savoir qui suis-je et j’ai vécu un état spontané de régression dans le temps

L’expérience profonde et spontanée de revivre une autre vie m’a aidé à retrouver le calme, la verticalité, la confiance en moi et le détachement dont j’avais maintenant besoin…

Allongée dans mon lit, mais complètement éveillée, j’ai vécu un état spontané de régression dans le temps.


Je sentais que je me métamorphosais dans un homme, processus similaire aux vidéoclips où à partir d’un visage humain apparaît un autre visage humain. Cette fois le passage se réalisait à partir d’une jeune femme, fascinante et très sensible (moi à présent) vers un homme âgé, avec une constitution encore robuste, très maître de lui-même et sage (moi dans une autre vie). Initialement, la métamorphose a eu lieu de l’intérieur: j’ai commencé à me sentir très vieille, non pas comme quelque chose de négatif ou fatiguée, mais comme quelque chose qui existe depuis des milliers et des milliers d’années… je sentais mon âme vieille et qu’elle avait traversé beaucoup de choses, un état profond et complet d’antique et de lointain dans le temps, si lointain que les origines semblaient se perdre dans l’obscurité du temps, de même que les montagnes ou les civilisations disparues – dont on sait qu’elles sont très anciennes, mais non pas combien elles sont anciennes, parce que de toute façon l’échelle de temps à laquelle on fait référence est trop grande…

De cet état vaste d’atemporel et lointain j’ai commencé à me recomposer en tant qu’homme. Initialement comme une présence floue, le sentiment d’ancien se transformait en sagesse, les nuances prenaient des contours de plus en plus claires, jusqu’à ce que j’ai vu. Je me suis vu moi-même, à nouveau de l’intérieur, avec la même clarté qu’auparavant : cet homme sage chez lequel des masses de gens venaient pour recevoir des conseils et qui était une source continue de sagesse, cet homme, maintenant âgé, mais puissant et fier comme un chêne indéracinable, c’était moi…

Moi, à présent tellement embarrassée de moi-même, qui sollicite les autres pour avoir un conseil, toujours à la recherche d’une autre opinion et des confirmations extérieures, avait complètement disparu. Son image était presque enfantine ridicule en comparaison avec l’homme silencieux et que j’étais maintenant.

Je vivais un profond état de détachement complet envers ce monde, état que probablement j’avais fixé; je le vivais continûment comme étant mon état naturel. J’étais caractérisé par une paix, une bonté et une patience éternelle, répondant à nouveau et à nouveau aux questions et aux préoccupations quotidiennes que les gens avaient, comme dans un manège de cirque – dignitaires, érudits, femmes, hommes. Je les recevais sans aucune différence et je les écoutais. Ils faisaient la queue, ou étaient assis autour de moi, en attendant à ce que je leur réponde, les aides, les conseille.

Ils venaient troublés et pris dans le voile du maya. La sagesse jaillissait de moi, fraîche, continûment, d’un détachement complet et une élévation au-dessus de toutes les choses menues de la vie, au-dessus des troubles éphémères… Intérieurement je m’étais demandé à plusieurs reprises “combien durera l’illusion humaine, l’ignorance, le manque de science”, mais autrement j’étais plongé en moi-même très profondément, vif à l’intérieur et plein de la sève authentique de l’essence de la vie consciemment vécue… je vivais seul, sans être solitaire. J’avais un bâton et je sentais comment la vie existe aussi dans ce bâton avec des nœuds qui m’accompagnait comme unique camarade extérieur.

À un moment donné, amusé, je me suis dit que mon bâton est arrivé à la vieillesse. Totalement absorbé par la réalité de mon être, je n’avais pas fait ce commentaire sur moi-même. Je me sentais indépendant du corps physique qui m’avait si bien servi. Il avait passé longtemps, très longtemps depuis que je n’étais plus pris dans le jeu des identifications vaines, mais avec les autres j’étais patient et, chaque jour, je faisais la même chose, à nouveau et à nouveau… J’étais de même que les sources de montagne, qui coulent sans arrêt, on la retrouve toujours au même endroit, elles te rafraîchissent à chaque fois, froides et incisives dans leur réalité, mais régénératrices pour le corps et pour l’âme et coulant sans répit…

Ensuite j’ai vécu des états d’autocontrôle, de force, de confiance en soi, de verticalité claire et de maîtrise de soi exemplaires, un état de stabilité émotionnelle et mentale caractéristique à un homme équilibré et très harmonieux et dont je jouissais en totalité. J’étais mûr, j’avais appris de la vie, et j’étais riche au niveau de l’âme, équilibré, modeste dans le comportement, plein de bienveillance et de la patience constante, égale indifférenciée…

Je n’étais pas patient avec la méchanceté ou la sottise et les admonestaient toute de suite et sans hésiter. Je sentais profondément mon âme et ma nature d’homme et à un moment donné j’ai conscientisé comme, allongé dans le lit, je me sentais également heureux et heureuse dans chacune de ces hypostases de femme ou d’homme, mais, en m’identifiant avec moi l’homme, j’étais heureux de me revivre et je me permettais de savourer ce sentiment d’homme mûr, accompli, harmonieux, sage, patient et plein d’un amour comblant et de tendresse, de force transcendantale, de pouvoir, de vitalité et de volonté… En m’attardant en moi-même, je me souvenais avec plaisir de ma jeunesse, je n’avais pas toujours été sage, mais j’avais été harmonieux, même passionnel dès fois, la vie m’avait bien modelé, mais plus clairement je réalisais maintenant le fait que ce travail de guidage des autres (grâce au discernement et à la sagesse dont je jouissais alors) par des mots d’encouragement, de réprimande, de redressement, d’amour, cette activité avait été continue et inchangée pendant des années… Peut être durant les deux tiers de ma vie d’alors je n’avais fait que ça… Quelques générations sont passées et presque tous ceux qui me visitaient ne m’avaient connu que sous cette forme : le vieux sage.

Je sentais mon corps d’homme, ses dimensions, j’avais le sentiment que mes mains étaient puissantes et qu’elles pourraient contrecarrer avec une force insoupçonnée n’importe qui essayerait de les éprouver. Tout ce que j’étais, à partir de la structure physique jusqu’à l’âme, mon apparition, ma démarche, offraient un air de simplicité, de paix, de stabilité, d’harmonie, de contentement et de force verticale colossale qui provenait de quelque part d’au-delà de toute forme.

J’ai conscientisé à nouveau la complexe différence entre la femme joueuse, candide, sensuelle, sensible, mais parfois superficielle, et l’homme mûr, sage, patient, visionnaire et se maîtrisant si bien… les deux facettes étant en essence toujours moi. Cette expérience m’a fait réaliser avec une joie intense le jeu grandiose qui est la création de Dieu, ce jeu suprême où nous assumons tour à tour des rôles différents… et auxquels souvent nous nous identifions, en oubliant l’éternité qui existe en nous.

Le sage de moi-même me parlait (moi, celle que je suis à présent), de même qu’il disait aux autres ce dont ils ont besoin de savoir pour aller plus loin… Des conseils chaleureux venaient des profondeurs de mon être et ce dont je me souviens maintenant sont les mots suivants:

“Restes tranquille. Tu trouveras en toi tout ce qu’il te faut pour mener à bonne fin tout ce que tu dois réaliser maintenant…”

Avant de m’allonger sur mon lit j’avais réalisé une méditation de 7 minutes de communion avec Grieg, où je le priais de m’aider à me connaître en totalité, de révéler en totalité mon Soi Suprême ATMAN, d’apprendre qui suis-je, de ne plus hésiter…

Je te remercie, Grieg… parce que ce que j’ai vécu de si beau a été un cadeau de ta part. L’expérience de revivre profondément et spontanément une autre vie m’a aidé à retrouver ainsi mon silence, la verticalité, la confiance en soi et le détachement dont j’avais maintenant besoin…

Je te remercie pour la façon ineffable de me rappeler que TOUT EST DÉJÀ EN MOI.

Irina

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2008

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