John Jeavons et la méthode biointensive

La permaculture et l’agriculture naturelle sont un mode de pensée, un cadre de conception, mais jamais un gage de réussite. Il faut imiter la nature, mais après plus d’ans d’essais-erreurs, c’est loin d’être suffisant.

 

Remontant aux sources de la permaculture, de l’agro-écologie, et de l’agriculture de synergie, il faut appliquer (quasi) à la lettre les conseils de John Jeavons dans son manuel « How to grow more vegetables », au moins dans le coin du jardin réservé à la production intensive. Intensive en rendement, intensive en soins, et intensive en vie. D’où son nom de biointensive.

En effet, l’inspiration principale de John Jeavons, digne héritier d’Alan Chadwick, provenait des jardins maraîchers qui nourrissaient Paris au XIXe siècle. Contraints par l’espace, mais riches du crottin des milliers de chevaux qui faisaient tourner Paris, les maraîchers de Montrouge, Châtillon, Montreuil, Aubervilliers, Saint-Denis, Noisy-le-sec etc. avaient développé des méthodes de maraîchage sur couche chaude dont les rendements à l’hectare sont réellement ahurissants. A la suite d’Alan Chadwick, et inspiré par la biodynamie (mais sans les grigris), Jeavons remplace le crottin de cheval des maraîchers d’antan par du compost issu des végétaux produits sur place.

Les caractéristiques principales de la méthode biointensive sont les suivantes :
– Culture sur buttes double-bêchées. Une fois établie, la structure peut se maintenir pendant plusieurs années.
– Utilisation de grandes quantités de compost issu des végétaux produits sur place.
– Plantations serrées, comme dans la nature.
– Associations de plantes mutuellement bénéfiques.
– Céréales sur environ 60 % des buttes pour produire la paille et donc l’apport en carbone du compost.
– Cultures qui produisent un maximum de calories par unité de surface (patates, poireaux, panais) sur 30 % des buttes
– Variétés anciennes et non pas des hybrides ou des clones
– Système intégré, avec ses rotations pour continuellement accroître la fertilité

Double-bêchage

Tout commence par un double-bêchage du sol des buttes, en tâchant de ne pas inverser la couche superficielle et la couche profonde. Jeavons conseille de répandre une couche de 3 centimètres de compost avant de commencer le travail, de façon à ce qu’il se retrouve incorporé dans la première épaisseur. Il y a un excellent article du Sens de l’Humus pour savoir mener ce double-bêchage. Au passage, l’article fournit de bons arguments pour se convaincre que ce travail du sol initial n’est pas contraire à l’esprit de la permaculture. Pour des schémas de principes, essayez la requête « double dig raised beds » dans google images.

Ingrédients pour le compost

Jeavons prévoit ses cultures pour produire dans son jardin la totalité des ingrédients nécessaires à son compost. D’où la recommandation de faire pousser une grande proportion de céréales, afin de disposer de beaucoup de paille.

Compostage

Le compost dans la méthode biointensive est fait très consciencieusement. On serait plus tenté de faire comme Emilia Hazelip et s’écarter de la méthode de Jeavons en pratiquant le compostage « de surface » où l’on se contente de laisser les déchets de cuisine et la paille à même le sol. Toutefois, il est nécessaire de s’efforcer de produire consciencieusement assez de compost pour au moins deux ou trois buttes qui soient gérées comme le conseille Jeavons.

Fertilisation

Jeavons préconise d’amender initialement le sol avec certains apports selon les éventuelles carences. Il s’agit sûrement d’apporter du Calcium si la terre est acide (un peu comme en Bretagne).

Semis et plantation

Jeavons fait le maximum de semis en caissettes, afin d’optimiser l’utilisation des buttes (il démarre même les carottes en caissettes et les repiquent quand elles sont assez petites, genre la première vraie feuille à peine visible). Dans la mesure du possible, on peut utiliser des plaques alvéolées à la place, mais le principe reste le même. De la sorte, le temps que les graines germent puis que les plants grandissent en godets, le terrain peut être occupé par une culture précédente. Il précise quand semer quoi selon les phases de la Lune. D’abord parce que ça complique encore davantage le calendrier, et ensuite parce que lui-même précise que c’est controversé et facultatif.

Plans de culture

Le cœur du livre, ce sont les plans, les rotations et les calendriers détaillés pour les buttes, commençant avec dix mètres carrés la première année, puis montant en puissance d’année en année jusqu’à un jardin de 130 m² nourrissant une famille de quatre personnes. Sur le total, environ 80m² sont en céréales, et encore 20m² en patates. Le plus précieux est probablement le tableau qui recense une longue liste de légumes avec les rendements attendus et donc l’espace à y consacrer. Ça évitera d’avoir dix fois trop de persil et dix fois pas assez de carottes.
 
 
 

yogaesoteric

20 septembre 2018

Also available in: Română

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