La beauté, expression de la perfection divine

„Pour Dieu toutes les choses sont Bonnes, Belles et Vraies; seulement aux gens, certaines choses leur semblent justes et les autres non.”

Depuis toujours les sages ont soutenu que la beauté existe avant tout en tant que principe, déversant dans toute la création son trop-plein divin, d’harmonie, de bien et de vérité, dans un mystérieux et continu écoulement. Les échos de la sagesse retentissent encore dans la mémoire de l’humanité car, tour à tour, les écoles d’authentique enseignement spirituel ont transmis la flamme à leurs successeurs, en renouant ainsi le fil de la tradition primordiale, parce que la promesse énigmatique de l’immortalité ne se perd pas.

 
Cet enseignement a toujours été adapté aux conditions spécifiques de chaque époque. Dans la conception orientale, le pouvoir de la perfection divine et de la beauté, Tripura Sundari, la Belle des Trois Monde, est considérée comme étant celle qui accomplit les trois actions cosmiques fondamentales: la Création (Srsti), le Maintien (Sthiti), la Résorption (Samhara), l’Occulation (Tirodhana) et la Révélation (Anugraha). Le pouvoir divin de la triade, Tripura Sundari, est immanent en toute triade et en même temps les transcende et les soutient (les trois mondes: physique, astral et causal; les trois états conditionnés: veille, rêve et sommeil profond; les trois tendances de la nature (guna): sattva – pureté, rajas – expansion et état passionnel, tamas – inertie et ignorance; les trois dimensions du temps: passé, présent et futur, etc.)
 
Au-delà de toute théorie et d’essai de définition, les sages de tous les temps ont poursuivi l’atteinte de la beauté intérieure, la perfection idéale menée jusqu’à la sacralité, qui permet à l’homme de sentir intensément et profondément la beauté, pour vivre dans le beau.
 
La divinité est toujours considérée comme le centre et l’origine de la beauté: „… tout se trouve autour du Roi du Tout; Il est le but de tout ce qui existe ; Il est la cause de la beauté entière” (Platon, „La Deuxième Lettre à Dyonisos”).
 
Dans la vision tantrique, de la perspective des principes universels, on sait que le principe féminin représente la manifestation de Dieu sous l’aspect des noms et des formes, alors que le principe masculin signifie l’aspect transcendant et dépourvu d’attributs de la Divinité. Pour cette raison, la nature féminine a toujours été associée à la beauté, mais quant à cet aspect peut apparaître en nous la question spontanée : « où se trouve, en fait, la beauté? » Les enseignements tantriques nous conseillent de chercher cette beauté à l’intérieur de nous, parce que la beauté extérieure ne peut que refléter pour quelques instants l’ineffable beauté intérieure qui transcende toutes les formes. Sundari signifie du point de vue littéraire, “beauté”, et l’adoration de cete Grande Puissance Cosmique ne représente pas autre chose que de suivre, pratiquement, la voie de la beauté et du bonheur extatique par l’intermédiaire de la Manifestation, vers l’Absolu Divin.
 
Au niveau de la conception commune, nous nous imaginons la beauté comme quelque chose qui implique la perfection et l’harmonie des formes visibles, par exemple une très belle femme ou une fleur superbe. Pourtant, bien qu’elles soient belles, si nous analysons avec attention, nous découvrirons certains aspects qui sont moins réussis et présentent certaines imperfections. De plus, comme conséquence directe de l’expérience de vie que nous avons, nous savons quelle que soit grande la beauté d’une forme, elle finira par pâlir ou même disparaître, parfois même très vite. Cela se passe parce que la forme peut incarner pour une certaine période de temps une beauté étonnante, mais cependant la beauté est et signifie beaucoup plus que toute forme. Au niveau suprême, la vraie beauté est éternelle et elle se reflète seulement dans certaines proportions dans les formes changeantes des choses et des êtres de la Manifestation.
 
Dans cette perspective, Tripura Sundari ne représente pas seulement la beauté de la forme, mais elle est la beauté même, indescriptible, de la perception de la perfection divine. Pour cette raison, la beauté ne doit jamais être considérée comme inhérente aux objets, parce qu’elle surgit du déploiement de la lumière de la conscience divine qui irradie de toute chose. Étant donné que la Conscience suprême de Dieu est infinie et éternelle, la beauté est elle aussi éternelle, donc elle ne disparaît jamais, mais seulement se révèle de façon différente, sous une multitude de formes. Pour cette raison, le pouvoir de la transfiguration (autrement dit, le pouvoir de voir le sublime là où les autres ne perçoivent rien ou le contraire) représente un attribut essentiel dans la garantie du succès du sadhana ou de la pratique spirituelle tantrique.
 
La sagesse taoïste offre, elle aussi, une perspective profonde sur la beauté, le bien et la vérité divine, dans une formule qui nous laisse deviner la subtile saveur des métaphores:
 
„La vision humaine de la beauté en tant que beauté est laideur,
Et la perception humaine du bien en tant que bien est méchanceté.
Dans le sein de la vérité, ce qui est visible et ce qui est invisible prennent naissance l’un de l’autre,
L’unité et la multiplicité s’accomplissent réciproquement,
Le petit et le grand donnent la mesure l’un à l’autre,
Le haut et le bas se reflètent l’un dans l’autre,
Le silence et le mot travaillent en harmonie, et le début et la fin se succèdent.
Pour cette raison, le sage reste au-dessus de ce jeu des apparences.
Son être irradie l’enseignement mystérieux qui se trouve au-delà des mots.
Il s’inscrit naturellement et harmonieusement dans l’écoulement des choses et des êtres,
En les soutenant tous sans demander récompense.
Il accomplit son ouvrage tel qu’il faut, sans lui donner un prix,
Étant complètement détaché de tous les fruits de ses actions.
Du fait qu’il ne s’attache jamais à une chose ainsi accomplie,
Personne ne peut jamais l’en déposséder.”
(extrait de „Tao Te King”)
 
Les sages orientaux et certains philosophes soutiennent que la beauté existe en tant qu’idée modulée par une énergie spécifique avant de se manifester concrètement en tout ce qui nous entoure, dans la nature ou dans l’art, ici ou dans d’autres plans ou mondes. La beauté est toujours perçue dans le cadre de la relation entre celui qui perçoit (le sujet qui connaît) et l’objet perçu. La beauté, indépendamment de sa réalité, est la représentation dans la conscience de l’homme des propriétés et des caractéristiques appréciées comme vraies, harmonieuses, bonnes et élévatrices de l’objet, de la réalité ou de l’être ainsi considéré. En percevant pleinement et en appréciant ce qui est beau, l’être humain vibrera à l’unisson avec la vérité, l’harmonie et les mystères qui se trouvent au-delà du support concret de celui-ci et, ainsi, il transférera par résonance dans son être la vérité, l’harmonie et le bien qui sont ainsi perçus à l’extérieur de lui. Grâce à ce processus ineffable, complexe, l’être humain qui conscientise la beauté vibrera instantanément à l’unisson avec les énergies subtiles bénéfiques, objectives, harmonieuse de la sphère de force de la beauté, de la vérité et du bien cosmique.
 
Au niveau physique, la beauté manifestée en tant que forme est l’expression sublime, harmonieuse, bénéfique, objective (réelle), créatrice, qui donne le bonheur d’une nécessité, qui reflète indirectement l’idée d’ordre, de vérité, d’équilibre, de structure symétrique, d’évolution, de spiritualisation. Dans son expression immédiate et surprenante, comme splendeur, comme brillance exubérante ou discrète, la beauté est vérité, bien et harmonie. dans cette perspective, le sentiment de la beauté pourrait être considéré comme la conscientisation de la perfection, l’attraction mystérieuse ou l’appel vers l’intuition ou la réalisation plénière des virtualités de ce qui est parfait. Le sentiment de la beauté est, en essence, un état d’enchantement, un idéal auprès cet absolu.
 
Pour résonner graduellement et ineffablement dans cet euphorique état de perception de la beauté, il est nécessaire d’éliminer toute conception déformée, tout préjugé ou toute idée malsaine sur ce que nous connaissons ou que nous pouvons évoquer à travers notre mémoire. Autrement dit, il est absolument nécessaire de réaliser un “nettoyage méthodique” de notre mental, afin de permettre ainsi la réflexion glorieuse et magnifique de la lumière du Soi Éternel à tout niveau de la Création, du banal fil d’herbe jusqu’à l’immensité des galaxies physiques ou astrales.. Si cette condition n’est pas accomplie, le résidu des pensées et des émotions obstruront, comme une pellicule sombre, la beauté divine subtile qui transparaît de toute forme qui nous entoure, même si nous sommes capables de percevoir clairement les caractéristiques physiques de cette forme.
 
Généralement parlant, Tripura Sundari représente la beauté suprême de la perception pure qui apparaît lorsque nous sommes capables de voir toute la manifestation en nous-mêmes et toute la nature comme une réflexion directe de la réalité de la conscience de Dieu.

 

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