La disparition des abeilles annonce-t-elle la fin du monde ?

 

Selon la phrase attribuée communément à Einstein, sans les abeilles, il ne resterait que peu de temps à l’Homme. Leur disparition massive témoigne-t-elle de l’arrivée de l’apocalypse ?

Einstein ne disait-il pas que si l’abeille disparaissait de la surface de la Terre, l’homme n’aurait plus que quelques années à vivre? Et bien non, en réalité, il ne l’a jamais dit. En tout cas, « nous n’avons jamais réussi à le prouver malgré toutes les recherches que nous avons menées », insiste Anne Henriot de l’Union nationale de l’apiculture française (Unaf).

Une espèce menacée?

Reste que la surmortalité de l’abeille domestique inquiète. Car les menaces se multiplient. Olivier Belval, apiculteur dans le sud de l’Ardèche et président de l’Unaf, se souvient. « Lorsque j’étais enfant, mon père me disait qu’à partir de 5% de destruction, il fallait se poser des questions. » La moyenne nationale est montée à près de 30%.

L’abeille est-elle devenue une espèce menacée ? « Pas la domestique, explique Axel Decourtye, de l’Acta , le réseau des instituts des filières animales et végétales. Les apiculteurs peuvent toujours en racheter. » Concernant les espèces sauvages, la situation est différente. On en compte 20.000 dans le monde, entre 900 et 1000 en France. « Certaines ont disparu, sont menacées ou en cours d’extinction », souligne Axel Decourtye. Pour le chercheur écotoxicologue de formation, c’est la combinaison des pathologies (virus, maladies et parasites), des pesticides et de l’appauvrissement de leurs ressources alimentaires qui cause leur perte avant qu’elles n’aient eu le temps de s’adapter.

Un impact énorme en cas de disparition

Malgré tout, pas de fin du monde en vue en cas d’extinction, selon Yves Le Conte, directeur d’unité à l’Institut national de la recherche agronomique (Inra). « Les conséquences seraient énormes mais de là à dire que la fin des abeilles serait synonyme de fin du monde, il faut rester sérieux. » Une idée qui est pourtant entrée dans l’inconscient collectif. Justement parce que, même si elle est très critiquable, elle contient un fond de vérité.

Ainsi, « 80% des plantes à fleurs sont pollinisées par l’animal et les abeilles sont considérées comme les meilleurs pollinisateurs », explique Axel Decourtye. Au total, souligne Yves Le Conte, « 30% de ce qui est dans nos assiettes est lié à la pollinisation ». Sur la table du petit déjeuner, sans les abeilles, pas de confiture, de jus d’orange etc. Ou, du moins, pas au même prix ni à une telle qualité. Car, s’il est rare que la reproduction des plantes ne se fasse à 100% par la pollinisation, « sans elle, les rendements sont bien moindres et les fruits de moins bonne qualité », selon Axel Decourtye. Et, surtout, il faudrait trouver des mesures compensatoires aux coûts exorbitants.

Un exemple frappant, sur les contreforts de l’Himalaya, l’espèce sauvage qui pollinisait les pommiers a disparu. Alors les Chinois le font à la main. Ou, plutôt, au plumeau. D’autres ont tenté de polliniser des amandiers par la force du vent provoqué par les pales d’un hélicoptère. Raté.

 

yogaesoteric
27 mai 2020


 

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