La Russie va imposer l’utilisation d’une application d’identification numérique soutenue par l’État sur tous les appareils
Une super application imposée par le gouvernement plane sur les smartphones russes, intégrant la vie quotidienne à la portée numérique de l’État.
En vertu d’une nouvelle loi qui entrera en vigueur en septembre 2025, tous les smartphones, tablettes et appareils similaires vendus en Russie devront être préinstallés avec une plateforme d’identité numérique soutenue par l’État.
Cette application tout-en-un est conçue pour regrouper les services gouvernementaux, les outils financiers, la messagerie et l’identification numérique au sein d’une interface unique, renforçant ainsi considérablement le rôle des logiciels liés à l’État dans la vie quotidienne.
La Douma d’État russe a adopté le 10 juin la loi d’habilitation, qui décrit le projet de regroupement des services publics et des services commerciaux au sein de la nouvelle plateforme.
La loi précise également que le projet doit être confié à une entreprise nationale disposant d’une base d’utilisateurs établie supérieure à 500.000 utilisateurs actifs quotidiens, entités qui, en vertu de la réglementation en vigueur, sont tenues de censurer et de surveiller les contenus.
Le président de la commission de la politique de l’information de la Douma d’État, Sergueï Boyarski, a décrit l’application comme une étape vers le renforcement du contrôle national sur les infrastructures numériques. Il a déclaré : « Nous avons clairement défini ses caractéristiques et ses exigences de sécurité », et a ajouté : « Je suis convaincu qu’il s’agit de la bonne étape pour renforcer notre souveraineté numérique. »
La vision du gouvernement pour cette plateforme va bien au-delà de la simple communication. Les particuliers pourraient vérifier leur âge dans les commerces, réserver un hébergement, bénéficier de réductions étudiantes et justifier de leur éligibilité aux services sociaux, le tout sans avoir besoin de documents physiques.
Les transactions immobilières, automobiles ou bancaires pourraient également être traitées grâce aux fonctionnalités sécurisées d’identification et de signature de l’application.
Bien que le responsable officiel du projet n’ait pas encore été nommé, VKontakte, l’entreprise exploitant le réseau social le plus utilisé de Russie, est considérée comme le candidat principal. Le ministre du Développement numérique, Maksut Shadayev, a souligné le développement récent par VKontakte d’une nouvelle application appelée Max, qui combine les fonctionnalités de chat, d’appel vocal, d’intégration d’applications et de paiement. Les développeurs ont déjà exprimé leur intention de la connecter aux plateformes gouvernementales officielles.
Certains responsables ont comparé le futur système à WeChat en Chine. Le premier vice-président, Anton Gorelkin, a reconnu cette similitude, le décrivant comme une version nationale de l’application « tout-en-un » de Tencent, qui regroupe messagerie, transport, paiements et autres services au sein d’un seul écosystème.
Cette comparaison a toutefois suscité un malaise chez les observateurs inquiets des excès du gouvernement. Le média indépendant Meduza a souligné que le projet suscite des inquiétudes quant à la surveillance et au contrôle des contenus, notamment compte tenu des liens de longue date de VKontakte avec les autorités russes.
Les autorités continuent de présenter cette initiative comme une commodité pour les citoyens, promettant une intégration plus étroite avec le portail Gosuslugi et une interaction plus fluide avec les institutions publiques.
Pourtant, cette initiative représente également une consolidation spectaculaire des données, de l’identité et des communications numériques sous la surveillance de l’État, ravivant des inquiétudes de longue date en matière de protection de la vie privée dans un pays où le contrôle numérique centralisé ne cesse de se développer.
yogaesoteric
30 juin 2025