L’amour prend le Bien pour principe et la Vérité pour but

Par Emanuel Swedenborg

Le véritable amour en couple

Il est donné aux gens de connaître bien peu l’amour en couple dans toute sa perfection, à tel point que peu sur terre pourraient le définir, parce que peu sont ceux qui cherchent son principe dans l’amour du Bien et de la Vérité.

Cette correspondance, cette harmonie, cet enchaînement des coeurs a son premier lien dans le Ciel, et le principe en sa propre spiritualité. À partir du lien céleste source le flux des voluptés qui apporte toutes les choses bonnes et tous les plaisirs dans notre âme. Mais cette vérité est valable pour ceux qui se soumettent de leur propre volonté à la loi de l’amour – la déchéance des gens et la corruption des siècles ont presque entièrement détruit cette idée.

Par conséquent, l’ennui sexuel est devenu pour nous le tombeau du véritable accomplissement érotique et le désir est suivi par l’indifférence, ce qui entraîne un manque de sensibilité et cela nous conduit finalement au dégoût. Pour cette raison, l’amoureux ne trouve plus dans le lit conjugal les charmes qui l’ont attiré au début et oublie les plaisirs de la veille, horrifié à l’avant par le dégoût qui suivra le lendemain.

À la naissance, l’homme n’est qu’une matière dotée de certaines inclinations correspondantes à chacun des membres : celles-ci prennent de l’ampleur et se développent dans le temps et, en laissant à la capacité de comprendre la liberté d’exercer ses facultés, elles tournent sans se rendre compte l’homme extérieur, initialement dépourvu d’idées, en un être pensant. Comme toute la Création, l’amour a ses étapes, son ascension et son achèvement qui est la sublimation complète de la luxure et l’affirmation de sa valeur et de sa puissance dans un cœur qui sait garder intacts et entretenir le feu dans toute sa pureté.

Comme tout ce qui existe dans la nature, l’amour a le Bien comme principe et la Vérité comme objectif ; cette tendance universelle et commune à tous les êtres est le grand mystère de la Divinité qui, en différenciant entre elles toutes les créatures de tous les mondes, a fait en sorte que leur Bien suprême soit lié à leur nécessité de se rechercher et de se réunir les unes aux autres. Cette harmonie a été consentie dans l’univers par le Créateur qui, plantant en nous tous la tendance commune vers l’union, a voulu que l’amour commence au cœur, se purifie à travers l’esprit et, nettoyé de toutes les scories, fasse venir dans notre âme le feu du ciel où se trouve le principe de son essence.

L’union des âmes et la métamorphose de leur état

S’il n’y a pas de doute que lorsqu’Il nous a donné vie, le plan du Créateur fût de planter en nous la tendance à nous unir, il n’est pas moins vrai que cette Union doit concerner aussi nos âmes. C’est pourquoi nous pouvons dire en toute sécurité que notre tendance à nous désirer et nous rechercher réciproquement existe essentiellement dans la volonté de la femme et dans la capacité de comprendre de l’homme. Cette vocation de la volonté est constante chez la femme et souvent instable chez l’homme ; car l’homme, né à se soucier de tellement de choses, sent souvent dans son cœur d’autres appels qui l’écartent de son premier amour et le font oublier.

Toutefois, la tendance vers l’union occupe la partie la plus noble de nous-même et la force de son principe est si grande que, survivant à notre corps terrestre, elle grandit et s’amplifie en permanence tout au long de notre vie spirituelle.

Bien que ces tendances vers l’union soient les mêmes chez les hommes et les femmes, elles diffèrent en termes de leur forme. Ainsi, nous voyons comment la passion de l’homme augmente soudainement jusqu’à toucher l’intensité des émotions fortes ou l’audace d’un courage sans limites, alors que la passion des femmes se cache timidement sous le voile de la pudeur et rejette gracieusement, de façon contrôlée, les caresses qu’elle aurait, néanmoins, voulues. Par ce genre de petites stratégies innocentes et permises, l’amoureuse incite et enchante son amoureux ; par ces jeux, la femme renforce ses pauvres pouvoirs naturels, en augmentant sa force. Finalement, en ouvrant son cœur à l’amour, les deux amoureux se retrouvent ensemble dans un état d’union, de calme, d’entente et de paix qui apporte pour eux le bonheur sur la terre et la béatitude suprême dans le Ciel, lorsqu’ils finissent leur vie terrestre.

La nature des êtres humains a également contribué à renforcer ce principe, en offrant à la matière de laquelle ils sont formés un fluide dont les effusions nourrissent et abreuvent en permanence la sympathie mutuelle entre les deux sexes, quand ils s’aiment. En outre, l’écoulement de ce fluide vers l’être qui le produit, par une sorte de réaction contre sa propre source, donne naissance à la haine, au dégoût et à l’antipathie.

Peut-être il faut chercher dans les différents stades de cette émanation la vraie raison de l’éloignement non prémédité de l’objet de l’amour unique ou de l’attraction involontaire qui nous fait chérir d’autres êtres que nous ne connaissons pas ou, par contre, de les rejeter ou de les méprises sans les avoir connu. Par une descente douce de la respiration dans les poumons, des poumons vers le cœur et du cœur dans le sang nous réussissons à nous rendre compte du merveilleux effet de l’émanation de ce fluide qui porte dans toutes les parties, comme dans un vase communicant et par un mouvement constant et continu des particules détachées de notre essence, tout comme nous recevons des particules de l’essence de l’autre.

L’âme continue son évolution à l’infini

Dans l’espace indéfini de l’écoulement du temps, la vie humaine n’est rien qu’une migration continue. Comme on le voit depuis l’enfance, qui se perd dans la puberté, celle-ci se déverse dans l’adolescence, l’adolescence dans la période de la virilité et, enfin, celle-ci dans la vieillesse, notre vie se présente toujours comme une sorte de changement progressif, caractérisé par une tendance irrésistible vers un stade supérieur de la perfection.

Tout comme un arbre, à partir du premier moment où la semence dont il provient a été fécondée n’existe en aucun moment sans traverser le changement d’une nouvelle époque de végétation, ainsi l’homme extérieur change toujours à tout moment de sa vie jusqu’à l’effondrement final ; mais l’âme continue son évolution à l’infini, dans l’éternité du temps pour atteindre autant que possible les étapes supérieures des achèvements successifs. Parce que, tout comme l’amour n’a pas de frontières, la connaissance, la compréhension et la sagesse n’ont pas de fin.

Cet enchaînement de changements successifs n’est pas le même pour les deux sexes. Pendant que l’homme cherche la lumière, la femme, en revanche, ne vise que la chaleur. Chacun attiré en partie par le même centre, leur coexistence commence avec le moment où, après avoir parcouru les deux les cercles des différents changements graduels spécifiques à leur sexe, ils atteignent finalement le centre commun où les liaisons parfaites de l’amour en couple fixent à jamais leur bonheur. À ce moment, l’homme devenant plus viril, la femme plus ardente et plus attrayante, les deux trouvent dans ce point de leur union l’accomplissement de tous les désirs et la source de toute richesse.

Extraits du livre Sur l’amour entre les époux, par Emanuel Swedenborg

yogaesoteric
2013

Also available in: Română English

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