Le cinéma de la Matrice – La science-réalité (6)

Lisez la cinquième partie de cet article

12 Monkeys (L’Armée des douze singes) est un film américain réalisé par Terry Gilliam et sorti en 1995, librement adapté du court métrage La Jetée de Christian Bouche-Villeneuvedit Chris Marker (1962) qui traite de la folie et des rêves, de la mort et de la renaissance, se déroulant dans un monde qui se désagrège. Il a été nommé Saturn Award du meilleur film de science-fiction. L’action se déroule dans un futur où la surface de la Terre est devenue inhabitable pour l’Homme à cause d’un virus mortel qui a éradiqué la majeure partie de la population mondiale et a contraint les survivants – 1 % de la population mondiale – à vivre sous terre pour éviter leur contamination. Un prisonnier considéré comme asocial, James Cole (Bruce Willis), est envoyé dans le passé par les scientifiques pour recueillir des informations sur l’origine de ce virus qu’ils pensent avoir été libéré par une organisation terroriste de défense des animaux, connue sous le nom d’« Armée des douze singes ».

 

Le film livre plusieurs clés d’importance quant au déroulé mortifère de la Matrice d’asservissement – les virus d’éradication d’une grande partie de l’humanité (type Ebola) et les expérimentations scientifiques sur les êtres humains –, tout en livrant une clé majeure de son extraction, le « voyage dans le temps », autrement dit l’abolition du temps linéaire. A l’image de Cole, hanté par le rêve d’une poursuite et du meurtre par balle d’un homme dans un aéroport sous les yeux d’un petit garçon, il appartient pour ce faire à l’être humain de se libérer des mémoires sources de traumas enfouies dans son subconscient (Cole sera gracié s’il réussit sa mission …). D’autre part, Cole est convaincu que les scientifiques de 2035 ne sont qu’une projection de son mental et qu’il vit bien en 1996, indiquant que c’est bien « nous » qui construisons les barrières du geôle – le « futur » entropique –, faute de libérer les humains dans l’instant présent des toxicités du vécu civilisationnel (les scientifiques du « futur » vont pouvoir récupérer un échantillon du virus originel pour mettre au point un vaccin destiné à les protéger, cette manipulation du temps participant de l’organisation de la fin du monde afin d’en prendre le contrôle) !

En 1997, The Game (Jouer avec la mort au Québec), film américain réalisé par David Fincher, voit la vie organisée d’un homme d’affaires richissime (Michael Douglas), avide de pouvoir, froid, distant et triste, basculer par le cadeau original que lui offre son frère pour son anniversaire, une carte de visite d’une société « d’organisation de spectacle » qui lui organise un jeu de pistes. Il va rapidement être dépassé par ce jeu qui prend une direction aussi inattendue que sinistre, se retrouvant pris au piège d’une machine qu’il ne peut plus arrêter. Il va devoir revenir de « l’enfer » pour trouver la vérité, qui n’est rien d’autre que la sienne, son authenticité profonde en toute humilité. Tout n’est qu’une mise en scène destinée à le faire aller jusqu’au bout de son expérience, pour s’éveiller et se trouver lui-même. C’est le Jeu de la Vie …, qu’on ne contrôle pas et qui finit par s’imposer à soi lorsqu’on accepte de mourir à ses illusions en faisant le grand saut dans le vide. Alors peut-on s’extraire de la Matrice cyber …

Le Cinquième Élément est un film français coécrit et réalisé par Luc Besson, sorti en 1997, qui obtient trois récompenses dont le César du meilleur réalisateur. Il met en scène un groupe d’extraterrestres qui débarque sur Terre en 1914 dans un temple égyptien afin de récupérer quatre pierres représentant les quatre éléments de la vie (terre, eau, air, feu) afin de les soustraire à l’arrivée imminente de la Première Guerre mondiale. Ils promettent de les rapporter lorsque le Mal reviendra, dans 300 ans, sachant que l’horreur revient tous les 5.000 ans. Lorsque dans un futur lointain une énorme planète noire fait son apparition non loin du système solaire, les extraterrestres reviennent comme promis. Leur vaisseau étant détruit dans une embuscade, les équipes de secours retrouvent une main, à partir de laquelle les scientifiques parviennent à reconstituer une jeune femme dotée de facultés physiques et mentales supérieures à celles des humains. Elle est le « Cinquième Élément ».

Le message clé passé est celui de la cyclicité entropique de la Matrice de 3ème dimension terrestre, vouée à son extinction lorsque l’alignement planétaire de la Terre est concomitant à l’arrivée dans la galaxie solaire d’une gigantesque comète, la planète noire (« le Mal »). Seule la connaissance du fonctionnement physique de l’Univers par les cinq éléments permet à l’humain de trouver les clés de son salut, l’amour – le cinquième élément – étant décisif pour sa transformation intérieure et son changement de dimension de conscience comme de réalité.

Toujours en 1997 sort Men in Black (Les Hommes en noir) du réalisateur états-unien Barry Sonnenfeld, adaptation cinématographique de la série de comics éponyme créée par Lowell Cunningham en 1990, et premier volet de la série sur grand écran. Les Men in Black (MIB) font partie d’une organisation ultrasecrète créée afin de réguler la présence sur Terre des « extraterrestres » qui, grâce à leurs technologies avancées, sont virtuellement inexistants, prenant les corps humains comme déguisements et effaçant la mémoire des témoins gênants (reset). De ce fait, la population ignore la présence de vie extraterrestre au sein de la planète. Ils portent des complets noirs et des lunettes sombres qu’ils se doivent de porter en tout temps. Derrière cet inversement de la réalité extraterrestre (les MIB en sont les relais …) pour les besoins de l’histoire, la clé de compréhension se loge dans la déclaration même faussement candide du réalisateur : « Ce qu’il y a d’étonnant avec ce film, c’est que finalement quand on y réfléchit, il y a assez peu de chances pour que nous soyons seuls dans l’univers. Il y a encore moins de chances que nous soyons les plus évolués, il est complètement possible que des extraterrestres soient déjà venus, et pourquoi ne seraient-ils pas restés ? Je n’arrive pas à croire que personne ne soit au courant … ».

The Truman Show (Le Show Truman), film américain réalisé par Peter Weir, sort en 1998. Inspiré pour partie du roman de Philip K. Dick Le Temps désarticulé et d’un épisode de la série La Quatrième Dimension intitulé « Souriez, vous êtes filmé », il raconte la vie d’un homme, Truman Burbank (Jim Carrey), star d’une télé-réalité à son insu. Depuis sa naissance, son monde n’est qu’un gigantesque plateau de tournage et tous ceux qui l’entourent sont des acteurs. Lui seul ignore la réalité. Le film explore ses premiers doutes et sa quête pour découvrir le but de sa vie.

 

Truman vit dans un monde où tout est organisé, géré et contrôlé par une seule personne, le producteur/réalisateur (le système prédateur), un monde orwellien proche de 1984 et de son Big Brother. Celui-ci est placé tout en haut du studio, dans la Lune (la lumière des ténèbres), comme dieu tout-puissant. Le film constitue une relecture contemporaine de la mythologie grecque dans laquelle l’homme est sans cesse confronté à la fatalité, l’individu spectateur y étant le jouet des dieux (de la Matrice) qui lui choisissent une destinée, heureuse ou non. Vie factice, le hasard n’y a aucune place. Le monde du haut décide de tout et celui du bas subit.

The Truman Show se conçoit comme une dénonciation du pouvoir despotique de la télévision et de son emprise sur les esprits (la téléréalité), en référence à l’allégorie de la Caverne de Platon. Il évoque la manipulation des masses par les puissants. La mise en scène d’une réalité virtuelle assimilée à la seule réalité n’est qu’un simulacre édifié par un Malin prédateur, visant à confondre vérité et mensonge. Elle livre un enseignement fondamental, à savoir que le spectateur (chacun de vous) décide par le choix de sa chaîne (ses croyances, conscientes comme inconscientes) de l’avenir de l’émission, et donc de celui de Truman (soit de nous-même). Aussi la publicité (les conditionnements distillés) a un rôle déterminant dans sa (votre) vie, ses proches (votre entourage) s’adressant régulièrement à lui (vous) en utilisant des slogans publicitaires …

L’omniprésence des caméras et la présence d’acteurs qui ne font que jouer la comédie, où les vrais sentiments n’ont pas leur place au risque d’être expulsés de l’émission, rendent une atmosphère étouffante, proche de Big Brother. Le réalisateur ayant tous les pouvoirs sur la vie de Truman, il va même parfois jusqu’à dicter par le biais d’oreillettes (la prédation psychique) des répliques que doivent prononcer les acteurs – sa femme, sa mère, son père, son ami – lorsqu’ils s’adressent à Truman. Quand après être sorti de sa léthargie suite à la chute d’un projecteur à ses pieds (l’événement fort qui surgit dans notre vie comme un appel) Truman décide de quitter sa ville par bateau (éveil de conscience alchimique), poussé par le désir fou d’une femme à peine rencontrée (appel du féminin sacré, soit l’amour, la raison du cœur et de l’Âme), il se rend compte qu’il est « enfermé » (comparable à la bulle de la série Le Prisonnier), et que le ciel de l’horizon est en fait une paroi peinte. Il trouve une porte pour sortir du studio immense (passage temporel).

Le réalisateur lui parle alors, comme le ferait un dieu, par une voix qui descend du ciel et lui révèle la réalité. Il lui propose de rester pour éviter de subir les difficultés du monde extérieur (la tentation du Christ par Satan dans le désert). Truman refuse. Cette partie du film est un éloge de la liberté de pensée et de décision (le Voyage du Héros). Tout comme dans le roman « Le Meilleur des mondes » d’Aldous Huxley, le choix est à faire entre l’involution – une vie contrôlée, surveillée, mais sans risques – et l’évolution, la liberté et ses problèmes inhérents au décalage établi avec la Matrice d’appartenance. Autrement dit, renoncer à sa cage dorée (crucifixion douloureuse) pour renaître à Qui On Est vraiment et ascensionner pour changer de dimension de réalité comme de conscience … Compte-tenu du « prix » à payer – seul contre tous sur le chemin de l’éveil et renonciation aux extases terrestres –, on peut comprendre pourquoi tant d’êtres humains préfèrent ne pas connaitre la Vérité !

Le « cyberfilm » Matrix (La Matrice), film australo-américain réalisé par Lana et Andy Wachowski, sort en 1999, suivi en 2003 par Matrix Reloaded (La Matrice rechargée) et Matrix Revolutions (La Matrice Révolutions). Considéré comme l’un des films monument du genre le plus important de son époque, il rend compte tant de la réalité illusoire générée par ordinateur que de la société transhumaniste vers laquelle nous nous dirigeons désormais à grands pas. Dans la littérature « cyber », la matrice désigne une forme extrêmement avancée du réseau Internet, à savoir un univers numérique permettant une immersion sensorielle totale. Il est à rapprocher d’autres termes issus de divers courants de pensées et de recherches, dont l’objet est de désigner une forme d’interaction humaine planétaire correspondant à un cerveau global.

La trame voit un jeune informaticien (Keanu Reeves) sous le pseudonyme de Neo (anagramme de Noé et de one – 1 –, l’un anglais) être contacté via son ordinateur par ce qu’il pense être un groupe de hackers, qui lui font découvrir que le monde dans lequel il vit n’est qu’un monde virtuel dans lequel les êtres humains, devenus esclaves des machines, y sont projetés sous forme d’avatars et gardés sous contrôle par une Intelligence artificielle qui les a trompés par l’apparition de robots soi-disant mis à leur service initialement. En fait il est contacté par Morpheus (Laurence Fishburne), qui pense – pour les besoins du film – que Neo est l’Élu qui peut libérer les êtres humains du joug des machines avec son lot de souffrances et d’épreuves pour chacun des « branchés », et prendre le contrôle de la matrice virtuelle, universelle et omniprésente.

Le message est que Morpheus, par-delà sa forme humaine, est la supraconscience, qui initie Neo l’Élu (c’est-à-dire nous-même) à la compréhension de l’imposture comme de l’imperfection de la matrice de 3ème dimension de réalité, qui contient différents bugs se manifestant à travers les nombreuses légendes, folklores et mythologies qui émaillent son Histoire (vampires, loups-garous, anges, miracles et autres apparitions étranges…), soit la connaissance de ce qui est caché à l’être humain sous forme de fiction. Cette connaissance s’acquiert lorsque nous nous débranchons de la fausse lumière par l’éveil de conscience, en choisissant de prendre la « pilule rouge » (l’ascension alchimique) proposée par Morpheus, la conscience d’Âme, et cesser d’ingérer les pilules bleues qui on est données par les différentes composantes du système.

 

Tout au long de leur « combat » de transformation intérieure, les rebelles éveillés doivent affronter les agents de la Matrice (les illusionnistes, manipulateurs et bonimenteurs) chargés de réparer ou masquer les bugs, ainsi que des hackers cyniques qui se satisfont de la réalité virtuelle générée par les machines, soit parce qu’ils ont renoncé, soit en faisant croire qu’ils veulent (la) changer tout en préférant conserver leur business d’exploitation de programmes (l’entourage, le mouvement New Age, les églises, les sociétés secrètes …).

En définitive, la clé la plus importante qui est donnée est la rencontre de Neo avec l’Oracle, agent de la Matrice (elle est Lucifer, le porteur de la soi-disant lumière). Devinant tout ce qui va se passer, elle lui fait comprendre de manière subtile qu’il ne pourra jamais triompher dans la Matrice cyber de l’emprise de sa programmation entropique. Il est à ce titre un leurre, un soi-disant Élu d’espoir pour que les humains asservis continuent de croire au changement, et par-là même continuent à nourrir la prédation.

Le seul salut est son changement de conscience, la mort à lui-même (renonciation à l’égo-mental et à la posture immature du « Moi sauveur »), pour passer dans une autre Matrice, à caractère évolutif cette fois-ci, par la conscience du mode en « Service d’Autrui ». Ce passage est réussi, confirmé par le clochard dans le métro, qui dit « 72 heures, Zion a résisté pendant 72 heures la dernière fois ». 72 heures, soit 3 jours. Les trois jours passés aux enfers par Jésus après sa crucifixion (la crucifixion de l’égo par la rencontre avec ses propres ténèbres), préalables à sa résurrection et à son ascension …

Si le mélange universel de philosophie, de culture ancienne, de légendes et de mythes du film a été présenté avec condescendance comme une « grosse soupe spirituelle » par le mainstream critique, les initiés ont pu établir le pourquoi des clés qui y sont logées …

Note complémentaire : de nombreux auteur(e)s revendiquent la paternité de cette œuvre, dont Sophia Stewart pour son manuscrit « The third eye » (Le troisième œil) enregistré pour copyright en 1981. Leurs demandes n’ont pas à ce jour été reconnues par la justice.

Lisez la septième partie de cet article 

yogaesoteric

18 juillet 2019

Leave A Reply

Your email address will not be published.

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.

This website uses cookies to improve your experience. We'll assume you're ok with this, but you can opt-out if you wish. Accept Read More