Les expériences au seuil de la mort (8)

Par Alain Moreau

Lisez la septième partie de cet article 

VII. Décorporation et neurologie :

Le 26 janvier 2003, une séquence de l’émission du magazine scientifique de M6, « E = M6 », a montré le constat effectué par un neurologue suisse, Olaf Blanke, à propos d’une femme de 43 ans opérée à « crâne ouvert », laquelle souffrait de crises d’épilepsie invalidantes. Olaf Blanke ayant procédé à de légères électrostimulations du cortex cérébral, la patiente (éveillée) déclara, après stimulation du gyrus angulaire droit (dans le cortex pariétal de l’hémisphère droit), ceci :

« Je me vois allongée sur le lit et je flotte à deux mètres au-dessus de mon corps… »

Le commentateur a évoqué à ce propos « la première explication scientifique » de la décorporation, celle-ci étant réduite en définitive (c’est pour cela que c’est « scientifique » !) à une vulgaire distorsion de l’image corporelle – le gyrus angulaire est impliqué dans la formation de l’image corporelle – due à un dysfonctionnement neurologique du gyrus angulaire. Lorsqu’il est stimulé à l’aide d’une électrode (ou à la suite d’un traumatisme), le gyrus angulaire se « déconnecte » des autres régions corticales, ce qui entraînerait une dissociation entre la représentation mentale du corps et le sentiment même de soi, d’où, par exemple, la sensation d’être hors de son corps. De même, certains états modifiés de conscience « stimuleraient » le gyrus angulaire. Voilà donc notre explication « scientifique »…

Dans un texte paru dans plusieurs revues (et dans des livres), Jean-Pierre Girard (par ailleurs connu pour ses aptitudes à la psychokinèse) a soutenu cette interprétation de la décorporation. Cet auteur soutient pourtant, dans ses écrits et interventions lors de stages visant le développement d’aptitudes psi, la notion de « survie de l’Esprit », mais il semble qu’il n’avait pas compris, à l’époque, le caractère profondément matérialiste et athée de l’interprétation d’Olaf Blanke…

On aura noté que celle-ci est extrêmement réductionniste et qu’elle vise avant tout à évacuer toute dimension spirituelle au phénomène des NDE et des sorties hors du corps en général. Du même coup, elle sape les fondements mêmes de ce qui constitue la survie de la conscience après la mort, celle-ci reposant justement sur l’existence d’un corps subtil se dégageant, au moment de la mort, de l’enveloppe corporelle, et pouvant aussi se dissocier de cette dernière en diverses circonstances (spontanées ou provoquées) durant la vie d’un sujet. Il convient donc de réagir et d’apporter certaines précisions.

Je développe les thèmes du corps astral (ou « double ») et des sorties hors du corps dans d’autres textes. Signalons simplement ici que l’être humain (et les organismes vivants en général) n’est pas uniquement constitué d’un corps physique, mais également d’un « corps subtil » qui interpénètre (car il est de fréquence vibratoire très élevée) le corps physique durant l’incarnation et s’en dégage au moment de la mort. Je propose la définition suivante (inspirée de celle qui a été donnée par Ian Stevenson) :

Le corps spirituel, celui qui survit à la mort biologique, peut être défini comme un organisme subtil (de nature énergétique) associé au corps physique pendant la vie sur le plan matériel. Il constitue le siège de la conscience après la mort biologique ou transition, et, dans une perspective « réincarnationniste », le véhicule structurel de la personnalité entre deux incarnations.

Le corps astral est souvent désigné sous le nom de « double » car, extériorisé, il ressemble généralement (mais pas toujours) au corps physique. Cette notion de « double » se retrouve dans de nombreuses peuplades « primitives », la décorporation n’étant pas autre chose que la capacité à se dégager, grâce à ce « double », de l’enveloppe corporelle. Léo Talamonti a ainsi noté que, dans les populations primitives, « on trouve invariablement jointe à l’idée du dédoublement celle d’un “ voyage de l’âme ”, souvent accompli dans des buts pratiques : appeler des personnes éloignées, déceler un voleur, découvrir le gibier dans ses repères »… (On voit déjà ici les limites de la distorsion de l’image corporelle !)

* Au dix-neuvième siècle et au début du vingtième siècle, certains pionniers de la « métapsychique » s’étaient efforcés de mettre en évidence les divers éléments du composé humain : Albert de Rochas, Hector Durville, Charles Lancelin…

* Ultérieurement, divers chercheurs ont compilé des récits de sorties hors du corps (appelées aussi : « projection », « projection astrale », « voyage astral », « expériences extra-corporelles » – ou « exsomatiques »– et « OBE ») : Hornell Hart, Celia Green, Charles Tart, Robert Crookall, John Poynton, etc.

* Quelques travaux expérimentaux ont essayé de mettre en évidence l’existence d’un corps projeté lors d’une OBE : le psychologue Karlis Osis avec le médium Alex Tanous, le psychologue Robert Morris avec le sujet psi Blue Harary (1973-74)… (70)

Le corps subtil présente :

– Certaines constantes (nature vibratoire et corpusculaire, émission d’un rayonnement, etc.).
– Des facultés qui lui sont propres (perception à l’intérieur des objets, perception de l’aura, déplacements instantanés, communications télépathiques, etc.).

Nombreux sont les éléments qui vont à l’encontre de l’explication neurologique de la décorporation, avec ou sans NDE :

– La référence, dans de nombreuses traditions et sources, à l’existence d’un « double » ou corps spirituel pouvant se dissocier, en diverses circonstances, de l’enveloppe charnelle : peuplades « primitives », traditions chamaniques, sources de type ésotérique, communications médiumniques… La liste, que je ne peux pas détailler ici, serait impressionnante.
– Les cas de bilocation : (présence en deux endroits différents) répertoriés chez les mystiques…
– Les caractéristiques intrinsèques des sorties hors du corps, lesquelles ne se limitent pas à la sensation de présence au-dessus du corps, mais incluent tout un ensemble complexe de perceptions de diverses natures :

* Perception de scènes extérieures au champ de vision du corps physique.

* Facultés inhérentes au « corps spirituel » (perception des pensées des gens, possibilité de traverser les murs, etc.).

* Visite de lieux éloignés.

* Contacts avec des entités (personnes décédées, etc.).

* Entrée dans un monde de lumière…

Lorsque l’on a pris connaissance, de longue date, de la littérature relative au « voyage astral », l’explication par la distorsion de l’image corporelle apparaît pour ce qu’elle est : une absurdité, cette explication ne pouvant en aucun cas rendre compte de la complexité de l’expérience vécue par les personnes dont la conscience (sous la forme d’un « corps subtil ») a temporairement quitté le substrat physique.

Le commentateur de l’émission de M6 a mentionné le cas de Sylvan Muldoon, auteur, dans les années 1920, d’un ouvrage sur ses propres expériences extracorporelles. Ce commentateur n’a sûrement pas lu le livre en question, sans quoi il aurait dû relativiser ses propos. Tout au plus a-t-on vu l’image classique (car bien connue) extraite de l’œuvre de Sylvan Muldoon, qui montre une silhouette (celle du « double ») au-dessus d’un corps allongé. Détail intéressant : on voit sur cette illustration un lien entre les deux « corps », celui-ci correspondant à ce qui est connu sous l’expression « corde d’argent », laquelle relie effectivement les deux « véhicules de conscience », ainsi que le relatent de multiples sources convergentes. Cette dernière particularité est du reste l’une de celles qui sont totalement incompatibles avec l’idée d’une simple distorsion de l’image corporelle. Signalons au passage qu’un ouvrage de Wilfried Chettéoui contient des photos exceptionnelles où l’on distingue nettement la corde d’argent au chevet d’une mourante… (« La nouvelle parapsychologie », éditions Sorlot/Lanore, 1983.)

Dans le reportage de M6, on a vu Xavier Rodier, un infirmier/puériculteur qui a vécu, à plusieurs reprises, une décorporation. Il a été interviewé par Olaf Blanke à propos d’un éventuel choc dans l’enfance qui aurait pu laisser des cicatrices dans le cerveau. A un moment donné, le témoin déclara avoir failli mourir, enfant, avant qu’il ne marche : il avait alors mis une prise électrique dans la bouche. Commentaire du commentateur : la décorporation pourrait être le symptôme d’un trouble neurologique plus important, et ces patients un peu particuliers « vont alors être pris au sérieux ». Ainsi, si « la Science confirme les témoignages », comme j’ai pu le lire, c’est en réalité afin de donner une interprétation réductionniste de type neurologique excluant toute dimension spirituelle au phénomène ! Il convient, en conséquence, de ne pas être dupe. La neurochirurgie ne confirme pas les faits, mais les « rationalistes » les interprètent à leur façon !

Faisons un parallèle avec les NDE. Ces expériences au seuil de la mort induisent souvent le développement ultérieur de facultés psi (perceptions extrasensorielles, sortie hors du corps, etc.). Ceci a été montré par des chercheurs tels que Kenneth Ring, Melvin Morse, Richard Kohr et Bruce Greyson. Ce développement d’une faculté psi a été constaté, par exemple, chez Joseph MacMoneagle. Ce dernier a en effet développé ses facultés de vision à distance suite à une NDE, ainsi qu’on a pu le voir dans une émission de Canal + (diffusée à deux reprises en 2004).

De son côté, Brigitte Dutheil a mentionné l’excitation électrique de la scissure de Sylvius dans le lobe temporal droit, laquelle a provoqué, écrit-elle, « des phénomènes de décorporation et de vision de lumière » :

« Cela montre que les phénomènes de décorporation et de tunnel sont liés au corps électrique dont nous avons déjà dit qu’il est constitué d’un champ électromagnétique, c’est-à-dire de photons. »

On fera le parallèle avec le vécu de Xavier Rodier, lequel a été électrocuté durant son enfance, et avec l’excitation électrique du gyrus angulaire… Cependant, la différence se situe au niveau de l’interprétation de ce type d’expérience. Nous avons vu que l’expérience de décorporation ne peut, par sa complexité, se réduire à un phénomène de distorsion de l’image corporelle due à un dysfonctionnement neurologique localisé au niveau du gyrus angulaire. Cette apparente localisation cérébrale amène cependant à se poser la question suivante : dans le cas des « électrostimulations », sommes-nous en présence de sensations de type « décorporation » ou NDE n’ayant pas de rapport avec une réelle sortie hors du corps, ou l’excitation d’une certaine zone cervicale induit-elle réellement une sortie hors du corps ?

C’est ici que nous devons évoquer brièvement la conception du pédiatre américain Melvin Morse, auteur de plusieurs livres sur les NDE, dont « La divine connexion » (éditions Le Jardin des Livres, 2002). Voici ce que note à ce sujet François Brune (dans la préface de la traduction française de « La divine connexion » et dans le n° 301 de « Le monde de l’inconnu ») :

« Wilder Penfield avait remarqué qu’en excitant un endroit très précis de la scissure de Sylvius on pouvait provoquer toute une partie des expériences aux frontières de la mort (EFM), sortie du corps, révision de la vie, rencontre de trépassés… Melvin Morse lui-même avait confirmé cette découverte, et dans les congrès où j’ai pu le rencontrer il insistait sur le fait qu’à son avis il ne s’agissait pas de simples phénomènes de conscience modifiée mais bien d’une véritable sortie du corps, d’une véritable incursion dans une autre dimension, inaccessible ordinairement à nos sens mais parfaitement réelle, plus encore même que le monde où nous vivons. »

Le lobe temporal droit serait en fait l’interface permettant au cerveau de communiquer avec une « banque de données universelle »… Celle-ci fait penser aux « archives akashiques » des occultistes et de certains auteurs, certains d’entre-eux ayant eu justement accès à ces « archives » à la faveur de sorties hors du corps. Ces « archives » sont en fait une gigantesque bibliothèque vibratoire, avec sons et images, de nature holographique.

Le lobe temporal serait, dans l’optique de Melvin Morse, le lieu de communication avec Dieu et les anges… Voilà, en tout cas, une perspective radicalement différente de celle soutenue par des neurologues réduisant la décorporation à un vague problème de distorsion de l’image corporelle !

VIII. A propos d’une étude de Sam Parnia :

En octobre 2014, divers médias se sont fait l’écho d’une nouvelle étude sur les expériences de mort imminente (ou expériences au seuil de la mort). Je donne d’abord deux textes trouvés sur le sujet, puis j’aborde le traitement idéologique de ce thème, tel qu’il a été abordé par le journal télévisé de France 2. Je termine par quelques considérations sur les commentaires d’internautes et par la mention d’un texte paru sur le site de l’INREES.

Voici le premier texte trouvé sur le Web :

« Rassurez-vous, il y a bien une vie après la mort :

C’est ce que révèle une étude réalisée par l’université de Southampton pendant quatre ans sur 2.060 patients ayant fait un arrêt cardiaque.

Même quand le cerveau a cessé de fonctionner et que le corps est cliniquement mort, quelque chose survit. La conscience, l’âme ? L’étude menée par des scientifiques de l’université de Southampton (Royaume-Uni), et publiée le 7 octobre, ne le dit pas. Mais selon elle, 40% de ceux qui ont survécu à leur arrêt cardiaque évoquent une sensation étrange de conscience, alors qu’ils étaient en état de mort clinique.

Selon le docteur Sam Parnia, qui a dirigé cette étude menée pendant quatre ans sur 2.060 patients, “ les preuves suggèrent ici que, dans les premières minutes après la mort, la conscience n’est pas annihilée ”, explique-t-il dans une interview au Daily Mail (en anglais). “ Nous ne savons pas si elle s’estompe après, mais directement après la mort, nous sommes encore conscients. Le cerveau ne s’arrête pas quand le cœur s’arrête de battre. ”

Près de 40% se souviennent de quelque chose :

Près de 39% des patients interrogés pour l’étude se rappellent avoir eu conscience de ce qui leur arrivait, sans pour autant en garder un souvenir précis. 46% ont fait état d’un sentiment de peur ou de persécution, 9% ont connu une expérience de mort imminente, et 2% ont affirmé être pleinement conscients et avoir su, en quelque sorte, “ sortir ” de leur propre corps. Ils se rappellent avec précision avoir vu et entendu des choses après que leur cœur se soit arrêté. Jusqu’ici, on estimait que ceux qui rapportaient des expériences de vie après la mort étaient victimes “ d’hallucinations ”. »


Lisez la neuvième partie de cet article 

yogaesoteric
22 octobre 2019



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