L’Europe réduit ses citoyens au silence, une peine de prison à la fois

D’une mère britannique à un retraité allemand, des gens ordinaires sont sévèrement punis pour avoir tenu des propos brutaux, prononcés sous le coup de la frustration face à une classe politique au pouvoir qui les a trahis.

Le mardi 27 mai, un retraité bavarois de 73 ans a été informé qu’il devait commencer à purger sa peine de 75 jours de prison avant le 5 juin. Son crime ? Deux publications sur X dans lesquelles il a utilisé l’expression « Alles für Deutschland » (« Tout pour l’Allemagne »), un slogan souvent associé à la SA, une organisation paramilitaire du parti nazi il y a environ 90 ans. Le vieil homme a d’abord été condamné à une amende, qu’il n’a pas payée, affirmant qu’il n’avait pas les moyens financiers de le faire.

La police allemande de la parole s’en prend désormais aux citoyens ordinaires, après avoir principalement ciblé les politiciens de l’Alternative für Deutschland (AfD), actuellement le parti le plus populaire du pays. L’un des cas les plus récents est celui de David Bendels, rédacteur en chef du Deutschland Kurier, affilié à l’AfD, qui a été condamné à sept mois de prison avec sursis pour « abus, calomnie ou diffamation à l’encontre de personnalités politiques ». Son délit ? Bendels avait édité et publié un mème de la ministre de l’Intérieur de l’époque, Nancy Faeser, la représentant tenant une pancarte sur laquelle était écrit « Je déteste la liberté d’opinion ».

Comme l’a révélé un rapport publié en février par le groupe de réflexion MCC Brussels, les lois allemandes très larges sur les discours de haine et la diffamation ont été utilisées en particulier avant les élections législatives pour cibler les opposants politiques. L’article 188 du code pénal allemand a conduit à des perquisitions policières et à des sanctions pénales pour des citoyens qui ont insulté des politiciens en ligne, notamment une descente au domicile d’un retraité pour avoir partagé un message critiquant un ministre du gouvernement, une amende de 800 euros infligée à un retraité pour une blague faisant référence à la vie privée d’un politicien et la condamnation d’un citoyen à une peine de prison pour avoir envoyé un courriel furieux à un Premier ministre.

La situation n’est pas meilleure, voire pire, au Royaume-Uni. Le cas de Lucy Connolly, une mère et influenceuse d’âge moyen condamnée à pas moins de 31 mois de prison, a récemment fait grand bruit. Après l’annonce des attentats de Southport, au cours desquels trois enfants ont été tués par Axel Rudakubana, Lucy Connolly, comme beaucoup d’autres Britanniques, a réagi avec émotion. Elle a choisi de s’exprimer sur les réseaux de communication virtuels, appelant à une « expulsion massive » et à incendier les « hôtels [de migrants] remplis de salauds ». Connolly a supprimé son commentaire en moins de quatre heures et a admis devant le tribunal qu’elle avait commis une erreur dans le choix de ses mots, mais elle a néanmoins été reconnue coupable d’incitation à la haine raciale.

Le cas de Lucy n’est pas isolé. Peter Lynch, un grand-père de 61 ans, a crié des propos racistes lors d’une manifestation à Rotherham, protestant contre l’immigration massive à la suite des scandales liés aux gangs de proxénètes. La manifestation a ensuite dégénéré en violences, mais Lynch a été emprisonné pour ses propos et condamné à deux ans et huit mois (!) de prison en août 2024. En octobre, il a été retrouvé pendu dans sa cellule.

La tendance est claire. Selon le Times de Londres, au Royaume-Uni, la police arrête plus de trente personnes par jour pour des publications offensantes sur les réseaux de communication virtuels, en invoquant l’article 127 de la loi sur les communications de 2003, qui criminalise la diffusion de messages « gravement offensants » en ligne.

L’Allemagne et le Royaume-Uni s’engagent sur une voie extrêmement dangereuse en pénalisant les personnes qui expriment des opinions dissidentes – même grossières, irréfléchies ou sans fondement – alors qu’elles ne font qu’exercer leur droit à la liberté d’expression. Il est temps de faire marche arrière.

 

yogaesoteric
13 juin 2025

 

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