L’exposition au glyphosate cause de graves problèmes de santé chez les générations futures


L’exposition au glyphosate cause de graves problèmes de santé chez les générations futures : des maladies de la prostate, des reins et des ovaires, l’obésité et des anomalies congénitales sont observées chez les descendants de deuxième et troisième générations de rats exposés au glyphosate.

L’article d’origine a été publié le 24 avril 2019 par GMWatch sous le titre « Glyphosate exposure causes serious health issues in future generations » et il est accessible sur ce site : https://www.gmwatch.org/en/news/latest-news/18901-roundup-exposure-causes-serious-health-issues-in-future-generations

Des maladies de la prostate, des reins et des ovaires, l’obésité et des anomalies congénitales sont observées chez les descendants de deuxième et troisième générations de rats exposés au glyphosate.

Des chercheurs de la « Washington State University » ont découvert une variété de maladies et d’autres problèmes de santé chez les progénitures de deuxième et troisième génération de rats exposés au glyphosate, principe actif du « Roundup », le désherbant le plus utilisé au monde. Dans la première étude de ce type les chercheurs ont vu des descendants de rats exposés à cet herbicide, développer des maladies de la prostate, des reins et des ovaires, l’obésité et des anomalies congénitales.

Il a été établi que ces effets transgénérationnels défavorables étaient corrélés aux modifications des profils épigénétiques (méthylation de l’ADN) du sperme. Il a été suggéré que les altérations de la fonction des gènes causées par ces modifications héritées de la méthylation de l’ADN épigénétique avaient endommagé divers organes et provoqué des malformations congénitales chez les dernières générations d’animaux.

L’étude a été dirigée par le professeur Michael Skinner, professeur de sciences biologiques à la WSU, qui a défendu, au fil des années, le phénomène des effets transgénérationnels induits par les polluants chimiques par le biais de mécanismes épigénétiques. Dans cette étude, le professeur Skinner et ses collègues ont exposé le glyphosate à des rates gestantes entre le huitième et le quatorzième jour de gestation. La dose – soit la moitié de la quantité attendue sans effet indésirable (« niveau sans effet indésirable observable » ou DSENO en abrégé) – n’a entraîné aucun effet néfaste apparent sur les parents, ni sur la première génération de progéniture.

Mais, écrivant dans la revue « Scientific Reports », les chercheurs disent avoir assisté à une « augmentation spectaculaire » de plusieurs pathologies affectant les sujets expérimentaux de deuxième et troisième générations. La deuxième génération a connu une « augmentation significative » des pathologies des testicules, des maladies des ovaires et des glandes mammaires, ainsi que de l’obésité. Chez les mâles et femelles de troisième génération, les chercheurs ont constaté une augmentation de 30% de la maladie de la prostate, soit trois fois plus que celle de la population témoin. La troisième génération de femelles présentait une augmentation de 40% de la maladie rénale, soit quatre fois plus que celle des témoins.

Plus du tiers des femelles de la deuxième génération ont eu une grossesse infructueuse et la plupart d’entre elles sont décédées. Deux sujets sur cinq, mâles et femelles, de la troisième génération étaient obèses.

Le développement des tumeurs a également été surveillé chez les mâles et les femelles et il a été constaté que le nombre des anomalies des descendants femelles exposées au glyphosate, augmentait à la deuxième génération, mais pas les descendances des lignées de première et de troisième génération. Le type de tumeur le plus courant chez les mâles et les femelles était l’adénome mammaire (sein).

Toxicologie générationnelle

Skinner et ses collègues appellent ce phénomène « toxicologie générationnelle ». Au fil des années, il a été observé lors d’expositions à des fongicides et à d’autres pesticides, au kérosène (carburéacteur), au composé bisphénol A dans le plastique, à l’insectifuge DEET et à l’herbicide atrazine. Ce qui intervient, ce sont des modifications épigénétiques, telles que des modifications des modèles de méthylation de l’ADN, qui jouent un rôle essentiel dans l’activation et la désactivation des gènes, souvent en raison de facteurs environnementaux, notamment l’exposition à des polluants chimiques toxiques.

Skinner a déclaré qu’il avait décidé d’étudier le glyphosate « car c’est l’un des composés les plus utilisés dans le monde ».

Le glyphosate a fait l’objet de nombreuses études sur ses effets sur la santé. L’étude Skinner est la troisième en quelques mois à Washington. Une étude de l’Université de Washington publiée en février 2019 a révélé que ce produit chimique augmentait le risque de lymphome non hodgkinien de 41%. Une étude de la Washington State University publiée en décembre 2018 a révélé que les résidents de cet État, vivant à proximité de zones soumises à des traitements à l’herbicide, étaient trois fois plus susceptibles de décéder prématurément de la maladie de Parkinson.

La toxicologie générationnelle du produit chimique représente un nouvel inconvénient qui, selon Skinner et ses collègues, devrait être incorporé dans les estimations de son risque en matière sanitaire.

« La capacité du glyphosate et d’autres toxiques environnementaux à affecter nos générations futures doit être prise en compte », écrivent-ils, « et elle est potentiellement aussi importante que la toxicologie d’exposition directe réalisée aujourd’hui pour l’évaluation des risques ».

Rappel : « La dose sans effet nocif observable (DSENO), appelée aussi “ dose sans effet toxique ”», « dose maximale sans effet » ou « dose maximale sans effet néfaste observable » (en anglais : No Observable Adverse Effect Level, NOAEL), est la dose la plus élevée d’une substance chimique ne produisant aucun effet nocif observable … voir les détails ici : [Dose sans effet toxique observable — Wikipédia ]

La recherche fait une percée dans la notion de NOAEL car elle est calculée sur la base d’études toxicologiques commanditées par l’industrie. Les régulateurs utilisent cette NOAEL pour établir des niveaux d’exposition supposément sûrs pour les consommateurs et les pratiquants avec des pulvérisateurs. Le problème est que les études utilisées pour déterminer la DSENO sont obsolètes et insensibles. Cette nouvelle étude montre clairement que se focaliser sur l’évaluation de la toxicité par exposition directe, tout en ignorant les effets transgénérationnels, constitue une autre limitation majeure du système de réglementation actuel qui empêche la protection de la santé publique.

L’OCDE, qui établit des normes pour les études de toxicologie du secteur utilisées pour les approbations réglementaires, ne s’attend pas à ce que ces études examinent les effets jusqu’au sevrage de la deuxième génération de progéniture – et les effets recherchés dans la deuxième génération sont extrêmement limités. Ainsi, de nombreux effets de deuxième génération et de tous les effets de troisième génération, tels que ceux révélés dans la nouvelle étude, seront omis. Ainsi, ces normes réglementaires ne protègent pas la santé publique.

Points forts et limites de l’étude

La recherche toxicologique chez les rats étant considérée comme pertinente pour l’homme, il ne fait donc aucun doute que, du point de vue de l’adéquation de l’animal de laboratoire, ces résultats soulèvent de vives inquiétudes pour la santé humaine. Le but de l’étude était de tester les effets d’une dose de glyphosate officiellement classée inoffensive sur plusieurs générations. Il répond avec succès à cet objectif.

Toutefois, certains critiques de l’étude pourraient en limiter l’applicabilité à la santé humaine :

– Une comparaison du glyphosate et d’une formulation Roundup représentative à la même concentration de glyphosate devrait idéalement être réalisée.
– Il a testé des doses assez élevées de glyphosate (bien qu’inférieures au niveau jugé nuisible par les régulateurs), répétées quelques jours seulement pendant la grossesse, alors que les expositions humaines typiques se situent à un niveau beaucoup plus bas et se répètent sur une plus longue période. Il est bien connu que de faibles doses peuvent produire des effets toxiques plus importants que des doses élevées, en particulier sur le système hormonal (endocrinien).
– La voie d’administration du glyphosate était l’injection intrapéritonéale (c.-à-d. par livraison directe dans la cavité abdominale). Cela n’est pas réaliste, car si le glyphosate était administré par la voie orale la plus communément admise, seule une partie de la dose serait absorbée par les tissus corporels et le reste serait excrété. L’OCDE, qui établit des normes pour les études de toxicologie du secteur, utilisées pour les approbations réglementaires, recommande l’ingestion orale, l’exposition cutanée ou l’inhalation comme méthodes d’administration « pertinentes » pour la santé humaine.
– Bien que des modifications des profils épigénétiques (méthylation de l’ADN) dans le sperme aient été observées et proposées pour sous-tendre l’hérédité transgénérationnelle des effets néfastes du glyphosate, aucun effort n’a été fait pour voir s’il y avait également des modifications de la méthylation de l’ADN épigénétique et du statut d’expression génique, ce qui pourrait fournir une explication pour les dommages aux organes observés et les malformations congénitales.

Alerte d’erreur

Le nouveau document contient une erreur majeure : il affirme que la classification du glyphosate par le CIRC comme cancérogène probable pour l’homme en 2015 a été retirée en 2016. C’est faux, le verdict n’a jamais été rétracté et reste donc valable.

À l’appui de cette affirmation de rétractation, les auteurs font référence à une étude commanditée par Monsanto qui réfutait la conclusion du CIRC selon laquelle il était clairement établi que le glyphosate était génotoxique (un mécanisme de cancérogénicité). Le document parrainé par Monsanto concluait de manière prévisible que les preuves de la génotoxicité du glyphosate étaient « largement peu convaincantes ». Mais l’opinion des auteurs parrainés par Monsanto n’affecte en aucune façon le verdict du CIRC.

Nous nous attendons à ce que les auteurs de la nouvelle étude publient une correction sur ce point dans la revue d’édition « Scientific Reports ».

La nouvelle étude :

Assessment of glyphosate induced epigenetic transgenerational inheritance of pathologies and sperm epimutations : Generational toxicology – [Evaluation de l’hérédité transgénérationnelle épigénétique des pathologies et des épimutatons de spermatozoïdes induite par le glyphosate : Toxicologie générationnelle] – Deepika Kubsad, Eric E. Nilsson, Stephanie E. King, Ingrid Sadler-Riggleman, Daniel Beck& Michael K. Skinner
Scientific Reports volume 9, Article number : 6372 (2019)

Résumé

Il a été démontré que les expositions environnementales antérieures à une variété de facteurs et de substances toxiques favorisent la transmission transgénérationnelle épigénétique de maladies à l’état adulte. L’un des pesticides agricoles les plus largement utilisés dans le monde est l’herbicide glyphosate (N- (phosphonométhyl) glycine), communément appelé Roundup dans le commerce. Il existe un nombre croissant de rapports contradictoires concernant la toxicité d’exposition directe (risque) du glyphosate, mais aucune enquête rigoureuse sur les actions générationnelles. L’étude actuelle utilisant une exposition transitoire chez des rats femelles en gestation de génération F0 a révélé des effets négligeables du glyphosate sur la pathologie des descendants de la génération F0 directement exposée ou de la génération F1. En revanche, on a observé une augmentation spectaculaire des pathologies chez les descendants de la génération F2 et chez les descendants transgénérationnels F3.

Les pathologies transgénérationnelles observées incluent la maladie de la prostate, l’obésité, les maladies du rein, des ovaires et des anomalies de la parturition (à la naissance). L’analyse épigénétique des spermatozoïdes des générations F1, F2 et F3 a permis d’identifier les régions de méthylation d’ADN (DMR) différentielles. Un certain nombre de gènes associés à la DMR ont été identifiés et ont déjà montré leur implication dans des pathologies. Par conséquent, on propose que le glyphosate puisse induire une hérédité transgénérationnelle d’épimutations provoquant des maladies et affectant les lignées reproductrices (par exemple les spermatozoïdes). Les observations suggèrent l’action d’une toxicité générationnelle.


yogaesoteric
15 janvier 2020

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