L’UE envisage la création d’un « espace Schengen militaire »

 

L’Union Européenne veut identifier les besoins pour rationaliser les mouvements militaires sur le territoire des pays membres et mieux adapter l’infrastructure à l’utilisation militaire. Ce projet a été surnommé « Schengen militaire », en référence à l’espace de déplacement libre au sein de l’Union Européenne.

En mars 2018, la Commission européenne a dévoilé un plan d’action pour rationaliser la logistique militaire. L’objectif est d’améliorer l’acheminement des équipements de défense et des militaires sur l’ensemble du territoire du bloc. À plus long terme, il s’agit de créer une Union Européenne de la défense d’ici 2025, mais aussi de satisfaire les besoins de l’OTAN pour assurer des déplacements militaires rapides.

Fluidifier la logistique militaire par la création d’un « Espace Schengen militaire »

La Commission européenne propose d’organiser le recensement des routes et des chemins de fer adaptés pour le transport militaire, ainsi qu’un audit de l’infrastructure existante. Par exemple, la hauteur de certains ponts pourra être surélevée pour assurer le passage de blindés. De même, les passages de frontières seront étudiés, afin de rationaliser les vérifications d’usage, et d’accélérer la traversée des convois militaires dans l’hypothèse de la nécessité d’un déploiement rapide de troupes ou de matériel.

« En facilitant la mobilité militaire au sein de l’UE, nous pourrons être plus efficaces pour prévenir les crises, déployer nos missions, et plus rapides à réagir en cas de problème », a déclaré Federica Mogherini, la cheffe de la diplomatie européenne. L’exécution et le financement des travaux correspondants seront a priori à la charge des Etats membres, mais de façon remarquable, la Commission a indiqué qu’elle serait susceptible de les prendre en compte lors de l’élaboration de son budget pluriannuel.

Une évolution inattendue du projet européen

Les incursions de l’UE dans le domaine de la Défense sont une nouveauté. Le sujet a longtemps été tabou pour l’Union Européenne, fondée au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale avec pour objectif ultime d’éviter tout nouveau conflit en Europe. Mais le contexte géopolitique mondial est de plus en plus incertain.

L’annexion de la Crimée par la Russie, les attentats terroristes, et le relatif désengagement des États-Unis dans l’OTAN sont autant de facteurs qui ont été utilisés comme prétextes de la nécessité d’avancer sur ce sujet. Le Brexit a également agi comme un catalyseur : les Britanniques se sont toujours opposés à une Union de la défense.

L’ombre de la Russie

« Ces propositions ont une dimension pratique, mais leur finalité est évidente au moment où les tensions s’exacerbent avec la Russie », explique un diplomate européen. D’autres pointent que l’on ne peut plus écarter la possibilité d’un nouveau conflit en Europe. Elisabeth Braw, analyste de l’Atlantic Council, un think tank spécialisé dans les relations internationales, indique que l’Estonie, la Lituanie et Lettonie ont déjà créé un « mini-Schengen militaire » entre elles.

Au mois de novembre de l’année dernière, les ministres de la Défense et des Affaires étrangères de 23 Etats membres de l’UE (dont la Belgique) ont signé un accord posant les jalons de la création d’une Union de la Défense, avec la création d’une « coopération permanente structurée ». Son objectif est de coordonner et d’optimiser les efforts du bloc dans le domaine de la Défense. L’idée est d’intensifier les investissements, de centraliser la recherche militaire, et d’éviter les doublons pour mener au développement d’un arsenal qui pourrait être utilisé par les armées de plusieurs États membres. Le plan de la Commission européenne doit être approuvé par les gouvernements des différents États membres et le Parlement européen.

 

yogaesoteric
27 novembre 2018

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