Noël : le sens d’une fête (2)

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Le solstice d’hiver, ou la Tradition

A Rome, bien avant la célébration de Sol Invictus, le solstice est nommé bruma, breuissima (dies), journée qui correspond au 21 décembre. On a également recours à une autre racine, qui a donné le mot angor. « Il est de bon latin, à toute époque, de notre par angustiae un espace de temps ressenti comme trop bref, fâcheusement ou douloureusement bref, et Macrobe ne manque pas de l’employer et de le répéter quand il dramatise ce tournant de l’année » (Georges Dumézil, La religion romaine archaïque, Payot, 1966).

Ovide écrit : « Le solstice d’été n’abrège pas mes nuits, et le solstice d’hiver ne me rend pas les jours angustos » (Les Tristes 5, 10, 7-8). La religion ressent ces angustos dies solsticiaux : une déesse et un culte en assurent le franchissement. Cette déesse du solstice, c’est Diua Angerona, dont les festivités, dénommées Diulia ou Angeronalia, se déroulent le 21 décembre. Ce jour-là, les pontifes offrent un sacrifice in curia Acculeia ou in sacello Volupiae, proche de la porte Romanula, une des portes intérieures de Rome, sur le front Nord du Palatin. Dans cette chapelle se trouve une statue de la déesse, avec la bouche bandée et scellée ; elle a un doigt posé sur les lèvres pour commander le silence. Pourquoi cette attitude ? Georges Dumézil explique, en se référant à d’autres mythes indo-européens : « Unes des intentions du silence, dans l’Inde et ailleurs, est de concentrer la pensée, la volonté, la parole intérieure, et d’obtenir par cette concentration une efficacité magique que n’a pas la parole prononcée ; et les mythologies mettent volontiers cette puissance au service du soleil menacé » (op.cit., p. 331).

En ce qui concerne les Germains, l’historien Grec Procope (IVe siècle) dit qu’au cœur de l’hiver, les hommes des « pays du Nord » envoient des messagers au sommet des montagnes pour guetter le retour du soleil, lequel est annoncé par des feux ou des roues enflammées auxquelles on fait dévaler les pentes. De son côté, Tacite (55-120) raconte dans ses Annales que les Germains célèbrent le solstice d’hiver par des festivités et des festins.

Il faut noter ici que le solstice d’hiver est un simulacre du Ragnarök : la fin de l’année est la « représentation » cyclique de la fin du monde (qui clôt elle-même un grand cycle du temps). C’est pourquoi dans l’Edda, l’époque du « crépuscule des dieux », durant laquelle le soleil – comme Odin lui-même – est avalé par le loup Fenrir (ou par un fils de Fenrir), est appelée Fimbulvetr, c’est à dire le Grand Hiver. C’est pourquoi également Vidarr, le dieu qui permet la renaissance du monde et qui parvient à terrasser Fenrir (Völuspa, 55) – grâce à quoi le soleil est remplacé par sa fille, c’est-à-dire par un nouveau soleil (dans les langues germaniques, le mot « soleil » est du genre féminin) –, est défini comme l’« Ase silencieux ». L’analogie entre l’action de Vidarr, qui implique le silence, et celle de la déesse romaine du solstice, Angerona, dont l’attitude commande aussi le silence, saute aux yeux. Le silence est nécessaire à Noël pour que le dieu / la déesse sauve le soleil du péril et de la mort.

A cet égard, le passage essentiel de l’Edda se trouve dans le chant de Wafthrudnir au moment où, à la question de Gôngrôder : « D’où viendra le nouveau soleil dans le ciel uni, lorsque le loup aura avalé celui que nous voyons ? », le sage Wafthrudnir (Wafthrunder) répond : « Le soleil, avant d’être anéanti par le loup, donnera le jour à une fille ; quand les dieux disparaîtront, elle suivra la même route que sa mère ». On notera par ailleurs que dans la mythologie germanique, le loup est constamment attesté comme le symbole de l’hiver et qu’en Allemagne du Sud, l’ancien nom du mois de Décembre (Julmond ou Julmonat) est attesté, lui aussi, en Wolfsmond, le « mois du loup ».

Dans son essai sur La vie religieuse de l’Islande, 1116-1263 (Fondation Singer-Polignac 1979, p. 369) , Régis Boyer souligne également : « Tout comme elle a dû confondre Noël et jól et, outre la jólaveizla (le “banquet de Jul”) , la jóladrykkja (la “libation de Jul”) , le jólabodh, les pratiques qui allaient de pair : hospitalité libéralement accordée (jólavistar) et la paix sacrée (jólafridhinn), l’Eglise a assimilé les fêtes d’équinoxe d’automne, vetr-naetr, à la Saint-Michel et celles du solstice d’été, sumarmàl, à la Saint-Jean, de même que celles de la mi-été (midhsumar) ». De son côté, un auteur comme Folke Ström (Nordisk hedendom, p. 61) a montré que le jól (Jul) islandais était l’ancien sacrifice nordique de l’àlfablót.

Yule Solstice d’Hiver

Ce sabbat est traditionnellement célébré quand le soleil entre en Capricorne, vers le 21 Décembre. Le nom de Yule vient de l’Anglo-saxon « Yula » qui signifie roue. Cette roue de l’année a débutée le lendemain de Samhain, en introspection, dans les profondeurs de la terre en honorant ceux qui y sont retournés.

La roue est le symbole de l’année chez les païens qui voient le temps comme un cercle sans fin et non comme quelque chose de linéaire. La roue de l’année continue et émerge à Yule par la naissance du Dieu Lumière, fils de la Déesse et de son consort, mort à Samhain. C’est la victoire du Dieu Lumière sur le Dieu des Ténèbres, du Roi Chêne (la Vie) sur le Roi Houx (la Mort). La Déesse donne naissance à un fils, le Dieu, qui correspond à la vie qui va se développer au sein de la nature Terre Mère en apparence morte à cette époque de l’année. On célèbre la naissance du Dieu Soleil, qui favorisera croissance et développement de la vie. Il ne faut pas croire qu’il s’agisse d’une copie dégradée de la naissance du Christ. Ce serait plutôt l’inverse qui a inspiré cette célébration hivernale. En effet, la date proche du 25 Décembre (date du solstice dans le calendrier Julien) était fêtée bien avant que les chefs du Christianisme la choisissent pour marquer la naissance du Christ. A Yule, les païens prennent conscience que même si la terre est encore endormie sous la neige, elle renaîtra sous peu et bourgeonnera à nouveau. C’est donc une énergie de renaissance et de renouveau qui se manifeste et la tradition de faire des résolutions pour l’année qui s’en vient prend racine dans cette énergie.

Les autres noms de Yule : Jul, Saturnalia, Noël, Christmas, Solstice d’hivers, nouvel an solaire.
Energies de Yule : renaissance, régénération
Influence : renouveau, profondeur
Couleurs : vert, rouge, or, argent, blanc
Symboles : l’étoile, le cristal de neige, le sapin, la pomme, l’orange, les guirlandes et boules diverses
Encens : myrrhe, oliban, romarin, genévrier.
Arbres : Vert à feuilles persistantes ou à aiguilles, chêne vert, houx, lierre.
Fleurs et fruits : tournesol, héliotrope, orange, citron.
Pierres : Cristal, cornaline, rubis, grenat, calcite orange, topaze.
Planètes : Soleil, Mars
Carte du tarot : l’impératrice, le jugement, l’hermite
Chandelles : verte et rouge
Herbes et plantes : de Yule
Houx : utilisé pour la protection et la chance dans les nouveaux projets.
Gui : utilisé pour la chance.
Lierre : utilisé avec le houx, il apporte l’amour et la chance dans la vie.
Conifère : utilisé pour se rappeler que la nature est toujours vivante malgré le froid et la neige et que la vie est éternelle.
Cannelle : utilisé pour apporter la prospérité.
Canneberges : représente les fruits de saisons.
Pommes : représente l’immortalité.
Oranges : pour la chance, l’amour et le désir.
Chêne : représente la Vie.
Baies de Laurier : pour la chance et la protection

Yule est l’époque de la nuit la plus longue de l’année. Les peuples des temps reculés remarquèrent ce phénomène et supplièrent les forces de la nature d’allonger les jours et de raccourcir les nuits. Les païens célèbrent Yule juste avant l’aube, puis regardent le soleil se lever comme pour couronner leurs efforts. Puisque le Dieu correspond au soleil, Yule souligne le moment de l’année ou le soleil renaît aussi. Par conséquent, il est d’usage d’allumer des feux ou des chandelles pour accueillir le retour de la lumière solaire. Plongée dans le sommeil pendant l’hiver de l’enfantement, la Déesse récupère doucement après l’accouchement.

Yule constitue un vestige des rituels primitifs célébrés pour fêter la fin de l’hiver et la fécondité du printemps, ou la nourriture devenait de nouveau facilement disponible. De nos jours, cette fête rappelle aux païens que la mort apporte finalement une renaissance. Credo du moment que l’on retrouve dans presque toutes les religions et peuples à cette époque de Yule mais hélas, trop vite oublié : « Paix et amour sur la terre aux hommes et femmes de bonne volonté ».

Traditions et activités de Yule

Chanter en famille et dans les rues
Amasser des aliments non périssables (miel, noix, fruits secs) et les offrir aux plus démunis.
Se réunir en famille pour célébrer la chaleur et l’amour du partage.
Offrir un cadeau fait de ses mains.
Commencer un journal intime de développement spirituel personnel.

La création de l’arbre de Yule

L’arbre de Yule constitue l’une des traditions de cette époque. Il peut s’agir d’un arbre coupé ou d’un arbre en pot qui pourra être replanté à l’extérieur par la suite. On célèbre le vert éternel des conifères.

Il est amusant de fabriquer des décorations pour cette circonstance, des guirlandes de boutons de roses séchées et bâtons de cannelle, ou de maïs éclatés et canneberges, aux sachet d’épices parfumés que l’on suspend aux branches, en passant par les étoiles en papier mâché, le choix reste vaste. On peut entourer des cristaux de quartz brillant avec un fil de fer et les accrocher aux grosses branches pour imiter les glaçons. Les pommes, les oranges et les citrons suspendus aux rameaux constituent des décorations naturelles d’une beauté remarquable dont l’usage était répandu dans les temps anciens.

Le Feu de Yule

La coutume veut que Yule soit célébré avec le feu car c’est un festival solaire. La bûche appelée Yule Log est une vieille tradition et la bûche symbolise l’éclat nouveau du Soleil. Cette bûche est brûlée avec une portion du Yule Log de l’année d’avant, symbolisant l’étroit lien du passé avec le futur, la continuation. Cette bûche en chêne (ou en pin selon certaines traditions) est choisie tôt dans l’année et mise de côté. Lorsque l’on commence à décorer la maison pour Yule, le Yule Log est aussi paré. Des symboles peuvent être gravés dessus tel un soleil, des rubans ajoutés, de la verdure, des herbes spéciales attachées … Le Yule Log est allumé avec le morceau de celui de l’an passé suivi de chant et de poèmes pendant qu’il brûle. Un morceau de la bûche est conservé toute l’année pour allumer le prochain Yule Log.

Les cendres du Yule Log seront divisées : une part pour faire des charmes de propriété et le reste pour étaler dans son jardin au printemps et assurer une bonne récolte.

Faire des couronnes

Les couronnes de Noël sont encore une tradition qui nous vient des Anciens. Représentant la Déesse, elles étaient faites de houx. Les couronnes symbolisent aussi la roue de l’année et sont aujourd’hui faites de toutes sortes de matériel, du sapin à la cellophane. Faire une couronne pour la porte d’entrée de la maison apporte la bienveillance des Dieux sur votre habitat. Des symboles tels que des Soleils, des cristaux de neige, des runes sont attachés à la couronne et imprégnés d’intentions.

Faire des résolutions

Cette tradition nous vient encore des païens sauf qu’elle a été un peu modifiée avec le temps. La plupart des gens vont prendre la résolution de maigrir ou bien d’arrêter de fumer, ce qui est très bien. Par contre, les païens eux savent que c’est un temps pour attirer quelque chose et non le bannir, alors les résolutions seront plutôt d’ajouter de l’amour dans nos vie ou bien d’augmenter son courage … cela doit être positif puisque c’est le renouveau !

Brûler des chandelles

La lueur des chandelles en célébration crée beaucoup d’atmosphère. Faire brûler des chandelles symbolise le retour à la lumière et la nouvelle vie. Elles sont brûlées toute la nuit pour accueillir le Dieu. Des chandelles aromatisées peuvent être utilisées pour attirer de bonnes énergies dans la maisonnée. Une chandelle aux baies de laurier apporte l’abondance, une à la cannelle apporte la chance, une à la rose apporte l’amour…

Solstice d’hiver : la lumière au cœur de la nuit

Cette nuit, c’est le solstice d’hiver : la nuit la plus longue de l’année. Depuis six mois, les nuits s’allongent sans cesse, jusqu’à l’apogée des ténèbres cette nuit, avant que les jours ne reprennent des forces et recommencent à prendre le dessus, pour les six prochains mois. Ce cycle éternel a trouvé des échos dans de nombreuses civilisations, qui intégraient pour beaucoup les rythmes saisonniers dans leur calendrier religieux. Les Celtes ne font pas exception à la règle. Même si certainement Beltane et Samhain avaient beaucoup plus d’importance à leurs yeux, les solstices et les équinoxes avaient leur rôle à jouer.

On retrouve en Europe occidentale de nombreux sites (cercles de pierre, tumuli…) qui montrent que le solstice d’hiver avait de l’importance aux yeux des Celtes. Le plus célèbre d’entre tous est le tumulus de Newgrange, dans la vallée de la Boyne. Ces monuments pré-datent pour la grande majorité les Celtes, mais ils ont été utilisés, voire terminés, par ce peuple. Des fouilles archéologiques ont aussi permis de mettre en évidence dans certains d’entre eux la pratique de rituels anciens.

Aligné sur le solstice d’été et les équinoxes, Stonehenge fait néanmoins l’objet de célébrations, y compris au solstice d’hiver

Quand on sait l’importance de l’alternance des ténèbres et de la lumière pour les celtes, la valeur de ces solstices devient tout de suite évidente. Chaque année, alors que les ténèbres menacent de rompre le cycle des saisons, le soleil renaît, comme un signe annonciateur du printemps qui viendra après les grands froids. Le solstice est donc une fête de la renaissance, mais aussi de l’espoir. C’est une fête très positive, destinée à redonner des forces avant d’affronter les grands froids de l’hiver, et à faire patienter avant le printemps qui viendra quelques mois plus tard.

Certains mouvements néo-druidiques et païens affirment que la fête du solstice d’hiver (ou Yule, avec différentes orthographes suivant l’origine ou la sensibilité) est la fête de la renaissance du soleil dans la Grande Roue du Temps : après sa mort à l’équinoxe d’automne, et sa conception à Samhain, il revient en ce monde par sa naissance de la Nature-Mère et va tranquillement grandir jusqu’à sa maturité au solstice d’été.

Que l’on croit ou pas en ces idées, on voit qu’elles véhiculent la même idée : la lumière d’espoir et de vie qui finit par l’emporter sur les ténèbres. On considère souvent que le solstice d’hiver est un bon moment pour l’apprentissage, la remise en question, la réflexion qui permettra un changement d’importance dans notre vie.

Les traditions concernant le solstice d’hiver nous viennent plus souvent des peuples du Nord (le nom de Yule est norois), et les celtes ont laissé peu de traces (qui ne soient pas soumises à trop de discussions) quant à la signification véritable de l’évènement pour eux et leur manière de le célébrer. On peut néanmoins supposer que l’interprétation spirituelle et religieuse qu’ils apportaient au solstice n’était pas très éloignée de celle qu’on connaît pour d’autres peuples. Avec des sites comme Newgrange, où le solstice d’hiver joue un rôle majeur, et dont on peut interpréter l’utilisation comme religieuse et initiatique, on peut deviner aujourd’hui la symbolique du solstice d’hiver pour les celtes.

Quand Noël était illégal

Fêter Noël fut illégal en Angleterre et au Pays de Galles pendant près de 20 ans, entre 1640 et 1660. Au Royaume-Uni, Oliver Cromwell est vu comme l’ancêtre du Grinch, celui qui a aboli les fêtes de Noël. Mais s’il a contribué à abolir la Monarchie pendant 11 ans, il n’est pas responsable de l’interdiction de la fête de la nativité. Sa foi très puritaine ne l’a cependant certainement pas poussé à s’insurger contre cette décision.

C’est au début des années 1640 que le Long Parlement, sous Charles Ier, décida que le jour de Noël devait rester un jour de frugalité et de recueillement. Déjà à l’époque, le 25 décembre était un jour chômé, une occasion de réjouissance où les familles et les amis se rassemblaient, jouaient, mangeaient et buvaient abondamment.

La tradition des cadeaux existait déjà elle aussi. Le Parlement a donc coupé court à ces festivités. Il a aussi rebaptisé la fête, abandonnant Christmas – trop catholique romain aux yeux des anglicans – pour lui préférer Christ-tide. Dès lors, le Parlement se réunissait le 25 décembre et toutes les activités habituelles devaient continuer.

En1645, une directive sur le culte public décida qu’en Angleterre et au Pays de Galles, le dimanche était le seul jour saint de l’année, plaçant Noël au rang d’un jour ordinaire. Toute célébration religieuse particulière était absolument interdite. Deux and plus tard, en 1647, le parlement réitéra son ordonnance abolissant les fêtes de Noël, Pâques et Pentecôte. Les maires étaient en charge de faire respecter cette décision, et des amendes étaient infligées aux contrevenants.

Quelques années plus tard, en 1653, Oliver Cromwell devenait lord Protecteur de l’Angleterre de l’Ecosse et de l’Irlande dans le cadre du Commonwealth d’Angleterre. Mais en 1660, dès que le gouvernement républicain tomba, le Parlement réinstaura Noël comme une fête religieuse particulière. Il permit à nouveaux aux travailleurs de chômer et aux Eglises de célébrer des services spécifiques. Près de 300 ans plus tard, les souverains initièrent une nouvelle tradition, celle du discours de Noël, réaffirmant ainsi l’importance de ce jour de fête.

yogaesoteric
20 décembre 2017

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