Qui avait payé et armé Hitler ? (6)


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IG Farben, la plus grande entreprise, main dans la main avec Hitler

Déjà avant qu’Hitler ne devint chancelier national, IG Farben avait établi des contacts avec lui. Lorsque les Nazis devinrent, après le mois de juillet 1932, le plus grand parti au parlement allemand, Carl Bosch, le plus haut chef de IG Farben, décida d’entamer des discussions avec Hitler et d’examiner sa position vis-à-vis des produits synthétiques que IG Farben fabriquait ou pensait développer, (et) surtout la question du pétrole synthétique et du caoutchouc extrait à partir du charbon. Les processus de fabrication, la technique de la haute pression et l’hydrogénation (?) étaient très (tellement) coûteux, qu’il était difficile d’en tirer des bénéfices sans des subventions étatiques.

Le représentant de IG Farben au cours de la première réunion entre l’entreprise et Hitler était Heinrich Buetefisch, directeur technique de l’usine de Leuna et technicien de premier plan éminent dans la production du pétrole synthétique (condamné pour esclavage et meurtre en masse et à 6 ans de prison aux procès de Nuremberg après la guerre). La réunion fut un succès pour IG Farben. Hitler avait compris le projet de Bosch et il souhaitait la bienvenue au pétrole synthétique de IG Farben qui allait rendre l’Allemagne autosuffisante. Bien entendu à des coûts très élevés. Mais l’aspect militaire était le plus important pour Hitler. L’Allemagne n’avait pas du pétrole et avec le pétrole synthétique de IG Farben, l’armée allait devenir indépendante des achats du pétrole de l’étranger. Imaginez la possibilité de pouvoir envoyer toute une armée des chars et d’avions sans avoir besoin d’importer une seule goûte de pétrole. Le peuple fut obligé de payer ce que ça coûtait. Hitler promit de soutenir le programme de Bosch.

La réunion suivante entre IG Farben et Hitler eût lieu peu de temps après les élections du 05 mars 1933 lorsque Hitler était déjà chancelier national. Carl Bosch vint alors en personne chez Hitler. Le programme de Bosch pour le pétrole synthétique reçut une nouvelle fois le soutien total d’Hitler, ce qui impliqua que l’usine de Leuna fut construite à sa capacité maximale. L’objectif était, à l’avenir, la capacité de production de 100.000 à 400.000 tonnes de pétrole synthétique par an. Les négociations furent conclues en décembre 1933 et un contrat fut signé entre IG Farben et le régime nazi. Ils s’étaient entendus, le 14 décembre, que IG Farben allait investir dans l’usine de Leuna pour que celle-ci produise jusqu’à 350.000 tonnes de pétrole synthétique par an. L’Etat allemand allait garantir un prix correspondant à plus de 5 % des bénéfices sur le capital investi (et) en plus des retombées largement bénéficiaires pour IG Farben. L’Etat allemand s’engagea par ailleurs, d’acheter tout le pétrole que IG Farben ne pouvait vendre. Une brillante affaire pour IG Farben. De 1933 à 1934, IG Farben investit plus de 4 milliards de mark dans des nouvelles usines et dans l’augmentation de la capacité des anciennes. Une grande partie du capital venait du gouvernement nazi.

L’Allemagne nazie était maintenant en train de devenir autosuffisante en pétrole, première étape avant toutes les aventures militaires que Hitler et les Nazis avaient dans leurs plans d’avenir. La seconde question qui était dans l’agenda pour rendre possibles les plans de guerre des Nazis était la matière première stratégique caoutchouc. Sans caoutchouc pas de pneus, pas des tuyaux et beaucoup d’autres articles des voitures, les motocyclettes, les camions et les avions. Il était impossible d’aller en guerre sans caoutchouc. Le caoutchouc était importé du Sud-est asiatique où il y avait des grandes plantations des arbres à caoutchouc. Un blocus pendant la guerre pouvait être dévastateur pour l’Allemagne. IG Farben avait, déjà au début des années 1930, selon le même procédé que la haute pression pour la fabrication du pétrole, développé une technique pour fabriquer le caoutchouc synthétique à partir du charbon, du caoutchouc buna. Mais le prix du caoutchouc naturel était alors si bas et la fabrication du caoutchouc « buna » moins rentable. Toutefois, au cours de l’automne 1933, les Nazis devinrent intéressés et voulurent que IG Farben reprenne la production du caoutchouc « buna ». Hitler fit des pressions pour rendre l’Allemagne autosuffisante en caoutchouc.

Le plus chef de IG Farben posa cette fois des conditions au gouvernement nazi. Le processus de fabrication du caoutchouc « buna » était coûteux, très coûteux. Le prix de la fabrication d’un pneu « buna » était de 92 marks, mais il fallait seulement 18 pour fabriquer un pneu avec du caoutchouc naturel. Une nouvelle usine pour la fabrication du caoutchouc « bona » allait nécessiter beaucoup d’argent et exiger de très grands investissements. Bosch voulait avoir des garanties économiques de la part d’Hitler pour que la fabrication devienne rentable pour IG Farben. L’entreprise voulait avoir des garanties d’achats de la part de l’armée. La direction de l’armée, trouva, après des tests, que le « buna » ne remplissait pas les conditions militaires.

Mais le soutien d’Hitler était de toute façon important pour Bosch. Une nouvelle usine pour la fabrication du caoutchouc « buna » commença à être construite à Schkopau, dans les environs des installations à haute pression de Leuna. Ce dossier fut clos après que Hitler eut nommé Göring au poste de commissaire aux matières premières et à la monnaie étrangère. « Si la guerre vient demain, déclara Göring, nous devons nous appuyer sur du matériel produit synthétiquement ». Il commença immédiatement à planifier pour l’augmentation de la production de 200 à 1.000 tonnes par semaine dans les usines de buna et pour une nouvelle usine d’une capacité de 1.000 autres tonnes par semaine. L’économie allait être dirigée sur un seul objectif et tout devrait être concentré sur les préparatifs de la guerre. Les affaires tournaient brillamment pour IG Farben.

Il y avait cependant une chose qui pouvait constituer un problème sérieux entre Hitler et IG Farben. Une partie de la direction et des agents de l’entreprise était d’origine juive. La plupart avaient pendant des années travaillé fidèlement pour l’entreprise et contribué aux succès techniques et économiques. Mais les affaires passaient avant tout dans ce dossier. Tous ceux qui avaient une origine juive furent renvoyés. IG Farben fut totalement nazifié en 1937. Le poste de chef avait déjà été pris par Hermann Schimtz en 1935, Carl Bosch ayant reçu le poste honorifique de président du comité de gestion. IG Farben était maintenant près pour la guerre.

IG Farben sur les traces du nazisme

IG Farben était dès le départ préparé à profiter des grands bénéfices que les guerres d’Hitler pouvaient donner. La première à être soumise fut l’Autriche. IG Farben y entra avec les armées nazies. Le but était de prendre le contrôle du plus grand groupe chimique autrichien, Skoda Werke Wetzler. L’usine appartenait à la famille juive Rotschild, ce qui avait facilité la tâche. Tout le personnel juif fut immédiatement révoqué et les techniciens aryens d’IG Farben remplirent les places vides. IG Farben appliqua du reste, pour la première fois, la tactique de faire passer la prise de contrôle sur l’entreprise comme légale et juridiquement correcte, tout cela comme mesure de prudence au cas où l’invraisemblable arriverait, donc au cas où Hitler allait perdrait la guerre. IG Farben initia des négociations avec le chef de la place et déjà, au bout quelques mois, tout Skoda Werke Wetzler, était la propriété de IG Farben.

La prochaine conquête d’Hitler, le territoire de (Sude) en Tchécoslovaquie, donna à IG Farben un nouveau groupe industriel. Il y avait, à (Sude), deux grandes usines chimiques que possédait Aussiger Verein, la plus grande entreprise chimique Tchécoslovaque. IG Farben donna, comme preuve d’admiration pour la conduite de la guerre d’Hitler, un demi-million de mark à ce dernier; il avait remis les (Sudètiens) (Sudeterna) à l’Allemagne. Les négociations commencèrent par la suite pour la prise de contrôle de deux entreprises chimiques. Le processus avait été, même dans ce cas, rendu facile par le fait que 25% des comités de direction des entreprises tchécoslovaques, étaient juifs. Les entreprises tombèrent par cela même sous le régime des lois nazies sur les Juifs et elles pouvaient être totalement expropriées. IG Farben utilisa cet argument pour contraindre Aussiger Verein à vendre les usines aux conditions de IG Farben.

Après la Tchécoslovaquie, ce fut le tour de la Pologne d’être dépiécée par les armées nazies. Les représentants d’IG Farben étaient venus sur les traces des Nazis. L’objectif était cette fois trois usines : Boruta, Wola, et Winnica. IG se tourna vers le ministère des Finances allemand pour prendre le contrôle des usines mais ne reçut, cette fois-ci, qu’une demi-promesse. La prise de contrôle ne devint pas permanente, IG ne pouvant avoir un quelconque droit de propriété. En Pologne, l’avenir fut décidé par Himmler et SS. IG prit contact avec les représentants de Himmler en Pologne et l’affaire fut conclue après les négociations. SS donna à IG Farben le droit de prendre le contrôle des entreprises selon sa propre proposition. C’était la première collaboration entre IG Farben et SS. Plusieurs (autres) allaient suivre.

IG Farben avait fait de la politique nazie sa propre politique. L’entreprise se réjouissait de devenir le premier groupe chimique d’Europe de la même manière que les Nazis voulaient diriger l’Europe. Toutes les entreprises chimiques devraient devenir les propriétés d’IG Farben. Après la Pologne, vint finalement le plus grand morceau. La France était le prochain pays qui allait être avalé par les Nazis et IG Farben se réjouissait de prendre le contrôle de l’industrie chimique française, la clé de l’industrie chimique de l’Europe. Il en fut aussi ainsi. IG Farben initia les négociations avec la plus grande entreprise chimique, Khulmann, après l’occupation de la France par les Nazis. Il n’y eût bien entendu jamais des négociations. Les démarches devinrent cette fois plus compliquées et les discussions plus longues. Mais à la fin, ce fut comme d’habitude. Toutes les entreprises chimiques de la France furent obligées d’accepter les conditions de IG Farben et constituer une seule entreprise, Francolor, appartenant à 51% de IG Farben et à 49% aux anciens propriétaires.

Même dans les autres pays que les Nazis avaient occupés, Norvège, Danemark, Hollande, et Belgique, les industries chimiques subirent le même sort. Comme les corbeaux derrière la charogne, IG Farben suivait l’armée nazie. Ils étaient devenus comme une unité de celle-ci. Tous les pays occupés avaient en commun le fait qu’au sein de leurs gouvernements respectifs, il y avait des gens qui nourrissaient des sympathies politiques vis-à-vis du gouvernement autoritaire que les Nazis représentaient. En Belgique et en Hollande, la classe bourgeoise par exemple, s’amusait trinquaient dans les meilleurs hôtels des capitales lorsque les armées nazies mettaient leurs pieds sur les routes des villes. La France reste en tout cas, la plus grande preuve de la trahison de la classe capitaliste contre son propre peuple. Selon l’historienne française Annie La Croix-Ritz, dans son nouveau livre, « Le choix de la défaite » (att välja nederlaget), « les Français n’avaient pas été totalement vaincus dans cinq jours par une Wehrmacht invincible ; ils avaient été sacrifiés par les grands acheteurs de la main d’œuvre et leur “ plan pour la réforme de l’Etat ”, une copie provenant du voisin fasciste. »

Esclavage et massacre à Auschwitz

IG Farben était prêt à tout faire pour le pouvoir et la richesse. Malgré tous les vols commis dans les pays occupés, le chapitre le plus sombre de l’histoire de l’entreprise n’était pas (encore) écrit. Il s’agit de la main-d’œuvre esclave et des massacres de IG Auschwitz. Lorsque toute l’Europe se trouvait à genou devant Hitler, commencèrent les préparatifs pour concrétiser le but final, la conquête de l’Union soviétique. Un pays énorme qui posait des conditions à l’armée allemande concernant de très grandes ressources. Il s’agissait de tout, de la nourriture et des habits jusqu’aux marchandises de base de la guerre, le fer, les nitrates, le pétrole, et le caoutchouc. Le pétrole synthétique et le caoutchouc buna étaient de la responsabilité d’IG Farben. Après examen, il fut démontré que la production allemande ne suffisait pas pour une invasion de l’Union soviétique. La recherche d’une grande production était nécessaire et des nouvelles usines devaient être construites.

Plusieurs bonnes alternatives existaient quant aux endroits où devaient être localisées les nouvelles constructions notamment la Norvège et la Pologne. Tout fut sérieusement examiné, notamment l’accès aux mines de charbon et à l’eau. Les possibilités de transport vers et en provenance des sites aussi. Et surtout l’accès à la main d’œuvre en grande quantité, laquelle pouvait satisfaire les besoins pour la construction des grandes usines dont il était question. La dernière interrogation emporta la décision finale. Les SS planifiaient de construire un énorme camp de concentration près du village polonais Auschwitz, en (Silésie) (Shlesien) polonaise. Hitler avait promis toute l’aide nécessaire à IG Farben et SS avait garanti à l’entreprise un accès illimité à la main d’œuvre esclave. La décision d’IG Farben était simple. L’endroit choisi fut Auschwitz et le nom de l’usine IG Auschwitz.

IG Auschwitz allait être composée de deux usines, une pour le caoutchouc buna et une autre pour le pétrole synthétique. Elles allaient devenir les plus grandes entreprises du monde pour ces objectifs ainsi définis. Si l’on prend en considération la grandeur de l’Union soviétique, le débouché de la production était assuré par avance et les bénéfices à en attendre étaient énormes. Les possibilités de développement semblaient infinies lorsque le pays allait être ouvert à la l’exploitation capitaliste. IG Farben prit la décision d’assurer seule toutes les dépenses de IG Auschwitz. IG Auschwitz allait devenir un projet totalement privé, aucune aide étatique n’allait être acceptée. Alors tous les revenus allaient revenir à l’entreprise! IG Farben décida d’investir seul 900 million de mark, l’investissement le plus incomparable de l’histoire de l’entreprise.

Pour la construction de l’usine de caoutchouc buna, la première à être construite, il fallait entre 8.000 et 12.000 travailleurs. Les prisons du camp de concentration furent mises à la disposition de IG Farben. On se mit d’accord avec SS sur le fait que les payements pour la nourriture, les habits et le transport des prisonniers, en direction de l’usine tout comme en provenance de cette dernière, furent versés à celui-ci. Trois marks par jour pour le travailleur, quatre pour le travailleur qualifié et un mark et demi par jour pour les enfants travailleurs. On amena aussi là-bas les « kapos ? », les prisonniers devant fonctionner comme gardes. On avait aussi choisi les criminels de profession, des véritables sadiques, qui avaient été pris des camps de concentration. Il y eût donc un kapo par vingt prisonniers. Les travaux de construction démarrèrent mais on découvrit vite que l’effectivité était très basse. Les gens qui avaient été pris des prisons étaient obligés de se réveiller à 3h00 du matin et ne revenaient que tard dans la soirée. De longues marches, la famine et la rossée permanente avaient un effet démoralisant sur les prisonniers réduisant leur force de travail au minimum. L’on commença à craindre que les usines ne soient prêtes avant l’invasion de l’Union soviétique. Le projet buna était très en retard par rapport au calendrier.

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yogaesoteric
24 janvier 2020

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