Toucher thérapeutique

 

Le toucher thérapeutique est une approche qui rappelle l’antique pratique de l’imposition des mains, sans connotation religieuse toutefois. Il s’agit probablement de l’une des l’approches énergétiques les plus étudiées et documentées sur le plan scientifique. Diverses études tendent à montrer son efficacité pour réduire l’anxiété, la douleur et les effets indésirables postopératoires et de la chimiothérapie, par exemple.

La méthode est d’ailleurs approuvée par de nombreuses associations d’infirmières dont l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ), les Infirmières de l’Ordre de Victoria (VON Canada) et l’American Nurses Association. Elle est appliquée dans de très nombreux hôpitaux et enseignée dans plus de 100 universités et collèges, dans 75 pays à travers le monde.

Malgré son nom, le toucher thérapeutique n’implique généralement pas de toucher direct. Le praticien garde le plus souvent ses mains à une dizaine de centimètres du corps du patient qui demeure vêtu. Une séance de toucher thérapeutique dure de 10 à 30 minutes et se déroule normalement en 5 étapes :
– L’intervenant se centre intérieurement.
– À l’aide de ses mains, il évalue la nature du champ énergétique du receveur.
– Il effectue un balayage par de larges mouvements des mains pour éliminer les congestions d’énergie.
– Il réharmonise le champ énergétique en y projetant des pensées, des sons ou des couleurs.
– Finalement, il réévalue la qualité du champ énergétique.

Des bases théoriques controversées

Les praticiens du toucher thérapeutique expliquent que le corps, l’esprit et les émotions font partie d’un champ énergétique complexe et dynamique, propre à chaque personne, qui serait de nature quantique. Si ce champ est en harmonie, c’est la santé; perturbé, c’est la maladie.

Le toucher thérapeutique permettrait, grâce à un transfert d’énergie, de rééquilibrer le champ énergétique et de promouvoir la santé. Selon les détracteurs de l’approche, la présence même d’un « champ énergétique » n’a jamais été prouvée scientifiquement et les bienfaits du toucher thérapeutique ne devraient être attribués qu’à une réponse psychologique positive ou à l’effet placebo.

Pour ajouter à la controverse, selon les théoriciens du toucher thérapeutique, une des composantes essentielles d’un traitement de toucher thérapeutique serait la qualité de centration, d’intention et de compassion de l’intervenant; ce qui, il faut en convenir, n’est pas facile à évaluer cliniquement…

Une infirmière à l’origine de l’approche

Le toucher thérapeutique a été élaboré au début des années 1970 par une « guérisseuse », Dora Kunz, et par Dolores Krieger, Ph.D., infirmière et professeure à l’Université de New York. Elles ont collaboré avec des médecins spécialistes en allergie et immunologie, en neuropsychiatrie ainsi qu’avec des chercheurs, dont le biochimiste montréalais Bernard Grad du Allen Memorial Institute de l’Université McGill. Celui-ci a effectué de nombreuses études sur les modifications que des guérisseurs pouvaient engendrer, notamment sur des bactéries, des levures, des souris et des rats de laboratoire.

Au moment de sa création, le toucher thérapeutique est rapidement devenu populaire auprès des infirmières vu leur contact privilégié avec les personnes souffrantes, leur connaissance du corps humain et leur compassion naturelle. Depuis, probablement en raison de sa grande simplicité (on peut apprendre la technique de base en 3 jours), le toucher thérapeutique s’est répandu dans la population en général. En 1977, Dolores Krieger a fondé la Nurse Healers – Professional Associates International (NH-PAI) qui encadre encore aujourd’hui la pratique.

Applications thérapeutiques du toucher thérapeutique

Plusieurs essais cliniques aléatoires ont évalué les effets du toucher thérapeutique sur différents problèmes. Deux méta-analyses, publiées en 1999, et plusieurs synthèses systématiques, publiées jusqu’en 2009, ont conclu à une efficacité possible. Toutefois, les auteurs de la majorité des recherches mettent en évidence diverses anomalies méthodologiques, le peu d’études bien contrôlées publiées et la difficulté à expliquer le fonctionnement du toucher thérapeutique. Ils concluent qu’il n’est pas possible à ce stade de la recherche de confirmer avec certitude l’efficacité du toucher thérapeutique et que des essais bien contrôlés supplémentaires seraient nécessaires.

Recherches

Réduire l’anxiété. En restaurant les champs énergétiques et en induisant un état de relaxation, le toucher thérapeutique pourrait aider à procurer un sentiment de bien-être en diminuant l’anxiété. Les résultats de plusieurs essais cliniques aléatoires ont démontré que, comparativement à un groupe témoin ou à un groupe placebo, des séances de toucher thérapeutique étaient efficaces pour réduire l’anxiété auprès de femmes enceintes toxicomanes, de personnes âgées institutionnalisées, de patients psychiatrisés, de grands brûlés, de patients aux soins intensifs et d’enfants infectés au VIH.

Par contre, aucun effet bénéfique n’a été observé dans une autre étude clinique aléatoire évaluant l’efficacité du toucher thérapeutique dans la diminution de la douleur et de l’anxiété des femmes ayant à subir une biopsie du sein.

Deux essais aléatoires ont aussi évalué les effets du toucher thérapeutique chez des sujets en bonne santé. Ces essais présentent des résultats contradictoires. Les résultats du premier indiquent que des séances de toucher thérapeutique chez 40 professionnels et étudiants du domaine de la santé n’ont pas eu d’effet positif sur l’anxiété en réponse à une période stressante (examen, présentation orale, etc.) comparativement à un groupe témoin. Toutefois, la faible taille d’échantillon de cet essai a pu réduire la possibilité de détecter un effet significatif du toucher thérapeutique. À l’inverse, les résultats du second essai (41 femmes en bonne santé âgées de 30 ans à 64 ans) démontrent un effet positif. Comparativement au groupe témoin, les femmes du groupe expérimental présentaient des diminutions de leur anxiété et de tension.

Améliorer le bien-être des personnes atteintes de cancer. En 2008, 90 patientes hospitalisées pour des traitements de chimiothérapie ont reçu, pendant 5 jours, un traitement quotidien de toucher thérapeutique. Les femmes ont été divisées au hasard en 3 groupes : toucher thérapeutique, placebo (imitation du toucher) et groupe témoin (interventions habituelles). Les résultats ont montré que le toucher thérapeutique appliqué dans le groupe expérimental est significativement plus efficace sur la réduction de la douleur et de la fatigue comparativement aux deux autres groupes.

Un essai avec groupe témoin publié en 1998 a évalué les effets du toucher thérapeutique chez 20 sujets âgés de 38 ans à 68 ans en phase terminale d’un cancer. Les résultats indiquent que des interventions de toucher thérapeutique d’une durée de 15 à 20 minutes administrées pendant 4 jours consécutifs ont induit une amélioration de la sensation de bien-être. Pendant ce temps, les patients du groupe témoin ont noté une réduction de leur bien-être.

Un autre essai aléatoire a comparé les effets du toucher thérapeutique et du massage suédois pendant le processus de greffe de moelle osseuse chez 88 sujets atteints de cancer. Les patients ont reçu des séances de toucher thérapeutique ou de massage tous les 3 jours du début à la fin de leurs traitements. Les sujets du groupe témoin recevaient la visite d’une personne volontaire pour participer à une conversation amicale. Les patients des groupes toucher thérapeutique et massage ont rapporté un confort supérieur durant le processus de greffe, comparativement à ceux du groupe témoin. Cependant, aucune différence n’a été observée entre les 3 groupes en ce qui concerne les complications postopératoires.

Soulager les douleurs relatives à une chirurgie ou à un traitement douloureux chez des patients hospitalisés. En induisant un sentiment de confort et de relaxation, le toucher thérapeutique pourrait être une intervention complémentaire aux traitements pharmacologiques classiques pour contrôler la douleur des patients hospitalisés. Un essai aléatoire bien contrôlé publié en 1993 a offert une des premières mesures des bienfaits qu’apporte le toucher thérapeutique en ce domaine. Cet essai portait sur 108 patients ayant subi une chirurgie abdominale majeure ou une chirurgie pelvienne. Une réduction de la douleur postopératoire fut observée chez les patients des groupes « toucher thérapeutique » (13 %) et « traitement analgésique standard » (42 %), mais aucun changement ne fut observé chez les patients du groupe placebo. De plus, les résultats ont indiqué que le toucher thérapeutique prolongeait l’intervalle de temps entre les doses d’analgésiques demandées par les patients comparativement à ceux du groupe placebo.

En 2008, une étude a évalué le toucher thérapeutique auprès de patients subissant pour la première fois un pontage coronarien. Les sujets ont été séparés en 3 groupes : toucher thérapeutique, visites amicales et soins standard. Les patients du groupe thérapie ont montré des niveaux d’anxiété plus faibles et des durées d’hospitalisation plus courtes que ceux des 2 autres groupes. Par contre, aucune différence significative dans l’utilisation de médicaments ou l’incidence de problème de rythme cardiaque en post-chirurgie n’a été observée.

Les résultats d’un autre essai aléatoire réalisé auprès de 99 grands brûlés hospitalisés ont montré que, comparativement à un groupe placebo, des séances de toucher thérapeutique étaient efficaces pour réduire la douleur. Cependant, aucune différence ne fut observée entre les 2 groupes quant à la consommation de médicaments.

Ces résultats ne permettent pas de recommander l’emploi du toucher thérapeutique seul pour diminuer la douleur postopératoire. Mais ils indiquent qu’en combinaison avec des soins standard, il pourrait aider à diminuer la douleur ou à réduire la prise de médicaments.

Soulager les douleurs associées à l’arthrite et à l’ostéoarthrite. Deux essais cliniques ont évalué les effets du toucher thérapeutique contre la douleur perçue par des sujets souffrant d’arthrite et d’ostéoarthrite. Dans le premier, portant sur 31 personnes souffrant d’ostéoarthrite du genou, des réductions du degré de douleur furent observées chez les sujets du groupe toucher thérapeutique comparativement aux sujets des groupes placebo et témoin. Dans l’autre essai, les effets du toucher thérapeutique et de la relaxation musculaire progressive ont été évalués chez 82 sujets souffrant d’arthrite dégénérative. Bien que les 2 traitements aient induit une diminution de la douleur, cette diminution a été plus importante dans le cas de la relaxation musculaire progressive, indiquant une efficacité supérieure de cette approche.

Réduire les symptômes des patients souffrant de démence de type maladie d’Alzheimer. Un petit essai où chaque sujet était son propre contrôle, réalisé auprès de 10 personnes âgées de 71 ans à 84 ans souffrant de la maladie d’Alzheimer aux stades modéré à grave a été publié en 2002. Les sujets ont reçu de 5 à 7 minutes de traitements de toucher thérapeutique, 2 fois par jour, pendant 3 jours. Les résultats indiquent une diminution de l’état d’agitation des sujets, un trouble de comportement observable durant la démence.

Un autre essai aléatoire, incluant 3 groupes (toucher thérapeutique 30 minutes par jour pendant 5 jours, placebo et soins standard), a été réalisé auprès de 51 sujets âgés de plus de 65 ans atteints de la maladie d’Alzheimer et souffrant de symptômes comportementaux de démence sénile. Les résultats indiquent que le toucher thérapeutique a induit une diminution des symptômes non agressifs comportementaux de démence, comparativement au placebo et aux soins standard. Aucune différence n’a toutefois été observée entre les 3 groupes pour ce qui est des comportements d’agressivité physique et d’agitation verbale. En 2009, les résultats d’une autre étude sont venus appuyer ces conclusions en suggérant que le toucher thérapeutique pouvait être efficace dans la gestion des symptômes comme l’agitation et le stress.

Diminuer la douleur des céphalées. Un seul essai clinique portant sur les symptômes reliés aux céphalées a été publié. Cet essai aléatoire, portant sur 60 sujets âgés de 18 ans à 59 ans et souffrant de céphalées de tension, a comparé les effets d’une séance de toucher thérapeutique à une séance placebo. La douleur n’a été réduite que chez les sujets du groupe expérimental. De plus, cette réduction s’est maintenue pendant les 4 heures suivantes.

Accélérer la cicatrisation des plaies. Le toucher thérapeutique est utilisé depuis plusieurs années pour aider à la guérison des plaies, mais relativement peu d’études bien contrôlées ont été effectuées. Une synthèse systématique publiée en 2004 a fait ressortir 4 essais cliniques aléatoires, tous du même auteur, à ce sujet. Ces essais, incluant au total 121 sujets, ont rapporté des effets contradictoires. Deux des essais présentaient des résultats en faveur du toucher thérapeutique, mais les 2 autres ont donné des résultats inverses. Les auteurs de la synthèse ont donc conclu qu’il n’y a pas de réelle preuve scientifique de l’efficacité du toucher thérapeutique sur la cicatrisation des plaies.

Contribuer au traitement de l’anémie. Un seul essai clinique aléatoire a été publié à ce sujet (en 2006). Dans cet essai, portant sur 92 étudiants souffrant d’anémie, les sujets ont été séparés en 3 groupes : toucher thérapeutique (3 fois 15 à 20 minutes par jour, à 3 jours d’intervalle), placebo ou aucune intervention. Les résultats indiquent une hausse des taux d’hémoglobine et de l’hématocrite autant chez les sujets du groupe expérimental que chez ceux du groupe placebo, contrairement au groupe témoin. Cependant, l’augmentation des taux d’hémoglobine a été plus importante dans le groupe de toucher thérapeutique que dans le groupe placebo. Ces résultats préliminaires indiquent que le toucher thérapeutique pourrait être utilisé dans le traitement de l’anémie, mais d’autres études devront le confirmer.

Soulager les douleurs chroniques. Une étude pilote publiée en 2002 a comparé les effets de l’addition d’une intervention de toucher thérapeutique à une thérapie cognitivo-comportementale visant à diminuer la douleur chez 12 sujets souffrant de douleurs chroniques. Bien que préliminaires, ces résultats indiquent que le toucher thérapeutique pourrait améliorer l’efficacité des techniques de relaxation pour réduire la douleur chronique.

Contribuer au soulagement des symptômes de la fibromyalgie. Une étude pilote contrôlée publiée en 2004, portant sur 15 sujets, a évalué l’effet du toucher thérapeutique sur les symptômes de la fibromyalgie. Les sujets ayant reçu les traitements de toucher thérapeutique ont rapporté des améliorations sur le plan de la douleur ressentie et de la qualité de vie. Cependant, des améliorations comparables ont été rapportées par les sujets d’un groupe témoin. D’autres essais seront donc requis afin de pouvoir évaluer l’efficacité réelle de l’approche.

 

yogaesoteric
23 mai 2020

 

Also available in: Română

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