Tout ce que vous devez savoir sur le dioxyde de titane E171


Dans quels aliments le trouve-t-on ? Quels autres produits ? Est-il cancérogène ? Qui doit l’éviter ? On vous dit tout dans cet article.

Le dioxyde de titane ou E171 est un additif alimentaire utilisé dans l’agroalimentaire, l’industrie pharmaceutique et les fabricants de produits d’hygiène. Composé en partie de nanoparticules, il est autorisé dans les confiseries et les glaces pour les blanchir et les opacifier.

On peut le rencontrer aussi dans les condiments, les préparations à base de fruits et légumes (sauf compotes), les vins aromatisés, vins de fruits, les préparations de poissons et crustacés, les produits laitiers fermentés. Il y en a dans les dentifrices, les crèmes solaires, les compléments alimentaires, les médicaments.

Jusqu’à 36% de nanoparticules

Le problème posé par cet additif est la présence de nanoparticules, comme le rappelle la pharmacienne Anne-Laure Denans, qui coordonne Le Nouveau guide des additifs de LaNutrition.fr : « Le dioxyde de titane est un minéral qui se trouve sous forme de roche dans la nature. L’obtention du pigment de dioxyde de titane utilisé comme additif se fait par des traitements chimiques. Il se compose de particules de dimensions comprises entre 40 et 300 nanomètres. Selon les études, on peut trouver jusqu’à 36% de particules de taille nano c’est-à-dire inférieures à 100 nanomètres dans le dioxyde de titane utilisé comme additif alimentaire. »

De nombreuses études montrent qu’il passe la barrière intestinale et va s’accumuler dans différents tissus où il a un effet toxique, dit Anne-Laure Denans. « La rate et le foie sont les organes les plus à risque mais une toxicité sur le système endocrinien et sur le système reproducteur ont aussi été relevées. L’Efsa, dans son dossier de réévaluation recommande de nouvelles études pour vérifier les effets possibles sur le système reproducteur. »

Un impact sur la fonction digestive

Une étude de février 2017 montre que le dioxyde de titane, s’il est absorbé régulièrement, diminue la capacité des cellules de l’intestin grêle d’absorber les nutriments, en particulier fer, zinc et acides gras, et de servir de barrière aux agents pathogènes. Des signes d’inflammation ont été observés. A long terme, la consommation d’aliments contenant le E171, par exemple les chewing-gums pourrait donc affecter la perméabilité intestinale et favoriser inflammation et auto-immunité.

Cependant, les chercheurs de l’université de New York à l’origine de ces travaux se veulent globalement rassurants.

Cancérogène ?

Une étude française de l’INRA, publiée dans le journal Scientific Reports a trouvé que cet additif pénètre la paroi de l’intestin du rat en provoquant une baisse de l’activité de son système immunitaire. Lors d’une exposition orale chronique sur 100 jours au E171, une inflammation du côlon est constatée, qui conduit chez 40% des rats étudiés à l’apparition de lésions pré-cancéreuses. Lorsque des rats déjà atteints de ces lésions reçoivent du E171 pendant cent jours, 20% d’entre eux voient leurs lésions grossir.

L’Agence internationale de recherche sur le cancer (Lyon) considère que le E171 est un cancérogène possible par inhalation, mais ne s’est pas prononcé sur son ingestion. De son côté, l’Agence européenne des aliments (EFSA) n’a toujours pas fixé de dose journalière admissible pour le E171, contrairement à d’autres colorants communs. L’EFSA dit attendre de nouvelles données, dont cette étude de l’INRA, pour se prononcer.

Les nouveaux résultats de l’INRA vont donner lieu à une étude supplémentaire de 2 ans sur des lots de 50 rats mâles et 50 rats femelles pour établir ou infirmer la cancérogénèse du E171.

Ce n’est pas la première étude sur la toxicité de cet additif, « Dans des études chez la souris menées en 2009, explique Anne-Laure Denans, des nanoparticules de dioxyde de titane ont provoqué des dommages à l’ADN, le support du code génétique. »

Après la publication de l’étude de l’INRA, « les ministères chargés de l’Économie, de la Santé et de l’Agriculture ont décidé de saisir conjointement l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) afin de déterminer si l’additif alimentaire E171 présente un éventuel danger pour les consommateurs », ont assuré les trois ministères dans un communiqué commun. Dans un avis signé en avril 2017, l’ANSES a indiqué que les résultats de l’INRA ne permettent pas à ce jour de remettre en cause l’évaluation faite par l’EFSA. Mais elle souligne « la nécessité de conduire, selon des modalités et un calendrier à définir, les études nécessaires à la parfaite caractérisation des effets sanitaires potentiels liés à l’ingestion de l’additif alimentaire E171. »

L’Agence évoque d’autres études décrivant d’autres effets potentiels du dioxyde de titane, notamment sur le passage de la barrière hémato-encéphalique et les effets sur le cerveau. Ces résultats, dit l’ANSES devront être pris en compte par l’EFSA dans son travail d’évaluation des additifs alimentaires. Ce qui revient à dire que l’avis actuel de l’EFSA devra forcément être amendé. Dans un nouvel avis publié en 2019, l’ANSES fait le point des études parues entre 2017 et 2019, sur la toxicologie par voie orale du E171 et conclut qu’elle ne dispose pas d’éléments nouveaux par rapport à ses conclusions de 2017, permettant de lever les incertitudes sur l’innocuité de l’additif E171. Suite à ce rapport le gouvernement français a décidé d’interdire le dioxyde de titane dans les aliments à compter du 1er janvier 2020. En revanche les autres produits qui en contiennent ne sont pas concernés par cette interdiction.

yogaesoteric
20 novembre 2019

Also available in: Română

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