Un vieux sage dit (4)

Lisez la troisième partie de cet article

Un sage prit la parole et dit : « On ne progresse pas malgré les épreuves et les difficultés quotidiennes, mais grâce aux épreuves et aux difficultés quotidiennes. De la même manière qu’on passe d’un étage à un autre non pas à cause des marches, mais grâce à elles. Les obstacles sont des marches qui nous font monter. Ne soyons pas les victimes des événements extérieurs, mais leurs disciples. » 

Un sage prit la parole et dit : « Apprenez à ne rien refuser de la vie. Le refus apporte bien plus de douleur que l’acceptation. Vous supporterez mieux une souffrance physique en acceptant de la vivre qu’en la rejetant. Coulez-vous dans la souffrance, laissez-vous envahir par elle comme on se laisse envahir par le froid au lieu de lutter inutilement contre lui. Étrangement, la douleur diminuera. Observez aussi la douleur comme faisant partie d’une globalité plus vaste que cette douleur. Accueillez-la, diluez-la dans le vaste vase de la conscience et elle deviendra plus supportable. » 

Un sage prit la parole et dit : « Ne rejetez pas la part d’ombre, de brouillard, de ténèbres, que vous portez en vous. En la niant ou en voulant la maîtriser de manière trop volontaire ou rigide, vous ferez croître sa force. Vous assisterez un jour au retour violent, sous forme d’acte compulsif ou de maladie, de l’obscur et du refoulé. Accueillez tout ce qui est en vous et intégrez-le à votre conscience dans une véritable acceptation de ce qui est. Puis travaillez à vous transformer, dans la confiance et dans l’amour. » 

Un sage prit la parole et dit : « Apprenez à accueillir et à aimer vos fragilités. La faille de l’être, c’est la béance par laquelle la vie nous relie les uns aux autres par l’amour. Ne nous relions pas seulement aux autres par la synergie de nos forces et de nos dons, mais aussi, et surtout, par la complémentarité de nos manques et de nos faiblesses. La vie veut que nous ayons besoin les uns des autres et que nous puissions nous soutenir dans l’amour. L’Âme du monde a fait ainsi : chaque être est doté d’un don qui lui permet d’être un soutien, une consolation ou une lumière pour les autres ; mais aussi d’une faille, d’une fêlure, d’une fragilité, qui réclame l’aide d’autrui. » 

Un sage prit la parole et dit : « Une vieille femme possède deux grands pots, chacun suspendu au bout d’une perche qu’elle transporte sur son épaule pour aller chercher de l’eau. À la fin de sa longue marche, du puits vers la maison, l’un des deux pots, fêlé, n’est plus qu’à moitié rempli d’eau. Le pot intact est très fier de lui. Mais le pauvre pot fêlé, lui, a honte de son imperfection, triste de ne pouvoir faire que la moitié de son travail. Au bout de deux années, il s’adresse à la vieille dame, alors qu’ils sont près du puits. “J’ai honte, car ma fêlure laisse l’eau goutter tout le long du chemin vers la maison.” La vieille femme sourit : “As-tu remarqué qu’il y a des fleurs sur ton côté du chemin, alors qu’il n’y en a pas de l’autre côté ? Comme j’ai toujours su ta fêlure, j’ai semé des graines de ton côté du chemin. Chaque jour, sur le chemin du retour, tu les as arrosées. Pendant deux ans, grâce à toi, j’ai cueilli de superbes fleurs pour décorer ma table.” » 

Un sage prit la parole : « “Le monde, vase spirituel, ne peut être façonné. Qui le façonne le détruira, qui le tient le perdra”, a dit un ancien maître de la sagesse. L’homme moderne a la prétention de vouloir totalement contrôler sa vie et son environnement. Or c’est en voulant dominer le monde que le monde lui échappe et se révolte à travers maints désordres naturels. Et c’est en voulant tout maîtriser de sa vie que sa vie lui échappe à travers le développement de nombreuses maladies physiques et psychiques. » 

Un sage prit la parole et dit : « Ne recherchons jamais la souffrance, comme le font certains hommes religieux à travers diverses mortifications du corps. Elle viendra tôt ou tard à nous. L’attitude qui consiste, inversement, à tout faire pour éviter la souffrance est aussi négative, car elle nous empêche de vivre pleinement. Nous ne prenons aucun risque. Nous évitons tout ce qui peut nous blesser. Nous ne faisons aucun effort coûteux. Notre vie devient alors étriquée et la joie de vivre disparaît. Beaucoup d’hommes sont malheureux parce qu’ils préfèrent rester dans un malheur confortable et indolore que d’accepter certains sacrifices, efforts ou choix douloureux sur l’instant, qui leur permettraient d’accéder à un bonheur beaucoup plus grand. De même qu’un malade doit parfois accepter de subir une opération pénible ou boire un remède amer pour obtenir la guérison de son corps, de même l’homme doit comprendre que les obstacles de la vie peuvent être des remèdes envoyés par le destin pour guérir ou fortifier son âme. » 

Un sage prit la parole et dit : « Il n’y a pas de métamorphose sans douleur. Pour vivre de grandes joies, il faut prendre le risque de traverser de grandes peines. » 

Un sage prit la parole et dit : « Notre vie est tissée de fils visibles et invisibles. Nous n’en voyons que les fils visibles et nous nous insurgeons parfois contre la malchance ou le destin. Mais si nous pouvions en saisir la trame invisible, nous découvririons que tout événement qui nous apparaît défavorable porte de manière cachée un sens profond qui peut nous être bénéfique. Et bien des événements que nous jugeons malheureux nous apparaîtraient comme des chances si nous avions la connaissance de la trame invisible du destin. » 

Un sage prit la parole et dit : « Voici l’histoire d’un roi dont l’excellent serviteur a pour manie de dire en toute circonstance : “Tout est pour le mieux”, ce qui agace le roi. Un jour, le roi se blesse au doigt en coupant une branche. Voyant cela, son serviteur ne peut s’empêcher de dire : “Tout est pour le mieux, ô mon roi.” 

Exaspéré, le roi l’emmène près d’un puits à sec. 

– Je m’en vais te jeter dans ce puits, hurle-t-il, qu’en penses-tu ? 

– Tout est pour le mieux, répond le serviteur, imperturbable. 

Fou de rage, le roi le jette dans le puits. Bientôt, il se retrouve cerné par un groupe de sauvages, adorateurs d’une redoutable déesse à laquelle ils ont coutume d’offrir des hommes en sacrifice. Le roi est attrapé, ligoté et traîné jusqu’au temple de la déesse pour y être sacrifié. Le prêtre du temple remarque la plaie au doigt du roi et déclare qu’ayant une blessure, le roi est souillé et ne peut être sacrifié. Heureux d’être encore vivant, le roi se souvient des paroles de son serviteur et rebrousse chemin pour l’aider à sortir du puits où il l’avait jeté. Une fois le serviteur tiré d’affaire, il lui confie son aventure et approuve son “tout est pour le mieux” car, sans son doigt blessé, il serait déjà dans l’autre monde. Il est toutefois saisi d’un doute. 

– Sage serviteur, ton “tout est pour le mieux”, s’est révélé exact pour moi. Mais comment le justifies-tu pour toi ? 

– Sire, si vous ne m’aviez pas poussé dans le puits, j’aurais été capturé par ces sauvages et sacrifié à la déesse. Voilà pourquoi, pour moi aussi, tout est pour le mieux. » 

Un sage prit la parole et dit : « Nous ne pouvons pas nous libérer du monde, mais nous pouvons nous libérer de notre monde : la prison de nos croyances et de notre ego. Nul ne peut changer la vie, mais chacun peut changer ses croyances et son vécu. Le bonheur et le malheur sont à l’intérieur de nous. Le paradis et l’enfer n’existent qu’en nous. » 

Un sage prit la parole et dit : « Un vieux sage est assis sur le bord de la route, les yeux fermés, les jambes croisées, les mains sur les genoux. Soudain, sa méditation est interrompue par la voix puissante et agressive d’un guerrier. “Vieil homme ! Dis-moi à quoi ressemblent le paradis et l’enfer.” Le sage ne manifeste d’abord aucune réaction. Puis, peu à peu, il ouvre les yeux et esquisse un sourire, face au guerrier planté devant lui, de plus en plus impatient et agité. “Tu désires connaître les secrets du paradis et de l’enfer ? Toi, avec ton allure misérable, avec tes bottes et tes vêtements boueux ? Avec tes cheveux hirsutes, ton haleine fétide, ton épée rouillée ? Toi qui es si laid, tu oses me demander de te parler du paradis et de l’enfer ?” 

Ivre de colère, le guerrier jure méchamment, sort son épée et la lève au-dessus de la tête du vieil homme. Son visage est cramoisi, les veines de son cou sont gonflées par la haine, alors qu’il s’apprête à trancher la tête du sage. 

“Cela, c’est l’enfer”, lui dit doucement le vieil homme. Le guerrier arrête net son geste et reste bouche bée de stupéfaction, de respect, de compassion, devant cet homme qui a risqué sa vie pour lui prodiguer cet enseignement. Ses yeux s’emplissent de larmes d’amour et de gratitude. “Et cela, c’est le paradis !”, conclut le sage. » 

Un sage prit la parole et dit : « Écoutez, ô enfants des hommes, la grande vérité de la sagesse éternelle : le chemin consiste à passer de la conscience égotique à la conscience universelle. La conscience égotique est duelle : il y a “moi” et “le monde”. Toute ma vie, je m’efforce de rechercher ce qui nourrit et satisfait mon ego et à fuir ce qui lui déplaît. La conscience universelle est non duelle : il n’y a plus de séparation entre moi et le monde. Dès lors, je quitte la loi mécanique de l’attraction et de la répulsion pour entrer dans la voie libre de l’acceptation de ce qui est. Je dis “oui” à l’être, au réel, à la vie. Je ne recherche plus mon intérêt égoïste dans le monde, je me sens partie intégrante du monde. Je ne dis plus : “Si le monde était bien fait, il répondrait à tous les désirs”. Mais je dis : “Mon seul désir est d’être pleinement présent et ouvert au monde tel qu’il est.” Le lâcher-prise ultime, qui se réalise dans l’attention de chaque instant, c’est celui de l’ego. Je vis alors dans la pulsation de l’Âme du monde. 

Celui qui atteint en cette vie – et de manière stable – cet état d’être devient ce que les spiritualités du monde appellent un “délivré vivant”, un “éveillé”, un “sage” ou un “saint”. L’amour devient l’unique force qui meut sa vie. La crainte a disparu. L’espoir et le temps n’existent plus. Il vit dans l’éternel instant de ce qui est. Il n’y a plus que la joie d’être. Et d’être relié à tous les êtres. L’Âme du monde œuvre pour que toutes les âmes accèdent un jour à cet état de réalisation. » 

Un sage prit la parole et dit : « Tout le chemin de la vie, c’est de passer de l’ignorance à la connaissance, de l’obscurité à la lumière, de l’esclavage des sens à la liberté de l’esprit, de l’inaccompli à l’accompli, de l’inconscience à la conscience, de la peur à l’amour. 

Cette quête, c’est la plus belle aventure qui soit : l’aventure intérieure de la sagesse. Pour cela, peu importe que tu sois riche ou pauvre, humble ou puissant, petit ou grand. La sagesse est offerte à tous. Elle se donne gratuitement. Il suffit juste de la désirer. Et toute la vie t’apparaîtra comme ce qu’elle est : un voyage initiatique. Allons, mets-toi en marche et va vers toi-même ! Alors l’univers te sourira. »…

yogaesoteric

2 avril 2019

 

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