Une femme « euthanasiée » contre sa volonté aux Pays-Bas !

Avant, on aurait appelé cela un assassinat, mais a présent, pour la commission chargée de superviser la légalité des très nombreuses euthanasies pratiquées aux Pays-Bas, il s’agit d’une « euthanasie réalisée à l’encontre de la volonté de la patiente ».

Si la commission hollandaise de contrôle des euthanasies a transmis, pour la première fois en 16 ans, un dossier à la justice pour violation de la loi par un médecin, elle a demandé de ne pas condamner ce dernier pour homicide.

Le rapport publié par cette commission ne divulgue pas le nom de la vieille dame assassinée et du médecin tueur, et l’on sait seulement que la victime avait plus de 80 ans et qu’elle souffrait de la maladie d’Alzheimer. On sait aussi qu’elle avait été placée dans une maison de soins contre son gré par un mari qui n’arrivait plus à s’occuper d’elle et qu’elle se plaignait du matin au soir de sa situation, ce qui a conduit un médecin de la maison de soins à considérer que la souffrance de la pauvre dame était devenue insupportable et qu’il fallait donc la tuer.

Le médecin n’a rien dit à la patiente de son projet, pour ne pas lui causer un stress supplémentaire, et il est passé à l’acte au bout de sept semaines de séjour dans l’établissement de l’octogénaire qui avait pourtant, selon les témoins, affirmé de manière répétée ne pas vouloir mourir. La sachant opposée à cette mort « digne » qu’il voulait lui infliger, le médecin lui a versé un sédatif dans son café, puis lui a appliqué une seconde dose pour l’endormir, en présence de proches. La croyant endormie, il a commencé les trois injections de sa procédure habituelle d’euthanasie, mais la dame a réagi en tentant de se défendre. Le docteur a alors demandé aux parents de la patiente de la tenir et a achevé de la zigouiller.

Jacob Kohnstamm, le porte-parole de la commission de contrôle, a considéré que le docteur a agi de bonne foi et a expliqué que le renvoi du dossier devant la justice le mois de janvier 2017 a visé non pas à punir le docteur, mais à faire clarifier par la justice les pouvoirs des médecins face aux personnes souffrant de démence sénile.

Officiellement, il y a eu plus de 5.500 euthanasies aux Pays-Bas en 2015, un chiffre en hausse rapide qui ne tient pas compte des nombreux cas de sédation terminale. Le gouvernement néerlandais voudrait même faire voter une loi autorisant le suicide assisté pour toutes les personnes de plus de 75 ans !

L’euthanasie et le suicide assisté sont autorisés sous certaines conditions aux Pays-Bas depuis 2002. La loi exige que les souffrances du patient soient insupportables, sans perspective d’amélioration, et la demande doit être faite volontairement, et non sous l’influence d’un tiers.

Un nouveau Code de déontologie en matière d’euthanasie a vu le jour en 2018 aux Pays-Bas, publié par les Commissions régionales de contrôle de l’euthanasie (RTE). Il s’adresse en premier lieu aux médecins et médecins-conseils qui pratiquent l’euthanasie au Pays-Bas. Sa publication en français également le rend accessible au niveau international, du moins en Belgique et en France.

Ce Code expose la façon dont les Commissions de contrôle régionales interprètent les critères de la loi euthanasie. Il constitue un outil permettant de prévenir des poursuites judiciaires, que peut entraîner une appréciation (a posteriori) négative sur une euthanasie, venant d’une Commission de contrôle.

Il semble cependant confirmer les ambiguïtés et contradictions, inévitables, à partir du moment où la pratique de l’euthanasie a du mal à trouver sa place entre le paternalisme du médecin et le ressenti subjectif du patient. L’Institut Européen de Bioéthique en livre une analyse critique.

yogaesoteric

25 janvier 2020

 

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