Vidéos violentes, nos enfants sont en danger de mort (2)

Voici une version abrégée du discours prononcé le 20 février 2002 par la présidente internationale de l’Institut Schiller, Helga Zepp-LaRouche, lors d’une conférence en Virginie (Etats-Unis)

Lisez la première partie de cet article


La corruption, une méthode oligarchique

Néanmoins, je veux considérer ce problème pour une autre raison, parce qu’il est important de montrer qu’il ne s’agit pas seulement d’une dégénérescence politique mais que la corruption constitue la méthode même par laquelle l’oligarchie règne et qu’on peut l’étudier en tant que telle.

J’ai trouvé un livre tout à fait révélateur dans ce sens, publié seulement en allemand mais qui vaut la peine d’être lu : Die hohe Kunst der Korruption (Le grand art de la corruption), de Horst-Eberhard Richter, un psychologue pervers qui démontre de manière systématique comment la corruption est l’instrument de contrôle indispensable pour la classe dominante. Il appelle ouvertement à la réhabilitation de la corruption en tant que méthode légitime et rapporte qu’il a dirigé des séminaires de formation à l’ars corrumpendi pour cadres et hommes politiques.

Il affirme : « Qui veut gouverner doit corrompre. L’interaction entre l’ars corrumpendi et la docilité des corrompus crée et maintient l’ordre. » Comme l’élite qui dirige véritablement la société ne représente qu’un nombre très restreint d’individus, il n’est pas si difficile d’organiser pour elle une formation discrète sous forme d’instruction individuelle ou de petits séminaires.

Il recommande l’utilisation des « parangons de corruption » comme modèles, citant Machiavel selon lequel le corrupteur doit être convaincu que ceux qu’il corrompt le sont tous de manière latente. Si jamais il les croit capables de sincérité, de justice et d’amour pour l’humanité, alors il a perdu la partie. Dans l’histoire humaine, écrit-il, se manifeste inlassablement le désir d’une société utopique de douceur et d’amour. Même un politique ou un homme d’affaires de haut niveau peut parfois être contaminé par ce virus et c’est alors une catastrophe totale. Dans les séminaires qu’il dirige, Richter s’efforce de faire changer ces personnes afin qu’elles terminent la session en égocentriques avides de pouvoir, en arrivistes sans scrupules.

Pour que l’entraînement psychologique réussisse, il faut, selon lui, fournir une légitimation « scientifique » et pour cela, il est essentiel de se débarrasser de l’idée gênante de conscience qu’il considère comme une construction de l’esprit complètement artificielle. Il en veut pour preuve que le petit enfant n’a pas de conscience ; il arrache les pattes des mouches et se comporte souvent en destructeur.

Horst-Eberhard Richter ajoute : « Les objectifs de notre société – l’expansion, la force, l’accroissement du pouvoir – nécessitent des vainqueurs types qui incarnent ces objectifs. Mais seul peut gagner celui qui veut vaincre autrui, l’opprimer, affirmer son pouvoir et l’accroître, être craint des autres. Le mythe de la conscience signifierait, si les meilleurs d’entre nous y succombaient, la mort du progrès. »

Il se dit très déçu lorsque certains de ses étudiants très doués continuent à croire qu’il existe une conscience universelle valable. Certes, il existe bien cette chose bizarre qu’est l’amour, qui découle de l’instinct fondamental pour la préservation de l’espèce, et il est plus développé chez les femmes parce qu’elles doivent prendre soin des enfants. Mais il ose espérer que l’accès des femmes à des postes de responsabilité n’est qu’un virus temporaire !

Autrefois, rappelle Richter, les élites au pouvoir savaient exactement comment se débarrasser des dangereux rebelles qui voulaient changer le monde sur la base de la conscience. Socrate a dû boire du poison pour avoir mis en danger les dogmes publics et enseigné aux jeunes une éthique de vérité. Jésus a été cloué sur la croix pour avoir enseigné l’agapê et l’amour de l’humanité.

Puis il ajoute : « En politique, il n’y a pas de place pour la conscience ! Parce que cela signifie l’incapacité d’agir. A une éthique de la conscience, préférons une éthique de la responsabilité, parce que cette notion est assez élastique ». Puis, il cite Max Weber : « Aucune éthique au monde ne peut contourner le fait que, dans bien des cas, pour atteindre des objectifs nobles (…), on doit utiliser des moyens douteux ou dangereux ».

On peut dire que s’il y a bien eu corruption morale, les corrupteurs l’ont fait très consciemment. Un changement de valeurs a donc été imposé ; les gens attentifs à leur conscience intérieure, préoccupés par la vérité, voulant œuvrer pour le bien-être général, cherchant à mener une vie utile pour les autres, ont été transformés en monstres avides, uniquement préoccupés par leurs gratifications et leurs plaisirs. Ce changement de paradigme est intervenu durant ces cinquante dernières années, depuis la Deuxième Guerre mondiale. Pendant tout ce temps, à l’Institut Tavistock, au MIT et ailleurs, une petite élite réfléchissait à la façon de corrompre plus efficacement encore la population.

Dans un certain sens, [l’ancien chancelier] Helmut Kohl en est un exemple typique. Même s’il a accompli certaines bonnes choses, comme la Réunification, à l’accusation d’avoir accepté des millions de dollars de dessous de tables, il a déclaré avoir agi seulement « pour le bien du parti ». On s’aperçoit maintenant que ce n’était bon ni pour le parti, puisque la CDU est en voie de dissolution, ni pour le pays qui en subit les conséquences.

Le chapitre suivant s’appelle « Maîtres et idiots ». Richter écrit : « Je vois un grand avantage, en Allemagne, dans la tendance à s’en tenir aux principes et à être conséquent. Aucun autre pays n’a aussi bien réussi à maintenir avec soin les intellectuels à l’esprit critique, les esthètes sensibles et les humanistes, aussi éloignés des centres de pouvoir politique et économique. »

L’élimination chirurgicale de la prétendue conscience des domaines politique et économique n’est pas une invention allemande, écrit-il, mais provient des Lumières anglaises. Il reprend à sa façon l’argument de Mandeville. Selon lui, les universités se sont particulièrement bien adaptées à cette tendance, en séparant des disciplines autrefois liées en différentes catégories et en dissociant, au niveau des sciences, le monde intérieur du monde extérieur. Dans les disciplines du « monde intérieur », on peut réfléchir tout son soûl à l’ennoblissement de l’âme, l’harmonie sociale, etc.

Dans ses séminaires de formation, Richter cherche à amener les « âmes sensibles » – celles qui sont orientées vers le monde intérieur – à « composer » avec les hommes de pouvoir : « Si tu me laisses tranquille dans mon monde intérieur, tu peux faire ce que tu veux dans le domaine de l’économie et de la politique ». Pour sa part, l’homme puissant dit : « Dans la mesure où tu abandonnes tes tentatives de transposer tes idéaux dans la réalité, je te donne une liberté apparente. Tu peux me mépriser autant que tu le veux, tu as le droit de développer en toi tous les sentiments se rapprochant de qualités divines et même d’en parler ». Il importe avant tout d’empêcher le virus de l’idéalisme utopique de sortir de la réserve du monde intérieur.

« Mais dans le cas où un penseur original se présente quand même, qui ne puisse être acheté avec des prix, des honneurs, des distinctions ou autre, alors il faut crier haro. Au nom des normes acceptées et des standards politiques, il faut l’éliminer du domaine du pouvoir, le ramener dans le ghetto de l’intellect, le stigmatiser comme un griffon ou un rat (…) »

Ceci vous donne une bonne idée de pourquoi ces gens considèrent un homme comme LaRouche, qui parle d’âme et de conscience, et nous tous, comme si dangereux pour l’oligarchie.

Ensuite Richter parle du lavage de cerveau opéré par la télévision : « Que la télévision, utilisée de manière appropriée, soit l’instrument le plus merveilleux de corruption mentale, est un fait qu’on n’a pas besoin d’enseigner à l’élite politique. » Cela correspond, selon lui, au désir inconscient de ne pas avoir à penser par soi-même. Il recommande le rite de la « déclaration de deux minutes », parce que, quelle que soit la question, ce type de déclaration empêche toute réflexion approfondie. La culture télévisuelle préfère « l’actualité » à l’histoire. Le public ne voit que « la surface du processus, pas son évolution historique et surtout pas de projection dans l’avenir ». Il pense que ces déclarations de deux minutes créent un genre de « maladie d’Alzheimer synthétique ».

Comment sont manipulés les enfants américains

Si ce que décrit Richter pour l’Allemagne est vrai, c’est encore pire aux Etats-Unis. J’arrive ainsi au dernier thème de ma présentation en posant cette question : comment se fait-il que les Américains soient devenus si passifs que seuls 30 % des électeurs inscrits votent ? Et encore, leur vote ne pèse-t-il pas bien lourd puisque les deux grands partis et les médias manipulent d’avance les choix.

Il est plus pertinent de se demander comment les Américains sont devenus si indifférents à la misère du monde. Comment sont-ils devenus à ce point crédules qu’ils pensent vivre dans la prospérité alors qu’ils sont en réalité prisonniers de l’illusion ? Pour le comprendre, il faut considérer la longue histoire de la « guerre mentale » menée, étape par étape, par les oligarques, pour amener les gens à accepter toujours plus de corruption, les médias et l’industrie des loisirs y jouant un rôle décisif. Depuis des années, nous assistons à un processus visant à rendre la violence et la perversion de plus en plus acceptables, à telle enseigne que les gens ne les remarquent même plus.

Maintenant, je vais vous administrer une overdose du genre de choses que les enfants voient tous les jours à la télévision, afin que vous puissiez reconnaître l’ennemi.

Helga Zepp-LaRouche a alors montré des extraits extrêmement violents de films et de vidéos de grande diffusion, d’abord un extrait de Vendredi 13, puis un clip publicitaire pour L’art de l’horreur de Clyde Parker, suivi d’un extrait du film Basketball Diaries, qui a joué un rôle important dans le massacre commis au lycée de Littleton.

Tueurs nés (à gauche) et Basketball Diaries, deux films qui ont exercé une forte influence sur de jeunes auteurs de massacres


Vendredi 13 est ce qu’on appelle un film d’horreur traditionnel, mais c’est, à ma connaissance, l’un des premiers films où le plaisir de tuer en masse constitue le but ultime du scénario. Il n’y a aucune résolution positive au conflit, aucune leçon à tirer, à l’opposé du drame classique, c’est uniquement une tuerie insensée dont les gens ressortent avec le seul sentiment d’horreur.

Déjà en 1972, un rapport du Surgeon General [inspecteur de la santé publique] dénonçait le lien entre la violence dans les médias et le comportement violent des enfants. Il y a quelques années, l’American Medical Association constatait que la violence dans les médias constituait le plus grave problème de santé publique. Pourquoi ce fait est-il constamment nié ? L’une des raisons en est que ceux qui en parlent en sont les propres responsables : les médias nationaux et l’industrie de la télévision.

Aujourd’hui, un enfant qui regarde des scènes de violence ou voit son père battre sa mère, est susceptible de reproduire ces actions à l’avenir. En effet, tout ce qu’un enfant vit au cours des cinq premières années de sa vie lui laisse une empreinte très, très forte.

Coïncidence ? La couverture de Newsweek du 6 mars promouvait des jeux vidéos violents pour enfants, celle du 13 mars rapportait le meurtre d’une fillette de six ans par l’un de ses camarades de classe qui utilisait ces jeux


Bien avant le massacre au lycée Columbine de Littleton, qui provoqua une vague d’effroi, des dizaines et des dizaines de cas de violence et même de meurtres avaient eu lieu dans des écoles et des quartiers résidentiels, qui n’ont jamais été rapportés au-delà des informations locales. Le 1er décembre 1997, à Paducah (Kentucky), Michael Carneal, alors âgé de 14 ans et armé de six pistolets, avait attendu la fin de la session quotidienne de prière à l’école pour tuer trois fillettes : Jessica James, Kayce Steger, Nicole Marie Hadley, et d’en blesser cinq autres. Lorsque la police a saisi son ordinateur, on a découvert qu’il en était un usager assidu, recherchant souvent sur Internet les films obscènes et violents. Parmi ses favoris, Basketball Diaries et Tueurs nés, film qui a influencé aussi les tueurs de Littleton. Drogue et musique rock jouent également un rôle important dans ce genre de film.

Mme LaRouche a alors fait projeter des extraits de Tueurs nés, dans lequel la mère est brûlée vive dans son lit après que le père ait été poignardé et noyé. Pour avoir tué leur mère et leur père, ces enfants sont célébrés partout dans le monde. Dans Basketball Diaries, sur fond de heavy metal rock, un garçon pénètre dans une salle de classe et tue plusieurs élèves et un professeur.

En examinant l’ordinateur de Michael Carneal, la police a également découvert qu’il était un passionné de Doom, le fameux jeu qui consiste pour l’essentiel à passer rapidement d’une cible à l’autre et à tirer sur ses « ennemis » en visant surtout la tête. Le jeune Carneal, qui n’avait jamais utilisé d’arme auparavant, a réussi à toucher huit personnes, cinq à la tête, trois à la poitrine, avec seulement huit balles – un exploit considérable même pour un tireur bien entraîné.

Lisez la troisieme partie de cet article


yogaesoteric
26 avril 2020

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