Animaux de compagnie : leurs antibiotiques favorisent la résistance aux bactéries chez les humains

 

Des chercheurs britanniques ont découvert dans un hôpital pour animaux un gène qui permet aux bactéries d’être très résistantes au linézolide, un antibiotique que les médecins utilisent pour traiter les infections graves chez l’humain.

 

Les antibiotiques que nous administrons à nos animaux de compagnie peuvent-ils nous rendre malades ?

C’est ce que met en lumière une préoccupante étude présentée lors du Congrès européen de microbiologie clinique et des maladies infectieuses (ECCMID) qui s’est tenue aux Pays-Bas. Chercheurs à l’unité de référence sur la résistance aux antimicrobiens et les infections associées aux soins de santé de Public Health England, ses auteurs ont en effet découvert dans un hôpital pour petits animaux de compagnie du Royaume-Uni un gène permettant aux bactéries d’être très résistantes au linézolide, un antibiotique utilisé en dernier recours pour traiter les infections chez l’humain.

Ces bactéries comprennent les streptocoques, les entérocoques résistants à la vancomycine (ERV) et les Staphylococcus aureus résistant à la méthicilline (SARM), très courant dans les hôpitaux, les prisons et les maisons de retraite où les gens peuvent présenter des plaies ouvertes et un système immunitaire affaibli.

Une résistance qui peut se propager à d’autres bactéries

Commercialisé depuis 2000 et aujourd’hui considéré comme un médicament essentiel par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), le linézolide est utilisé comme traitement de certaines infections bactériennes chez l’humain. Si le linézolide n’est pas utilisé chez les animaux au Royaume-Uni, les échantillons prélevés indiquent que les animaux de compagnie pouvaient transporter des bactéries résistantes à ce médicament.

En cause : un gène appelé optrA, qui rend les bactéries résistantes à ce médicament et pourrait donc empêcher les propriétaires de ces animaux de bénéficier d’un traitement efficace en cas d’infection grave. « Nous pensons qu’il s’agit du premier signalement d’entérocoques optrA-positifs isolés chez des animaux de compagnie au Royaume-Uni », affirme la Dre Katie Hopkins de Public Health England. « C’est préoccupant car la transmission de cet organisme aux propriétaires peut se propager à d’autres bactéries, y compris le Staphylococcus aureus. Cela peut entraîner des infections difficiles à traiter. Afin de minimiser la transmission de bactéries résistantes entre les animaux de compagnie et les humains, les cabinets vétérinaires doivent assurer un nettoyage adéquat et les propriétaires d’animaux de compagnie doivent se laver les mains après avoir manipulé des animaux. »

Cette résistance bactérienne est d’autant plus inquiétante que le gène optrA joue un rôle dans la résistance au florfénicol, qui est un médicament vétérinaire.

L’ADN résistant aux médicaments peut se propager chez les animaux

La résistance au linézolide est encore rare chez les entérocoques puisqu’elle concerne moins de 1 % des isolats bactériens. Mais elle a déjà été détectée chez des isolats humains et animaux et se trouve le plus souvent dans les gènes chromosomiques, ce qui rend le mécanisme de résistance stable et impossible à transmettre à d’autres bactéries. Toutefois, au cours des dernières années, des gènes responsables de la résistance au linézolide, comme l’optrA, ont été identifiés sur des fragments d’ADN, ce qui signifie que ces gènes peuvent se propager à d’autres populations bactériennes.

Dans cette nouvelle étude, les chercheurs ont effectué des tests de routine pour la résistance aux antibiotiques et ont découvert que des échantillons d’Enterococcus faecalis – une bactérie qui cause des infections dans les voies urinaires – montraient des signes de résistance au linézolide.

Les chercheurs ont examiné trois écouvillons de plaie (deux de chats et un de chien) et un troisième écouvillon de chat. Les quatre échantillons étaient positifs pour l’optrA et la transmission semblait s’être produite entre animaux.

« Nos conclusions vont dans le sens de l’opinion selon laquelle les bactéries et les animaux peuvent partager une bactérie résistante aux antibiotiques, bien que la direction du transfert soit souvent difficile à prouver », note Katie Hopkins.

Respecter les normes d’hygiène pour éviter toute contamination

« Nous ne connaissons pas actuellement la prévalence des entérocoques résistants au linézolide chez les animaux de compagnie et il est donc nécessaire d’adopter une approche commune pour surveiller l’émergence et la dissémination des mécanismes de résistance importants pour la santé publique », poursuit la chercheuse, qui ajoute que le nettoyage et la décontamination peuvent empêcher la transmission de bactéries. Les chercheurs n’ont par ailleurs trouvé aucune preuve que la transmission du gène résistant aux antibiotiques se soit produite entre animaux et humains.

Des recherches supplémentaires sont donc nécessaires pour déterminer si ce gène peut se transmettre des animaux de compagnie aux humains. Cependant, les chercheurs recommandent aux propriétaires d’animaux de compagnie de porter une attention particulière aux normes d’hygiène lorsqu’ils interagissent avec leurs animaux de compagnie.

 

yogaesoteric
4 mars 2020


 

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