Comment l’obésité altère la structure du cerveau


Dans une nouvelle étude, des chercheurs néerlandais expliquent en détail comment l’obésité impacte le volume de matière grise et de substance blanche dans le cerveau.

A l’heure actuelle, l’obésité est un enjeu de santé mondial. En effet, selon l’OMS, cette maladie qui se caractérise par une « accumulation anormale ou excessive de graisse corporelle pouvant nuire à la santé », touche de plus en plus de pays et de tranches socio-économiques. C’est pourquoi, les études scientifiques s’enchaînent afin de mieux la comprendre pour mieux la combattre. Et si on sait désormais que l’obésité a un impact sur le cerveau (les personnes obèses sont notamment plus exposées au déclin cognitif et à la démence), une nouvelle étude parue le 23 avril 2019 dans la revue Radiology va plus loin en montrant dans le détail comment cette maladie peut affecter la structure cérébrale.

Le Docteur Ilona A. Dekkers du Centre médical universitaire de Leiden dans les Pays Bas et ses collègues ont examiné les radios du cerveau de 12.000 personnes suivies lors d’une étude britannique. Sur ces dernières apparaissaient les matières blanche et grise des participants. La matière grise regorge de neurones, tandis que blanche consiste principalement en des projections nerveuses appelées axones et cellules gliales. En passant au crible ces images, les chercheurs ont remarqué qu’« avoir de plus de graisse dans le corps est associé à de plus petits volumes de structure dans le cerveau, dont les structures de matière grises qui sont localisées dans le centre du cerveau », note l’étude.

Par ailleurs, « nous avons observé que ces associations sont différentes chez les hommes et les femmes, ce qui veut dire que le genre modifie fortement le lien entre le pourcentage de graisse et la taille de structures cérébrales spécifiques », ajoute Illiona Dekkers.

Corrélation entre fort pourcentage de graisse corporelle et modification de la substance blanche

Dans le détail, les hommes obèses avaient moins de matière grise dans la totalité du cerveau ainsi que dans certains circuits de récompense liés au mouvement. Chez les femmes obèses, en revanche, beaucoup de graisse corporelle signifiait moins de volume dans le Pallidum, une zone cérébrale impliquée dans le mouvement volontaire. Chez les deux sexes, enfin, les chercheurs ont remarqué une corrélation entre un fort pourcentage de graisse corporelle et un risque de modifications dans la substance blanche.

Ainsi, « de nombreuses données IRM peuvent donner un meilleur aperçu de comment chaque structure du cerveau est impliquée dans toutes sortes de problèmes de santé tels que l’obésité », se félicite le Dr. Dekkers.

Selon elle, moins de matière grise pourrait signifier moins de neurones et les changements de la substance blanche pourrait affecter la communication entre celles-ci. Par ailleurs, de précédentes études ayant déjà fait le lien entre volume de matière grise et « circuit de récompense de la nourriture », des modifications dans la matière grise pourraient augmenter les difficultés des personnes concernées à contrôler leurs habitudes alimentaires, avance-t-elle.

En France, près de 15% de la population adulte est obèse

Ces dernières semaines, deux études parues dans la revue Cell ont fait le lien entre génétique et obésité. D’après la première, la mutation du gène MC4R augmenterait le risque d’être en surpoids ou obèse. Lorsque ce gène est normal, il envoie un signal de satiété au cours du repas, mais lorsqu’il est altéré par une mutation, le corps ne reçoit pas ce message. Ainsi, 6% des enfants en obésité sévère auraient cette modification du gène MC4R, note cette étude.

Dans la seconde étude, les chercheurs ont analysé l’ensemble des mutations génétiques associées à un risque d’obésité. Ils ont remarqué que les personnes qui obtenaient les scores les plus élevés pesaient en moyenne 13 kilos de plus que les autres. Les participants atteints d’obésité sévère étaient 60% à présenter un score élevé.

Ces recherches sont d’autant plus importantes que l’obésité est un problème de plus en plus présent à l’échelle mondiale. Sur Terre, 1,5 milliard d’adultes de 20 ans et plus ont un excès de poids, et au moins 500 millions d’entre eux sont obèses. Par ailleurs, d’après l’OMS, la proportion de personnes obèses a gravement augmenté au cours de ces 30 dernières années. Aujourd’hui, aux États-Unis, environ le tiers des personnes âgées de 20 ans et plus est obèse et un autre tiers est en embonpoint tandis qu’en France, près de 15 % de la population adulte est obèse, et environ le tiers est en surpoids.


yogaesoteric
20 mars 2020

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