Commentaires utiles au sujet de la pratique de la méditation (I)

du professeur de yoga Dan Bozaru

Le type de méditation auquel nous nous référons n’implique pas l’émission mental de certains MANTRAS ; il ne comporte pas non plus de visualisations complexes de couleurs, de lumières, de paysages, de dieux, d’anges, de saints ou d’autres créatures ou entités qui nous guident. Nous nous référons ici uniquement aux méditations qui visent directement notre nature divine essentielle, qui est le Soi Suprême (ATMAN). Nous ne sommes intéressés à rien d’autre, nous ne tombons pas dans des rêveries sans objectif clairement défini, nous ne sommes pas du tout intéressés par des expériences plus ou moins complexes. Toutes ces références appartiennent au domaine relatif qui fait partie du monde manifesté, et elles devront finalement s’en aller comme elles sont venues. Dans la méditation dont nous voulons parler, nous visons à nous concentrer pleinement sur notre nature profonde. C’est une approche très abstraite : la méditation est de type JNANA YOGA ou son corollaire, YOGA ATMA.

Mais, comme méditer ? Comment réaliser ce que nous voulons appeler « méditation » ? A quoi pensons-nous ? De quelle manière ? D’où allons-nous commencer et que faut-il faire pendant la méditation ? Ce sont des questions naturelles qui apparaissent surtout dans les premiers stades de notre pratique. Cependant, il est bon de noter d’emblée qu’il n’existe pas de « manuel » de méditation qui contienne une séquence fixe d’étapes à suivre.

Si elle était si rigide, la méditation deviendrait rapidement une activité presque mécanique. La spontanéité et la complexité inimaginable des nuances subtiles qu’elle implique manqueraient. Par conséquent, la manière dont la méditation se réalise ne peut pas être expliquée. Comment méditer est une caractéristique de chaque être humain, une caractéristique personnelle qui dépend de nombreux facteurs : de sa personnalité, de la nature des impuretés qui couvrent sa conscience, de ses tendances subtiles et ses aspirations, etc. Nous ne pouvons pas fixer une règle générale de méditation que tous les pratiquants devraient suivre, mais nous pouvons encore préciser quelques points de repère ainsi que des points d’intérêt impliqués dans le processus de la méditation et qui seront adaptés à notre spécificité.

Nous ne mentionnerons pas les aspects bien connus tels que la position du corps, le moment de la journée qui est le plus propice à la méditation, l’alimentation adéquate afin de réussir à faire de longues méditations, l’état psychique dans lequel il est préférable de se trouver, comment respirer dans la méditation, etc. En outre, nous ne parlerons ni des premières étapes de la méditation, qui visent à une certaine organisation et un « nivellement » du flux mental, de sorte qu’il devienne concentré et cohérent. Tous ces éléments sont simples, faciles à appliquer et font l’abc du yogi dans les secrets de la méditation. En outre, à partir d’un certain stade avancé de cette pratique, ils deviennent en quelque sorte des « automatismes », car nous pouvons déjà contrôler notre mental dans une certaine mesure. Ainsi, toute une série de facteurs – tels que la position du corps, la respiration, le moment choisi etc. – sont intégrés presque automatiquement par la puissance de l’habitude et par la matrice énergétique qui est spécifique à la méditation en cause.

Supposons que nous méditons chaque jour pendant un certain intervalle de temps. Tous les éléments impliqués dans ce processus, à la fois ceux somatiques et ceux psycho-mentaux, sont importants. En général, la condition d’un élément affecte les autres éléments. En d’autres termes, l’ensemble formé par le mental et le corps physique fonctionne comme un tout : un état ou une action dans une certaine zone de cet ensemble a un impact sur une autre partie de celui-ci. Toutefois, même si la position du corps est confortable et que l’on se sent bien, que l’on reste complètement immobile sans ressentir de gêne dans aucune zone du corps, il n’est pas garanti que le mental sera lui aussi concentré : il peut vagabonder avec succès même si la colonne vertébrale est parfaitement droite, même si nous avons les yeux fermés et même si nous ne bougeons pas du tout. Au contraire, si le mental est très concentré et vigilant, alors on peut être sûr que le corps est lui aussi immobile et qu’il ne s’empare pas de notre attention. Dans certains cas, nous parvenons même à perdre complètement la sensation de son contour ou de sa forme physique.

La principale difficulté dans la méditation de révélation du Soi est qu’il n’y a pas de support sur lequel le mental peut s’appuyer. Le Soi Suprême est au début juste une notion que le mental tend à rejeter immédiatement, parce qu’il ne trouve pas d’élément de comparaison. A partir de là nous comprenons que le Soi et le mental semblent être deux réalités différentes. Du Soi, on sait théoriquement qu’il est notre nature ultime, éternelle et immuable, de sorte qu’il répond à nos réels besoins. Mais le mental ? Est-il aussi une réalité ? Peut-il y avoir deux réalités ? Si c’est le cas, qu’y a-t-il entre eux ? Investiguons de plus près ce problème : il est évident que le mental change presque continuellement ; le « matériel » par lequel il agit est la pensée. Une fois qu’une pensée disparaît, une autre la remplace de telle manière qu’apparemment, il n’y a pas de pause entre les pensées. Elles sont transitoires, car elles apparaissent et puis s’évanouissent. Même quand nous nous concentrons, il y a en réalité une succession rapide de pensées – certaines très courtes – dans le flux mental apparemment continu. Par conséquent, si le mental est en fait l’activité des pensées et si les pensées sont éphémères, cela signifie que le mental lui-même est éphémère. En d’autres termes, il n’est pas une réalité indépendante. Si c’était le cas, le mental resterait le même pour l’éternité, immuable, indépendant de quoi que ce soit. Or, le mental est en mouvement continu et change presqu’à chaque minute. De plus, son fonctionnement peut être influencé par divers facteurs intérieurs ou extérieurs à notre être.

Nous avons donc une première conclusion fondamentale : le Soi est la seule réalité existante, parce que lorsque nous cherchons une autre réalité en dehors de lui, peu importe où et comment, nous arrivons au même résultat que pour le cas du mental : que tout est une émanation d’une même source unique, c’est à dire du Soi. Nous connaissons certes déjà cette vérité par nos lectures et par ce que l’on a entendu dire auparavant. Mais cette connaissance est théorique, tandis que lorsque ce savoir est acquis par une analyse mentale pendant la méditation, il est pratique et est soutenu par une conviction personnelle. Cet élément est fondamental. Tout pas vers l’évolution spirituelle, et par conséquent tout progrès dans la méditation est dû à une compréhension correcte que l’on acquiert grâce à une accumulation de connaissances. Nous ne révélerons jamais notre Soi sur la base de connaissances théoriques, ni par les témoignages d’autres personnes, mais seulement suite à un processus intérieur de compréhension profonde qui prend place dans notre conscience.

Chaque conclusion, peu importe combien évidente elle est, devrait être fondée à l’intérieur de notre mental et, encore plus, elle devrait donc être renouvelée et renforcée encore et encore dans les méditations successives afin d’assurer son implémentation profonde dans la conscience. Sinon, le mental n’est pas convaincu de cette conclusion, même si pour nous, elle semble être claire. Sans se fatiguer ou s’ennuyer, sans être irrité ou indisposé, sans agitation ou superficialité, nous devrons encore et encore reconsidérer les différents thèmes ou aspects de notre méditation, sous tous ces angles et ses différentes perspectives. De cette façon, nous contrôlons peu à peu et de mieux en mieux cette réalité de notre connaissance.

Par exemple, nous savons que le Soi est la seule réalité existante. Strictement parlant, cela nous apparaît comme un postulat : en effet, c’est un fait évident en lui-même, et qui n’exige pas nécessairement de démonstration, de même que l’on peut dire qu’il n’est pas nécessaire de prouver que la lumière brille, parce que c’est un fait évident pour tous. Mais même si le mental conscient de la plupart des gens n’a pas de difficulté à accepter cette notion sur le Soi, cela ne veut pas dire qu’ils l’ont compris et qu’ils lui permettent de s’imposer dans leur existence. Nous ne devons pas oublier que le mental est vraiment l’ego, cette fausse structure d’idées et de concepts que l’homme a constitué lui-même, et à laquelle il associe une forme – celle du corps – et un nom.

Si nous reconnaissons que le Soi est la réalité ultime et que tout vient de lui, le mental et par défaut l’ego n’aurait plus aucune base, il ne serait plus capable de tromper l’être en lui faisant croire qu’il est le corps physique, le nom inscrit sur la carte d’identité ou sur le passeport, qu’ il est les idées qu’ il a sur la vie ou les émotions qu’il vit et auxquelles il s’identifie presque toute la journée. De son rôle de dirigeant autoritaire de la vie et de la destinée humaine, le mental serait alors contraint de devenir un simple serviteur qui est soumis aux directives de la Conscience Suprême, qui est le Soi. Il est évident que le mental évitera cela par tous les moyens et en particulier, qu’ il ne tiendra pas compte de la profonde connaissance de concepts spirituels, créant l’impression qu’il les possède. Comme dit le proverbe « Les chiens aboient, mais le voleur continue son chemin sans être dérangé». Nous comprenons mieux maintenant pourquoi il est important de prêter attention à toute analyse intérieure et de la répéter jusqu’à son assimilation complète.


yogaesoteric
2012

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