Tu as aussi le pouvoir paranormal de la reconnaissance

 
                                                                                                                          d’Oltea Mutulescu

Les mots savent aussi bien nourrir l’âme et couper plus profondément que l’épée. Parfois ils sont voluptueux comme les fruits. Élastiques, parfumés. D’autres fois ils brillent intensément, comme des chevaux qui courent. Ils vibrent sans arrêt. Parfois on les porte à la pointe du cœur et ils nous font danser dans notre monde intérieur comme les derviches enivrés de bonheur. En fait, nous pouvons tous projeter de la lumière ou des orages avec les mots dans lesquels nous croyons, les mots que nous utilisons. Les mots sont des univers et si nous montons ou nous tombons à cause d’eux c’est notre choix.

Dénommer quelque chose signifie affirmer son existence et évoquer sa présence. C’est pour cela que la mentalité magique interdit aux gens de parler directement des objets ou des êtres dangereux. Les paysans d’Apuseni ne se risquent, même pas à présent, à dénommer l’ours par un autre nom que “Père Martin”. Et l’irréfléchi adversaire de Dieu est désigné par des adjectifs, l’Impur, qu’il ait dans les déserts, le Non frère…

La psychologie contemporaine a découvert que les mots déclenchent des effets biochimiques et des réactions physiologiques qui produisent une satisfaction profonde ou de vrais désastres intérieurs. Une appellation violente ou méchante augmente de façon dramatique la pression sanguine de l’interlocuteur, le rythme de sa respiration et sa tension musculaire, pendant que les mots affectueux le relaxent et le rendent heureux. La révélation d’un tel impact peut nous motiver à monter sur une nouvelle marche de responsabilité. Surtout que les premiers qui écoutent… dont nous sommes. Mal manœuvrés, nos mots, prononcés ou seulement pensés, reviennent ver nous comme un boomerang. Ou comme les armes des soldats maladroits qui se tirent tous seuls dans la jambe.

En roumain, les mots capables de transmettre des états négatifs sont trois fois plus nombreux que ceux qui décrivent des sentiments positifs. Pour les spécialistes le fait demeure une simple constatation. Mais pour ceux qui sont décidés à transformer fondamentalement leur façon de penser, de sentir et d’agir, ce rapport statistique devient une provocation à un triple foyer. Une impulsion pour remplacer les mauvaises et anciennes affirmations avec d’autres pleines d’énergie, optimistes, bienfaisantes. Veux-tu que tes paroles deviennent une partie de ta pratique spirituelle quotidienne ? Pour développer la vigilance qui identifiera tes automatismes et tes formules négatives tu auras besoin, en effet, d’entraînement. Mais tu peux commencer avec quelque chose d’important, maintenant – c’est de dire de toute ton âme “Merci !”.

Oses répéter mentalement. “Merci”. C’est un mot qui déchaîne instantanément l’énergie de la reconnaissance. Tu ne vois pas de raison pour la gratitude? Aies un regard attentif tu en découvriras plein. Bien qu’elles semblent ténues, elles méritent d’y pencher ton âme et de dire à nouveau et encore “merci”. Rien de ce que tu reçois ne te revient de droit. Chaque gorgée d’air que tu respires est un privilège divin, une comblante preuve d’amour. L’univers allonge ses mains vers toi et t’offre tous ses dons. Aujourd’hui il fait froid et triste ? Remercies pour la lumière qui frémit au-delà des nuages, pour les petits délices qui te sont offerts par l’odorat, le goût, la vue, le toucher, l’ouïe. Pour le repas se trouvant sur la table, pour ta maison qui te défend des caprices du temps, pour les gens qui t’ont reçu dans leur cœur, pour le sourire de sympathie d’un étranger. Pour la liberté et pour le temps de paix, pour chaque éclair de beauté auquel tu prends part. Pour tout ce qui te fais rire avec envie. Pour tout ce qui t’impressionne, te rend doux, te charme, de ce qui t’arrive ou de ce qui arrive aux autres.

Remercies le plus souvent pendant une journée. Pratique cet exercice de gratitude pendant une semaine, un mois, un an. Jusqu’à ce que ton cœur réverbère et se remplisse d’une douceur énigmatique. Et tu sais le grand secret ? Ne soupires pas, ne regrette rien de ce qui te manque. Ne prie pas par pour recevoir les choses que tu désires. Purement et simplement remercies pour elles avec une ferveur infatigable, pour tout ce que la vie t’offre maintenant. Remercies au présent. Si tu le fais avec persévérance tu seras convaincu du pouvoir paranormal de la reconnaissance.

yogaesoteric
2008

Also available in: Română

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