Au sujet du Samadhi…

Citations célèbres qui révèlent l’expérience de l’état de Samadhi  :


Celui qui a cette compréhension (que l’Univers est identique au Soi) et voit toute la manifestation comme un jeu de Dieu avec Lui-Même est, sans doute, un libéré en vie.


(Spanda Karika, V, 5)


De même que le sel se dissout dans l’eau et devient un avec elle, lorsque Atman (le Soi individuel) et le mental deviennent un, apparaît l’état de Samadhi (extase divine).


(Hatha Yoga Pradipika, II, 5)


L’égalité et l’unité entre le Soi individuel Atman et le Soi universel Paramatman est nommé Samadhi, afin de décrire ce qui se trouve au-delà des mots, et qui peut être connu seulement par expérience directe.


(Hatha Yoga Pradipika, IV, 7,32)


Le poème “Samadhi” de Paramahansa Yogananda


L’obscurité et la lumière se sont éteints,
Les ailes de la tristesse se sont évaporées,
Les joies éphémères se sont enfuies comme des navires rapides,
Le mirage des sens n’existe plus pour moi.
Maladie ou santé, haine, amour ou mort,
Ombres vaines sur l’écran de la dualité – tous ceux-ci n’existent plus.
Le sarcasme, les éclats de rire, la mélancolie sombre,
Sont fondus dans un seul océan de bonheur.
Sa méditation, cette baguette magique,
A calmé l’orage de l’illusion.
Le passé, le présent et le futur ne représentent plus pour moi
Qu’un éternel présent : le Soi omniscient.
Les planètes, les étoiles, les galaxies ou la Terre,
De milliers de cratères en flammes, des cataclysmes sismiques
Des creusets gigantesques de la création!

Paramahamsa Yogananda décrit cet état dans son livre “L’Autobiographie d’un yogi” :


“Sri Yukteshwar m’avait frappé légèrement la zone de la poitrine, un peu au-dessus du cœur. Mon corps semblait pétrifié ; l’air est sorti de mes s poumons comme s’il avait été aspiré par une gigantesque passoire : âme et esprit, arrachés de leur espace, jaillissaient par chaque pore de ma peau comme un fluide lumineux.


Je ne sentais plus mon corps, comme s’il était mort ; un bien que mes facultés exacerbées ne m’avaient jamais procuré, avec une telle intensité : le sentiment de la vie. Le sentiment de l’identité n’était plus limité au corps, mais il embrassait les atomes voisins. Les gens des rues éloignées, semblaient traverser doucement ma périphérie. Je voyais les racines des plantes et des arbres dans le sol devenu transparent pour moi et je suivais la circulation intense de leur sève. Les alentours me semblaient en totalité devant les yeux. Mon champ visuel, devenu global, me permettait d’englober tout d’un regard. Derrière moi, j’ai vu des gens qui descendaient la rue Rai Ghat et j’ai observé une vache blanche qui s’approchait lentement; elle est arrivée à la porte de l’ashram, entrant ainsi dans mon champ visuel commun. Après qu’elle soit entrée par la porte j’ai continué de la voir à travers les parois en briques.


Dans le champ de ma vision globale, les objets vibraient comme des images cinématographiques. Mon corps, celui de mon Maître, les piliers de la cour, les meubles, le plafond, les arbres et les rayons du soleil s’agitaient de plus en plus jusqu’à ce qu’ils fondent dans un seul océan de vagues luminescentes, comme le sucre dans l’eau. La lumière unificatrice alternait avec la matérialisation des formes, ces métamorphoses révélant la loi de la cause et de l’effet dans la création.


Une joie océanique est arrivée sur la terre calme et illimitée de mon âme. J’ai compris que l’esprit du Dieu est bonheur inépuisable, Son corps étant tissu d’une infinité de rayons. Une auréole splendide avait jaillit des profondeurs de mon être, s’amplifiant et englobant des villes, des continents, la terre, le soleil, les constellations, les agglomérations d’étoiles, jusqu’aux dernières galaxies. Tout le Cosmos, illuminé comme une ville que l’on voit la nuit de loin irradiait dans mon être illimité. La lumière brillante, au-delà des contours nets des objets, se dégradait légèrement à la limite extrême de ma vision, mais je percevais encore plus loin une radiation immatérielle, égale, avec une brillance uniforme ; une lumière encore plus subtile formait les images des planètes.


Le divin faisceau de lumière qui jaillissait de la Source éternelle, qui donnait naissance aux galaxies, était transfiguré en auras ineffables d’une splendeur inexprimable. J’ai vu les rayons créateurs se condensant dans des constellations et se transformant dans des langues de feu translucides. Des myriades de mondes se succédaient dans un rythme alternant, dans un halo diaphane ; tout le firmament ne formait qu’une seule flamme. J’ai su que le centre de cette voûte céleste se localisait dans un centre de perception intime intuitive, dans mon cœur. Autant de splendeur irradiait de mes cellules, en pénétrant dans la structure intime de l’Univers! Amrita du bonheur, le nectar de l’immortalité coulait en moi comme l’argent vif. J’entendais la voix créatrice de Dieu, résidant dans le son AUM, la vibration du moteur cosmique.


Soudain le souffle est revenu dans mes poumons. Avec un mécontentement presque insupportable je me suis rendu compte que mon immensité cosmique avait disparu. Une fois de plus, j’étais limité dans l’humble prison de mon corps, avec lequel l’Esprit ne peut s’accommoder que difficilement. Enfant désobéissant, je me suis enfui de ma maison cosmique afin de m’enfermer dans le microcosme limité.


Mon guru était immobile devant moi ; j’ai fait un mouvement pour me prosterner devant ses jambes sacrées, reconnaissant pour l’expérience de la conscience cosmique qu’il m’avait offert, expérience que j’avais cherchée assidûment depuis longtemps. Il m’a arrêté et m’a dit d’une voix calme:


– Ce n’est pas bien de t’enivrer trop avec de l’extase! Il y a encore beaucoup de choses à faire dans ce monde. Viens balayer le balcon ; ensuite nous allons nous promener au long du Gange. J’ai pris un balai ; j’ai compris que mon Maître m’apprenait les secrets d’une vie équilibrée. L’âme doit être au-dessus des abîmes cosmiques pendant que le corps accomplit les devoirs quotidiens.


Cette vision cosmique m’a beaucoup aidé. En travaillant chaque jour afin de calmer les pensées, j’ai pu me soustraire à la conviction illusoire que mon corps est un masque de chair et d’os, en perçant ainsi l’écorce dure de la matière. J’ai vu que le souffle et le mental sont comme des orages qui provoquent sans arrêt des vagues de formes matérielles : terre, ciel, êtres humains, plantes, oiseaux et arbres à la surface de l’océan de lumière. Il est impossible de percevoir l’Infini comme Lumière Unique en dehors des moments de calme mental.


A chaque fois que je réussissais à calmer ces deux orages naturels, les vagues de la création se résorbaient dans le silence d’une vaste mer lumineuse ; ainsi les vagues de l’océan se dissolvent pour devenir un avec lui, lorsque l’orage se calme.Un Maître accorde l’expérience de la conscience cosmique dès que le disciple, par méditation s’est fortifié suffisamment le mental afin de le rendre capable de supporter ces vastes horizons. La simple bienveillance intellectuelle, l’élargissement des points de vue, ne sont pas suffisants. Seulement la dilatation adéquate de la conscience, par une pratique assidue du système de yoga et de la dévotion (Bhakti), permettent la préparation de l’esprit afin de supporter le coup libérateur de l’Omniprésence. Tout adepte sincère arrive ici inévitablement : l’adoration de sa croyance le pousse de façon irrésistible vers Dieu”.

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