La baisse de la fertilité masculine, un sujet pas si nouveau

En se basant sur des centaines d’études scientifiques publiées entre 1981 et 2013, une méta-analyse publiée dans la revue Human Reproduction Update le 15 novembre 2022 a permis aux chercheurs d’affirmer le déclin rapide de la fertilité masculine au niveau mondial. Et ce, à un rythme accéléré depuis 2000. La quantité de spermatozoïdes est passée de 101 millions par millilitre à 49 M/ml. Si les chercheurs ne se sont pas penchés sur des questions qualitatives telles que la mobilité ou la morphologie des spermatozoïdes, cette étude permet tout de même d’alerter sur une baisse de la fécondité au niveau mondial.

Notamment dirigée par Shanna Swan de la faculté de médecine Mount-Sinai à New York, l’étude ajoute : « Des recherches sur les causes de ce déclin continu et des actions visant à prévenir de nouvelles perturbations de la santé reproductive masculine sont nécessaires de toute urgence ».

Les archives

« La question est d’une très grande importance. » En 1980, le professeur Georges David, directeur du centre d’étude et de conservation du sperme à l’hôpital Bicêtre, alertait déjà sur la baisse de fertilité des hommes au micro de Martine Allain-Regnault pour Antenne 2. Le problème n’avait cependant pas encore été détecté en France comme l’expliquait ce spécialiste : « Ça a été dit, prouvé, dans certains centres américains. Nous ne l’avons pas retrouvé ici, pour le moment. »

Il fallait néanmoins prendre les devants, ajoutait-il : « Derrière se cache une action éventuelle de l’environnement, nocive, pernicieuse, s’exerçant à bas bruit et qui toucherait cette lignée qui est particulièrement sensible. Ceci justifie maintenant l’établissement de centres où on observerait chez les hommes féconds uniquement les données du sperme. En quelque sorte, il va falloir établir au travers du monde, et surtout du monde occidental, des sortes d’observatoire ou année par année on établira des moyennes. »

En dehors de la fécondité, ce spécialiste parlait de la baisse de fertilité comme d’un indicateur de santé : « la production de spermatozoïdes est extrêmement sensible. (…) Un épisode de fièvre va avoir comme conséquence dans les semaines suivantes d’abaisser chez un homme qui a un sperme tout à fait normal d’abaisser son nombre et sa mobilité. »

Des causes environnementales

Dans le sujet de 1995, diffusé sur France 3, « on commence à se poser des questions » sur l’influence sur la santé des « produits chimiques, des modes de vie qui sont liés aux civilisations industrielles. » À cette date, une étude signalait la diminution de la qualité du sperme de 2 % par an en 1973 et 1992. « Il faut parler des causes liées à l’environnement et notamment de facteurs environnementaux qui soit des dénominateurs communs aux différentes populations étudiées. Et en premier, il faut penser à l’alimentation, à l’air et à l’eau », détaillait Louis Bujan, andrologue au CECOS.

« Si certains facteurs comme le stress, la chaleur, les vêtements trop serrés sont bien connus, d’autres produits chimiques utilisés dans l’industrie sont aujourd’hui suspectés, c’est le cas de certains solvants et métaux lourds », disait le commentaire. Certaines professions étaient donc plus exposées, « comme les soudeurs, les employés d’usines chimiques, textiles ou radioélectriques. »

Et rebelote, comme dans l’archive précédente, le chercheur alertait sur « un problème de santé publique important, à mon avis, et je crois qu’il faut vraiment qu’on ait un débat en France sur ce sujet. Nous sommes particulièrement en retard par rapport aux Anglais ou aux pays d’Europe du Nord qui eux sont très avancés dans cette problématique. » Il ajoutait avec gravité : « 2% par an, on peut dire qu’en 2030, si on veut vraiment caricature et être pessimiste, il ne restera plus beaucoup de spermatozoïdes. »

Des causes multiples et objets de recherches que confirmait encore plus récemment dans le sujet de France 3, la médecin Nathalie Mousset-Siméon : « l’industrialisation qu’il y a depuis le XXe siècle, les modes de vie, les difficultés économiques, les déséquilibres alimentaires, la pollution environnementale. (…) Tous ces polluants, toutes ces molécules chimiques utilisées peuvent avoir un retentissement, on parle de perturbateurs endocriniens. »

Un problème ancien donc, mais dont les causes doivent encore être démêlées.

 

yogaesoteric
27 mai 2023

 

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