La chaleur amoureuse : comment trouver ou retrouver la dimension qui donne de la joie et du bonheur plénier de l’éros sacré

 

Le texte plus bas a été traduit par l’une de vous depuis l’année 2011 pour vous être offert à l’occasion du jour du 8 mars.
A vous de deviner qui est l’auteur (c’est une femme) de ces révélations fascinantes sur l’Eros Féminin et sur les mystères de la sensualité féminine entièrement désinhibée.


LES DECOUVERTES D’UNE FEMME CURIEUSE SUR LES DEESSES EHONTEES.
(LA CHALEUR AMOUREUSE : COMMENT TROUVER OU RETROUVER LA DIMENSION QUI DONNE DE LA JOIE ET DU BONHEUR PLENIER DE L’EROS SACRE)


La zone génitale, qui a été pleinement éveillée dans le cas des femmes qui assument une sensualité intense, robuste et basée sur l’amour, est l’endroit de la manifestation de l’énergie sexuelle créatrice qui apparaît suite aux jeux amoureux basés sur la continence parfaite, l’amour réciproque, la transfiguration et la consécration des fruits envers Dieu le Père. Pour nous les femmes, celle-ci est l’expression de notre nature sensuelle et, comme toute manifestation harmonieuse plénière et intégrale, elle a ses propres cycles naturels qui nous mettent à l’unisson avec les grands cycles cosmiques, et en outre, elle nous nourrit l’être, régénère notre corps et éveille l’âme. C’est ainsi que nous sommes heureuses, que nous devenons puissantes en bien et notre existence s’écrit à l’unisson avec les Lois divine de la Nature. Les femmes libres, spontanées et désinhibées passent ainsi au-delà des préjugés paralysants ; elles deviennent capables de poser des questions créatrices pour elles-mêmes ; elles se réintègrent de façon différente dans les relations amoureuses basées sur l’amour réciproque, et en plus, elles arrivent manifester une énergie créatrice bénéfique énorme qu’elles orientent comme elles le souhaitent vers les étages supérieurs de l’être, dynamisant ainsi leur pouvoir d’aimer, l’intelligence, la mémoire, la confiance en soi, le joie de vivre, la créativité, l’intuition, l’empathie et le bonheur. De telles femmes sont radieuses, charismatiques, plus calmes, elles manifestent spontanément des états de confiance en soi et en elles s’éveillent l’état de SHAKTI. De telles femmes profondément transformées réagissent de façon harmonieuse aux stimuli bienfaisants qui impliquent les sens : le mouvement, la danse harmonieuse, la musique divinement inspirée, la nourriture, les boissons (mais pas dans le sens de consommer de l’alcool), la paix intérieure profonde, le silence, la beauté, la joie de vivre, l’état de génialité et de fleuraison des potentiels bénéfiques féminins latents.

Tout ceci caractérise les femmes dans lesquelles s’éveille et s’amplifie un mystérieux état de chaleur érotique. Cette chaleur est une force intérieure qui peut être pleinement maîtrisée en tant que telle. Il va de soi qu’on ne parle pas de ce que certaines femmes comprendraient comme le genre de chaleur qui fait s’exclamer les femmes passionnelles : « Vite, chéri ! Fais l’amour avec moi ! ». Cette chaleur intérieure qui se manifeste pleinement dans la zone abdominale et qui est corrélée avec la dynamisation harmonieuse du centre subtil de force MANIPURA CHAKRA est en fait un feu harmonique caché, qui se manifeste avec une force plus ou moins grande selon le degré d’éveil que la femme en cause réussit déjà à manifester.

Grâce à l’énergie subtile du feu qui est accumulée et libérée ainsi, de telles femmes équilibrées et puissantes contrôlent leur nature intérieure à travers l’activité harmonieuse des centres supérieurs de force (surtout le centre subtil de force AJNA CHAKRA), de telles femmes agissent de la manière qu’elles considèrent adéquate, prouvant de l’intelligence, de l’intuition et du bon sens. La chaleur érotique tout à fait spéciale de telles femmes, chaleur qui a son foyer de manifestation dans la zone du centre subtil de force MANIPURA CHAKRA, n’est pas une irrésistible excitation sexuelle, mais un état de conscience sensorielle élevée, intense, qui inclut leur énergie érotique qui se manifeste en tant que telle dans le cadre des relations amoureuses basées sur l’amour réciproque et la transfiguration. La manifestation de cette chaleur mystérieuse ne limite guère les femmes qui ont réussi à l’éveiller.

Ce qui caractérise cette manifestation est présenté ici de façon succincte, car l’on pourrait écrire des pages entières sur la façon dont les hommes qui n’aiment pas ont tendance à séduire et à abuser ensuite de la nature sensorielle et érotique des femmes. On pourrait aussi dire beaucoup sur la façon dont certaines femmes ignorantes abusent elles-mêmes de leur énergie sexuelle lorsqu’elles n’aiment pas et l’utilisent contre elles-mêmes ou contre leurs rythmes naturels. En ce qui suit, nous allons étudier certains aspects de l’éros féminin qui, dans certaines situations, nous apparaissent comme étant fondamentalement « sauvages ». Utilisée avec sagesse, en tant que telle, dans le cadre des relations amoureuses basées sur l’amour réciproque, la transfiguration et la continence sexuelle®, il apparaît ainsi dans l’être de la femme une immense chaleur bienfaisante qui aide à l’épanouissement de l’être de celle-ci, et de plus, facilite l’éveil de l’âme. Dans les temps modernes, cette manifestation de l’énergie sexuelle a provoqué des états de peur de la part des femmes qui ne sont pas capables de comprendre les manifestations érotiques qui apparaissent cycliquement, surtout lorsque les femmes sont dans la période de fertilité maximale. De tels moments sont caractérisés par le déclenchement de certains processus de transmutation biologique spontanée qui font en sorte que les femmes ressentent, qu’elles le veuillent ou pas, un état de chaleur étonnamment intense.

Relatif aux aspects dont nous allons parler maintenant, nous considérons qu’il est nécessaire de rappeler l’existence d’un aspect de l’éros féminin nommé dans l’antiquité « impudence sacrée ». Cet état d’impudence sacrée apparaissait spontanément et se manifestait dans l’être des femmes dans certaines conditions bien définies. Le terme « impudence » ne doit pas être compris dans le sens que beaucoup d’entre nous le comprennent aujourd’hui. Cet état d’impudence sacrée définit en fait une harmonieuse intégration pleine de sagesse de l’éros qui se basait sur l’amour réciproque. Dans les époques lointaines de l’antiquité, il y avait des rituels ou des cultures qui mettaient les femmes en liaison avec certaines déesses douées d’un érotisme féminin „éhonté” , inconvenant seulement en apparence. Les rituels de ce genre qui facilitaient la liaison des femmes avec les soi-disant déesses éhontées, ne contenaient en fait rien de néfaste, mais provoquaient des processus de résonance occulte® particulièrement puissants avec certaines couches du subconscient de l’être de la femme qui restent mystérieuses même à présent et qui sont loin d’être entièrement indexées.

Lorsque les femmes s’ouvrent vers de tels états de désinhibition totale, elles deviennent capables d’explorer avec succès les potentiels féminins qui sont dynamisés en tant que tels ce qui facilite la transmutation biologique de leur potentiel créateur en des énergies subtiles immenses. D’ailleurs, dans le cas des films érotiques inspirés où apparaissent des femmes très sensuelles et désinhibées, les aspects que nous présentons ici transparaissent de façon pratique et nous aident à avoir l’intuition de ce qu’il se passe lorsque de telles femmes manifestent des états évidents de désinhibition et d’impudence.

Même l’idée du caractère sacré de l’éros, plus précisément de l’impudence, en tant qu’aspect d’un éros sacré et libérateur, est vitale pour la nature sauvage de la femme. Il ne faut pas être surpris par le fait que dans les cultures matriarcales de l’antiquité existaient des déesses de l’impudence, appelées ainsi à cause de leur grande sensualité, mais elles étaient cependant élevée et innocente. Grâce au langage courant, nous, les femmes, nous avons du mal à comprendre le terme « déesses éhontées » dans un sens pur, transfiguré, élevé, sublime et complètement dépourvu de vulgarité. Dans ce sens, il suffit de jeter un regard sur les définitions offertes par les dictionnaires où le mot « éhonté » est interprété le plus souvent dans le sens de « sans honte, insolent, impertinent, immoral ». Très peu d’êtres intègrent le terme « éhonté » dans le sens de complètement désinhibé, impudique, qui dénote une totale liberté intérieure, et qui caractérise une femme qui, dans le cadre d’une relation amoureuse basée sur l’amour réciproque, renonce complètement à tous les préjugés paralysants, à toutes les limites qui sont de nature à bloquer la libre manifestation de ses énergies érotiques dans le cadre d’un jeu amoureux basé sur l’amour réciproque. Etant donné les aspects équivoques du mot « éhonté », on peut comprendre pourquoi cet aspect du culte de telles déesses, des déesses éhontées, a été rejeté : justement pour le fait que très peu d’êtres humains ont été capables de comprendre de façon nuancée et rapprochée de la vérité le terme « éhonté ». Justement pour cela, nous vous suggérons de remplacer mentalement le terme « éhonté » par un terme un peu plus proche de votre mentalité qui est celui de « désinhibition ». Le terme « désinhibition » provient du mot désinhibé, qui peut être défini ainsi : sorti de l’état d’inhibition, désinvolte. Ainsi le terme « éhonté », qui génère le plus souvent chez les non-avertis une réaction de rejet et même de mépris bien connue, nous apparaît dans une autre lumière lorsqu’il est remplacé par le terme « désinhibition ». Aussi, il ne faut pas perdre de vue que dans l’Antiquité, le terme « désinhibition »n’existait pas, et c’est pourquoi on parlait de déesses éhontées dans le cadre de la tradition.

En dépit de cette dégradation inévitable, certains fragments de l’histoire ont cependant survécus dans la culture mondiale. Ils nous montrent que l’impudence érotique entre deux êtres humains de sexe opposés qui s’aiment n’a rien de vulgaire et qu’elle ressemble plutôt à une créature naturelle, charmante, fantastique et qui aimerait venir vous rendre visite, surtout lorsque la chaleur des désirs érotiques se trouve à l’apogée. C’est alors que beaucoup d’entre vous, les femmes, vous aimeriez que cette créature devienne l’une de vos meilleures amies.

Il y a plusieurs années, lorsque j’ai commencé à raconter des « histoires sur les déesses éhontées », beaucoup de celles qui m’écoutaient souriaient de façon complice et ensuite, la plupart d’entre elles éclataient de rire en entendant les aventures de ces déesses ou de ces femmes réelles, or à la découverte des aventures de ces personnages féminins mythologiques qui se sont servies de leur énergie érotique d’une façon créatrice pour atteindre des états de bonheur, pour se sentir accomplies, pour calmer leurs tristesses et pour rétablir ainsi un état d’équilibre qu’elles n’étaient pas capables de rétablir autrement. Il était évident qu’ainsi, ces femmes se sentaient mieux dans la sphère du psychisme. J’ai souvent été étonnée par la façon dont les femmes très sensuelles souriaient avec sous-entendu, de façon complice, lorsque j’abordais de tels sujets. J’ai remarqué que certaines d’entre elles devaient d’abord se débarrasser de leur éducation formelle paralysante qui leur disait qu’un tel sourire ou la manifestation d’un rire puissant, sain est indigne et inadmissible pour une femme dite bien élevée et pleine de bon sens.

J’ai eu aussi l’occasion de constater comment, en se comportant dans une certaine situation inadéquate entièrement comme une femme bien élevée, certaines femmes pouvaient s’étouffer, au lieu de s’offrir la liberté de respirer librement, à leur gré. Il est connu que pour rire, il faut alterner rapidement des expirations et des inspirations. Parallèlement à tout ceci, je savais déjà grâce aux recherches dans le domaine de la kinesthésie (kinesthésie = la totalité des sensations qui reflètent les réactions et les mouvements de notre propre corps), et grâce aux différentes psychothérapies somatiques, que le fait d’inspirer spontanément et profondément fait en sorte qu’on ressent certaines émotions et que, lorsque l’on cherche spontanément à ne plus rien sentir, on retient sa respiration.

En riant de façon spontanée et saine, une femme peut en même temps commencer à respirer librement, et en faisant cela, elle commence à ressentir, qu’elle le veuille ou non, les émotions bienfaisantes qui d’après ses préjugés ne sont pas permises et, justement pour cela, doivent être réprimées. En fait, il s’agit ici moins des sensations et plus de soulager les émotions, et dans certains cas, de l’utilisation de certains remèdes parfaitement naturels contre certaines émotions néfastes pour libérer certains traumas, du stress et des tensions qui ont impliqué des larmes ou des réactions refoulées. Tout ceci suppose l’évocation ou la remémoration, souvent dépourvues d’images, de certains événements douloureux qui ont été oubliés ou même de rompre des soi-disant chaînes qui paralysent ou gardent prisonnier la nature sensuelle féminine.

Ainsi, il est devenu évident pour moi que l’importance de ces anciennes déesses de l’impudence est mesurée par leur capacité à éloigner ce qui est excessivement restreignant, car au-delà des apparences, l’influence de ces déesses de l’impudence faisait revenir la bonne disposition, induisait des états bénéfiques de plaisir et plaçait le corps dans un état qui n’a rien à faire avec l’intellect spéculatif et prédominant. Ainsi, à l’aide de ces déesses éhontées, certaines voies harmonisatrices étaient laissées à se manifester librement dans le corps de la femme, pour y induire du bien-être, du bonheur, de l’accomplissement et de la joie. J’ai eu l’occasion de découvrir que le corps désinhibé de la femme est celui qui rit en éclats à l’écoute de l’histoire du coyote « Kiki » ou des histoires obscènes du moine tibétain Drukpa Kunley (1455 – 1529). Par l’humour érotique qu’elles véhiculent, les déesses éhontées renvoient comme par miracle dans le cadre du système nerveux et surtout à l’intérieur du système endocrine, une gamme d’énergies bénéfiques subtiles qui agissent promptement et provoque des réactions qui sont captées peu de temps après comme un remède miraculeux.

Les trois histoires suivantes inclues ici incarnent, on pourrait dire, une certaine dose d’impudence – que certains peuvent considérer comme de l’obscénité – dans le sens qu’il faut prendre : un sui generis remède bienfaisant qui provoque un certain enchantement érotique, en prépondérance sensuel, qui déclenche finalement une gamme d’émotions créatrices bienfaisantes. Deux parmi les trois histoires sont anciennes, la troisième est plus récente. Ces histoires nous parlent des déesses éhontées, que j’appelle ainsi car elles sont restées et continuent à rester dans les couches souterraines de notre être. Dans le sens bénéfique et créateur, elles appartiennent, on peut dire, à la terre fertile, au limon du psychisme qui est une substance créatrice d’où tirent leur sève les nénuphars pleins de charme dont on parle dans la tradition orientale. Pour comprendre comme il faut cette énigme, il faut se rendre compte que les nénuphars tirent leur sève et manifestent leur fascinante beauté de la boue dont ils ont besoin pour exister. Nous savons tous que le nénuphar ne peut pas pousser partout et en absence du limon fertile d’où il tire la sève, on ne pourrait pas admirer la splendeur diaphane de sa fleur charmante. Au-delà des apparences, les déesses éhontées représentent un aspect énigmatique de la femme en laquelle s’est pleinement éveillée l’état de SHAKTI, de la femme qui est une messagère de MAHASHAKTI, et ce genre de femme est à la fois érotique à l’extrême, capable de contrôler et d’orienter les immenses énergies érotiques résultées et en même temps pure, pleine d’aspiration et sacrée. Avec cette introduction nécessaire, nous espérons que vous allez être en mesure de goûter pleinement ces histoires.

BAUBO : LA DEESSE EHONTEE DE LA MATRICE (AUTREMENT DIT, DU YONI)

Concernant Baubo il existe même une métaphore qui dit : « elle parle à travers sa matrice (le YONI) ». Ici il est nécessaire de souligner qu’on rencontre dans le monde entier de nombreuses « histoires de la matrice (YONI) » et parmi elles il y a  aussi celle de la déesse Baubo, déesse qui est présente parmi les dieux de la Grèce antique et qui est surnommée « la déesse éhontée ». Baubo a aussi d’autres noms plus anciens, comme Iambe, et il est évident que les Grecs ont emprunté cette déesse des traditions plus anciennes. Baubo fait partie des déesses sauvages archétypales de l’éros sacré et de la fertilité qui vénèrent la vie, spécialement la vie érotique, et qui ont existé dès le début des temps.

Une seule référence écrite sur la déesse Baubo nous est parvenue, ce qui nous fait croire qu’en fait, son culte a disparu suite à la vague de conquêtes successives. Nous nous sommes rendus compte que quelque part, sous les collines et les forêts lacustres de l’Europe et de l’Orient, il existe des temples qui lui ont été dédiés et qui étaient remplis d’objets de culte qui la vénéraient et la représentaient.

Ce n’est donc pas un hasard si on a entendu si peu sur la déesse Baubo, mais il faut vous rappeler un seul fragment qui appartient à cet archétype et qui peut nous transmettre, au-delà des apparences, l’image énigmatique de sa totalité. Ce fragment nous est parvenu sous forme d’une histoire où on voit Baubo apparaissant et sauvant l’une des plus ravissantes et pittoresques déesse de l’Olympe. Voilà ma version qui est fondée sur les vestiges anciens concernant la déesse Baubo, que l’on peut contempler comme une apparition brillante qui se trouve à la base des mythes grecs de l’époque post-matriarcale et celles d’hymnes homériques.

La déesse Déméter, la mère de la terre, avait une fille extraordinairement belle nommée Perséphone. Un jour, alors que Perséphone jouait dans le champ, elle aperçut une fleur tellement belle et, tentée, tendit la main vers celle-ci en penchant son beau visage vers elle. Mais soudain, la terre se mit à trembler et un abîme s’ouvra devant elle. Alors Hadès, le dieu de l’Enfer, apparut instantanément des tréfonds de la terre. Grand et puissant, debout sur un chariot noir tiré par quatre chevaux, Hadès était vêtu de son habit long, qui présentait certaines couleurs traditionnelles fantomatiques.

Hadès prit la main de la belle Perséphone et l’emporta sur son chariot dans les tréfonds de la terre. Les vagues qui couvraient son corps superbe flottaient dans le vent. S’apercevant qu’elle avait été kidnappée, la belle Perséphone se mit à crier, mais à mesure qu’elle était emportée dans les profondeurs de la terre, ses cris devinrent de moins en moins audibles, tandis que l’ouverture de la Terre s’enfermait comme si elle n’avait jamais existé. Les cris de la jeune fille arrivèrent jusqu’aux sommets des montagnes. La déesse Déméter entendit l’écho des cris de secours de Perséphone dans les montagnes et dans le chuchotement des eaux, qui accompagnaient sa douleur. Puis le silence s’installa soudainement, et le parfum des fleurs monta aux cieux. Alors la déesse Déméter arracha les barrettes qui attachaient ses cheveux charmants et, les laissant se déployer et flotter comme des voiles sombres, se jeta comme un oiseau immense sur la Terre à la recherche désespérée de sa fille, tout en appelant sans arrêt le nom de Perséphone.

La même nuit, une vieille femme qui se trouvait à l’entrée d’une grotte avait dit à ses sœurs avoir entendu des cris durant la journée. Elle mentionna avoir entendu une voix très jeune qui hurlait d’effroi, puis un autre cri, qui lançait des appels lamentés et une troisième voix qui représentait les pleurs d’une mère.

Mais la jeune Perséphone était introuvable. Pour la déesse Déméter commença la longue recherche, frénétique et continue, de sa chère fille. La déesse Déméter demanda partout si sa fille avait été aperçue, elle fouilla chaque recoin, chaque fente, elle rechercha chaque monticule. Ne trouvant pas sa fille, elle s’enragea de furie, pleura, cria, implora, demanda qu’elle, Déméter, soit tuée : tout fût en vain. Voilà que pour elle il n’y avait pas de chance de trouver sa fille bien aimée.

Comme la déesse Déméter était aussi la déesse de la fécondité, elle décida soudainement de se venger et maudit tous les champs, toutes les zones fertiles de la Terre, hurlant son malheur: « Mourez ! Mourez ! Mourez ! ». Et voilà que ces malédictions produisirent leur effet et fit en sorte qu’aucun enfant ne soit plus né et, en outre, qu’aucun épi de blé ne pousse plus pour faire du pain, qu’aucune fleur ne soit plus à la disposition des gens pour fêter et qu’aucune branche ne soit plus là pour accompagner les morts dans leur passage. A cause des malédictions de la déesse Déméter, toute la vie sur Terre périssait. La terre devint aride, les seins des femmes étaient épuisés et n’avaient plus rien à offrir, devenant stériles.

La déesse Déméter même ne se leva plus d’où elle s’était assise. Ses vêtements étaient pleins de boue, ses cheveux désordonnés. Cependant, même si son cœur portait une douleur immense, elle ne renonçait pas. Après de nombreuses recherches stériles, elle finit par s’écrouler à côté d’une fontaine, dans un village où personne ne la connaissait. Pendant qu’elle appuyait son corps pétrifié et douloureux contre une pierre froide, voilà que s’approcha une femme tout à fait étrange. Cette femme, entièrement nue, s’approcha de Déméter sur un pas de danse, ondulant de manière sensuelle ses hanches, en évoquant l’acte sexuel, tout en agitant à la fois de manière obscène ses seins, ses cuisses et ses mains. Lorsque la déesse Déméter l’a vit, elle eut du mal à se contrôler et alors un sourire apparut sur son visage. En fait, la femme qui fit sourire la déesse Déméter était une créature magique, à sa manière comique, car elle n’avait pas de tête et ses yeux étaient placés au niveau des tétons. Sa vulve avec des lèvres énormes et un clitoris immense remplaçaient le nez et la bouche. Et voilà qu’à travers cette bouche inimaginable, cette créature magique a commencé à amuser et enchanter la déesse Déméter, en lui racontant les unes après les autres des blagues érotiques complètement éhontées. Au début, Déméter sourit, puis elle se mit à rire et, finalement, elle ne put plus se retenir et son rire puissant et profond jaillit de la zone abdominale. Ainsi, les deux femmes, la déesse éhontée du YONI, Baubo, et la puissante déesse de la fertilité de la terre, la mère Déméter, se mirent à rire aux éclats ensemble.

Cette fête du rire que la déesse Déméter a vécu à l’aide de la déesse Baubo la sortit de l’état aigu de dépression dans lequel elle se trouvait et lui rendit l’énergie pour continuer la recherche de sa fille. A l’aide de la déesse Baubo, de la vieille Hécate et de dieu Hélios, le Soleil, les recherches de la déesse Déméter furent couronnées de succès. Il est certain que la jeune et belle Perséphone fut rendue à sa mère et la terre et le ventre de toutes les femmes recommencèrent à porter des fruits, redevenant fertiles.

Je vous avoue que j’ai ressenti et je ressens encore une grande faiblesse pour la déesse Baubo. Je l’aime plus que les autres déesses de la mythologie grecque et peut-être plus que toute autre figure féminine. Je n’ai aucun doute qu’elle est la descendante des déesses du YONI du Néolithique, mystérieusement dépourvue de tête et, parfois, sans jambes ou bras. Personnellement, je considère qu’on ne peut pas les réduire aux déesses classiques de la fertilité, car elles sont bien plus que celles-ci. Elles sont les talismans de certains mots des femmes. Elles sont les talismans qu’on ne peut pas tenir, pour rien dans le monde, à la vue des hommes, à l’exception de certaines situations tout à fait exceptionnelles.

De tels talismans très puissants incarnent la sensibilité érotique féminine et sont à la fois des expressions uniques au monde, car elles représentent les seins fascinants, le clitoris, les lèvres du YONI à travers lesquels les femmes sensuelles ressentent des sensations extraordinaires, connues seulement par elles et qu’elles sont capables de transmettre aux hommes, lorsque ceux-ci sont sensibles et empathiques. Ce n’est pas un hasard que pour elles, cet être qui rit avec tout son ventre – la déesse Baubo – soit et reste l’un des meilleurs remèdes contre les traumas, le stress et les frustrations qu’elles peuvent ressentir.

Je me suis toujours dit que les dialogues entre les femmes autour d’une tasse de thé ou d’un jus de pommes sont le vestige d’un très ancien rituel féminin, rituel où les femmes se réunissent, parlent de leurs traumas, leurs souffrances et leurs problèmes sans se cacher la vérité. Pendant de tels moments, les femmes se relaxent, s’amusent même comme des folles et sentent vivre des moments paradisiaques ou sont capables de revivre comme Eve au paradis. Ensuite, en rentrant à la maison, tout va mieux pour elles, car elles se sentent comprises et le fait de partager entre elles leurs ennuis ou leurs troubles les aide à dépasser une partie des tensions qui les préoccupent.

Je sais pourtant qu’il est difficile de s’éloigner des hommes pour rester seule avec tes amies. Je sais seulement que dans l’Antiquité, les femmes encourageaient les hommes à aller « cueillir des fruits ». Cette tradition inoffensive ancestrale leur a permis de satisfaire le besoin de vivre au moins de temps en temps dans une atmosphère intime unique, féminine, quand elles se retrouvent seulement dans la compagne intime d’autres femmes qu’elles aiment et avec lesquelles elles sentent qu’elles réintègrent spontanément un cadre féminin naturel.

L’énergie masculine est sans doute quelque chose de formidable, mais, pour certaines femmes, c’est comme si elles abusaient du chocolat. C’est pourquoi certaines femmes ont envie d’un bol de riz et d’un verre d’eau plate pour purifier leur estomac. Il ne faut pas perdre de vue qu’il faut accorder du temps à l’autre.

En plus, la déesse de l’impudence Baubo nous transmet l’idée intéressante qu’une certaine dose d’obscénité saine peut nous aider à renoncer aux inhibitions paralysantes et à la honte qui nous enkyste et nous empêche d’être heureuses en totalité. Il est vrai que certaines formes de rire nées de ces histoires anciennes, qui sont répétées au cours du temps et que les femmes se racontent entre elles en toute discrétion stimulent à la fois le désir de faire l’amour et la libido. Ces histoires libertines éveillent en nous la joie de vivre et nous rendent le goût de l’existence. Justement pour cela, il est nécessaire de détenir chacune notre trésor de petites histoires éhontées, comme celles de la déesse Baubo. Au cours du temps, nous avons découvert que de telles histoires érotiques qui éveillent des éclats sthéniques de rire sont en même temps de puissants remèdes cent pour cent naturels. De telles histoires érotiques peuvent nous aider non seulement à vaincre les inhibitions sottes et la honte paralysante, mais aussi à nous impulser à supprimer les retenues de toute sorte, en nous aidant à dépasser l’embarras. Elles rendent les femmes plus excitantes et pourquoi pas plus heureuses. Essayez cinq à six fois cela lorsque vous êtes avec d’autres femmes et vous allez voir que de telles histoires éhontées font des merveilles. En ce qui concerne les deux aspects de l’histoire sur la déesse Baubo que je vais évoquer maintenant, peut-être ne vont-ils pas signifier grand-chose à certains d’entre vous, car c’est un sujet qui se discute uniquement entre femmes, dans un groupe restreint et très intime, lorsque les femmes osent se déshabiller et s’admirer nues…

L’histoire sur la déesse Baubo nous évoque une caractéristique extraordinaire de celle-ci : Baubo transmet à l’aide des tétons, et en plus, elle sent et voit à l’aide des seins. Les seins harmonieusement développés chez une femme fonctionnent comme des sui generis globes oculaires. Pour les hommes, ils sont un mystère pur. Lorsqu’ils leur disent ce qu’ils en pensent, elles secouent spontanément la tête, enthousiastes, et disent : « Je comprends parfaitement ce que vous voulez dire ! ». Pour certaines femmes dont les tétons sont éveillées et desquels jaillissent des énergies mystérieuses qui leur font sentir des aspects paranormaux, voir et sentir à travers les tétons et les seins est quelque chose de réel, est un fait indiscutable et de plus, ceci est un attribut sensoriel paranormal. Les femmes très sensuelles qui ont connu des amoureux d’exception savent que les seins sont des organes psychomentaux qui réagissent à la température, aux caresses, aux baisers excitants et même à certains sons harmonieux. Les seins, pour les femmes sensuelles, sont des organes de sens, tout comme le sont les yeux.

En ce qui concerne la possibilité de « parler à travers le YONI » , dans une acception purement symbolique, il s’agit de nous exprimer à l’aide de la « matière primordiale » de chaque femme (prima materia) au niveau le plus profond et le plus sincère, qui est et reste pour elles un organe de la vérité mystérieuse. Pour certaines femmes, le YONI est et reste une ravissante bouche vitale. Il n’y a plus rien à ajouter à ce sujet, à part le fait que le YONI, pour beaucoup de femmes, est le fond du filon le plus profond de l’être de la femme, qui présente des profondeurs que seulement les femmes sont capables de sentir. Ce sont les profondeurs dont nous parlait la déesse Baubo. Dans l’histoire concernant la déesse Déméter qui cherche désespérément sa fille, personne ne sait quels sont les mots magiques que la déesse Baubo lui a adressés à cette occasion. Mais, parmi tous les aspects décrits ici, celles de nous qui sont suffisamment sensuelles peuvent en avoir une petite idée.

LE COYOTE KIKI

Pour moi, les blagues érotiques et éhontées que Baubo avait racontées à la déesse Déméter avaient comme thème ces transmetteurs et ces récepteurs avec des formes harmonieuses : les parties génitales. Et si c’était ainsi, Baubo avait raconté à la déesse Déméter une histoire du genre de celle qui suit et que j’ai entendue il y a quelques années de la bouche d’un gardien d’un parking de la ville de Nogales. Il s’appelait Old Red et prétendait avoir du sang indien. Lorsque je l’ai rencontré, il n’avait pas mis sa prothèse dentaire et n’avait plus coupé la barbe depuis plus de deux jours. Sa jolie femme, la vieille Willowdean, avait un visage ravissant, bien que blessé. Elle m’avait raconté avoir cassé son nez dans une bataille dans un bar. Ce couple détenait trois voitures Cadillac, mais aucune n’était fonctionnelle. La vieille Willowdean avait un chien de la race des Chihuahua qu’elle gardait dans un petit endroit clôturé, quelque part dans la cuisine. Son mari était le genre d’homme qui ne quittait jamais son chapeau même lorsqu’il allait aux toilettes.

A l’époque, j’étais à la recherche d’histoires et je venais de garer ma roulotte sur leur terrain. Au début de notre dialogue, je me souviens avoir demandé Old Red : « Dis-moi, s’il te plaît, connais-tu des histoires sur la zone pudique du corps ? ». Ensuite, j’ai désigné par un certain geste la zone génitale du corps.

Cette histoire avait beaucoup amusé Old Red. Il a jeté à sa femme un regard joyeux. Ensuite, en retenant son sourire, il a dit d’un ton provocateur : « Je vais te raconter l’histoire du Coyote Kiki ». En entendant cela, la vieille Willowdean a dit :
– Red, ne lui raconte pas cette histoire, s’il te plaît, Red !
– Si, je vais lui raconteur sur le Coyote Kiki, a-t-il insisté.
La vieille Willowdean s’est retournée alors à travers sa chaise avec la main aux yeux, comme si elle ne voulait pas voir.
Voilà ce que Old Red m’a raconté, spécifiant qu’il connaissait cette histoire « d’un indien navajo qui, à son tour, la connaissait d’un mexicain qui, à son tour, la connaissait d’un indien. »

***

Il y avait autrefois un coyote connu sous le nom de « coyote Kiki ». Ce coyote était la plus agréable et à la fois la plus célèbre des créatures sur terre. Le coyote Kiki avait tout le temps faim et faisait presque toujours des farces aux gens pour obtenir ce qu’il voulait, et passait le reste du temps à dormir.

Un jour, alors que le Coyote Kiki dormait, son LINGAM a commencé à s’ennuyer énormément. C’est pourquoi le LINGAM du Coyote Kiki a décidé de renoncer au corps de celui-ci pour s’aventurer dans le monde. Il s’est détaché donc de celui qui était le Coyote Kiki et a commencé à courir sur les chemins. En fait, le LINGAM sautait car il n’avait qu’une jambe, ce qui est évident.

Il a continué à sauter ainsi d’un endroit à l’autre. Cela l’amusait incroyablement. Alors il a quitté le chemin et, tout en sautant çà et là, il s’est retrouvé quelque part dans la forêt. Mais mon Dieu, on était en pleine saison des orties. Comme il était stupide, il a sauté au milieu des orties.

« Ola la! Ola la! » , s’est-il mis à hurler.
« Ola la! Ola la! » , criait-il de plus en plus fort, appelant au secours.

Tout ce vacarme terrible a fini par réveiller le Coyote Kiki, et lorsqu’il a cherché de la main son LINGAM parce qu’il voulait uriner, à sa grande surprise il n’a plus rien trouvé à cet endroit. Comme son désir d’uriner devenait impérieux, le Coyote Kiki a commencé à courir le long des rues avec la main entre ses jambes. Finalement, voilà qu’il a trouvé son LINGAM dans un état déplorable. Bien qu’il ait ressenti une douleur terrible à laquelle s’ajoutait le désir provoqué par l’envie d’uriner, le Coyote Kiki a sorti son LINGAM qui s’était aventuré parmi les orties et, après l’avoir caressé et calmé, il l’a remis à sa place, se précipitant pour uriner.

***

En me racontant tout ceci, Old Red éclatait de rires et son corps se secouait de spasmes. Les larmes coulaient sur ses joues, il semblait étouffer.
« Voilà donc l’histoire du Coyote Kiki » , a-t-il dit.
Alors la vieille Willowdean l’a grondé : « Mais tu as oublié la fin ! »
« Quelle fin ? Tu n’as pas remarqué que j’ai dit la fin aussi ? », répondit Old Red.
« Comme tu es distrait, tu as oublié de raconter la vraie fin. Bon, raconte-la-lui toi, si tu t’en souviens aussi bien… »

A cet instant, quelqu’un a sonné à la porte et Old Red s’est levé de sa chaise qui grinçait de partout. Willowdean m’a jeté un regard complice : « La fin de cette histoire contient à la fois la morale ». J’ai observé qu’à ce moment la déesse Baubo s’est emparée de Willowdean, qui a commencé à rire en poussant des petits sons comme des hoquets et son ventre commençait à se secouer de façon spasmodique tandis que les yeux étaient pleins de larmes de rire. Il lui a fallu deux à trois minutes pour pouvoir prononcer les trois suivantes phrases, répétant chaque mot deux ou trois fois entre deux hoquets.

« La morale de cette histoire est que lorsque le Coyote Kiki a sorti son LINGAM des orties, même après l’avoir caressé et calmé, le LINGAM continuait à le démanger très fort. C’est pour cela que les hommes pénètrent les femmes de leur LINGAM tout en ayant à chaque fois cet air de dire : „ce membre me démange trop fort” ».

Voyez-vous, ce LINGAM universel a des démangeaisons continues depuis longtemps, depuis qu’il s’est aventuré tout seul pour la première fois. Je ne sais de nous deux laquelle fût le détonateur dans le cas de cette histoire, mais j’éclatais de rire et, ensemble avec le vieille Willowdean, nous sommes restées dans la cuisine à rire de tout notre être. J’en ai même frappé la table jusqu’à ce que j’aie perdu le contrôle sur les muscles.

A mon humble avis, ceci est le genre d’histoire éhontée que Baubo a du raconter à la déesse Déméter. Je suis sûre que le répertoire de Baubo incluait tout ce qui fait rire les femmes de cette manière, sans réserves, sans craindre que l’on voit leurs amygdales, que leur ventre pende ou que leurs seins tressautent. Au cours du temps j’ai remarqué qu’il y a quelque chose de particulier dans ce rire aux origines sexuelles. A mon avis, le rire « sexuel » semble atteindre les profondeurs abyssales du psychisme et libère un nombre considérable d’énergies, agissant de façon synergique sur nos os et transmettant une sensation ravissante à tout le corps. Ceci est une forme particulière de plaisir érotique sauvage qui appartient au répertoire psychique de beaucoup de femmes. L’éros sacré et la vie sensuelle sont rapprochés dans la sphère du psychisme. Les deux facilitent ainsi notre connaissance à travers l’éveil de la capacité de s’étonner, non pas par une expérience intellectuelle mais à travers l’expérience intérieure du corps. Ceci est l’expérience momentanée de quelque chose d’indescriptible qui apparaît tant dans le cas du baiser, que dans le cas d’une vision du rire profond qui charge notre être d’une énergie bienfaisante. De tels états intenses nous font sortir de nous-mêmes, nous élèvent, nous font monter aux cieux, adoucissent notre caractère et nous font réjouir de la vie. J’ai observé qu’il existe presque toujours, tant dans la sacralité que dans l’impudence, mais aussi dans la sexualité saine, un rire sauvage qui guette. Il s’agit d’un bref passage d’un rire très agréable à un rire ancestral qui a vu beaucoup de choses. Parfois c’est un rire animal, sauvage, qui implique un trille qui monte et qui descend dans une certaine gamme. Le rire sain, spontané et éhonté est un aspect secret de l’éros féminin, un aspect physique, primitif, passionnel, vitalisant et qui est excitant pour les autres aussi. Tout ceci se manifeste surtout lorsque l’éros est dépourvu de but.

Les effets bénéfiques apparaissent lorsque l’éros est joyeux et libérateur. Un tel éros a à la fois une valeur guérissante, surtout lorsqu’il est sacré. Un tel éros éveille la joie de vivre, éveille le corps et les émotions et, en outre, fait apparaître des vagues de plaisir. Il n’est pas unidimensionnel, car dans de telles situations, le rire se diffuse et est contaminant. Ceci est l’éros pur et sauvage de la femme complètement désinhibée.

Voilà un autre point de vue des déesses éhontées et des histoires saugrenues que les femmes racontent entre elles. Ceci est une histoire que j’ai découverte lorsque j’étais enfant.

UNE VISITE PLEINE DE SURPRISES AU RWANDA

Je me trouvais dans la localité de Big Bass Lake, en Michigan. J’avais à l’époque douze ans. Toutes les femmes adorables de ma famille, ma mère et mes tantes, après avoir préparé le petit déjeuner et le déjeuner pour quarante personnes, ont décidé de se reposer dans des chaises longues au soleil, en racontant des choses et en blaguant. Les hommes étaient partis « cueillir des fruits », c’est-à-dire qu’ils passaient leur temps à cueillir des fruits et à raconter des blagues d’hommes.

Je jouissais de là où j’étais, proche de l’endroit où se reposaient les femmes. D’un coup, j’ai entendu des cris puissants, aigus. Un peu inquiète, j’ai vite couru chez mes tantes. Arrivée là, je me suis rendue compte que ce n’étaient pas des cris de douleur. Ce que j’entendais était des éclats de rire et, entre deux hoquets, une de mes tantes répétait de temps en temps : « … et elles ont couvert leur visage … ont couvert leur visage ! ». Et je ne comprenais pas pourquoi cette phrase énigmatique les faisait se plonger toutes dans un nouvel accès de rire fou. Les femmes riaient ainsi jusqu’à ce que certaines d’elles n’aient plus d’air pour une certaine période de temps. J’ai observé à cette occasion que ma tante avait sur ses genoux une revue. Un peu plus tard, lorsque les femmes se sont endormies sous les rayons doux du Soleil, j’ai volé la revue qu’elle tenait encore avec une main endormie et je me suis assise à l’ombre de la chaise longue pour lire ce qu’il avait été écrit là. Sur la page sur laquelle la revue était ouverte était racontée une anecdote de la période de la Deuxième Guerre Mondiale, que je vais vous raconter ainsi :

***

Le général américain Eisenhower (en ce qui me concerne, je mentionne qu’il aurait aussi bien pu être le général McArthur ou, pourquoi pas, le général Borneo ; le nom en cause ne me disait rien à l’époque) venait de s’apprêter à passer en revue les troupes du Rwanda. Le gouverneur de ce pays qui tenait à ce que les femmes africaines sortent au bord du chemin de campagne lorsque le général passerait dans sa jeep et lui adressent des ovations enthousiastes d’accueil, en agitant les bras. Le seul problème est que les femmes indigènes ne portent comme vêtement qu’un collier de perles colorées et parfois une ceinture infime en cuire autour de la taille.

Une telle situation semblait impossible, le Gouverneur a appelé en préalable le chef de la tribu et lui avait annoncé ce qu’il allait se passer. A cette occasion, le chef de la tribu lui assura : « Je vous rassure, tout se passera bien ! » A cette fin, ils ont convenus que le Gouverneur fournisse quelques centaines de blouses et de jupes et en outre, il a indiqué au chef de la tribu de transmettre aux femmes qu’elles s’habillent à cette occasion pour ne pas apparaître nues. Peu de temps après, le gouverneur ainsi que les missionnaires ont procuré tous les vêtements nécessaires. Le jour de la parade, quelques minutes avant que la jeep du général Eisenhower apparaisse, le Gouverneur et les missionnaires ont découvert horripilés que les femmes africaines portaient toutes les jupes qui leurs avaient été mises à disposition, mais aucune ne portait la blouse qu’elles avaient laissé à la maison car elles n’étaient pas de leur goût. Voilà que, bordant la rue, les centaines de femmes qui se trouvaient là étaient certes en jupes mais avaient toutes les seins nus et, sous leurs jupes, aucune ne portait de lingerie intime car il n’avait pas été question de leurs en offrir. En apprenant cela, le gouverneur failli avoir une attaque au cœur. Il engueula même le chef de la tribu. Celui-ci l’avait assuré avoir parlé entre temps avec la déléguée des femmes et avoir reçu la confirmation que les femmes étaient d’accord pour couvrir leurs seins à l’arrivée du général.

« ‒ Es-tu sûr qu’elles vont faire cela ? » , demanda en hurlant le gouverneur méfiant.
« ‒ Oui, je suis sûr, vous allez voir ! »

Mais il était trop tard pour discuter trop à ce sujet. On ne peut pas imaginer la réaction du général Eisenhower lorsqu’à l’apparition de la jeep, les femmes qui avaient les seins nus ont soulevé à l’unisson leurs jupes et ont couverts d’un geste gracieux leur visage.

***

En lisant cela à l’ombre de la chaise longue, je vous avoue que je me suis tout simplement étouffé de rire. Ceci était pour moi l’histoire la plus démente que j’avais jamais entendue. A la fois, elle était une histoire merveilleuse et incroyablement excitante. J’ai eu l’intuition qu’il s’agissait d’un produit de contrebande et alors je l’ai gardé pour moi pendant des années. A chaque fois que je vivais un moment difficile ou lorsque j’étais à la veille d’examens à l’Université, je pensais aux femmes du Rwanda qui dans cette situation avaient couvert pudiquement leurs visages avec les jupes, certainement éclatant de rire derrière. Cette situation contenait un humour fou qui me faisait rire et à la fois me réconfortait extraordinairement, et même me recentrait.

Ceci est sans doute l’autre aspect bénéfique des blagues éhontées qui naissent parmi les femmes et qui font apparaître les célèbres éclats de rire désinhibés qui sont partagés dans de telles situations. De tels moments deviennent un remède pour les périodes pénibles et redonnent de la force aux femmes pour les situations dramatiques qui apparaissent plus tard dans leur vie. Beaucoup de femmes aiment faire de telles blagues entre elles, soit sur le beau sexe, soit sur leur propre YONI, soit sur les jeux amoureux éhontés. Peut-on s’imaginer que l’éros et tout ce qui semble à première vue éhonté ou impoli puisse être regardé comme étant pur et sacré ? La réponse à cette question est « oui” , surtout lorsque tout ceci est un remède dont on a besoin et qui permet de réinstaurer l’intégrité du cœur, et même de le refaire.

Carl Gustav Jung a remarqué à son époque que lorsque quelqu’un venait dans son cabinet et se plaignait d’un certain problème sexuel, le plus souvent il s’agissait d’un problème lié soit à l’esprit, soit au psychisme. Et lorsqu’un être humain parlait d’un problème spirituel, il s’agissait souvent d’un problème de nature sexuelle. C’est pour cela qu’il a conclu qu’on peut faire de la sexualité un remède pour l’esprit et cela devient possible car l’éros basé sur l’amour est sacré. Lorsque le rire est un REMEDIO, autrement dit un remède, on peut réaliser qu’il est en même temps un rire sacré. C’est pourquoi on peut dire que tout ce qui déclenche le rire sthénique est guérisseur et est aussi un remède sacré. Lorsque le rire nous aide sans nous faire du mal, lorsqu’il éclaire, réaligne, réordonne, réinstaure la force bienfaisante et le pouvoir dont on a besoin, dans toutes les situations de ce genre on peut dire qu’un tel rire est générateur de santé. Lorsque le rire rend les gens heureux et les aide à vivre mieux, lorsqu’il les rend heureux là où ils sont, lorsqu’il les rend plus conscients de l’intensité de l’amour, lorsqu’il fait disparaître les tristesses et éloigne la colère, un tel rire est en même temps sacré. Justement pour cela, on peut dire que tout ce qui nous rend de façon créatrice plus puissants en bien, merveilleux, plus généreux, plus sensibles envers tout ce qui est bon, divin et harmonieux, est quelque chose de sacré. C’est pourquoi on peut dire qu’il y a dans l’archétype de la femme sauvage beaucoup de place pour la nature des déesses éhontées. Dans le cadre de la nature pure et sauvage, le sacré et l’impudence, le sacré et l’éros ne sont pas séparés mais coexistent même dans le sein d’un groupe de femmes âgées qui attendent un peu plus loin, sur notre route, qu’on leur rende visite. Elles sont là présentes dans notre psychique, et testent en nous attendant  leurs histoires les unes avec les autres, en riant comme des folles, pleines d’enchantement.

 

yogaesoteric
8 mars 2017

 

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