La psychopathie et les origines du totalitarisme (3)

Par James Lindsay

Lisez la deuxième partie de cet article

Le caprice du Parti

Parce que la pseudo-réalité n’est pas réelle, et même si elles ont le courage de se sentir enclines à le faire, il est impossible aux personnes que la pseudo-réalité a piégées de vérifier par elles-mêmes n’importe laquelle des affirmations qui sont les siennes — sous peine de se voir infliger une raclée paramoralisatrice à la mesure de la quantité de pouvoir qu’ont réussi à obtenir les pseudo-réalistes. De manière à ce que ces vérifications puissent être effectuées pour tout le monde (selon la méthode de double sens des mots mentionnée plus haut), il est nécessaire de promouvoir et de nommer des experts de la pseudo-réalité idéologique, que leur domaine relève de la paralogie ou de la paramoralité, voire des deux. Le nom traditionnel moderne donné à cette cabale d’« experts » corrompus est « le Parti » (le terme de « Pharisiens » constitue probablement dans l’Histoire une autre appellation). Ce sont ces personnes qui bénéficient de la pseudo-réalité par le biais de l’escroquerie et de l’extorsion, et qui, par conséquent, déforment d’une part la paralogie pour qu’elle corresponde à leurs points de vue, même si ces derniers sont amenés à changer, et d’autre part la paramoralité pour se garantir d’avoir toujours raison. Déclarer accepter la pseudo-réalité, posséder la maîtrise de sa paralogie et vouloir appliquer sa paramoralité à soi-même et aux autres constitue le critère d’allégeance politique envers le Parti et donne accès à son butin, et tous ces éléments seront systématiquement et vigoureusement contrôlés à tous les niveaux d’activité du Parti — sauf pour les échelons les plus élevés.

Une fois de plus, il est crucial dans cette analyse de toujours avoir à l’esprit ce qui constitue le fondement même d’une pseudo-réalité : elle ne décrit pas la réalité. Ceci entraîne un certain nombre de conséquences. D’abord, elle engage le Parti à être illogique et immoral, comme elle s’engage à s’appuyer sur la paralogie et la paramoralité pour remplacer la logique et la moralité. Comme on peut le deviner, les pseudo-réalistes (le Parti) ont tout intérêt à ce que leur paralogie soit la plus illogique possible tout en considérant comme « logique » le fait d’avoir à passer un test de bonne ligne de conduite, et ils tirent pareillement un très grand avantage à ce que leur paramoralité soit tout aussi immorale.

Cet état de fait constitue dans l’absolu une arme de démoralisation puissante, et elle favorise tout naturellement — voire nécessairement — un caprice particulier. Étant donné qu’elle relève de la pseudo-réalité et n’est donc pas réelle, l’utopie ne peut pas se réaliser, mais la mainmise du Parti sur le pouvoir sera, elle, bien réelle, et elle sera maintenue à tout prix et par tous les moyens — qui deviendront de plus en plus désespérés et brutaux proportionnellement à son insuccès. En l’absence d’une norme objective de référence et sans appel à la raison universellement accessible (en principe), le discours des puissants (et du pouvoir lui-même) devient de plus en plus résolu. Une paralogie capricieuse qui définit comme correct aujourd’hui mais pas nécessairement demain ce que le Parti dit être correct aujourd’hui mais pas nécessairement demain, associée à une paramoralité qui utilise le même stratagème pour définir ce qui est correct, sont supérieures aux paralogie et paramoralité, et seront donc favorisées par le Parti. Il ne peut qu’en résulter un caprice du Parti qui a toujours constitué l’outil privilégié de la domination et du totalitarisme.

Il est à noter que si le Parti identifiera et punira toujours des boucs émissaires en vue de faciliter ses abus et de dissimuler ses échecs croissants — lesquels sont assurés étant donné que le cœur de son projet est en totale rupture avec la réalité — le Parti lui-même est le bouc émissaire ultime du projet pseudo-réaliste. Ce fait apparemment improbable est compréhensible du point de vue de la paralogie (notez le manque apparent de logique) et requis par le cœur alchimique de la paramoralité employée. En fin de compte, et chaque projet pseudo-réel spécifique a toujours une fin, la pseudo-réalité s’effondrera et le Parti sera tenu pour responsable. Tout comme la pureté spirituelle de l’alchimiste est toujours remise en question (de manière infalsifiable) lorsque les expériences alchimiques ont échoué, la corruption par les « maux » paramoraux du Parti sera tenue pour responsable (comme le fait d’avoir une mentalité bourgeoise). La « vraie » idéologie pseudo-réelle demeurera « inachevée » (sous une forme ne présentant pas trop de corruption), et plus important encore, l’orientation générale des paralogie et paramoralité survivra donc à leur propre chute (ce qui, encore une fois, ne peut pas être logique). Les lecteurs chrétiens reconnaîtront immédiatement que cette approche constitue une inversion du christianisme (la Croix inversée) — puisque Dieu ne met personne d’autre que Lui-même sur la Croix et qu’Il porte de son plein gré et en toute bonté la responsabilité du péché pour tous les autres, ce qui par conséquent Lui accorde la Grâce — et qu’elle évite de manière coupable toute responsabilité que ce soit dans le seul but de pouvoir perpétrer sans aucune entrave sa propre déviance dans le monde.

Plus tard, une fois que l’on aura trouvé les bons ingrédients alchimiques sociétaux pour l’époque donnée, les modes paralogiques et paramoraux qui ont survécu généreront une nouvelle pseudo-réalité, en générale identique, qui menacera une fois encore la civilisation (libérale) [au sens large d’esprit et tolérante – NdT]. C’est la raison pour laquelle les maillons jumelés de la paralogie et de la paramoralité doivent être sectionnés de manière à vaincre les idéologies pseudo-réalistes et immuniser contre leurs abus des sociétés par ailleurs saines (en particulier les sociétés libérales [au même sens que le précédent – NdT]). Si cette intervention est menée dans le cadre d’une pseudo-réalité particulière, les manifestations qui lui sont propres s’effondreront, avant, il faut l’espérer, qu’elle ne soit devenue trop néfaste. Et si elle peut par ailleurs être réalisée en apprenant plus généralement à identifier et à rejeter les paralogies idéologiques et les paramoralités comme un genre d’activité intellectuelle et éthique factice, c’est encore mieux. Les reconnaître pour ce qu’elles sont constitue plus ou moins l’unique moyen d’y parvenir : apprendre à repérer les pseudo-réalités, la paralogie et la paramoralité, et reconnaître ensuite qu’elles relèvent du domaine des psychopathies qui ne devraient jamais se voir accorder un pouvoir incontrôlé sur les personnes normales.

Psychopathie et pseudo-réalité

Maintenant que nous avons établi qu’une pseudo-réalité idéologique est tout sauf fatale, une fois qu’elle commence à gagner en influence et en pouvoir, à s’orienter sous les formes les plus pernicieuses, dangereuses et malfaisantes vers le caprice, l’abus et le totalitarisme — et vers la mort des civilisations et d’une quantité considérable de leurs habitants si elles ne sont pas contrôlées suffisamment tôt dans leurs progressions — une parenthèse est nécessaire pour comprendre un autre point délicat qui concerne toute l’analyse. Si nous prenons un peu de recul pour considérer l’adepte psychotique sur lequel toute l’analyse a débuté, il est possible de dégager un autre aspect significatif quant à la nature des pseudo-réalités idéologiques maintes fois évoquée jusqu’à présent. Le voici : si cette hypothétique personne conçoit une idéologie sectaire et la pseudo-réalité qui l’accompagne, on peut facilement considérer que non seulement elle pourrait être psychopathe, mais qu’elle l’est certainement dans une certaine mesure. Une pseudo-réalité n’est pas — en essence — du ressort d’individus sains d’esprit et le fait de vouloir imposer ses pathologies aux autres pour son propre bénéfice, en particulier en manipulant leurs vulnérabilités, est aussi proche d’une définition simple et générale de la psychopathie qu’il est possible de l’être.

Les idéologies de nature psychopathe engendreront un certain nombre de conséquences prévisibles et axées sur elles-mêmes. D’une part, elles attireront et canaliseront inévitablement la vision d’opportunistes psychopathes (des « escrocs ») animés d’idées similaires, qui formeront le noyau du Parti alors en phase de développement. D’autre part, elles endommageront la capacité psychologique de toute personne qui entre en contact avec l’idéologie — qu’elle s’y confronte ou y adhère. Elles y parviennent grâce à la démoralisation sous diverses formes, y compris la (para)-moralisation, l’ostracisme, le piège dialectique et la tactique très utile des « blocages irréversibles » [qui consistent à insister sur des choses qui sont à l’opposé de la vérité – NdT], lesquels anéantissent la capacité à connaître la vérité sur la réalité de quiconque le voudrait, en lui imposant des distorsions de la pseudo-réalité — ce qui entravera ses chances de retrouver la raison et de sortir des griffes de la pseudo-réalité, de sa paralogie et de sa paramoralité. Ces distorsions ont pour conséquence une incapacité à discerner ce qui est vrai et à supposer que la vérité — qu’elle soit matérielle ou morale — doit se situer quelque part entre ce qu’elle était avant et l’affirmation pseudo-réelle qui leur est imposée. On remarquera immédiatement que cette situation éloigne nécessairement de la réalité la personne ciblée, dans la mesure où la nouvelle position sera un mélange de l’ancienne croyance de la personne et d’une affirmation issue de la pseudo-réalité. On remarquera également qu’il s’agit d’une manipulation, et lorsqu’il s’agit de paramoralisation, d’une manipulation coercitive (au profit de l’idéologie psychopathe).

Plus inquiétant encore, les idéologies psychopathiques génèrent de façon efficace une psychopathie (temporaire mais) fonctionnelle chez des personnes par ailleurs normales qui, par le biais de ces manipulations, deviennent des comparses suffisamment convaincus par et des adeptes de l’idéologie. Autrement dit — et indépendamment des effets directs des démoralisation et déstabilisation causées par la dérive croissante de leurs croyances qui s’éloignent de la réalité et se rapprochent de l’irréalité (pseudo-réalité) — une idéologie de nature psychopathe amène ses sympathisants à littéralement croire et agir de manière psychopatique, au moins au sens fonctionnel. Telles sont les exigences et le prix à payer pour préserver la paralogie (afin de ne pas être un « idiot » dans la pseudo-réalité) et la paramoralité (afin de ne pas être mal perçu dans la pseudo-réalité), et ces victimes de l’idéologie deviennent petit à petit les monstres contre lesquels ils n’ont pu par faiblesse lutter. Comme indiqué précédemment, des vertus telles que la tolérance et l’empathie sont intentionnellement perverties jusqu’à induire, après une période de distorsion, une valence politique (la paramoralité est bénéfique, la moralité est néfaste) qui favorise toujours plus l’idéologie pseudo-réelle et acquiert une légitimité psychopathique à mesure que l’effet se renforce.

Finalement, une personne normale soumise à ces circonstances cesse d’être normale à l’instant même où elle « s’éveille » » en « pleine conscience » à la pseudo-réalité, le moment où, de son point de vue, la pseudo-réalité a pris la place de la réalité et la réalité est devenue pseudo-réelle. Elle sera dès lors elle-même psychopathe, esclave de la paralogie inhérente à l’illusion pseudo-réelle, et pétrie d’une éthique et de vertus morales bifurquées et circonscrites à son système paramoral. Pour la majorité de ces personnes auparavant normales, cet effet sera probablement temporaire et dépendant de leur contribution à la secte, même si certains des dommages psychologiques qui en découlent seront, eux, durables, voire permanents. À court terme, néanmoins, le résultat de cette dynamique constitue un ensemble croissant de personnes devenues fonctionnellement et légitimement psychopathes dont le pouvoir personnel s’accumule toujours davantage, un pouvoir qu’elles utilisent (de manière psychopatique) en vue d’imposer leur pseudo-réalité idéologique au tout-venant, et en essence à tout le monde.

Ce processus est assez subtil. Les déficiences de la paralogie, le caprice de la paramoralité et la dissonance inhérente à la pseudo-réalité auront tous tendance à engendrer chez la personne normale sensible un sentiment de détresse à habiter la réalité qui sera comparable à celui éprouvé à vivre dans la pseudo-réalité. Ce qui s’avère de toute évidence très pratique pour recruter, endoctriner, et finalement permettre une reprogrammation (psychopathique), la pseudo-réalité étant construite de manière à légitimer le développement de ces psychopathologies spécifiques et à en éviter la détection et le traitement. À cet égard, on pourrait faire référence à la propagation d’une idéologie psychopathique et de sa pseudo-réalité par des expressions désormais familières comme « la folie des foules », bien plus pertinente qu’on ne pourrait le penser à première vue, voire même la « zombification » sociopolitique.

Dans une large mesure, cette modalité implique que le « sympathisant » moyen d’une idéologie sectaire n’a non seulement pas conscience d’être un adepte usant d’outils et de tactiques de manipulation (paralogie et paramoralité) sur les autres et au détriment de leurs vies, que ces derniers soient des compagnons de route normaux ou « éveillés » à la pseudo-réalité idéologique ; il est en outre incapable de s’en rendre compte sans abandonner au préalable la paralogie et la paramoralité dont il est prisonnier, et sans rejeter de manière fondamentale la pseudo-réalité idéologique. Ces personnes se retrouvent dans une position pour le moins instable, non seulement parce qu’elles sont psychopathes, mais aussi parce qu’elles sont inverties à la réalité, au point de croire que toutes les personnes normales sont des adeptes du culte alors qu’elles ne le sont pas (encore). À ce stade, son équilibre mental est totalement inversé et la transformation de la personne normale en une personne idéologiquement psychopathe est complète. Comme beaucoup l’ont appris à leurs dépens au cours de l’histoire, ces personnes, par ailleurs honnêtes, sont capables de perpétrer des génocides.

Sectionner les maillons

Quelle pourrait donc être la réponse à cet imbroglio périlleux et permanent ? Heureusement, la première étape s’avère — pour le moins — très simple. Elle consiste tout simplement à en prendre conscience : apprendre à reconnaître la pseudo-réalité artificielle pour ce qu’elle est — une simulation de la réalité forgée de toutes pièces et inadaptée aux sociétés humaines — et entreprendre de rejeter sans aucune ambiguïté tout appel à y participer. Autrement dit, il faut refuser l’analyse de la paralogie — en discernant ses contradictions — et s’opposer à la paramoralité qui entretient le mensonge — en reconnaissant son caprice, sa malveillance et son caractère néfaste. (Il existe pour cela un vieux mot qui est « laïcité », au sens non spécifique du terme) [ou système éthique qui affirme que les jugements moraux doivent être prononcés sans référence à une doctrine religieuse – NdT]. Au moment précis où l’on devient compétent pour détecter le mensonge — ou, l’enchevêtrement de mensonges — élaboré au service d’une pseudo-réalité structurée de manière artificielle et de son application sociale, on possède déjà la perspective nécessaire pour briser le sortilège que constitue la pseudo-réalité dans sa totalité. Reconnaître l’escroquerie pour ce qu’elle est constitue — plus que toute autre chose — le moyen de sectionner les maillons de la chaîne formée par les paralogie et paramoralité et ainsi de faire s’effondrer la pseudo-réalité.

Ceci ne peut se faire qu’en acquérant suffisamment de connaissances pour être à même de discerner les stratagèmes, de dire la vérité et de refuser d’être contraint ou forcé de participer à l’hégémonie grandissante de la pseudo-réalité avant qu’elle ne revendique un pouvoir totalitaire. Pour dire les choses concrètement, il n’existe pour y parvenir que deux façons qui n’offrent aucune ambïguité. L’une consiste à s’opposer de façon active à la pseudo-réalité et l’autre à la refuser.

Pour la plupart des individus, la deuxième solution est plus facile et moins contraignante que la première. Une simple volonté et une force de caractère suffisent. Le simple fait de refuser de participer à la pseudo-réalité, d’utiliser sa paralogie ou de s’incliner devant sa paramoralité — et de vivre sa vie comme si la pseudo-réalité n’y avait aucune place — est un acte puissant de défi à l’encontre d’une pseudo-réalité idéologique. Une telle démarche n’exige rien de plus qu’une déclaration de principe qui dit : « Ceci ne s’applique pas à moi parce que ce n’est pas moi » (ou, « ce n’est même pas réel »), un refus de prendre des décisions fondées sur une peur et une intimidation socialement artificielles, et la volonté de vivre sa vie dans les conditions les plus normales possibles. Voilà un acte de défi puissant et pacifique que bien d’autres personnes normales — celles-là mêmes qui se trouvent en dehors de la pseudo-réalité — reconnaîtront pour sa force, et bien qu’il puisse présenter à court terme et à certains égards un certain nombre de conséquences, sur le long terme et à d’autres égards, il portera ses fruits au moins jusqu’au moment où le piège totalitaire paramoral sera entièrement refermé sur une société suffisamment brisée et démoralisée. Gardez la tête haute et refusez de vivre votre vie selon les conditions (psychopathiques) de quelqu’un d’autre, et vous accomplirez bien des choses contre l’émergence de tels régimes totalitaires.

Étant donné que des connaissances bien plus spécifiques accompagnées de compétences, d’une force de caractère et de courage sont requis pour s’opposer la pseudo-réalité, cette voie est plus difficile. Elle ne peut, par ailleurs, être empruntée, au moins par une personne, si, et seulement si, une pseudo-réalité idéologique est déjà implantée. Il faut pouvoir montrer au plus grand nombre qu’une telle pseudo-réalité est par essence une fausse réalité, à savoir une fiction pernicieuse. Il est donc nécessaire, pour ce faire, de commencer par exposer et expliquer les distorsions de la réalité, les contradictions de sa paralogie, les maux et les préjudices de sa paramoralité. Ces objectifs nécessitent de consacrer beaucoup de temps et d’efforts à apprendre intentionnellement quelque chose que l’on sait être faux, ce qui dans un certain sens constitue une perte de temps, et qui s’avère donc (si l’on réussit) inutile. Étant donné la nature psychopathique du matériel, faire cet apprentissage est également démoralisant. Même si tout se déroule bien, cette voie n’est pas pour les timorés.

Ce processus sera de plus inconfortable et exigera un énorme courage, celui-là même qui est efficacement érodée et jugulée par la démoralisation idéologique. La paralogie interprétera la dissidence ouverte comme absurde ou extravagante, et la paramoralité la caractérisera comme malveillante — ou motivée par de mauvaises intentions, même si elles sont inconscientes, et qu’elles échappent complètement au dissident. Avoir le courage de supporter ces insultes et calomnies scandaleuses et d’en subir les injustes conséquences sociales constitue par conséquent un prérequis nécessaire pour mettre un terme au totalitarisme. Que la plupart ne choisissent pas cette voie est compréhensible, mais soyez prévenus : plus on attend, plus la situation s’aggrave.

Ceux qui s’attelleront à la tâche doivent être informés, courageux, directs et dotés d’un humour subversif. L’information est nécessaire pour identifier, exposer et expliquer les distorsions de la pseudo-réalité et les juxtaposer à la réalité. Utiliser le concept de non-contradiction, l’outil le plus décisif qui soit contre les pseudo-réalités idéologiques, est également nécessaire. Les pseudo-réalités et leurs structures paralogiques sont toujours en contradiction avec la réalité et avec elles-mêmes, et le fait d’exposer ces contradictions expose leurs mensonges. Il faut être courageux, franc et carré pour croire en soi et en ses valeurs (réelles) et ainsi résister aux attaques paramoralisatrices et à la pression sociale qu’elles engendreront, mais elles inspireront un plus grand nombre de personnes de même sensibilité et redonneront une autorité morale à celles qui en auront été dépossédées par ces distorsions. Le fait d’être subversif et drôle sape la psychopathie et la soif de pouvoir qui caractérisent toute l’entreprise idéologique pseudo-réaliste.

Il est préférable, bien sûr, de résister efficacement et avec suffisamment de connaissances (s’y opposer), mais résister tout court, même par un simple refus de participer à un mensonge évident (le dédaigner), donne aussi des résultats. En effet, le fait de révéler la pseudo-réalité idéologique pour ce qu’elle est — fausse et sans rapport avec la réalité objective — déstabilise la pseudo-réalité et encourage davantage de personnes à s’y opposer et à la refuser. Toutefois, l’approche la plus efficace (et puissante) consiste à révéler à des personnes normales (y compris celles qui sont partiellement piégées) la vraie nature de la pseudo-réalité — psychopathe en essence — et elle octroie un des plus sûrs moyens de sectionner les maillons que sont la paralogie et la paramoralité. En outre, une résistance efficace menée à l’encontre d’une idéologie psychopathique entraînera précisément une réaction psychopathique. Le défi, lancée à ceux qui osent résister à leurs stratagèmes et esquiver leurs pièges et qui deviennent donc la cible de leur colère psychopathique, sera de faire face à de nombreux sympathisants de la pseudo-réalité habituellement considérés comme des amis ou des proches qui choisiront de se dresser contre eux — la neutralité n’existe pas dans la paramoralité. Plus on entre tôt dans l’arène, plus il faut de courage pour mener le combat et plus ce courage devient par conséquent précieux.

Avoir en mémoire le fait que la pseudo-réalité n’est pas réelle, que sa paralogie n’est pas logique et que sa paramoralité n’est pas morale permet de trouver le courage nécessaire de résister. Autrement dit, vous n’êtes pas anormal, elles le sont. Prendre conscience qu’une fois que la pseudo-réalité commence à déplacer la réalité, même si ce n’est que pour un poucentage de la population, la question n’est plus de savoir si les choses vont empirer, mais à quel point elles vont empirer avant que la tempête se déchaîne. La réalité l’emportera toujours, et le désastre [des-astres – NdT] sera proportionnel à la taille du mensonge qui en nous sépare ; agir sans tarder est donc préférable. Il sera possible de mettre encore plus de cœur à l’ouvrage en comprenant que la situation s’aggravera jusqu’au développement d’une véritable résistance, puis, après une transition marquée par des difficultés et des entraves, commencera à s’améliorer. Il est donc temps d’agir maintenant.

La résistance — au sens propre du terme — consiste à redonner à la personne normale l’autorité épistémique et morale nécessaire pour résister aux injonctions illégitimes de l’idéologue qui exige de nous voir participer à une fraude pseudo-réelle. En d’autres termes, la personne normale retrouvera confiance dans la normalité. Personne n’éprouve de honte à résister à une escroquerie, quelle qu’en soit la forme, et cette escroquerie-là est une singularité concrètement observable dès lors que nous sommes confrontés à toute pseudo-réalité idéologique croissante. Sa paralogie et sa paramoralité œuvrent dans le but de nous dépouiller de notre aptitude à déterminer ce qui est vrai et ce qui ne l’est pas, et ce qui est juste et ce qui ne l’est pas. Toutefois, cette aptitude ne fait défaut que lorsqu’elle est sous l’influence des présupposés issus des systèmes paralogique et paramoral intrinsèques à la pseudo-réalité, et elle peut être reconquise par toute personne qui refuse tout simplement de participer au mensonge. Sortez de la pseudo-réalité (prenez la « pilule rouge », comme dépeint dans le film Matrix), et vous verrez la réalité.

Note du traducteur : Si vous lisez cette note, c’est que vous avez eu le courage d’aller jusqu’au bout, et que vous êtes désormais détenteur d’un savoir qui pourrait s’avérer des plus important — particulièrement aujourd’hui — à l’heure où la pseudo-réalité qui nous tente désespérément de s’imposer à tous (quand bien certains s’y opposent) nous donne à ouvertement observer de façon tangible toute l’étendue de son inhumanité et la manière dont elle enfonce ouvertement ses griffes de façon répressive et totalitaire dans tout ce qui constitue ce qu’elle n’est pas : morale et bienveillante.

À propos de l’auteur : Auteur, mathématicien et commentateur politique d’origine étasunienne, le Dr James Lindsay a écrit six livres couvrant un large éventail de sujets, dont la religion, la philosophie des sciences et la théorie du postmodernisme. Il est le fondateur de New Discourses et fait actuellement la promotion de son nouveau livre How to have impossible conversationsComment avoir des conversations impossibles », non traduit en français – NdT].

yogaesoteric
23 juin 2021

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