L’arnica : contre les bleus, l’inflammation et la douleur
Contre les chocs physiques, l’arnica est la plante reine. Hématomes, luxations, entorses… l’arnica a un rôle majeur à jouer du fait de sa triple casquette anti-ecchymose, antalgique et anti-inflammatoire. Pour les chocs psychiques, elle n’est pas en reste non plus. Pourtant, victime de son succès, cette belle fleur jaune se fait de plus en plus rare en Europe. Pour que cette reine ne se retrouve pas déchue, apprenons à l’utiliser à bon escient. Elle nous préserve, alors préservons-la. Découvrez une belle vidéo et les indications thérapeutiques de la plante.
C’est le tabac des Savoyards, l’herbe aux chutes, le quinquina des pauvres, l’herbe à éternuer… L’arnica des montagnes (Arnica montana), très connue des férus d’homéopathie ou des parents d’enfants casse-cou, était jusqu’il y a peu assez répandue sous nos climats. Elle fleurissait notamment en abondance dans les pâturages des Alpes, des Pyrénées et du Massif central, bien qu’un excès de cueillette l’ait peu à peu cantonnée au massif des Vosges, en particulier dans la zone du Markstein.
L’arnica est une plante vivace de la famille des astéracées, qui comprend plusieurs espèces (Arnica montana, Arnica chamissonis, Arnica fulgens, Arnica sororia, Arnica cordifolia) originaires des régions montagneuses de l’Europe et du sud de la Russie mais aussi de l’ouest de l’Amérique du Nord (de l’Alaska au nord du Mexique).
Une plante de plus en plus rare
Ce sont ses sommités fleuries qui concentrent les vertus médicinales de cette plante. En Europe, la plante jouit d’une bonne popularité. De très nombreux produits à base d’arnica y sont proposés dans le commerce, qu’il s’agisse de teintures-mères, d’onguents ou de granules homéopathiques.
Cet engouement, associé à d’autres facteurs socio-économiques (tourisme, développement de l’élevage) a mis en péril l’espèce Arnica montana, au point que l’Allemagne a mis en place une interdiction des cueillettes sauvages à but lucratif et privilégié la culture d’une autre espèce, l’Arnica chamissonis, à laquelle la pharmacopée allemande attribue les mêmes propriétés.
En France, une convention d’exploitation ARNICA a donc été mise en place en 2007, et renouvelée en juin 2016. Sous l’égide des communes concernées, les bonnes pratiques de cueillette des laboratoires pharmaceutiques et les activités des agriculteurs et éleveurs sont coordonnées pour faire coexister intérêts économiques et impératifs écologiques, et permettre la préservation durable de l’espèce.
L’association Plantes & Planète, qui œuvre sans relâche pour la préservation de la biodiversité et des savoirs traditionnels autour des plantes, a produit une très belle VIDEO sur et autour de l’arnica, que nous vous proposons de découvrir ci-dessous :
L’arnica contre les chocs physiques
Si l’arnica est aussi demandée et utilisé aujourd’hui, c’est qu’il recèle des vertus santé indéniables et, pour certaines d’entre elles au moins, connues de longue date. La plus manifeste est son rôle de réparateur antichoc : pour les traumatismes physiques de tous ordres – hématomes, luxation, entorses, dislocations… –, l’arnica a un rôle à jouer du fait de sa double casquette. Il est en effet à la fois anti-ecchymose et antalgique ce qui lui donne un rôle de premier ordre après un choc.
Il joue également un rôle intéressant dans un second temps car il possède des propriétés cicatrisantes, mais aussi anti-inflammatoires, notamment du fait de la présence de lactones sesquiterpéniques comme l’hélénaline. Ainsi, contre les œdèmes, mais aussi sur le temps plus long contre les inflammations articulaires (rhumatismes, arthrite, arthrose), il sera un compagnon de route fidèle en application externe et locale. Son effet de décontracturant et anti-inflammatoire musculaire local se révèle aussi intéressant, car ces contractures ou spasmes musculaires locaux accompagnent souvent les traumatismes physiques.
Recettes
Faire macérer pour compresse : faire macérer quelques heures 2 g de fleurs séchées dans 100 mL d’eau tiède. Appliquer, plusieurs fois par jour, une compresse imbibée.
Onguent: 25 % de teinture ou 15 % d’huile d’arnica dans une crème neutre. Appliquer plusieurs fois par jour. Ne pas appliquer sur les plaies ouvertes.
Huile d’arnica : une partie de plante pour cinq parties d’huile végétale à laisser macérer quelques semaines. Une fois l’huile obtenue, masser plusieurs fois par jour la zone concernée.
L’arnica soigne aussi les chocs psychiques
Mais l’arnica joue également un rôle physiologique et psychologique subtil sous forme diluée. L’usage en interne étant dangereux du fait de la grande toxicité de la plante (voir mises en garde ci-dessous), c’est donc sous forme diluée que l’arnica viendra jouer un rôle d’absorbeur de choc. Après un choc physique (accident, opération chirurgicale, etc.), mais aussi émotionnel, l’arnica vient au secours du corps et en soutien pour le remettre d’aplomb. L’efficacité optimale par voie orale est alors atteinte à des doses faibles, la dimension psychologique prenant le pas sur la dimension physique au fil des dilutions homéopathiques successives.
Les deux dimensions de la plante s’articulent d’ailleurs bien : par exemple dans un essai en double aveugle mené auprès de trente-sept sujets soumis à une chirurgie endoscopique pour le traitement du syndrome du canal carpien, on a traité les patients soit en combinant de l’arnica homéopathique par voie orale à du gel d’arnica en application topique, soit en administrant un placebo. Les patients traités avec l’arnica ont rapporté une diminution significative de la douleur post-opératoire par rapport à ceux du groupe placebo.
Sphères buccale et cardiaque: des vertus moins connues de l’arnica
Ce qu’on sait moins, en revanche, c’est que l’arnica est intéressante pour la sphère buccale et la sphère cardiaque.
À un très faible dosage en interne, l’Arnica montana peut améliorer la fonction cardiaque et la circulation coronarienne, tandis qu’en application externe sous forme de gel il s’est révélé intéressant pour l’insuffisance veineuse, montrant un effet tonifiant veineux et diminuant œdèmes et sensations de jambes lourdes.
Pour ce qui est de la sphère buccale, on reconnaît à l’arnica un intérêt dans les gingivites, les ulcères aphteux, et les inflammations de la gorge. Une teinture-mère diluée est alors utilisée comme bain de bouche et en gargarisme plusieurs fois par jour. Cet usage, comme tout usage interne, est strictement réservé aux adultes.
Etant donné la rareté croissante de la plante, sans doute vaut-il mieux utiliser d’autres plantes à la fois moins précieuses et plus spécifiques pour ces derniers usages. En effet, comme nous y invite très justement Nathalie Frossard, la directrice de l’Association Plante & Planète, posez-vous la question : « Est-ce la plante qui me convient dans cette situation ? Pour l’utiliser à bon escient, il faut faire preuve d’intuition, d’empirisme et de responsabilité. »
C’est à cette condition que nous pourrons continuer à profiter encore longtemps ensemble des vertus de cette plante fascinante.
Mise en garde
Bien que dans le passé la plante ait fait l’objet d’usages internes, notamment en faisant macérer pour le traitement de troubles cardiaques et respiratoires et pour soulager diarrhées et dysenteries, on la considère aujourd’hui comme toxique (hallucinations et troubles digestifs à forte dose, une poignée de fleurs avalée pouvant se révéler fatale). On ne la conseille donc qu’en application externe, à l’exception des produits homéopathiques pour l’usage par voie orale.
yogaesoteric
18 novembre 2018
Also available in: Română