Le sentiment d’auto-efficacité

L’auto-efficacité (ou sentiment d’auto efficacité personnelle) est un concept développé par le psychologue A. Bandura, c’est la croyance en notre capacité à obtenir les résultats que nous désirons. Cette croyance affecte notre manière de penser, de ressentir et d’agir dans le monde. C’est ce qui fait que nous choisissons certains buts à poursuivre, notre manière de les accomplir et le regard que nous portons à notre performance.

L’auto-efficacité faible ou élevée ?

La plupart des gens sont capables de planifier des objectifs ou des changements dans leur vie, pourtant nous savons aussi que mettre nos plans en action n’est pas si simple. Lorsqu’il s’agit de surmonter les difficultés, il existe deux types de personnes :

Les personnes qui ont un faible sentiment d’auto-efficacité :

  • Évitent les tâches difficiles.
  • Croient que les situations et tâches exigeantes sont au-delà de leur capacité.
  • Se concentrent sur leurs échecs passés et ce qui pourrait mal se passer à l’avenir.
  • Perdent rapidement confiance en leurs capacités personnelles et peuvent tomber dans l’impuissance acquise.

Les personnes qui ont un fort sentiment d’auto-efficacité :

  • Développent un grand intérêt dans les activités où elles s’engagent.
  • Ils se sentent responsables et confiants vis-à-vis de leurs actions (locus de contrôle interne).
  • Se remettent plus rapidement des échecs et des déceptions.
  • Perçoivent les problèmes difficiles comme des opportunités d’apprendre.

Une personne avec un haut niveau d’auto-efficacité dans une certaine tâche sera capable de persévérer dans la difficulté. Elle se lancera dans des tâches exigeantes mais réalisables. À l’inverse, une personne avec un faible niveau d’auto-efficacité sera tenté d’éviter ou d’abandonner la tâche en question. Cela sera par exemple, un étudiant qui a une faible auto-efficacité en maths et donc évitera de suivre un cursus avec des cours de maths.

Notre sentiment d’auto-efficacité prend forme durant notre enfance, à travers nos expériences, tâches et situations. Cependant, ce sentiment peut grandir tout au long de notre vie, au fil des compétences que nous développons ainsi que de notre connaissance de nous-même. Selon Bandura, l’auto-efficacité provient de quatre sources :

  1. La maîtrise personnelle

C’est la source principale de notre sentiment d’auto-efficacité. Ce sont tous nos succès ou échecs qui la façonne. Chaque fois que vous relevez un défi et que vous le réussissez alors votre sentiment d’auto-efficacité augmente, tandis que si vous échouez alors celui-ci s’atténue. Cependant, pour les personnes qui ont déjà un bon sentiment d’auto-efficacité les échecs deviennent une source d’enseignement, car cela nous empêche de nous reposer sur nos lauriers et nous poussent à maintenir nos efforts.

Rien ne remplace la pratique lorsqu’il s’agit d’améliorer une performance ou bien d’apprendre une nouvelle compétence. Mais comment peut-on être sûr que pratiquer et acquérir de nouvelles compétences nous permettront d’atteindre les résultats souhaités ?

Cela fonctionne de manière inconsciente, car nous développons la croyance que nous en sommes capables tout simplement. Au fur et à mesure de notre pratique, nous développons cette prophétie auto-réalisatrice. C’est parce que nous croyons être capable d’accomplir les tâches que nous nous sommes fixés, que nous pouvons le faire. Cette croyance peut faire la différence entre un succès et un échec, compte tenu de notre tendance à nous autosaboter.

  1. L’apprentissage social

Être témoin du succès des autres est également une source importante d’auto-efficacité. En observant des personnes similaires à nous réussir par des efforts soutenus, nous poussent à croire que nous avons aussi la capacité d’accomplir les mêmes tâches. Cela se résume à « S’ils ont pu le faire, alors je peux le faire aussi ». À l’inverse, si nous voyons des personnes similaires à nous échouer, alors notre sentiment d’auto-efficacité peut diminuer.

Ces modèles ont un rôle positif dans nos vies s’ils ont un fort sentiment d’auto-efficacité, car nous seront plus susceptibles d’absorber leurs croyances positives en nous-mêmes. Durant l’enfance c’est le cas des parents que nous cherchons à imiter, puis des frères ou sœurs et des autres enfants. Lorsque nous grandissons cela devient nos enseignants, célébrités ou collègues.

Ces modèles sont d’ailleurs particulièrement important lorsque nous ne sommes pas sûr de nous-même. C’est pourquoi il est important de s’entourer de personnes qui peuvent nous montrer la voie à suivre, dans ce que nous voulons devenir.

  1. La persuasion par autrui

D’après Bandura, il est possible de persuader les gens à croire qu’ils ont les compétences et capacités pour réussir. Repensez à un moment où parce que quelqu’un vous a encouragé ou dit des mots positifs, cela vous a permis d’atteindre votre but. Lorsque nous recevons des encouragements des autres, alors nous pouvons ignorer nos doutes et nous concentrer sur notre tâche à accomplir.

L’inverse est aussi vrai, car si certaines personnes vous découragent à accomplir une tâche en particulier cela peut augmenter vos doutes et vous paralyser. Cette source d’auto-efficacité est particulièrement importante durant l’enfance, où les encouragements et les commentaires négatifs auront un impact profond. Bien entendu, il ne s’agit pas non plus d’encourager à tort et à travers, car si la tâche à réaliser est largement au-dessus des compétences de la personne, alors en cas d’échec cela sapera la confiance qu’elle avait en ses capacités.

  1. L’état physiologique et émotionnel

Nos propres actions et réactions émotionnelles dans les situations jouent un rôle important dans l’auto-efficacité. Notre humeur, nos états émotionnels, nos réactions physiques et niveau de stress influencent directement nos capacités à gérer une situation particulière. Par exemple, une personne qui devient extrêmement nerveuse avant de parler en public peut développer un faible sentiment d’efficacité personnelle dans ce contexte.

Cela dit, Bandura indique que ce n’est pas l’intensité des réactions émotionnelles et physiques qui comptent, mais la façon dont nous les percevons et interprétons. Dans l’exemple précédent, avoir des nœuds à l’estomac, les mains moites, des tremblements peuvent être interprétés – par une personne qui a déjà un faible sentiment d’efficacité personnel – comme un signe d’incapacité à gérer la situation, ce qui diminuera d’autant plus son sentiment d’auto-efficacité.

C’est pourquoi il est important de ne pas tomber dans ce cercle vicieux : c’est bien la croyance que les réactions physiologiques et émotionnelles perçues affectent notre capacité à affronter un événement, qui finalement affectent notre auto-efficacité. À l’inverse, pour une personne avec un haut niveau d’auto-efficacité, ces réactions physiologiques seront perçues comme normales ou de l’excitation, donc sans rapport avec les capacités à gérer la situation.

Il a d’ailleurs été constaté que les techniques de gestion du stress et des émotions, peuvent indirectement provoquer des améliorations en terme de performance dans les tâches données, et donc améliorer l’auto-efficacité.

  1. La visualisation

Le chercheur en psychologie James E. Maddux a suggéré qu’il y avait une cinquième source d’auto-efficacité : la visualisation.
Ainsi, lorsque nous nous imaginons agir efficacement ou bien réussir une tâche donnée, alors nous construisons la croyance que le succès est possible.

Cela nous place dans l’état d’esprit adéquat pour atteindre nos objectifs et renforce par là-même notre sentiment d’auto-efficacité. Cette visualisation lorsqu’elle est répétée nous rend plus capable de croire en nous-même. Elle se rapproche d’ailleurs de la préparation mentale que reçoivent les athlètes de haut niveau avant les grandes compétitions.

Les bienfaits de l’auto-efficacité

Les personnes qui disposent d’une auto-efficacité élevée font preuve de résilience toutes les situations, à l’école, au travail, dans les relations ou encore les loisirs. Cela peut être une personne qui vit des difficultés avec sa maladie chronique mais qui reste confiante que sa santé finira par s’améliorer en prenant soin d’elle. C’est aussi un étudiant qui se sent capable d’apprendre et retenir ses cours avant un examen, ou bien un nouvel employé qui sait qu’il pourra assumer ses nouvelles fonctions avec un peu d’effort.

Une auto-efficacité élevée nous permet de mieux gérer notre santé, notre alimentation et nos habitudes saines en général. Par exemple, avec un haut niveau d’auto-efficacité il sera plus simple pour une personne voulant arrêter de fumer, de garder le cap malgré les tentations. Ce sentiment d’auto-efficacité nous permet de voir la vie plus positivement, il est d’ailleurs directement lié à l’optimisme, et nous aide à voir les difficultés comme des défis plutôt que des catastrophes.

Des études récentes montrent d’ailleurs qu’un faible niveau d’auto-efficacité était directement lié aux milieux socio-économiques défavorisés, tandis qu’un sentiment d’auto-efficacité élevé est un bon indicateur d’une future réussite scolaire.

 

yogaesoteric
12 octobre 2022

 

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