Après la profanation du cimetière juif de Quatzenheim, Macron s’engage à légiférer

 

Cette profanation intervient le jour même où une partie des Français ont choisi de descendre dans la rue pour marquer leur opposition à l’antisémitisme.

 
Emmanuel Macron au cimetière juif de Quatzenheim (Bas-Rhin), le 19 février.

Emmanuel Macron s’est engagé le 19 février à agir, légiférer et « punir », à son arrivée au cimetière de Quatzenheim (Bas-Rhin), où plus de quatre-vingts tombes juives ont été profanées, couvertes de croix gammées. « Ceux qui ont fait ça ne sont pas dignes de la République et elle les punira », a déclaré le chef de l’Etat, qui s’est rendu ensuite au Mémorial de la Shoah à Paris et s’est exprimé le jour suivant devant le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif).

« On prendra des actes, on prendra des lois et on punira »,a-t-il ajouté, s’entretenant avec des habitants, consternés. Accompagné du grand rabbin de France, Haïm Korsia, et portant la kippa, il s’est ensuite recueilli devant plusieurs tombes, posant une pierre sur l’une d’elles, « pour que le souvenir ne s’estompe pas ».

Il a dit sa « honte » et sa « détermination » à lutter contre l’antisémitisme. « Ce n’est pas aux juifs de France de se défendre, c’est à la République », a-t-il ajouté. Cette lutte contre l’antisémitisme ne passera cependant pas par une loi punissant l’antisionisme (l’opposition à l’Etat d’Israël), demandée par certains députés de sa majorité et à laquelle le chef de l’Etat s’est dit opposé.

Quatre-vingts tombes profanées

Plus tôt dans la matinée, la préfecture du Bas-Rhin avait annoncé qu’« environ quatre-vingts sépultures du cimetière israélite de Quatzenheim ont été découvertes profanées », marquées à la bombe de croix gammées. Le parquet de Strasbourg a ensuite ouvert une « enquête de flagrance » confiée à la section de recherches de la gendarmerie de la capitale alsacienne.

 
Un gendarme français mène l’enquête dans le cimetière juif de Quatzenheim.

Selon des journalistes de l’Agence France-Presse, les tombes de ce cimetière, installé depuis 1795 à Quatzenheim, un village de 800 habitants, ont été marquées à la bombe de croix gammées bleues et jaunes. Une sépulture porte également l’inscription « Elsassisches Schwarzen Wolfe » (« Les loups noirs alsaciens »), possible référence à un groupe autonomiste actif dans les années 1970.

D’autres croix gammées ont été marquées à la bombe sur le portail d’une maison, en lisière du cimetière, et sur le mur d’enceinte.

« Ecœurement »

Outre M. Macron, d’autres personnalités politiques n’ont pas tardé à exprimer leur rejet de l’antisémitisme. « Indignation et écœurement. Ces actes répugnants sont une injure à la mémoire de notre pays. Aux valeurs qui ont forgé l’âme de notre peuple. Tout sera mis en œuvre pour qu’ils ne restent [pas] impunis », a tweeté le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner.

Le président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand, a quant à lui condamné solennellement une profanation « ignoble ». « Une fois de plus, une fois de trop, des inscriptions rappelant les heures les plus sombres de notre histoire sont venues souiller notre mémoire collective », a-t-il ajouté. De son côté, le président du Sénat, Gérard Larcher, a appelé dans un tweet à « ne plus reculer, ne plus céder », à quelques heures d’une mobilisation en France.

L’indignation est particulièrement vive parmi les élus de la région. « Notre union sera toujours plus forte que leur haine », a écrit la sénatrice du Bas-Rhin (Agir) Fabienne Keller, ancienne maire de Strasbourg. Député LRM et ancien maire de Quatzenheim, Sylvain Waserman a exprimé sur BFMTV sa « colère » et sa « tristesse », d’autant que les relations entre les communautés ont « été remarquables » et « toujours harmonieuses » dans ce village.

« Je ne sais pas combien de temps on va tenir »

La dernière profanation d’un cimetière juif en Alsace avait été découverte le jour même de l’attentat djihadiste contre le marché de Noël de Strasbourg, le 11 décembre, à Herrlisheim, commune de 5.000 habitants située au nord-est de Strasbourg. Trente-sept stèles, ainsi que le monument des martyrs de la Shoah, avaient été recouvertes de graffitis antisémites.

« Ça ne s’arrête plus, c’est secousse après secousse. Je ne sais combien de temps on va tenir (…) J’ai envie de vomir », a déclaré à l’AFP Maurice Dahan, président du Consistoire israélite du Bas-Rhin. Une crainte entendue par le ministre israélien de l’immigration, Yoav Gallant, qui a appelé sur Twitter les juifs à émigrer pour l’Etat hébreu : « Je condamne vigoureusement l’antisémitisme en France et en appelle aux juifs : rentrez à la maison, immigrez en Israël. »

Alors que les actes antisémites connaissent une forte hausse, des rassemblements se sont tenu partout en France, notamment place de la République, à Paris. Le Premier ministre, Édouard Philippe, et plus de la moitié du gouvernement, ainsi que de nombreux représentants de la classe politique, ont participé aux rassemblements, à Paris ou en province. Richard Ferrand a rappelé dans la journée que les travaux de l’Assemblée nationale ont été « exceptionnellement » suspendus à 18h30 pour permettre aux députés de participer au rassemblement contre l’antisémitisme, sous les applaudissements debout des députés et du gouvernement.

 

yogaesoteric
18 mai 2019

 

Also available in: Română

Leave A Reply

Your email address will not be published.

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.

This website uses cookies to improve your experience. We'll assume you're ok with this, but you can opt-out if you wish. Accept Read More