La règle des 20-20-20. Comment protéger ses yeux des écrans
Et si l’humanité perdait la vue ?
Heu non, pas celle-là.
Bon, on n’en est pas encore là. Mais quand même : aujourd’hui, 70 % des Français de plus de 20 ans portent des lunettes. Parce que c’est devenu cool ?
Pas vraiment. En fait, c’est surtout qu’ils n’ont pas le choix : selon le Syndicat national des ophtalmologistes, 40 % de la population européenne serait myope. C’est deux fois plus qu’en 1970. La faute à un manque de lumière naturelle… et aux écrans.
Pour elle, c’est surtout la lumière.
Bah oui : face aux écrans, nos yeux prennent cher. Cette fatigue oculaire, c’est un truc qu’on connaît tous et que les scientifiques ont baptisé « computer vision syndrome » – ou syndrome de la vision artificielle en français.
Le syndrome de la vision artificielle
La raison ? Quand on fixe un écran, on cligne moins souvent des yeux. Et sans larmes, les yeux sèchent et s’irritent.
C’est la sécu qui va être contente.
Mais ce n’est pas tout… Cette fatigue est surtout la conséquence de ce qu’on appelle le phénomène d’accommodation : pour voir net, les muscles des yeux s’adaptent en permanence. Et sur un écran, ces muscles sont particulièrement sollicités.
Normal : une telle quantité d’informations, de nuances et de contrastes au pixel carré, dans l’évolution, ils n’y ont pas trop été habitués. Alors… ça les crève.
Et c’est là qu’intervient Jeffrey Anshel, un ophtalmo américain.
La règle des 20-20-20
Dans les années 1990, Jeffrey observe un truc plutôt inquiétant. Parmi ses patients, de plus en plus de trentenaires qui travaillent sur ordi… deviennent myopes.
Il imagine alors une règle hyper simple à appliquer au bureau : toutes les 20 minutes, quitter des yeux son écran et regarder à plus de 6 mètres (20 pieds) pendant au moins 20 secondes. Et là, bingo ! L’épidémie s’arrête.
La règle des 20-20-20.
Cette règle, c’est celle des 20-20-20. Et pour vraiment la pratiquer, on vous suggère deux app : TimeOut sur Mac et Workrave sur Windows.
Ça vous évitera de devenir bigleux. Parce que oui, des yeux, on n’en a que deux.
L’Asie frappée par une mystérieuse épidémie de myopie
L’Asie est le continent où il y a le plus de myopes. A tel point que l’on parle là-bas d’une « épidémie de myopie ».
C’est une étude de 2012, réalisée par un chercheur australien, Ian Morgan, qui a révélé l’épidémie de myopie en Asie. Près de neuf jeunes Asiatiques sur dix en fin d’études souffrent de myopie. Et pour deux sur dix d’entre eux, il s’agit d’une myopie très sévère qui peut conduire à la cécité.
Cette épidémie de myopie ne concerne pas tous les pays d’Asie. Elle concerne surtout les jeunes vivant dans des zones urbaines dans les pays les plus développés d’Asie : le Japon, la Corée, Taïwan, ou la Chine.
En cause : les facteurs environnementaux
Cette étude apporte de nouvelles réponses. Auparavant, les chercheurs pensaient que cette explosion de myopie relevait surtout de facteurs génétiques. Ian Morgan, lui, montre avec son étude qu’on est loin du tout génétique et que les facteurs environnementaux jouent un rôle important. Ces facteurs environnementaux sont toutes les habitudes de vie des jeunes Asiatiques des pays concernés.
Par exemple, leur système éducatif est tellement strict que les enfants passent leur temps le nez dans leurs livres et/ou sur les écrans. De ce fait, ils forcent sur leur vue de près et la myopie augmente. De plus, en raison de cette pression scolaire, les jeunes sortent très peu dehors et ne voient plus la lumière du jour. Or, la lumière naturelle est nécessaire au bon développement de l’oeil et cela a été prouvé par plusieurs études.
L’Asie à la pointe des traitements de la myopie
La contrepartie positive de cette histoire est que l’Asie est à la pointe des traitements de la myopie. Dans les pays frappés par cette épidémie de myopie, tout est fait pour ralentir la progression de la maladie. Il y a par exemple les lentilles portées très tôt par les enfants, et les lentilles de nuit qui freineraient l’aggravation de la myopie.
Autre technique généralisée : l’atropine en goutte, un médicament administré en collyre. En Europe, les autorités sont encore un peu frileuses sur ce traitement car des effets secondaires comme la photosensibilité inquiètent les médecins. Pour cette raison, ce traitement n’est administré qu’à l’hôpital.
Les comportements des enfants à l’école évoluent également. Certains gouvernements sont même intervenus pour changer les habitudes des élèves. Taïwan a par exemple décidé de réaménager les salles de classe pour faire entrer plus de lumière. On pratique aussi la gym des yeux pendant la classe. En Chine, pour empêcher les enfants de coller leur nez à leurs cahiers quand ils lisent ou écrivent, les élèves sont obligés de poser leur tête sur une barre fixée à leur bureau !
yogaesoteric
28 septembre 2019
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