Jeûne intermittent : vivre plus vite et plus longtemps ?
Une équipe de la Johns Hopkins Medicine a réaffirmé les avantages du jeûne intermittent en le début d’année : le bon moment pour adopter de nouvelles habitudes de mode de vie favorables à la santé, rappellent ces chercheurs en nutrition. Cet article de synthèse de la littérature, publié dans le New England Journal of Medicine, recommande le jeûne intermittent pour ses multiples bénéfices, cognitifs, cardiovasculaires, de forme physique, de prévention contre le diabète et l’obésité et enfin, en faveur de la santé cellulaire et « tissulaire ».
Les auteurs, des experts du jeûne, ont étudié l’impact du jeûne intermittent pendant 25 ans et l’ont eux-mêmes adopté il y a plus de 20 ans : « le jeûne intermittent peut faire partie des principes d’un mode de vie sain », écrit le Dr Mattson, professeur de neurosciences à l’Université Johns Hopkins, qui souhaite ici « guider les médecins » dans leurs recommandations.
Les régimes à base de jeûne intermittent sont de 2 types :
• l’alimentation quotidienne à durée limitée ou sur une plage de temps restreinte de 6-8 heures,
• le jeûne intermittent 5: 2, qui suppose de se limiter à une alimentation restreinte 2 jours par semaine.
Les multiples bénéfices de la commutation métabolique
De précédentes études animales et chez l’homme ont montré que l’alternance entre les périodes de jeûne et d’alimentation favorise la santé cellulaire, probablement en déclenchant une adaptation « séculaire » aux périodes de pénurie alimentaire appelée « commutation métabolique ». Lors de cette adaptation, les cellules utilisent leurs réserves de sucre rapidement accessibles et « se mettent » à convertir les graisses en énergie dans un processus métabolique plus lent.
Vs l’inflammation : la commutation métabolique améliore la régulation de la glycémie, augmente la résistance au stress et supprime l’inflammation. Ainsi, le régime occidental, qui comprend chaque jour 3 repas et des collations complémentaires, ne permet pas d’obtenir ces différents avantages ;
Vs l’HTA : le jeûne intermittent permet de réduire la pression artérielle, les taux de lipides sanguins et la fréquence cardiaque au repos, selon 4 études menées chez l’homme et chez l’animal ;
Vs les troubles métaboliques : le jeûne intermittent modifie certains facteurs de risque associés à l’obésité et au diabète : 2 études menées à l’hôpital universitaire de South Manchester auprès de 100 femmes en surpoids ont montré que les participantes qui ont suivi le régime 5:2 ont atteint la même perte de poids que les participantes qui ont suivi un régime de restriction alimentaire, mais obtiennent de meilleurs scores de sensibilité à l’insuline et une meilleure réduction de la graisse abdominale.
Vs la neurodégénérescence : le jeûne intermittent peut également être bénéfique à la santé du cerveau, suggèrent des études préliminaires. Un essai clinique multicentrique mené à l’Université de Toronto auprès de 220 adultes non obèses en bonne santé, qui ont suivi un régime hypocalorique pendant 2 ans montre, via des tests cognitifs, une amélioration de la mémoire. Les auteurs appellent donc à plus de recherches sur les effets possibles du jeûne intermittent sur l’apprentissage et la mémoire ; car le jeûne ou un équivalent pharmaceutique qui l’imite pourraient être la base de nouvelles interventions pouvant empêcher la neurodégénérescence et la démence.
Le jeûne intermittent, un sujet à traiter dans les études de médecine ?
Les auteurs suggèrent en effet l’étude des effets thérapeutiques du jeûne intermittent-qui devrait faire partie des conseils nutritionnels possibles du médecin à ses patients, dans le cadre d’un mode de vie sain comportant une alimentation adaptée et la pratique de l’exercice. Aujourd’hui, les chercheurs et les médecins ne comprennent pas complètement les mécanismes de la commutation métabolique et de nombreux patients ont des réticences à adhérer aux régimes basés sur une forme de jeûne. Enfin, il faut du temps pour que le corps s’adapte au jeûne intermittent.
yogaesoteric
26 octobre 2020