Varoufakis le malin démasqué par Eric Toussaint

L’ignoble Yanis Varoufakis que les médias occidentaux présentent depuis 2015 comme un rebelle décravaté, briseur de tabous et gauchiste radical n’a toujours été qu’une baudruche infatuée, une starlette superficielle amoureuse des micros et des caméras. Sa promesse de détruire les bases sur lesquelles s’appuyait l’oligarchie grecque profiteuse, solennellement prononcée devant le journaliste Paul Mason, ses pleurnicheries face à son « échec » et à l’égoïsme des Allemands et de l’Eurogroupe dans les colonnes du Monde Diplomatique de l’été 2015, tout a concouru, à l’époque, à faire de lui l’un des plus mauvais grimaciers de la scène politique européenne de ce siècle. Mais il fallait aller plus loin dans de dépècement de cette âme vouée à toutes les reptations. Celui qui s’était présenté à l’époque comme un erratic marxist avouant ainsi, mais seulement à moitié, la corruption qui lui rongeait le bulbe, est aujourd’hui totalement mis à nu et pour tout dire éviscéré par le scalpel d’Eric Toussaint qui lui a consacré une série d’articles dont le dernier paru – le sixième – s’intitule « Dès le début, Varoufakis-Tsipras mettent en pratique une orientation vouée à l’échec ».

 

Pour ceux qui n’auraient pas lu cette prose salutaire débroussaillée de croyances et de niaiseries, voici un extrait parlant qui leur donnera envie d’en savoir plus.

« Le programme de Thessalonique, présenté en septembre 2014, promettait de mettre fin au second mémorandum et de le remplacer par un plan de reconstruction nationale, d’obtenir un effacement de la plus grande partie de la dette publique, de rompre avec l’austérité, de rendre au peuple grec la jouissance d’une série de droits sociaux, de rétablir largement les salaires et les retraites dans l’état préexistant au mémorandum de 2010, de mettre fin aux privatisations, de prendre le contrôle des banques, de créer une banque publique de développement, de réduire les dettes des ménages à bas revenus à l’égard de l’État et des banques privées, de créer 300.000 emplois, de faire revivre la démocratie (voir l’Encadré : Extraits du programme de Thessalonique). »

Varoufakis était opposé à ce programme et le déclare haut et fort dans son livre. Se rapportant à septembre 2014, il écrit : « Alexis avait présenté les grandes lignes de la politique économique de Syriza dans un discours à Thessalonique. Surpris, je me suis procuré le texte et je l’ai lu. Une vague de nausée et d’indignation m’a submergé. Je me suis tout de suite mis au boulot. Moins d’une demi-heure plus tard, j’avais un article que le Premier ministre Samaras utiliserait pour fustiger Syriza devant le Parlement : “ Même Varoufakis, votre gourou économique, estime que vos promesses sont bidon. » Et elles l’étaient. (…) Le programme était tellement bancal que je n’ai même pas pris la peine de le critiquer point par point. »

Varoufakis, un traître ordinaire qu’on a vu se promener bras dessus bras dessous avec le radical Mélenchon, trop fier d’être photographié à côté de ce nouvel Hercule promis à toutes les écuries d’Augias, à côté de ce tigre de papier à qui le Monde Diplomatique a ouvert ses colonnes, à côté de ce ministricule d’un jour déboutonné toujours à qui Les liens qui libèrent ont tendu une plume trempée dans l’encre sucrée des boniments. De quoi faire se délecter les clients de cafés, éternels cocus en terrasse d’un grand soir qui ne passera pas par eux parce qu’ils ne cherchent que le confort et ont opté, du fond du coeur, pour un capitalisme à visage « humain », pour une société de consommation expurgée d’excès trop visibles et rendue, de ce fait, supportable.
 
 

yogaesoteric

10 juin 2018

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