La Déclaration de Paris : une Europe en laquelle nous pouvons croire (2)

 

Lisez la première partie de cet article 


La fausse Europe est fragile et impuissante.

20. L’hubris de cette fausse Europe devient de plus en plus évidente, en dépit des grands efforts déployés par ses partisans pour entretenir de confortables illusions. Par-dessus tout, cette fausse Europe est beaucoup plus faible que nous tous l’avions espéré. Le divertissement populaire et la consommation matérielle ne peuvent pas entretenir la vie civique. Privés d’idéaux supérieurs et découragés par l’idéologie multiculturaliste d’exprimer une fierté patriotique, nos sociétés rencontrent suscitent difficilement la volonté de se défendre. De plus, une rhétorique inclusive et un système économique impersonnel, dominé par des grandes firmes internationales, ne saurait renouveler la confiance civique et la cohésion sociale. Il faut le dire franchement : les sociétés européennes résistent mal. Il suffit d’ouvrir les yeux pour observer une utilisation inédite de la puissance étatique, d’ingénierie sociale et d’endoctrinement dans le système éducatif. Ce n’est pas uniquement la terreur islamique qui jette des soldats lourdement armés dans nos rues. La police anti-émeute est désormais nécessaire pour réprimer des groupes protestataires et même gérer des foules enivrées des supporteurs de football. Le fanatisme des supporters de nos équipes de football est un signe désespéré du besoin humain profond de solidarité, un besoin qui autrement demeure inassouvi dans cette fausse Europe.

Une culture du déni de soi s’est installée.

21. Les classes intellectuelles européennes sont, hélas, parmi les premiers partisans de la vanité de cette fausse Europe. Les universités sont, sans aucun doute, une des gloires de la civilisation européenne. Là où jadis, ils cherchaient à transmettre à chaque nouvelle génération la sagesse des siècles passés, aujourd’hui, trop souvent les intellectuels associent la pensée critique à un rejet simpliste du passé. Un point de repère essentiel de la pensée européenne a été la rigoureuse discipline de l’honnêteté intellectuelle et la recherche de l’objectivité. Cependant, au cours de deux dernières générations, ce noble idéal a été transformé. L’ascétisme qui naguère visait à libérer l’esprit de la tyrannie de l’opinion dominante est devenu un conformisme irréfléchi suscitant de l’animosité envers tout ce qui est nôtre. Cette position de rejet culturel permet sans trop de risque et de difficulté d’être « critique ». Au cours de la dernière génération, elle a été répétée dans les amphithéâtres, au point de devenir une doctrine, un dogme. Professer ce nouveau credo représente un signe d’élévation spirituelle, et permet d’être accueilli au sein des esprits « éclairés ». Nos universités sont devenues des acteurs moteurs de destruction culturelle.

Les élites arrogantes font étalage de leur vertu.

22. Nos classes dirigeantes élargissent les droits humains. Elles combattent le changement climatique. Elles conçoivent un marché économique global intégré et harmonisent les politiques fiscales. Elles surveillent les progrès en vue d’une meilleure égalité des genres. Elles font tant de choses pour nous ! Qu’importe-t-il les mécanismes par lesquels elles agissent ? Qu’importe-t-il si les peuples européens deviennent de plus en plus sceptiques devant leur administration ?

Une alternative est possible.

23. Ce scepticisme grandissant est pleinement justifié. Aujourd’hui, l’Europe est dominée par un matérialisme sans but qui semble incapable de motiver les hommes et les femmes à fonder des familles. Une culture du rejet prive les prochaines générations du sentiment de leur identité. Certains de nos pays ont des régions dans lesquels les musulmans vivent dans une autonomie informelle vis-à-vis des lois locales, comme s’ils étaient des colons plutôt que des membres frères de nos nations. L’individualisme nous isole les uns des autres. La mondialisation transforme les perspectives d’avenir de millions de personnes. Quand ces perspectives sont remises en question, nos classes gouvernantes affirment qu’elles font leur possible pour s’adapter à l’inévitable, s’ajuster à des nécessités implacables. Il n’y a pas d’autres possibilités et résister serait irrationnel ! Ceux qui s’opposent à cette fatalité sont dénoncés pour crime de nostalgie, méritant l’anathème de racistes ou fascistes. Alors que les divisions sociales et le manque de confiance dans les institutions deviennent de plus en plus visibles, la vie politique européenne apparaît toujours plus marquée par la colère et la rancœur, et personne ne sait où cela mènera. Nous ne devons pas continuer sur cette route. Nous devons rejeter la tyrannie de la fausse Europe. Une alternative est possible.

Nous devons repousser une pseudo-religion.

24. Travailler en vue du renouveau exige de partir d’une connaissance de soi théologique. L’universalisme et les prétentions universalistes de cette fausse Europe se révèlent être les ersatz d’une entreprise religieuse, dotée de son propre credo et de ses anathèmes. C’est un opium puissant qui paralyse l’Europe en tant que corps politique. Nous devons insister sur le fait que les aspirations religieuses sont proprement du domaine de la religion et pas de celui de la politique, encore moins celui de l’administration bureaucratique. Afin de retrouver notre capacité d’action politique et historique, il est impératif de re-laïciser la vie publique européenne.

Nous devons restaurer un libéralisme véritable.

25. Cela exige de notre part un renoncement au langage mensonger qui évite la responsabilité et encourage la manipulation idéologique. Les discours à propos de la diversité, l’inclusion et le multiculturalisme sont vides. Souvent, un tel langage est déployé de manière à faire passer des échecs pour des réussites : l’effilochement de la solidarité sociale serait, « en fait », un signe d’accueil, de tolérance et d’inclusion. Cela relève du discours marketing, un langage qui vise à obscurcir plutôt qu’à éclairer la réalité. Nous devons retrouver un respect permanent de la réalité. Le langage est un instrument délicat, et avili dès lors qu’il est utilisé comme une matraque. Nous devrions être les partisans de la décence du langage. Le recours à la dénonciation est le signe de la décadence de la période contemporaine. Nous ne devons pas accepter d’être intimidés verbalement, encore moins par des menaces de mort. Nous devons protéger ceux qui parlent raisonnablement, même si nous pensons qu’ils se trompent. L’avenir de l’Europe devra être libéral dans sa meilleure signification : être attaché à un débat public solide, délivré de tous risques de violence et de coercition.

Nous avons besoin d’hommes d’Etat responsables.

26. Briser le sort de la fausse Europe et de sa pseudo-religieuse croisade utopique pour un monde sans frontières, signifie encourager un nouveau sens politique et un nouveau type d’homme d’Etat. Un bon chef politique régit le bien public d’un peuple particulier. Un bon chef d’Etat considère notre héritage européen partagé et nos traditions nationales particulières comme magnifiques et vivifiantes, mais aussi comme des dons fragiles. Il ne rejette pas cet héritage et ne tente pas de le perdre en poursuivant des rêves utopiques. De tels chefs recherchent les honneurs décernés par leur peuple, ils ne recherchent pas l’approbation de la « communauté internationale », qui correspond en réalité à un instrument de relations publiques pour une oligarchie.

Nous devons renouveler l’unité nationale et la solidarité.

27. Reconnaissant le caractère particulier des nations européennes, et leur marque chrétienne, nous ne devons pas être mis en difficulté par les fausses affirmations des multiculturalistes. Une immigration sans assimilation est une colonisation, et celle-ci doit être rejetée. Nous attendons justement de ceux qui migrent vers nos terres qu’ils s’incorporent à nos nations en adoptant nos mœurs. Cette attente doit être soutenue par des politiques consistantes. Le langage du multiculturalisme a été importé d’Amérique. Cependant, la grande période d’immigration vers les Etats-Unis s’arrêta au début du XXème siècle, en une période de croissance économique rapide et remarquable, dans un pays n’ayant virtuellement pas d’Etat-providence, doté d’un sens très prononcé de l’identité nationale à laquelle les immigrés étaient tenus de s’assimiler. Après avoir laissé entrer un nombre considérable d’immigrants, l’Amérique ferma presque complètement ses portes durant près de deux générations. L’Europe devrait apprendre de l’expérience américaine plutôt que d’adopter des idéologies étatsuniennes contemporaines. Cette expérience souligne le fait que le travail est un puissant moteur d’assimilation, qu’une politique sociale généreuse peut empêcher l’assimilation, et qu’une politique prudente peut obliger à réduire l’immigration, parfois drastiquement. Nous ne devons pas permettre à l’idéologie multiculturaliste de déformer nos jugements politiques sur la meilleure manière de servir le bien commun ; lequel exige pour commencer une communauté nationale assez unitaire et solidaire pour voir son bien comme commun !

Seuls les empires sont multiculturels.

28. Après la deuxième guerre mondiale, l’Europe de l’ouest a cultivé des démocraties entreprenantes. Après l’effondrement de l’Union soviétique, les nations d’Europe centrale ont restauré la vitalité de leurs institutions civiques. Celles-ci font partie des plus précieuses prouesses de l’Europe. Elles seront perdues si nous ne traitons pas la question de l’immigration et du changement démographique de nos nations. Seuls les empires sont multiculturels, ce que deviendra l’Union européenne si nous échouons à faire du renouvellement de la solidarité et de l’unité civique les critères à partir desquels nous évaluerons les politiques d’immigration et les stratégies d’assimilation.

De saines hiérarchies contribuent au bien-être social.

29. Beaucoup se trompent en pensant que l’Europe n’est agitée que par des controverses à propos de l’immigration. En vérité, ce débat n’est qu’une dimension d’un délitement social général. Nous devons reconnaître en général la dignité de rôles particuliers dans la société. Les parents, instituteurs et professeurs ont un devoir de former ceux qui se trouvent sous leur responsabilité. Nous devons résister au culte d’une expertise obtenu au détriment de la sagesse, du tact, de la quête d’une vie cultivée. Il ne peut y avoir de renouveau de l’Europe sans rejet déterminé d’un égalitarisme exagéré et d’une réduction de la sagesse au savoir technique. Nous approuvons les réussites politiques de l’ère moderne. Chaque homme et femme doit avoir un vote égal. Les droits fondamentaux doivent être protégés. Cependant une démocratie saine requiert des hiérarchies sociales et culturelles qui encouragent la quête de l’excellence et qui honorent ceux qui servent le bien commun. Nous devons restaurer un sentiment de grandeur spirituelle et l’honorer selon ce qui lui est dû, afin que notre civilisation réponde au pouvoir grandissant de la seule richesse d’un côté et du divertissement vulgaire de l’autre.

Nous devons restaurer notre culture morale.

30. La dignité humaine est bien plus que le droit de ne pas être inquiété, et les doctrines internationales des droits de l’homme n’épuisent pas les revendications de justice, encore moins celles du bien. L’Europe doit retrouver un nouveau consensus à propos de la culture morale afin que les populations soient guidées vers une vie plus vertueuse. Nous ne devons pas permettre à une fausse conception de la liberté d’empêcher l’usage prudent de la loi pour prévenir le vice. Nous devons être indulgents devant la faiblesse humaine, mais l’Europe ne peut s’épanouir sans la restauration d’une aspiration commune vers une conduite élevée et vers l’excellence. Une culture qui promeut la dignité découle de la décence et de l’accomplissement des devoirs de chacun selon sa place. Nous devons renouveler le respect mutuel entre les classes sociales, caractéristique d’une société qui valorise les contributions de tous.

Les marchés doivent être ordonnés en vue de finalités sociales.

31. Alors que nous reconnaissons les aspects positifs de l’économie de marché, nous devons résister aux idéologies qui cherchent à organiser toute la société à partir de la logique du marché. Nous ne pouvons pas permettre que tout soit à vendre. Des marchés prospères requièrent l’Etat de droit, celui-ci devant viser plus haut que la simple efficacité économique. Les marchés fonctionnent bien lorsqu’ils sont enracinés dans des institutions sociales robustes organisées selon leurs propres principes, qui ne relèvent pas de la logique de marché. La prospérité économique, bien qu’elle soit bénéfique, ne correspond pas au plus haut degré du bien. Les marchés doivent être orientés en vue de finalités sociales. Aujourd’hui, le gigantisme des entreprises menace même la souveraineté politique. Les nations ont besoin de coopérer et de maîtriser l’arrogance et l’indifférence des forces économiques globales. Nous soutenons l’usage prudent de la puissance gouvernementale pour poursuivre des biens sociaux non-économiques.

L’éducation doit être réformée.

32. Nous croyons que l’Europe a une histoire et une culture dignes d’être entretenues. Nos universités, cependant, bien trop souvent trahissent notre héritage culturel. Nous devons réformer les programmes éducatifs pour encourager la transmission de notre culture commune plutôt que d’endoctriner les plus jeunes à une culture du rejet de soi. Les professeurs et les tuteurs à tous les niveaux ont un devoir de mémoire. Ils devraient être fiers de leur rôle de pont entre les générations du passé et les générations à venir. Nous devons renouveler la culture d’élite de l’Europe en définissant le sublime et le beau comme notre étalon commun, en rejetant la dégradation des arts dans une forme de propagande politique. Ceci va nécessiter une nouvelle génération de mécènes. Les entreprises et les bureaucraties se sont montrées de mauvais gestionnaires des arts.

Le mariage et les familles sont essentiels.

33. Le mariage est le fondement de la société civile et constitue la base de l’harmonie entre les hommes et les femmes. C’est un lien intime organisé autour de l’entretien d’un foyer durable et l’éducation des enfants. Nous affirmons que nos rôles les plus fondamentaux en société en tant qu’êtres humains sont ceux de pères et mères. Le mariage et les enfants sont intrinsèquement liés à toute conception de l’épanouissement de l’être humain. Les enfants requièrent le sacrifice de ceux qui les font venir au monde. Ce sacrifice est noble et doit être honoré. Nous soutenons les prudentes politiques sociales qui encouragent et renforcent le mariage, les naissances et l’éducation des enfants. Une société qui échoue dans l’accueil de ses propres enfants n’a pas d’avenir.

Le populisme doit être interrogé.

34. L’anxiété augmente en Europe aujourd’hui face à la montée de ce qui est appelé le « populisme ». Alors que ce terme n’est jamais vraiment défini, il est utilisé comme une invective. Nous avons nos doutes par rapport à ce phénomène. L’Europe doit faire appel à la sagesse de ses traditions plutôt que de compter sur des slogans ou des appels émotifs à la division. Cependant nous considérons que ce phénomène peut représenter une saine rébellion contre la tyrannie de la fausse Europe, qui étiquète comme « anti-démocratique » toute menace à son monopole de légitimité morale. Le dénommé « populisme » questionne la dictature du statu quo, le « fanatisme du centre », et le fait légitimement. C’est un signe que même au milieu de notre culture politique dégradée et appauvrie, la capacité d’action historique des peuples européens peut renaître.

Notre avenir est celui de l’Europe véritable.

35. Nous rejetons comme simpliste l’affirmation selon laquelle il n’y a pas d’alternative responsable à la solidarité artificielle et sans âme d’un marché unifié, à une bureaucratie transnationale, à la société du divertissement. Le pain et les jeux ne suffisent pas. L’alternative responsable est l’Europe véritable.

Nous devons prendre nos responsabilités.

36. Aujourd’hui, nous demandons à tous les Européens de nous rejoindre pour rejeter l’utopie fantaisiste d’un monde multiculturel sans frontières. Nous aimons dans une juste mesure nos patries et nous cherchons à transmettre à nos enfants toutes les nobles choses que nous avons reçues en patrimoine. Comme Européens, nous partageons aussi un héritage commun, un héritage exigeant la paix de l’Europe des nations. Renouvelons la souveraineté nationale, retrouvons la dignité d’une responsabilité politique commune pour le bien et l’avenir de l’Europe.

 

yogaesoteric
26 novembre 2018

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