La guerre contre l’Esprit (1)

Les hommes font généralement deux erreurs : ils appliquent souvent le mot guerre aux conflits conventionnels (guerres entre nations, ou à l’intérieur d’une nation : la guerre civile), et négligent une autre forme de guerre : la guerre psychologique, celle faite à l’esprit.

 

Ils font la même erreur concernant le mot persécution : celle-ci est souvent assimilée à des pressions d’ordre physique, voire sanglantes, en oubliant qu’il existe un autre type de persécution : celle de la pensée et de l’âme.

A la fin des temps, nous savons que le démon sera déchaîné ; nous savons aussi qu’il aura les moyens de ses ambitions, car il parviendra à la puissance absolue, celle de la bête décrite en Apocalypse 13 ; et nous savons enfin qu’il utilisera toutes les formes de guerres à sa disposition, y compris les guerres psychologiques et spirituelles.

Or c’est par ce biais-là qu’il remportera la partie. Quand tous les types de guerres auront été réunies sur une même durée (ses fameux cent ans) et concentrées sur le peuple de Dieu, les baptisés. Aux guerres conventionnelles entre nations, il ajoutera les guerres civiles, les persécutions religieuses visibles, les révolutions, les épidémies, les famines, et bien entendu les guerres psychologiques et spirituelles les plus abouties. A l’échelon mondial, nous avons là toute l’histoire du XXème siècle. On va se concentrer sur la guerre contre l’esprit, la plus terrible car la moins visible en apparence mais la plus dangereuse de toutes.

Dans le Traité du Saint-Esprit, Mgr Gaume explique cette nécessité pour Satan de contrôler l’âme car « le corps est sous la puissance de l’âme » ; par conséquent Satan va exiger le sacrifice de l’âme : « Dépouiller l’âme de sa beauté native en la dépouillant de sa sainteté, c’est à dire effacer en elle jusqu’aux derniers vestiges de ressemblance avec Dieu, afin qu’au sortir de la vie elle devienne la victime éternelle de son corrupteur : tel est le but du roi de la cité du mal ».

Il convient d’abord de préciser qu’il s’agit de deux guerres distinctes qui au final n’en font qu’une :

1) La guerre contre l’esprit, c’est à dire contre la pensée, afin d’influencer ou de modifier ce que nous avons dans la tête. Il s’agit ici de s’attaquer à la dimension intellectuelle de l’homme.

2) La guerre contre le Saint-Esprit : nous sommes des êtres reliés à Dieu par le baptême et l’état de grâce, qui transforme les hommes (appelés dorénavant enfants de Dieu, une fois baptisés) en « temples du Saint-Esprit » selon la formulation de saint Paul. Il s’agira ici de supprimer ce lien en s’attaquant à la dimension spirituelle de l’homme, à son âme.

La clé de compréhension de cette guerre a été donnée par saint Paul en Galates 5 : vivre selon la chair ou vivre selon l’esprit.

Il faut savoir que ces deux notions ne s’invalident pas l’une et l’autre : vivre selon la chair n’exclut pas une vie spirituelle, et vivre selon l’esprit n’interdit pas de satisfaire aux besoins de la chair. Non, c’est une question de priorité : est-ce qu’on se laisse conduire par une vie dominée par la chair ou bien est-ce que sa vie est dominée par le Saint-Esprit ? Il ne s’agit pas là de distinguer ceux qui ont une pratique religieuse des autres, mais bien d’un état d’esprit, d’un choix de vie mais aussi de mentalité.

Ce qui rejoint l’avertissement donné par Jésus-Christ : « Ne craignez pas ceux qui tuent le corps et qui ne peuvent tuer l’âme; craignez plutôt celui qui peut faire périr l’âme et le corps dans la géhenne. » (Matthieu 10:28).

C’est pourquoi la guerre contre l’esprit est double : si on arrive à faire changer de mentalité les hommes, d’inverser leur état d’esprit, on influe alors sur leur cerveau (ce qu’ils pensent) et du même coup on les éloignera de la vie spirituelle qui procure le salut de l’âme. Car la vie selon la chair tue l’âme. Dit autrement, si l’homme donne la préférence à la vie selon la chair, c’est à dire à la jouissance des biens matériels, au bien-être physique et psychique, et à la vie temporelle d’une façon générale, son âme courra un grave danger car petit à petit son esprit s’habituera à cette inversion des priorités, même s’il a conservé la foi et la pratique religieuse ! A ces personnes, Jésus a déclaré « Ce peuple m’honore des lèvres mais son cœur est loin de moi. » ( Matthieu 15:8)

Voilà la guerre suprême contre l’humanité : l’amener à vivre selon la chair en corps, en âme et en esprit. C’est terriblement vicieux car incolore, inodore et presque invisible car il s’agit de l’accoutumance à un état d’esprit et à un mode de vie qui deviennent insidieusement indispensables et même allant de soi. C’est pourquoi, on le répète, on peut vivre selon la chair tout en ayant toujours la foi, et néanmoins se damner.

Saint Paul est très clair sur le sujet : nous devons choisir entre les deux : « Marchez selon l’esprit, et vous n’accomplirez pas les convoitises de la chair. Car les tendances de la chair s’opposent à l’esprit, et les tendances de l’esprit s’opposent à la chair. Ils sont opposés l’un à l’autre, de telle sorte que vous ne faites pas ce que vous voulez. Mais si vous êtes conduits par l’Esprit, vous n’êtes plus sous la Loi. »

Vous n’êtes plus sous la loi sous-entend : vous n’êtes plus sous la loi du monde. Dans un autre texte, saint Paul rappelle que nous devons nous méfier « de la chair, du monde et de Satan » : les trois sont intimement liés.

Cette guerre commence dès l’origine

La guerre contre l’esprit prend sa source au jardin d’Eden. Le choix d’Adam et Eve est en réalité celui qui s’offre à l’homme depuis toujours. Au début, le premier homme est en relation directe avec le Seigneur, sur la terre ; c’est l’Esprit qui guide ses pensées et ses actes. A ce moment-là, toute la création vit en harmonie : Dieu, les hommes, les animaux, parce que tout le monde vit selon l’Esprit. La vie selon la chair est alors secondaire, c’est pourquoi il vit nu sans que cela ne le gêne.

Il y a deux arbres au milieu du jardin d’Eden : l’arbre de vie et l’arbre de la connaissance du bien et du mal (Genèse 2:9). Ces deux arbres représentent les deux vies : celui qui vit selon l’Esprit aura la vie éternelle, il est attaché à l’arbre de vie. Par contre, celui qui vit selon la chair a besoin de savoir distinguer entre le bien et le mal, il a besoin d’acquérir les connaissances qui lui donneront le discernement pour éviter la mort éternelle. Voilà pourquoi Dieu interdit d’en manger le fruit : il déconseille à l’homme de choisir de vivre selon la chair car ce mode de vie conduit à la mort éternelle.

Quand on vit selon l’Esprit la vie en Dieu est assurée ; non pas que le mal n’existe pas, car le serpent était déjà présent dans le jardin d’Eden, mais il n’a aucune prise sur l’homme. Par contre, si l’homme choisit de manger du fruit défendu, c’est à dire d’acquérir l’intelligence qui lui permet de distinguer entre le bien et le mal, le mal apparaît dans sa vie, il entre dans le cercle vicieux de la vie selon la chair. D’ailleurs la première conséquence de cette chute est qu’ils se rendirent compte qu’ils étaient nus (Genèse 2:7) : ils découvrent la chair et ses conséquences : devoir travailler à la sueur de son front, enfanter dans la douleur, et posséder dorénavant un corps mortel. Mais l’homme découvre aussi un fait nouveau, un point essentiel : désormais son âme, qui est immortelle, peut cependant perdre la vie : elle peut se destiner soit à la vie éternelle, soit à la mort éternelle.

En mangeant du fruit défendu, l’homme a exercé son libre arbitre, mais ouvert aussi la boîte de Pandore : le mal et le malin ont pouvoir sur lui, il n’est plus guidé uniquement par l’Esprit.

C’est même pire car le Seigneur décide alors de lui interdire de vivre à nouveau totalement selon l’Esprit : lorsque Dieu les chasse du jardin d’Eden, il précise « ne permettons pas qu’il avance la main, qu’il cueille aussi le fruit de l’arbre de vie, qu’il en mange et vive éternellement. » (Genèse 3:22)

Ce qui veut dire qu’à partir du péché originel, il n’y aura plus la possibilité pour l’homme de revenir au statut précédent, où il vivait entièrement selon l’Esprit (l’arbre de vie).

On peut donner un autre nom à la vie selon l’Esprit : la vie spirituelle. La vraie, celle où l’homme est habité par l’Esprit-Saint.

Durant 4000 ans, l’homme va devoir vivre avec cette dualité, hésitant constamment entre la chair et l’esprit. C’est pourquoi cette dualité est visible immédiatement, dès les deux premiers fils engendrés: l’un vit selon la chair (Caïn), l’autre selon l’Esprit (Abel) : il y a antagonisme total qui mène à la mort.

En effet, revenons à l’explication donnée par saint Paul : « On sait bien à quelles actions mène la chair: débauche, impureté, obscénité, idolâtrie, sorcellerie, haines, querelles, jalousie, meurtres, colère, envie, divisions, sectarismes, rivalités, orgies et beuveries et tous les excès du même genre. Je vous préviens, comme je l’ai déjà fait: ceux qui agissent de cette manière ne recevront pas en héritage le royaume de Dieu. »

Cette vie selon la chair n’exclut pas, on l’a vu, de rendre un culte à Dieu : mais celui-ci est-il véritablement sincère ? L’histoire de Caïn est précieuse : ses hommages ne sont pas agréés par le Seigneur. Et pourtant Caïn ne se trompe pas de dieu, de faux dieux (polythéisme) n’avaient pas encore été inventés, et l’enseignement d’Adam sur le culte divin avait forcément dû être clair.

Il est donc essentiel de savoir quels sont les fruits de la vie selon l’Esprit : « Le fruit de l’Esprit, au contraire, c’est la charité, la joie, la paix, la patience, la mansuétude, la bonté, la fidélité, la douceur, la tempérance. Contre de pareils fruits, il n’y a pas de loi. Ceux qui sont à Jésus-Christ ont crucifié la chair avec ses passions et ses convoitises. Si nous vivons par l’esprit, marchons aussi par l’esprit. » (Galates 5, 16-25)

De tout temps, Dieu a donc laissé aux hommes la possibilité de vivre selon la chair ou l’esprit, formant deux communautés en quelque sorte : celle des Abel puis Seth d’un côté, celle des Caïns de l’autre. L’ Ancien Testament va exprimer cette ambivalence d’une façon imagée que nous avons d’ailleurs conservée : ceux qui vivent selon l’Esprit sont « les enfants de Dieu » et ceux qui vivent selon la chair, « les enfants des hommes ».

Le problème survient quand les premiers sont séduits par les seconds, c’est à dire quand la vie selon la chair devient prépondérante chez les justes. Ce phénomène déclencha le déluge, entraînant alors l’extermination totale de tous les êtres vivants, à l’exception de « seulement » 8 justes qui subsistèrent, et d’un couple de chaque espèce d’animaux : les occupants de l’arche.

En effet, le texte explique que les « fils de dieu s’aperçurent que les filles des hommes étaient belles ; ils prirent pour eux des femmes parmi toutes celles qu’ils avaient distinguées. » (Genèse 6:2). En d’autres termes, ceux qui vivaient selon l’Esprit ont épousé les idées de ceux qui vivaient selon la chair, ils se sont mis à vivre comme eux et à se mélanger à eux, causant leur perte (la mort de l’âme). D’où la réaction de Dieu au verset suivant : « l’homme s’égare, il n’est qu’un être de chair, sa vie ne durera que 120 ans. »

Autre renseignement important : le signal, l’avertissement pourrait-on dire, est donné 120 ans avant l’exécution de la sentence : « Dieu dit à Noé : Je l’ai décidé, c’est la fin de tout être de chair. » (Genèse 6:13). Le temps de la construction de l’arche.

Curieusement nous vivons une situation analogue : les enfants de Dieu ont épousé les idées de leur temps, les ont trouvées belles et séduisantes, et se damnent allègrement tout en inventant une nouvelle miséricorde divine qui présente l’avantage d’absoudre des péchés qu’ils veulent pouvoir continuer à commettre en toute impunité. En substance, cette miséricorde nous dit : « vous pouvez continuer à pécher, je vous absous ». Seulement un tel concept n’est pas divin mais satanique. Jésus absous nos péchés mais ajoute « Va et ne pèche plus. »

Jésus-Christ rétablit la vie spirituelle dans sa totalité

Mais il y a eu entre-temps un fait majeur : la venue sur terre de Jésus-Christ. Celui-ci est venu annoncer le Royaume tout au long de sa prédication, il envoie ses disciples «proclamer que le royaume des cieux est tout proche » ( Matthieu 10:7). Pourquoi dit-il alors à Pilate que son royaume n’est pas de ce monde ? Y aurait-il contradiction ?

Pas du tout : Jésus est venu rétablir le royaume spirituel que nous avions perdu lors du péché originel. Il est venu redonner le fruit de l’arbre de vie qui nous avait été retiré en quittant le jardin d’Eden. Car ce fruit, c’est l’Esprit-Saint. Comment s’obtient l’Esprit-Saint ? Par le baptême et la grâce sanctifiante obtenue par les sacrements, et avant tout par le sacrement de Pénitence (confession) et d’Eucharistie. Par conséquent, il est nécessaire le retour à une pleine et entière vie selon l’Esprit.

C’est pourquoi on continue à appeler les baptisés « les enfants de Dieu » : les autres restent les enfants des hommes, ils n’ont pas part au banquet final (la vie éternelle). Le royaume de Dieu est donc bien sur terre, mais il n’est pas de ce monde, car ce monde vit selon la chair. Jésus lui-même appelle Satan le prince de ce monde. Et Jésus est venu créer son Eglise, le royaume spirituel qui nous faisait défaut depuis Adam et Eve, dont le but est de nous rendre l’Esprit-Saint : il est venu rétablir la pleine et entière dimension spirituelle de l’homme.

Evidemment, un monde qui vivait selon la chair ne pouvait supporter le rétablissement du royaume spirituel, le duel Caïn contre Abel a repris. Mais attention, les enfants de Dieu peuvent vivre comme les enfants des hommes et acquérir leurs idées. C’est exactement ce qui s’est passé, il y a environ 120 ans aussi, et on retrouve ici la véritable nature de la terrible guerre contre l’esprit menée contre le enfants de Dieu.

 

Lisez la deuxième partie de cet article

 

yogaesoteric

19 mars 2018


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