Le plan secret des USA visant Damas a été déjoué : le rôle de la Russie avant et après l’attaque des USA, du R.U. et de la France révélé
Donald Trump a dû redescendre du piédestal sur lequel il était monté au début d’avril en rassemblant une force militaire imposante et une puissance de feu rappelant « l’opération Tempête du désert » (mais sans les forces terrestres). Le « plan A » prévoyait une attaque dévastatrice sur la Syrie afin de détruire son armée, le palais présidentiel, ses centres de commandement et de contrôle, ses troupes d’élite, ses entrepôts militaires et de munitions stratégiques, ses radars, ses systèmes de défense et les institutions de ses dirigeants politiques.
Avant la triple attaque contre la Syrie par les USA, le R.U. (Royaume Uni) et la France, la Russie et le président Vladimir Poutine lui-même ont maintenu des contacts intensifs, vers 4 heures du matin, afin de réduire la portée de l’attaque en faveur d’un « plan B » sans conséquence.
Dans ses prises de contact avec plusieurs chefs d’État, la Russie a rejeté toute frappe susceptible de paralyser l’armée syrienne, et a informé les dirigeants à Damas que l’Occident allait dorénavant mûrement réfléchir avant de changer radicalement l’équilibre du pouvoir au Levant.
Mais quelle est la véritable raison derrière l’attaque des USA, du R.U. et de la France ? Est-ce la prétendue « attaque chimique » à Douma ? L’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques avait été déjà à Damas et ses membres étaient allés à Douma pour inspecter le lieu où l’attaque chimique en question aurait eu lieu. Pourquoi alors n’ont-ils pas attendu de connaître les résultats avant de frapper ?
Des sources à Damas expliquent que l’armée syrienne et ses alliés, avec l’appui de la Russie, étaient en train de mener une attaque d’envergure dans la région rurale d’Idlib et avaient atteint l’aéroport d’Abou al-Duhur lorsque, subitement l’opération militaire a cessé. Toute la force de frappe s’est alors dirigée vers la Ghouta. Mais que s’est-il donc passé ?
C’est que la Russie avait informé les dirigeants syriens d’un grand rassemblement de troupes à la base militaire occupée par les USA à Al-Tanf, à la frontière syro-irakienne, où des dizaines de milliers de mandataires des USA suivent un entraînement militaire continuel. Les Russes avaient décelé des mouvements militaires inhabituels et compris que les USA se préparaient à dépêcher leurs mandataires vers la Ghouta orientale, afin d’établir un lien avec les quelque 30.000 djihadistes se trouvant dans la Ghouta. Une attaque était planifiée en même temps qu’une diversion provenant de Daraa, au sud de la Syrie, de façon à attaquer le sud de Damas pour duper l’armée syrienne et ses alliés en les amenant à réduire le nombre de leurs combattants autour de la capitale.
Le plan des USA, selon les sources, consistait à soutenir leurs mandataires et les djihadistes de la Ghouta pour qu’ils atteignent Damas et en prennent le plein contrôle. Sauf que le déplacement de l’opération militaire de la région rurale d’Idlib à la Ghouta a contrecarré le plan américain d’imposer à la Russie un confinement forcé à Lattaquié et Tartous, et de parvenir enfin à un changement de régime. Ce « plan de génie » aurait gâché tous les efforts déployés par la Russie après presque trois ans de participation soutenue à la guerre en Syrie, tout en permettant aux USA de prendre le dessus, au moment même où Moscou et l’armée syrienne étaient sur le point de mettre fin à la guerre en Syrie, où il ne reste que quelques poches de résistance à libérer.
La riposte de la Russie dans la Ghouta a réduit le plan des USA en miettes, en imposant le retrait de dizaines de milliers de militants de la Ghouta avec leurs familles, vers le nord de la Syrie. La capitale est dorénavant beaucoup plus sûre et il ne reste plus qu’une zone au sud de Damas occupée par Al-Qaeda et le groupe armé « État islamique » (Daech), au camp de Yarmouk et à al-Hajar al-Aswad.
La Russie a vidé la frappe des USA, du R.U. et de la France de son contenu et de son objectif en imposant une « attaque restreinte » sans valeur.
Lorsque la Russie a promis d’abattre tout missile lancé contre la Syrie, Trump a répondu ceci : « Tiens-toi prête Russie, parce qu’ils arrivent, beaux, nouveaux et intelligents ». Après la frappe, la Russie a répliqué : « Nous avons utilisé de vieux systèmes de défense antiaérienne soviétique contre ces missiles intelligents, nouveaux et très coûteux lancés par les Américains ». Mais ce n’est pas tout. Les frappes des USA et du R.U. ont atteint des objectifs qu’Israël bombarde pratiquement sur une base régulière. En ayant réussi à intercepter les deux tiers des missiles, comme l’a affirmé la Russie, la Syrie a perçu l’attaque comme une sorte « d’entraînement avec des munitions réelles, en préparation à une éventuelle attaque israélienne sur le territoire syrien ». Israël est très déçu et ne semble pas du tout apprécier le résultat final.
Faisant preuve de retenue et de maîtrise de soi, le secrétaire à la Défense James Mattis, qui avait dit que « le Pentagone n’a toujours pas de preuves indépendantes pour confirmer qu’il y a eu une attaque chimique en Syrie », a signalé que toute attaque de grande envergure en Syrie pouvait provoquer un engagement direct de la Russie et une riposte mortelle contre des objectifs des USA. Mattis a accepté une « frappe honorable » pour sauver la face de son patron inexpérimenté. La frappe du trio en Syrie semble avoir redoré le blason du président syrien Bachar al-Assad. Les gens sont sortis célébrer dans les rues de Damas, en se moquant de l’attaque de l’Occident contre leur pays.
Le trio a évité en tout temps de provoquer directement la Russie, en contournant les bases et les théâtres opérationnels des Russes au lieu de les survoler. La Russie a imposé sa présence et a provoqué la marine américaine et la marine française en effectuant des simulations d’attaques aériennes, afin de montrer qu’elle était prête à rétorquer. La marine russe était positionnée à l’opposé de la côte libanaise afin de couvrir cette partie et d’éviter les angles morts.
Moscou est parvenu à éviter une confrontation directe avec Washington à l’extérieur de son territoire. La Syrie est entourée de bases militaires US (Israël, Jordanie, al-Tanf, Hassaké, Arabie saoudite, Koweït, Qatar, Bahreïn, Irak, Turquie). La Russie se souvient comment Leonid Brezhnev est tombé dans le piège que lui avait tendu la CIA en 1979, en soutenant les moudjahidines six mois avant l’invasion soviétique de l’Afghanistan. Zbigniew Brzezinski a dit que l’invasion de l’Afghanistan par les Soviétiques avait été délibérément provoquée par les USA : « C’était une excellente idée. Elle a entraîné les Soviétiques dans la guerre afghane et nous leur avons procuré une guerre du Vietnam. » Presque 40 ans plus tard, Poutine a évité de tomber dans le même piège.
Quelle sera la prochaine étape ?
Apres avoir assurée la sécurité de Damas, tous les yeux se sont tournés vers la ville d’Idlib, au nord de la Syrie, qui est sous le contrôle d’Al-Qaeda. Pourquoi Idlib ?
La situation dans le camp de Yarmouk, au sud de Damas, semble liée directement à celle qui prévaut à Foua et Kafraya. Lors des négociations de Zabadani, Al-Qaeda et les alliés de Damas se sont entendus pour qu’al-Yarmouk d’une part, et les deux villes assiégées au nord de la Syrie d’autre part, ne soient pas attaquées. Cependant, Damas fait pression pour nettoyer la capitale complètement, en tentant de persuader ses alliés de revenir sur leurs engagements précédents.
En ce qui concerne Daraa et Quneitra dans le sud, il semble que personne en Syrie n’est prêt à provoquer les USA et Israël en ce moment de tension. Il se pourrait qu’on ne s’en occupe qu’à la toute fin. Dans la Badia (les steppes syriennes), Daech est complètement encerclé et n’a d’autre choix que d’attendre son extermination.
Idlib demeure un problème malgré l’entente économique et financière entre les Turcs, les Russes et les Iraniens. Il ne fait aucun doute que des différences marquées de nature économique existent entre ces partenaires à propos de la Syrie.
Le président turc Erdogan a exprimé son soutien, puis sa satisfaction, à l’égard des frappes américaines en Syrie. La Russie a répondu en lui demandant de remettre la ville d’Afrin au gouvernement syrien. L’envoyé spécial iranien pour les affaires syriennes, Ali Akbar Velayati, a dit ouvertement qu’Idlib est le prochain objectif.
Ainsi, l’aiguille de la boussole pointe vers Idlib, Rastan et Jisr al-Shoughour et les forces armées syriennes se rassemblent dans la région rurale de Lattaquié, en étant prêtes à diviser Idlib après avoir libéré les nombreux villages qui l’entourent.
Ce qui amène la situation à la prochaine représentation d’une « attaque chimique » sur le théâtre opérationnel de l’armée syrienne et de ses alliés. Les USA vont-ils défendre Al-Qaeda ? Pourquoi pas ? Il n’a jamais vraiment été question d’utilisation d’armes chimiques, puisque ce sont les USA eux-mêmes qui possèdent le plus gros arsenal d’armes chimiques au monde. Le véritable enjeu, c’est la défaite des USA devant la domination du Levant par la Russie.
yogaesoteric
2 octobre 2018