Les expériences au seuil de la mort (13)


Par Alain Moreau

Lisez la douzième partie de cet article

9 aveugles sur 10 ayant expérimenté une OBE ont bénéficié de la vue pendant leur décorporation. Environ 80 % des sujets examinés ont ainsi témoigné d’une sorte de perception visuelle pendant leur NDE ou leur OBE. Chez les aveugles de naissance, 9 sur 14 ont bénéficié de la vue, soit 64 %.

Les « expérienceurs » non-voyants ou malvoyants voient les mêmes choses que les expérienceurs voyants :

Dans le monde physique, dix des vingt-et-un « expérienceurs » aveugles ont vu leur corps depuis l’extérieur. Sept des dix personnes aveugles qui ont vécu une OBE font le même constat. Les autres perceptions visuelles concernent l’équipe médicale qui s’affaire autour du corps de la personne concernée, la description de la salle d’opération, les gestes médicaux exécutés, les détails de l’accident ayant provoqué la NDE, etc. La description faite, par les aveugles, de l’« autre dimension », est identique à celle des « expérienceurs » voyants.

Les aveugles sont évidemment étonnés de voir pendant leur expérience de mort imminente, comme cette femme devenue, suite à une maladie, aveugle à l’âge de 22 ans :

« Je pouvais voir et pourtant j’étais supposée être aveugle ! Je pouvais tout voir. Quand j’étais en dehors de mon corps, tout était parfaitement clair. Je pouvais voir tous les détails. »

Un homme, qui a perdu la vue lors d’un accident de voiture à l’âge de 19 ans, a précisé que sa vision était parfaitement claire et distincte pendant cette expérience de mort imminente.

Vicki Umipeg a expliqué que la vue est une notion abstraite, totalement inconnue pour les aveugles de naissance. Mettre en paroles ce qu’ils ont vu est extrêmement difficile pour eux.

Vicky a même dit que le fait de voir l’avait effrayée au début. Elle ne savait pas comment décrire les couleurs et elle a parlé, à leur sujet, de « différents degrés de luminosité » :

« C’était vraiment très difficile pour moi de me rendre compte que je pouvais voir, parce que cela ne m’était jamais arrivé auparavant. C’était très étrange… Comment expliquer cela avec des mots ? (…) »

Un autre témoin aveugle de naissance fit cette déclaration :

« C’était comme si j’avais toujours été capable de voir. C’était si naturel, presque comme si j’avais pu voir pendant toute ma vie. D’ailleurs, je n’ai jamais compris pourquoi je n’arrivais plus à voir une fois que j’étais retourné dans mon corps, parce que c’était tout-à-fait normal de voir. Je me suis dit que je devrais pouvoir ramener cela avec moi en revenant à la vie. Comme si la vue était quelque chose que j’avais toujours eue, je me sentais tout à fait à l’aise avec le fait de voir. »

Un cas de personne très fortement malvoyante est celui de Marsha (prématurée comme Vicki). Elle souffre de rétinopathie de prématuré. Elle bénéficie d’un résidu de vision dans l’œil droit qui lui permet d’apercevoir des ombres floues, mais elle ne peut pas lire et elle ne se déplace qu’avec son chien d’aveugle. Lors de sa NDE, elle voyait tout à fait normalement.

Comment expliquer que les aveugles et les malvoyants voient pendant une NDE ou une OBE ? Quelle est la nature de cette perception visuelle ? La reconstitution verbale ne traduit pas totalement le ressenti de la personne, le témoignage devant passer par le filtre de la remémoration et par le filtre linguistique. Il va de soi que les sujets n’ont pas vu avec leurs yeux physiques. Un témoignage mentionne le fait que ce « n’était pas visuel » et que cela s’apparentait plutôt « à une mémoire tactile »…

Voici le cas de Brad (déjà évoqué), un aveugle de naissance qui a eu une NDE à l’âge de 8 ans à la suite d’une pneumonie aiguë qui le faisait suffoquer. Son cœur s’était arrêté de battre pendant au moins quatre minutes (avant sa réanimation). Il vit son corps apparemment inanimé étendu sur le lit, ainsi que son compagnon de chambre (aveugle comme lui) qui sortit de la chambre pour aller chercher du secours. Brad traversa les plafonds et le toit, et c’est alors qu’il se rendit compte qu’il voyait de manière très distincte. Le ciel était nuageux et sombre, il y avait de la neige. Brad vit une voiture qui passa, ainsi qu’une partie de la cour dans laquelle il jouait habituellement, et un petit talus sur lequel il grimpait souvent. Il voyait très distinctement ces détails. Il s’engagea dans un tunnel et une NDE typique se déroula. Lors d’un autre entretien, Brad a précisé que ces descriptions physiques s’apparentaient plutôt au sens du toucher…

Vicki, quant à elle, a dit que sa NDE se situait en même temps au niveau de la vue et du savoir. Un autre témoin fit cette déclaration :

« Comme je n’avais pas d’yeux (puisque je n’étais pas dans mon corps), je “ voyais ” avec toute ma conscience. »

Ce qui se passe dans une NDE peut aussi se produire dans d’autres états élargis de conscience, par exemple pendant la méditation. Kenneth Ring et Sharon Cooper ont ainsi cité une expérience de méditation au cours de laquelle la personne concernée pouvait tout voir autour d’elle, alors que ses yeux étaient pourtant fermés : elle voyait la pièce et elle-même, et elle pouvait voir simultanément depuis un point situé devant elle, au-dessus d’elle, en dessous d’elle, derrière elle, etc. Autre cas, celui d’une femme qui eut une décorporation à la suite d’une pneumonie, qui se vit planer au-dessus d’une civière et se rendit compte que le corps enveloppé dans des draps était le sien :

« Je pouvais tout voir. Et je veux dire vraiment tout ! Je pouvais voir le haut de la lampe du plafond et le dessous de la civière. Je pouvais voir les carreaux du plafond et les carreaux du sol – simultanément. Je bénéficiais d’une vision sphérique de 360°. Et elle n’était pas uniquement sphérique, mais détaillée ! Je pouvais voir chaque cheveu, ainsi que le follicule dont il sortait, sur la tête de l’infirmière qui se trouvait à côté de la civière. A ce moment-là, je savais exactement combien de cheveux elle avait sur la tête. Ensuite, j’ai changé de perspective. L’infirmière portait des collants nylon blancs, brillants. Chaque reflet et chaque scintillement se détachaient avec une netteté éblouissante, et de nouveau je savais exactement combien d’étincelles il y avait. »

L’état de conscience d’une NDE (chez les aveugles comme chez les voyants) est un état de conscience élargie, que Kenneth Ring et Sharon Cooper ont appelé « conscience transcendantale ». Ce ne sont pas les yeux qui voient mais « l’esprit »… Tous les « expérienceurs », non-voyants, malvoyants et voyants, appellent « voir » ce qui en fait est « percevoir » grâce à une « conscience transcendantale ».

Cette « conscience transcendantale », en fait, est une capacité inhérente au corps spirituel, celui-ci étant dégagé des limitations spatio-temporelles. Ce corps spirituel est un « véhicule de conscience » de nature énergétique. Et les aveugles, comme les voyants, perçoivent (« voient ») leur environnement physique et « l’autre dimension » de l’Au-delà par l’intermédiaire de la faculté de perception de ce corps subtil.

Rappelons, à ce sujet, que la décorporation (ou séparation du corps physique et du corps astral) est une faculté naturelle connue de tout temps, dans de nombreuses cultures (chamans, etc.), qui peut se produire avec ou sans NDE. Elle était connue par exemple dans les Ecoles de Mystères de l’Egypte antique, où l’on pratiquait la « mort initiatique », laquelle permettait à l’initié de prendre connaissance des réalités de « l’après-vie ». Le récit d’Earlyne Chaney, relatif à une incarnation antérieure de celle-ci, est à ce sujet très instructif.

Notons, au passage, que la lumière perçue par les rescapés NDE n’a strictement rien à voir avec des troubles du système visuel (contrairement à ce que s’imaginent divers spécialistes du réductionnisme matérialiste comme, par exemple, Susan Blackmore), mais qu’elle est inhérente au « Monde astral » (ou « Univers super-lumineux ») longuement décrit dans la littérature ésotérique et médiumnique. On trouve par exemple, chez des voyageurs extracorporels (sans NDE !), les expressions « pays de la lumière blanche » ou « pays de la lumière dorée » pour caractériser le monde des désincarnés ou Plan astral… On trouve en outre ce type de description du Monde astral chez des désincarnés s’exprimant par des médiums, ce qui rend encore plus obsolète l’interprétation des troubles du système visuel !

IV. Absence de corps spirituel ?

J’ai évoqué, dans les parties précédentes, l’absence apparente de « corde d’argent » dans les descriptions des sujets NDE. Daniel Maurer précise que très peu d’« expérienceurs » – aucun dans son propre échantillon – « signalent l’existence d’un corps spirituel ayant une forme définie, qui serait le nouveau support de leur conscience ». Il se demande si les rares descriptions obtenues de ce « corps » ne s’expliquent pas par « une reconstruction a posteriori sous l’influence de l’imaginaire et des croyances antérieures ». Car, ajoute-t-il, « cette matérialisation d’un supposé corps éthérique – qu’on le nomme périsprit ou corps astral n’y change rien – renvoie à une littérature dont le moins que l’on puisse dire est qu’elle n’est pas exempte de reproches ».

« D’autre part, aucun des innombrables témoignages rapportés dans les études menées au cours des deux dernières décennies ne suggère la présence d’un lien, tel que décrit dans les ouvrages spirites et occultistes, rattachant ce corps astral au corps physique. Le fait que ce lien subtil, appelé corde d’argent ou cordon d’argent, ne soit jamais mentionné dans un témoignage d’EMI, disqualifie ipso facto toutes les ratiocinations qui tentent d’y associer le phénomène qui nous intéresse ici. »

Je ne suis évidemment pas d’accord avec ces commentaires de Daniel Maurer. Rappelons d’abord qu’il est inexact de dire qu’aucun sujet NDE n’a mentionné la corde d’argent, puisque Peter et Elizabeth Fenwick (1995) ont mentionné des cas de personnes ayant signalé un tel « cordon ».

Pour valider l’hypothèse de la « reconstruction », en ce qui concerne les cas de perception d’un « corps spirituel », il faudrait s’assurer que, avant leur expérience, les sujets ont lu quelque chose à propos de ce « corps ». Quant à la littérature faisant état du corps astral, je ne vois pas de « reproches » à lui faire. Ajoutons que de nombreuses personnes ayant expérimenté une décorporation en dehors de tout contexte « mortel » ont fait état de l’existence d’un tel « corps » (et du « cordon » associé). On retrouve en fait, dans les OBE de type « mortel » et non « mortel », diverses descriptions du « véhicule de conscience » du « décorporé ». A propos des cas OBE (sans contexte « mortel »), Scott Rogo a ainsi distingué :

1. Une conscience pure sans véhicule formel (sans forme).
2. Un corps ressemblant au corps physique.
3. Un véhicule « ultra-physique » autre qu’un corps (sphère de lumière, etc.).

On a même signalé quelques cas où l’individu, séparé de son corps physique, qu’il regardait à partir d’un deuxième corps, se séparait aussi de ce deuxième corps.

En fait, la notion de « double » se retrouve dans de nombreuses cultures et traditions : ancienne Egypte, nombreuses peuplades « primitives », chamans, etc. Alexandra David-Neel (décédée en 1969) a cité le cas d’une Tibétaine qui, restée inanimée pendant une semaine, s’était « trouvée agréablement étonnée par la légèreté et l’agilité de son nouveau corps qui se mouvait avec une rapidité extraordinaire », sa locomotion étant gênée par « un cordon de matière presque impalpable qui la rattachait à son ancien corps » et qui « s’allongeait indéfiniment » … Je pourrais multiplier les exemples. Dans son premier livre, Kenneth Ring a lui-même donné des cas de perception de sujets agonisants :

* Estelle Roberts vit, au moment de la mort de son mari, l’esprit de ce dernier sortir par la tête et se modeler peu à peu « en une réplique exacte de son corps terrestre », le corps étant relié à la tête (« astrale ») par une corde (laquelle se brisa).

* R. B. Hout, un médecin, vit (à l’occasion de la mort de sa tante) une vapeur qui se condensa pour prendre une forme humaine ressemblant au corps physique de la moribonde. Son attention fut attirée par une corde de liaison entre les deux corps… Rappelons, en outre, qu’un ouvrage de Wilfried Chettéoui contient des photos montrant distinctement la corde d’argent au chevet d’une mourante. (« La nouvelle parapsychologie », éditions Sorlot/Lanore, 1983.)

Diverses traditions ésotériques et occultistes distinguent, dans le composé humain, une pluralité de corps subtils hiérarchisés (de fréquences vibratoires distinctes) qui interpénètrent, durant l’incarnation, le corps matériel : le corps éthérique, le corps astral, le corps mental, le corps causal… Le corps éthérique, qui n’est pas un « véhicule de conscience » mais le support de la « force vitale » (prana, ki, etc.), se désagrège en même temps que le corps physique. La conscience survit grâce au corps astral (cette conscience étant susceptible d’être ultérieurement transférée au niveau du corps mental…). J’évoque plus en détail ces sujets dans d’autres textes de ce site, à la même rubrique.

Les NDE ne sont évidemment pas autre chose que des cas de sortie hors du corps à l’occasion de la circonstance particulière de l’approche de la mort.

V. Une porte ouverte sur l’univers multidimensionnel :

Selon le pédiatre américain Melvin Morse, auteur de plusieurs ouvrages sur les NDE, notre mémoire n’est peut-être pas dans notre cerveau, mais dans une « autre dimension ». Notre lobe temporal droit ne serait que l’interface permettant au cerveau de communiquer avec une « banque de données universelle », et il serait aussi le lieu de communication avec Dieu… Selon Melvin Morse, nous n’avons pas une âme, mais nous sommes un corps matériel contenu dans une âme. Sa théorie est présentée dans son livre, « La divine connexion », paru en France en 2002 aux éditions Le Jardin des Livres.

On sait aussi que Jean-Pierre Jourdan évoque, à propos des NDE, l’accès à une « cinquième dimension ».

Mon objectif est de développer ici quelque peu les concepts d’« Univers superlumineux » et d’« Univers multidimensionnel », ceux-ci étant à mettre en relation étroite avec le « Monde de Lumière » perçu notamment par de nombreux « expérienceurs ».

Lisez la quatorzième partie de cet article

 



yogaesoteric
13 novembre 2019

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