De la pauvreté mondiale à l’exclusion et à la détresse : allons à contre-courant de la guerre et de la mondialisation (2)

Lisez la première partie de cet article 

Économie mondiale basée sur une main-d’œuvre bon marché

Le programme néolibéral, qui se démarque par l’imposition d’un « remède économique » énergique (mesures d’austérité, gel des salaires, privatisation, abandon des programmes sociaux), soutient depuis les 30 dernières années une délocalisation généralisée de l’industrie manufacturière vers des havres économiques dans des pays en développement où il y a une main-d’œuvre bon marché (faibles salaires). Cela contribue aussi à appauvrir à la fois les pays développés et les pays en développement.

 

« La pauvreté, c’est bon pour les affaires. » Elle permet d’approvisionner l’industrie et des secteurs de l’économie de services en biens fabriqués à bon marché partout dans le monde.

Ce processus de restructuration économique généralisé (qui a atteint de nouveaux sommets) repose sur la compression des salaires et du coût de la main-d’œuvre partout dans le monde, tout en réduisant le pouvoir d’achat de centaines de millions de gens. Cette compression de la demande des consommateurs finit par provoquer une récession et une hausse du chômage.

L’économie de faibles salaires va de pair avec des taux de chômage excessivement élevés qui, dans les pays en développement, découlent de la destruction de la production régionale et locale, sans oublier la déstabilisation de l’économie rurale. Cette « armée de réserve des sans-emploi » (Marx) contribue à maintenir les salaires au strict minimum.

La Chine constitue le plus important havre de main-d’œuvre bon marché au chapitre de l’assemblage industriel, avec ses 275 millions de travailleurs migrants (selon des sources chinoises officielles). Ironiquement, les anciennes colonies de l’Occident, tout comme les pays qui ont été victimes de l’agression militaire et des crimes de guerre des USA (ex. Vietnam, Cambodge, Indonésie), ont été transformés en havre de main-d’œuvre bon marché. Les conditions qui prévalaient au lendemain de la guerre du Vietnam ont pour une large part contribué à l’imposition d’un programme néolibéral à partir des années 1990.

Une main-d’œuvre bon marché est aussi importée de pays appauvris (Inde, Bangladesh, Philippines, Indonésie, etc.) et utilisée par l’industrie de la construction et l’économie de services.

Les taux de chômage élevés permettent de maintenir les salaires à des niveaux exagérément faibles.

Demande globale

Cette restructuration économique mondiale a entraîné une hausse spectaculaire de la pauvreté et du chômage. Bien que la pauvreté soit considérée comme un avantage côté offre, parce qu’elle favorise des niveaux de salaires faibles, l’économie mondiale basée sur une main-d’œuvre bon marché entraîne inévitablement un effondrement du pouvoir d’achat, qui à son tour fait monter les taux de chômage.

La main-d’œuvre bon marché et la compression du pouvoir d’achat sont des piliers du néolibéralisme. Les politiques keynésiennes orientées sur la demande des années 1970 ont fait place au programme macroéconomique néolibéral dans les années 1980. Le programme de politique économique néolibérale adopté partout dans le monde soutient l’économie mondiale basée sur une main-d’œuvre bon marché. Avec l’abandon des politiques orientées sur la demande, le néolibéralisme ressort comme le paradigme économique dominant.

Ajustement structurel dans les économies développées

L’effondrement généralisé des niveaux de vie, qui est la conséquence du programme macroéconomique, ne se limite plus aux soi-disant pays en développement. Aux États-Unis, le chômage est généralisé; dans plusieurs pays de l’UE, dont l’Espagne, le Portugal et la Grèce, les taux de chômage sont extrêmement élevés. Simultanément, les revenus de la classe moyenne sont comprimés, les programmes sociaux sont privatisés, les filets de sécurité sociale, y compris les prestations d’assurance-chômage et les programmes d’aide sociale, sont amoindris.

Sous-consommation

L’effondrement généralisé du pouvoir d’achat favorise une récession dans l’industrie des biens de consommation. La production de marchandises n’est plus destinée aux nécessités de subsistance (nourriture, logement, services sociaux, etc.) de la majorité de la population mondiale. Il y a une dichotomie entre « ceux qui travaillent » dans l’économie basée sur une main-d’œuvre bon marché et « ceux qui consomment ».

L’injustice fondamentale de ce système économique mondial, c’est que « ceux qui travaillent » ne peuvent se payer les biens qu’ils produisent. Autrement dit, le néolibéralisme ne favorise pas la consommation de masse, bien au contraire : le développement d’inégalités sociales extrêmes à l’intérieur des pays et entre les pays finit par causer une récession dans la production des biens et services essentiels (y compris la nourriture, les logements sociaux, la santé publique et l’éducation).

L’absence de pouvoir d’achat par « ceux qui travaillent » (sans oublier ceux qui sont sans emploi) entraîne une chute de la demande globale. Mais on assiste en même temps à une hausse de la « consommation de luxe » (au sens large) par les couches de la société aux revenus élevés.
 
Lisez la troisième partie de cet article


 

 
yogaesoteric


21 mars 2018

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