Angélique Cottin, la Fille Électrique (1)

Vers le milieu du XIXe siècle, en France, Angélique Cottin, une jeune fille de treize ans, commença à présenter d’étranges facultés, faisant bouger les objets et les meubles autour d’elle. Les effets qu’elle produisait étaient si impressionnants que bientôt elle fut amenée à Paris pour y être étudiée par l’Académie des Sciences.

 

L’Histoire d’Angélique Cottin

En 1846, Angélique Cottin était âgée de treize ans et elle vivait dans le hameau de Bouvigny, près de La Perrière dans l’Orne, chez sa tante Marie-Louise Loisnard qui l’avait recueillie à la mort de sa mère. Elle aurait pu habiter avec son père, qui était toujours vivant, mais du fait de son métier de colporteur il était rarement chez lui et la rumeur rapportait que l’alcool aidant, il la battait souvent. Angélique, qui n’avait toujours pas fait sa puberté, était déjà décrite comme une jeune fille solide et bien charpentée. Durant son enfance elle avait été scolarisée à l’école du village, où elle avait appris à lire et à écrire, mais elle avait la réputation d’être sotte et souvent les enfants se moquaient d’elle, lui donnant des surnoms qui n’avaient rien de charmants. Depuis qu’elle avait arrêté ses études la jeune fille travaillait pour sa tante, elle tissait des gants de dentelle, mais ce métier ne lui plaisait guère et elle aurait préféré être employée à garder les vaches, pour lesquelles elle semblait entretenir une grande passion, dans les prés environnants.

Le 15 janvier, le temps était lourd, le ciel était sombre et il résonnait des grondements sourds du tonnerre. Dans la petite chaumière de sa tante, Angélique Cottin, sa cousine Julie et deux jeunes voisines tissaient des gants de filet de soie à la lueur des chandelles quand soudain, à vingt heures, le guéridon en chêne brut, qui servait à fixer l’extrémité de la trame, sembla prendre vie, remuant et se déplaçant sans que leurs efforts réunis ne parviennent à le maintenir dans sa position ordinaire. Effrayées de voir une chose si étrange, les quatre jeunes filles sortirent de la maison en criant, attirant certains de leurs voisins qui, ne croyant pas un mot de leur histoire, leur conseillèrent de retourner travailler. Deux des jeunes brodeuses finirent par s’y résoudre, puis une troisième les suivit et voyant qu’il ne se passait rien, Angélique imita ses compagnes mais à peine avait-elle repris sa trame que le guéridon s’agita de nouveau. Pendant un moment il dansa d’une curieuse manière, semblant entrainer Angélique à sa suite, puis brusquement il se renversa et se projeta violemment contre un mur. Pensant sa nièce, ou le meuble, en proie à quelque sortilège, Mme Loisnard proposa alors à ses ouvrières d’arrêter là leurs ouvrages, et elles allèrent se coucher.

La nuit se déroula sans incident aucun. Le lendemain, pensant qu’il était plus sage d’éloigner Angélique du guéridon maudit, sa tante fixa son fil à une huche de pain, qui devait peser dans les 110 kilos, mais dès que la jeune fille commença à travailler aussitôt le meuble se souleva, et flottant dans les airs, il se mit à voler. Comme tout le monde semblait penser que la jeune fille était possédée par le diable, Mme Loisnard se rendit au presbytère pour demander au père Leroux de l’exorciser mais quand il entendit son histoire, le prêtre se mit à rire. A force d’insistance le père Leroux finit néanmoins par céder, et il consentit à aller voir Angélique à condition que des médecins l’examinent aussi.

Le jour suivant, des pelles, des pincettes, des tisons, des brosses et des livres se mirent à bouger à l’approche d’Angélique et lorsque le père Leroux vint la visiter, les ciseaux que la jeune fille portait à sa ceinture s’élevèrent mystérieusement dans les airs après que le cordon qui les retenait se soit dénoué de lui-même. Si cette vision stupéfia l’ecclésiastique, elle ne le convainquit en rien de la nécessité d’un exorcisme. Ne sachant vers qui se tourner, Mme Loisnard fit alors prévenir Jules de Farémont, un aristocrate qui avait la réputation d’être un homme sérieux, ami des lumières et versé dans les sciences physiques. Ayant remarqué que le temps était orageux depuis plusieurs jours, M. de Farémont songea que ces étranges phénomènes pouvaient avoir un lien avec l’électricité et désireux de se livrer à quelques expériences il décida de visiter Angélique, emportant avec lui un pendule de moelle de sureau, un tube de verre et un bâton de cire à cacheter. Lors de leurs différentes rencontres, car il y en eut plusieurs, M. de Farémont constata que les objets semblaient être repoussés au contact de la jeune fille, un simple effleurement d’un bout de sa jupe suffisait à précipiter un meuble en arrière, qu’elle semblait plus ou moins chargée d’électricité suivant l’intensité des manifestations, mais il ne découvrit aucun problème pouvant justifier ces manifestations.

Pensant qu’Angélique était atteinte d’une maladie nerveuse encore inconnue, M. de Farémont tenta de la faire examiner par quatre médecins de Mamers, mais aucun n’accepta de la voir. Devant leur refus, M. de Farémont décida de tenter de la guérir lui-même. Il fit alors envoyer une baignoire chez sa tante, ordonnant à la jeune fille de prendre des bains, cette méthode était fréquemment utilisée dans la thérapie des maladies nerveuses, puis il lui demanda de cesser tout travail à l’aiguille et la fit embaucher pour garder des vaches dans les champs, ce qu’elle préférait grandement. Malheureusement, tous ces bons soins restèrent sans effet et Angélique continua à faire voler les objets.

Le 26 janvier, à la demande insistante du père Leroux, le Dr Christophe Verger accepta d’examiner Angélique et il se rendit chez elle. Lors de sa visite, de nombreuses manifestations furent constatées, principalement des mouvements de meubles, qu’il décrivit dans une lettre destinée à l’un de ses confrères, le Dr Hébert. Ce dernier en fut tellement troublé qu’il voyagea alors jusqu’à chez elle pour constater les phénomènes par lui-même. Suite à ses observations, le Dr Hébert fit diffuser un article dans le Journal du Magnétisme, dont il était l’un des éditeurs, suggérant que l’électricité était responsable des différents prodiges et qualifiant Angélique de Torpille Humaine ou de Gymnote Terrestre.

« Le 17 janvier, c’est-à-dire le deuxième jour de l’apparition des phénomènes, des ciseaux suspendus à sa ceinture, au moyen d’un ruban de fil, ont été lancés sans que le cordon fut brisé ni qu’on pût savoir comment il avait été dénoué. Ce fait, le plus incroyable par son analogie avec les effets de la foudre, a fait penser tout de suite que l’électricité devait jouer un grand rôle dans la production de ces étonnants effets. Mais cette voie d’observation fut de courte durée: ce fait ne se produisit que deux fois, dont l’une en présence de M. le curé qui, sur son honneur, m’en a garanti la réalité. »

 

La jeune fille fut alors présentée aux notables des villages des alentours, ceux de Bellesme et de Mortagne, puis l’histoire se répandit qu’une fille électrique était responsable d’une multitude de phénomènes et une foule incessante vint s’agglutiner devant la maison, qui espérait voir Angélique et ses prodiges. Parmi ses visiteurs, se trouvaient presque tous les médecins du pays, des physiciens distingués, des pharmaciens, des avocats, des professeurs, des magistrats, des ecclésiastiques etc… Voyant la fortune venir à leur porte, certains de sa famille décidèrent alors d’en tirer profit et ils emmenèrent la jeune fille à Mortagne, pour l’exposer à la curiosité publique. Devant les manifestations remarquables qui se produisaient lors de ses spectacles, quelques notables percherons, parmi lesquels Jules de Farémont, décidèrent de conduire Angélique à Paris pour la faire examiner par des savants compétents.

Une fois à la capitale, la jeune fille fut installée à l’hôtel de Rennes avec ses parents, et le 12 février 1946, le docteur Stanislas Baillière, qui était accompagné de l’éditeur Germer Baillière, vint la visiter pour la première fois. Ses différentes expériences furent des plus concluantes, et le médecin rédigea une note, dont voici un extrait :

« J’ai vu deux fois la jeune fille électrique. Une chaise, que je tenais le plus fortement possible avec le pied et les deux mains, a été chassée au moment où elle s’y est assise. Une petite bande de papier, que j’avais en équilibre sur mon doigt, a été emportée plusieurs fois comme par un coup de vent.

Une table à manger, d’une moyenne grandeur et assez lourde, a été plusieurs fois poussée et déplacée par le seul fait du contact de ses vêtements. Elle avait les mains derrière le dos, le tablier et la jupe étaient sur la table, un peu écartés, et un instant après il se fit un mouvement si violent dans le meuble que la chandelle restée dessus fut renversée ainsi qu’une paire de pincettes qui était à côté.

Une petite roue en papier, placée verticalement ou horizontalement sur son axe, reçoit un mouvement rapide par les émanations qui sortent du poignet et du plu du bras de cette enfant.

Un canapé grand et lourd, sur lequel j’étais assis, a été poussé violemment jusqu’au mur, au moment où cette jeune fille est venue se mettre à côté de moi.

Une chaise fixée sur le sol par des personnes fortes, sur laquelle j’étais assis de manière à n’en occuper que la moitié, a été violemment arrachée de dessous moi, aussitôt que la jeune personne s’est assise sur l’autre moitié.

Chose singulière, chaque fois que la chaise est enlevée, elle semble tenir aux vêtements d’Angélique ; elle la suit un instant et ne s’en détache qu’après.

Deux petites boules de sureau ou de plume suspendues par un fil de soie sont agitées, attirées et parfois s’éloignent l’une de l’autre.

Les émanations de cette jeune fille ne sont pas permanentes, elles se montrent surtout le soir de sept à neuf heures. Quand on l’éloigne du réservoir commun, soit en l’asseyant sur une chaise sans que ses pieds touchent à terre, soit qu’elle ait ses pieds sur ceux d’une personne placée devant elle, le phénomène n’a pas lieu ; il cesse également quand on la fait asseoir sur ses deux mains. Un parquet ciré, un morceau de taffetas gommé, une lame de verre placée sous ses pieds ou sur sa chaise annihilent également sa propriété électrique.

Pendant le paroxysme, la jeune fille ne peut presque rien toucher avec la main gauche sans qu’elle le jette au loin comme si elle était brûlée; quand ses vêtement touchent les meubles, elle les attire, elle les déplace, elle les bouleverse. A chaque décharge électrique, elle fuit pour éviter la douleur; elle dit qu’alors
“ ça la pique
” au poignet et au pli du coude.

Chaque phénomène chez cette jeune fille est marqué par la frayeur, la fuite et un air d’épouvante. Quand elle approche le bout du doigt du pôle nord d’un fer aimanté, elle reçoit une forte secousse : le pôle sud ne produit aucun effet. On a beau changer le fer de manière à ne pas reconnaître soi-même le pôle, la jeune fille sait fort bien l’indiquer. Cette enfant a treize ans. Elle est très forte et bien portante. Son intelligence est peu développée. C’est une villageoise dans toute l’acceptation du mot. »

Lisez la deuxième partie de cet article
 
 



yogaesoteric


9 septembre 2019

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