Cancer : L’impact du cannabidiol sur les cellules métastasées
L’Institut du Centre de recherche médical Californie Pacific fonde son programme de recherche sur un partenariat actif entre cliniciens et chercheurs dans le domaine des essais cliniques et pharmaceutiques.
Voici deux comptes-rendus sur les recherches menées par cette équipe de chercheurs. A ce point de leur étude, l’impact du CBD sur les cellules métastasées s’avère prometteur.
Institut du California Pacific Medical Center Research Institut – Sean D. McAllister, PhD, Chercheur en Science fondamentale – Centre de recherche médicale Californie Pacific
Introduction
L’équipe de recherche étudie le potentiel du système endocannabinoïde pour contrôler la différenciation des cellules dans le but de développer des interventions thérapeutiques contre les cancers agressifs. Ce système biologique, nouvellement découvert, peut être régi par les différentes classes de composants de cannabinoïdes qui fonctionnent au travers de divers récepteurs cellulaires spécifiques. Les récepteurs cannabinoïdes clonés ont été nommés cannabinoïde 1 (CB1) et 2 (CB2).
Le Δ-9-tétrahydrocannabinol (THC), un mélange contenant un agoniste de récepteur CB1 et CB2 est la principale substance active du Cannabis Sativa. Il est employé dans les essais cliniques pour le traitement du glioblastome multiforme (GBM) agressif et récurrent (tumeur primitive du cerveau la plus fréquente). Les cannabinoïdes sont également utilisés dans des essais cliniques sans lien direct avec l’activité anticancer. Les composants ont été signalés pour être bien tolérés lors de l’administration chronique orale et systémique. En complément du Δ-9-THC, les cannabidiol (CBD), cannabinol (CBN) et cannabigerol (CBG) sont également présents dans le cannabis en quantités raisonnables. Le CBN a une faible affinité pour les récepteurs CB1 and CB2, tandis que les cannabidoides non psychotropes CBD et CBG ont des influences négligeables sur les récepteurs clonés. On a déterminé que ces cannabidoïdes supplémentaires sont également efficaces et inhibent les cancers agressifs. Il est important de souligner qu’on a découvert, in vitro, qu’une augmentation synergique dans l’activité antiproliférative et apoptotique (le processus par lequel les cellules déclenchent leur auto-destruction en réponse à un signal) des cannabinoïdes peut être produite en combinant les ratios spécifiques des agonistes des récepteurs CB1 et CB2 avec des cannabinoïdes non psychotropes.
Les chercheurs Pierre Desprez et Sean McAllister
On détermine le mécanisme moléculaire qui pourrait expliquer l’augmentation synergique dans l’activité anticancer qui est observée dans les traitements combinés. On étudie également cette stratégie de combinaison (pour savoir si elle) mènera à d’avantage d’activité antitumorale in vivo.
En plus du projet de traitement combiné, nous travaillons, en collaboration avec le Dr Pierre Desprez, pour développer de nouveaux inhibiteurs de l’Id-1 employant des composants de cannabidoïdes. L’Id-1 est une protéine hélice-boucle-hélice qui agit comme inhibiteur des facteurs de transcription de l’hélice-boucle-hélice de base qui contrôlent la différenciation cellulaire, le développement et la carcinogénèse (naissance d’un cancer à partir d’une cellule transformée par plusieurs mutations).
Des recherches antérieures sur l’expression de l’Id-1 dans les cellules normales et cancéreuses du sein, comme dans les glandes mammaires de la souris et dans les biopsies du cancer du sein humain, démontrent que l’augmentation de l’expression de l’Id-1 est associée à un phénotype invasif et proliférant (phénotype : l’ensemble des caractéristiques observables ou détectables d’un organisme.) Plus spécifiquement, il a été trouvé que l’Id-1 était exprimée de façon constitutive à haut niveau dans les cellules cancéreuses du sein et dans les biopsies humaines; cette agressivité est retombée in vitro et in vivo lorsque l’expression de l’Id-1 a été ciblée par l’application de la technologie antisens (cette technologie permet de perturber la production de protéines lorsqu’elle est insuffisante ou excessive, donc cause de maladies).
Il est important de souligner qu’on a découvert que le CBD, un cannabinoïde non toxique qui est dépourvu de psychoactivité, peut inhiber l’expression du gène Id-1 dans les cellules métastasées du cancer du sein et par conséquent leur phénotype agressif. La régulation négative de l’expression a résulté de l’inhibition des promoteurs endogènes Id-1 correspondant aux niveaux de protéines et de mRNA. Le CBD et les composants basés sur ses structures peuvent être pour cette raison potentiellement utilisés comme agents thérapeutiques. Le CBD inhibe également les métastases du cancer du sein in vivo.
Sur les bases des découvertes, on est engagés dans 1) le développement de nouveaux CBD analogues pour le traitement des cancers du sein agressifs 2) la découverte des mécanismes détaillés par lesquels les composants des cannabinoïdes régulent l’expression de l’Id-1.
Information complémentaire
Les cannabinoïdes sont employés dans les essais cliniques aux Etats-Unis et dans d’autres pays pour des cas autres que le traitement spécifique du cancer.
Aucune preuve clinique ne démontre que les cannabinoïdes/cannabis peuvent ralentir la progression du cancer, mais les données précliniques issues des modèles de cancer chez les souris et en culture indiquent que les composés ralentissent la progression de nombreux types de cancers. Quoiqu’il en soit, plusieurs études cliniques sur des patients atteints de cancer montrent que les composés cannabinoïdes et cannabis peuvent être utilisés de manière palliative pour réduire les nausées et la douleur, et augmenter l’appétit.
Dans les modèles précliniques du cancer du cerveau, les cannabinoïdes se sont montrés plus efficaces en combinaison avec le témozolomide (un principe actif anticancéreux commercialisé sous le nom de TEMODAL par le laboratoire Schering Plough) – un agent commun de première ligne employé pour cibler le cancer du cerveau. En fonction de ces données, les composés cannabinoïdes devraient être combinés à un agent de première ligne afin d’en voir la plus grande efficacité dans un contexte clinique. Des publications reposant sur des modèles précliniques suggèrent que ce type d’amélioration de l’activité du médicament agit sur d’autres cancers lorsque les cannabinoïdes sont combinés avec des agents de première ligne.
On a ciblé les cellules du cancer du sein qui exprimaient des taux élevés de protéine Id-1. Le CBD est hautement efficace pour désactiver ce gène spécifique qui contrôle les métastases du cancer du sein. En plus de contrôler directement les métastases, la désactivation de l’Id-1 a également amélioré l’activité des agents de première intention dans les modèles de cancers précliniques.
« Dans cette étape on cherche à connaître le comportement de la molécule en interaction avec le vivant. Les molécules “ candidates ” vont faire partie d’une série d’essais “ in vitro ” et “ in vivo ”. Ces études pré-cliniques sont obligatoires avant tout essai chez l’homme. Ces essais comprennent trois axes : La pharmacologie expérimentale, la toxicologie et la pharmacocinétique. »
yogaesoteric
27 juin 2019