Elon Musk : Neuralink va procéder à des implantations dans le cerveau humain dans « moins d’un an »
« Nous sommes déjà un cyborg dans une certaine mesure. »
Pour la deuxième fois en deux ans, l’entrepreneur et milliardaire Elon Musk s’est posé avec le podcasteur Joe Rogan pour discuter de l’avenir de l’IA et de son rôle dans la symbiose entre l’homme et la machine.
Au cours de leur conversation, Musk a révélé que la startup de stimulation cérébrale sécrétoire de démarrage Neuralink, qu’il a cofondé, est sur le point de commencer à être testé chez de vrais humains.
« Nous ne testons pas encore les gens, mais je pense que ce ne sera plus très long », a déclaré Musk à Rogan. « Nous pourrions être en mesure d’implanter un lien neuronal dans moins d’un an chez une personne je pense. »
La nouvelle vient après que M. Musk eut dit, en février, que la startup d’interface cerveau-ordinateur travaillait sur une nouvelle version « géniale ».
En juillet 2019, la société a montré des plans pour faire des trous dans le crâne des sujets avec des lasers et pour alimenter leur cerveau avec des fils d’électrodes flexibles.
Lors de sa récente conversation avec Je Rogan, M. Musk a révélé que l’implant de la société a un diamètre d’environ 2,5 cm et qu’il doit être implanté en retirant une petite partie de la boîte crânienne.
Elon Musk a minimisé les risques liés à une telle procédure, affirmant qu’il y a « un très faible risque de rejet [du corps] ».
« Les gens mettent des moniteurs cardiaques et d’autres choses pour les crises d’épilepsie, la simulation du cerveau profond, les hanches et les genoux artificiels ce genre de choses »,a-t-il dit, notant que « l’on sait bien ce qui est la cause d’un rejet ou non ».
Elon Musk a comparé le processus de son appareil de stimulation neurale qui zappe le cerveau à « donner des coups de pied dans une télévision ».
Bien que cela semble violent, l’objectif est de restaurer la fonctionnalité du cerveau. Par exemple, les personnes atteintes d’Alzheimer pourraient voir leur mémoire restaurée.
« C’est comme un tas de circuits et ces circuits sont défectueux », a expliqué M. Musk.
Mais la technologie n’en est qu’à ses débuts.
« Il reste encore beaucoup de travail à accomplir », a déclaré M. Musk. En se référant à son calendrier de tests d’ici un an, il a noté que « nous avons une chance de mettre un lien dans quelqu’un et de lui faire retrouver une certaine fonctionnalité qu’il a perdue ».
Finalement, alors que Joe Rogan songeait à ne faire qu’un avec les machines dans un futur lointain, Elon Musk a répondu que nous devions continuer.
« Même dans un scénario bénin, nous sommes à la traîne », a déclaré Elon Musk. « Alors, comment allez-vous faire ? Si vous ne pouvez pas les battre, rejoignez-les. »
« Nous sommes déjà un cyborg dans une certaine mesure », a dit Musk à Rogan. « Vous avez votre téléphone, votre ordinateur portable… Si vous n’avez pas votre téléphone, c’est comme le syndrome du membre fantôme. »
Elon Musk fait une démonstration de l’implant sur des cochons
Pendant que Gertrude, paisible cochon, avait le groin plongé dans sa mangeoire, Elon Musk présentait la puce implantée dans le cerveau du cobaye, lors d’une conférence de presse sur YouTube, le 28 août dernier. Connecté aux ordinateurs, l’implant sert de prototype en vue de développer la version pour les humains qui redonnera la parole et la mobilité aux personnes paralysées, dit il.
« C’est comme une Fitbit [montre connectée] dans votre crâne », s’est enthousiasmé Elon Musk lors d’une conférence en ligne sur les progrès de son projet d’interface reliant le cerveau aux ordinateurs qui suscite beaucoup de scepticisme dans la communauté scientifique. L’entrepreneur futuriste (Tesla, SpaceX) a présenté il y a un an une puce dotée de fils ultra-fins, pouvant être implantée dans le cerveau par un robot – une sorte de machine à coudre ultra-précise.
Elon Musk présente l’implant développé par sa start-up Neuralink, le 28 août 2020. © Neuralink, AFP
Le nouveau modèle, sans-fil grâce à la technologie Bluetooth, se recharge la nuit et mesure 23 mm de diamètre (comme une petite pièce de monnaie) sur 8 mm d’épaisseur. En théorie, la puce ronde sera implantée dans le cerveau sans qu’il y ait besoin de passer une nuit à l’hôpital, et sans laisser de trace, si ce n’est une petite cicatrice sous les cheveux. Elle servira d’abord à traiter les maladies neurologiques. Mais l’objectif à long terme est de rendre les implants si sûrs, fiables et simples qu’ils relèveraient de la chirurgie élective (non urgente). Des personnes pourraient alors débourser quelques milliers de dollars pour doter leur cerveau d’une puissance informatique.
Opération séduction pour les RH d’Elon Musk
Pour l’instant, dans les laboratoires de Neuralink, le cochon Gertrude marche sur un tapis roulant, le groin dans une mangeoire accrochée devant, pendant que la puce retransmet ses signaux neurologiques. À partir de ces informations, l’ordinateur est capable de prédire à tout instant où se trouvent chacun de ses membres. De quoi donner l’espoir de rendre la mobilité aux personnes paraplégiques.
Gertrude mène sa vie de cochon sans savoir qu’elle a un implant dans le cerveau qui transmet des informations à des ordinateurs. © Neuralink, AFP
En cas de lésion à la moelle épinière, une autre puce pourrait être implantée à l’endroit de la blessure, et contourner les circuits de transmission endommagés, imagine ainsi Elon Musk. « Sur le long terme, je suis certain qu’on pourra retrouver l’usage complet de son corps », ajoute-t-il.
De nombreuses entreprises travaillent sur le contrôle des ordinateurs par la pensée, et d’autres d’interfaces cerveau-machine sont en cours de développement. Facebook finance ainsi un projet pour traduire en mots l’activité du cerveau, via des algorithmes, afin de rendre la parole aux personnes rendues muettes à cause de maladies neurodégénératives.
De nombreux scientifiques rappellent cependant que le cerveau n’est pas aussi compartimenté qu’on aimerait le croire. « Chaque cerveau a une structure unique, massivement interconnectée », a commenté Dean Burnett, chercheur de l’université de Cardiff, en amont de la conférence, se disant sceptique sur les véritables avancées de Neuralink. L’objectif du fantasque patron, avec cette présentation sur YouTube, était avant tout de séduire et de recruter de nombreux ingénieurs, chirurgiens, chimistes, spécialistes de la robotique et autres. La start-up ne compte qu’une centaine de salariés, mais en espère 10.000 aussi vite que possible, pour relever une montagne de défis.
Elon Musk présente dans une conférence sur YouTube la nouvelle puce de sa start-up Neuralink et le robot chirurgien conçu pour l’implanter dans le cerveau. © Neuralink, AFP
Objectif : faire de la télépathie non linguistique
La puce informatique doit être protégée contre les perturbations externes (interférences sur les ondes, puissance des signaux) mais aussi internes. Ses communications avec le smartphone et toute autre machine doivent être inviolables. Et bien sûr, comme pour les voitures autonomes de Tesla, en retard sur les annonces ambitieuses du patron, la puce dépend des feux verts des régulateurs.
Elon Musk a annoncé que Neuralink venait d’obtenir l’approbation des autorités sanitaires américaines pour des tests, sans préciser d’horizon pour les premières implantations humaines. En juillet 2019, il les promettait pour 2020. Mais rien ne refroidit les ardeurs du milliardaire, qui veut coloniser Mars et craint que les technologies d’intelligence artificielle (IA) ne transforment les humains en « chats domestiques » des ordinateurs.
La puce est ainsi censée nous permettre d’arriver à une « symbiose avec l’IA ». Il a aussi évoqué la possibilité de communiquer des pensées brutes, non limitées par les langues humaines, de la « télépathie non linguistique consensuelle et conceptuelle ». Son équipe rêve, entre autres, de mettre fin aux douleurs extrêmes, de guérir les dépressions et addictions ou encore de percer les mystères de la conscience.
Faisant référence à un épisode de la série Black Mirror, qui enchaîne les scénarios cauchemardesques où les humains sont dépassés par les technologies, Elon Musk a aussi affirmé qu’il serait possible de stocker ses souvenirs sous forme numérisée. « Vous pourrez sauvegarder vos souvenirs, et aussi potentiellement les télécharger dans un autre corps ou dans un robot, a-t-il dit. Le futur va être bizarre ».
yogaesoteric
15 septembre 2020