Facebook et Instagram suppriment tous les comptes liés à QAnon

 

Le réseau social s’attaque au mouvement QAnon qui s’est développé ces derniers mois aux États-Unis. De son côté, Donald Trump a refusé de condamner ce mouvement.

À l’approche de la présidentielle aux États-Unis, les réseaux sociaux Facebook et Instagram vont sévir contre tous les comptes et pages liés à la mouvance pro-Trump QAnon, même ceux qui ne renferment pas de contenus violents.

Facebook a annoncé mardi 6 octobre le retrait de tous les comptes, pages et groupes liés à la mouvance QAnon, sur sa plateforme principale et sur Instagram, alors que le nombre d’adeptes de ce mouvement pro-Trump a explosé à l’approche de la présidentielle américaine.

Le géant des réseaux sociaux, régulièrement accusé par la société civile de ne pas suffisamment lutter contre les acteurs propageant la haine, avait déjà sévi à plusieurs reprises contre QAnon. Cette fois-ci, même les pages qui ne « contiennent pas de contenus violents » seront supprimées si elles sont associées à la mouvance, a précisé le groupe californien dans un communiqué.

Plusieurs semaines pour en venir à bout

« Pendant que nous avons enlevé les contenus liés à QAnon qui célébraient et soutenaient la violence, nous avons vu d’autres contenus (de la mouvance) sur d’autres formes de dangers dans la vie réelle », relate le réseau social. Par exemple, « des affirmations selon lesquelles certains groupes de personnes sont à l’origine des incendies de forêt sur la côte Ouest (des États-Unis) », continue Facebook.

La société a précisé qu’elle allait avoir besoin de plusieurs semaines pour venir à bout des occurrences. En août, elle avait déjà retiré près de 800 groupes, 100 pages et 1.500 publicités directement liés à ce mouvement sur Facebook.

Elle avait aussi pris des mesures pour réduire la portée de plus de 10 000 comptes sur Instagram et de près de 2 000 groupes et 440 pages sur Facebook, comme limiter les recommandations, les rétrograder sur les fils d’actualité, les rendre plus difficiles à trouver, les empêcher de faire de la pub ou vendre des produits.

Auparavant, Facebook a supprimé des milliers de pages et groupes liés au sujet QAnon

Le 19 août, le réseau social américain a supprimé 900 pages et groupes, ainsi que 1.500 publicités liées au sujet QAnon. Dix mille pages Instagram, ainsi que près de 2.000 groupes Facebook et plus de 400 pages ont également vu leur portée réduite, afin de limiter leur expansion.

Selon NBC, « Facebook a également supprimé des milliers de comptes, pages et groupes dans le cadre d’une “ extension de ses règlements ”, qui vise à limiter la rhétorique violente liée à QAnon, aux milices politiques et aux groupes protestataires comme les antifas ». Le site d’information américain a précisé qu’avec l’instauration de ces nouvelles règles, Facebook ne fera plus apparaître ces groupes et comptes parmi ses recommandations.

Ces suppressions interviennent moins de deux semaines après la suppression d’un autre groupe qui rassemblait 200.000 utilisateurs. Selon Facebook, ce groupe avait été supprimé parce que plusieurs de ses membres n’avaient pas respecté les règles de modération du réseau social, notamment en matière de harcèlement, de discours haineux et de propagation de fausses informations pouvant être dangereuses.

« Omnithéorie alternative »

Fin juillet, Twitter avait banni 7.000 comptes et réduit la visibilité de 150.000 autres en juillet, tandis que TikTok a annoncé  bloquer des hashtags liés au mouvement quelques jours plus tard.

QAnon est un mouvement qui, à ses débuts, en 2017, assurait que Donald Trump travaillait en secret à débarrasser le monde d’une cabale d’élites responsable de tous les maux du monde. Depuis, souligne très justement le site américain The Hill, « la théorie alternative a évolué pour inclure des dizaines d’autres variantes sous son égide ». Spécialiste de ces mouvements, la chercheuse américaine Renée DiResta parle d’une « omnithéorie alternative », dont le FBI a dénoncé le danger en août 2019.

Un temps à la marge, QAnon a gagné en importance ces derniers mois. Une étude reprise par le Wall Street Journal le 13 août révélait que le nombre de membres moyen des dix plus gros groupes publics sur Facebook avait grossi de 600 % entre mars et juillet, passant de 6.000 à 40.000. Une enquête préliminaire interne réalisée par le réseau social début août avait permis de découvrir des milliers de groupes et pages consacrés à cette théorie alternative, qui rassemblerait des centaines de milliers, voire des millions d’utilisateurs.

Plusieurs facteurs expliquent cette croissance, selon différents chercheurs qui étudient ces questions. « Les confinements ont contraint les gens à passer plus de temps chez eux, devant leurs écrans, ce qui augmente les chances d’être exposés à la désinformation en ligne, » avance le Wall Street Journal. « Les chercheurs expliquent également que les réseaux sociaux ont permis aux gens de trouver plus facilement ces publications, parce que leur contenu fait qu’il est plus probable qu’ils soient partagés par des utilisateurs ou recommandés par les algorithmes de l’entreprise. »

QAnon s’est également fait une place sur le plan politique. Au moins 19 personnes adeptes de cette théorie (ou qui lui ont donné du crédit) seront candidates pour un siège au Congrès américain (Chambre des représentants ou Sénat), le 3 novembre.

Parmi elles, l’une des plus grandes défenseuses de cette théorie, Marjorie Taylor Greene, est quasiment assurée d’un siège à Washington, ayant remporté la primaire républicaine dans un district de Géorgie où son prédécesseur s’était imposé avec 50 points d’avance en 2018.

S’il ne s’était jamais exprimé sur le sujet, Donald Trump a longtemps relayé des comptes et slogans affiliés à QAnon par son compte Twitter. Mais comme l’expliquait au Monde le chercheur américain Alex Kaplan, au début du mois d’août, cela ne voulait pas dire que le président américain soutenait QAnon : « Donald Trump aime amplifier des choses dont il sent qu’elles peuvent l’aider ou s’insérer dans un discours pro-Trump. Que ce soit du contenu QAnon ou autre chose, c’est du pareil au même », nuançait-il.

Absence de condamnation de la part de Donald Trump

Après avoir évité une première question sur le sujet, le 14 août, le président américain a, finalement, répondu à une autre cinq jours plus tard lorsqu’une journaliste lui a demandé ce qu’il pensait du mouvement qui avait pris de l’ampleur pendant la pandémie. « Je ne sais pas grand-chose à part qu’ils m’aiment apparemment beaucoup, ce que j’aime bien, assure-t-il. Mais je ne sais pas grand-chose sur le mouvement. (…) J’ai entendu dire que c’étaient des gens qui aimaient notre pays. »

Interrogé sur sa place de héros au sein d’un mouvement qui fait de lui l’homme qui « sauve secrètement le monde d’un culte satanique de cannibales et pédophiles », Trump n’a pas repris la formulation. « Je n’en ai pas entendu parler, mais c’est censé être mal ou bien ?, a demandé le président américain. Si je peux aider à sauver le monde de problèmes, je suis prêt à le faire, je suis prêt à y aller. Et c’est ce qu’on fait d’ailleurs. Nous sauvons le monde d’une philosophie de gauche radicale qui va détruire ce pays. Et quand ce pays sera détruit, le reste du monde suivra. »

Comme l’ont noté plusieurs journalistes américains, les adeptes de QAnon se sont rapidement réjouis de cette absence de condamnation de la part de leur héros. Si Donald Trump a longtemps embrassé des théories alternatives, dans ce cas précis, souligne le New York Times, « sa réponse a constitué une remarquable expression publique de soutien à un mouvement complotiste marginal qui a inspiré des explosions de violence ».

YouTube sévit contre les membres de QAnon

YouTube renforce ses règles à l’égard du mouvement pro-Trump. La plateforme vidéo de Google suit en cela Twitter et Facebook.

Après Twitter et Facebook, YouTube a annoncé le 15 octobre le durcissement de ses règles contre la propagation des théories alternatives à des fins violentes, en particulier QAnon.

Les règlements de la plateforme de vidéos de Google sur la haine et le harcèlement interdisent désormais « les contenus qui ciblent des individus ou groupes de personnes avec des théories alternatives qui ont été utilisées pour justifier des violences dans la vie réelle », indique un communiqué.

Des dizaines de milliers de vidéos retirees

Le réseau social aux 2 milliards d’utilisateurs mensuels dit aussi avoir retiré des dizaines de milliers de vidéos liées à QAnon et interdit des centaines de chaînes, notamment pour avoir « menacé de recourir à la violence » ou « nié l’existence d’événements violents majeurs », comme l’Holocauste.

 

yogaesoteric
31 octobre 2020

 

Spune ce crezi

Adresa de email nu va fi publicata

Acest site folosește Akismet pentru a reduce spamul. Află cum sunt procesate datele comentariilor tale.

This website uses cookies to improve your experience. We'll assume you're ok with this, but you can opt-out if you wish. Accept Read More