La « Kurdish Connection » : Les efforts d’Israël, de Daesh et des USA pour déstabiliser l’Iran (1)
Sarah Abed réalise une analyse du rôle de certaines organisations kurdes, abusivement mises en avant comme représentatives de la totalité des kurdes syriens, dans la guerre au Moyen-Orient élargi.
Pendant la Guerre Froide, le mollah Moustafa Barzani (le père de Massoud Barzani) s’est rapproché de Washington et du Shah d’Iran. Il est devenu un officier du Mossad. On le voit ici en Israël avec Abba Eban (ministre des Affaires étrangères) et le général Meir Amit (directeur du Mossad).
Les liens des Kurdes avec Israël
Les relations kurdo-israéliennes ont significativement mûri. Depuis les années 1960 au moins, Israël a épisodiquement fourni aux Kurdes une assistance sécuritaire et un entraînement militaire. Cela a principalement servi de diversion contre Saddam – en le gardant occupé alors qu’Israël menait deux guerres contre une coalition de ses voisins arabes – mais la compréhension mutuelle de leurs difficultés respectives a aussi nourri des affinités israélo-kurdes.
Tout semble indiquer que cette coopération sécuritaire continue encore. L’approvisionnement d’Israël en pétrole kurde bon marché ne montre pas seulement le renforcement des liens économiques mais aussi une main tendue à Erbil, à son budget famélique, laquelle suggère un pari stratégique sur les Kurdes dans une région en mutation.
D’après une étude de l’Université hébraïque, la population la plus proche des juifs d’un point de vue génétique pourrait être les Kurdes.
Les Kurdes sont alliés avec le pire ennemi de la Syrie – Israël – pour qui, incidemment, l’aspiration au Grand Israël s’accorde presque parfaitement avec les projets des Kurdes pour le « Kurdistan ». Le plan pour un « Grand Israël » d’Oded Yinon, établit qu’il est impératif d’utiliser les Kurdes pour mieux diviser les pays voisins et ainsi contribuer à un plan de domination élargie. Il est assez intéressant de voir que les Kurdes minimisent cette alliance en la considérant juste comme un pas supplémentaire vers la réalisation de leur but ultime, la création d’un Kurdistan autonome.
Tous les principaux groupes politiques kurdes dans la région ont des liens de longue date avec Israël. Tout cela est lié à de graves violences ethniques contre les Arabes, les Turkmènes et les Assyriens. Depuis le PKK en Turquie jusqu’au PYD et au YPG en Syrie, du PJAK en Iran au plus célèbre de tous, le régime mafieux Barzani-Talabani (GRK/Peshmerga) au nord de l’Iraq. Ainsi, on ne devrait pas être surpris qu’Erbil fournisse Daesh (l’Emirat islamique ou Etat islamique) en armes pour affaiblir le gouvernement iraquien à Bagdad. Et quand on comprend qu’Erbil n’est rien de plus qu’un faux nez de Tel-Aviv en Iraq, le stratagème devient clair.
Israël a apparemment fourni au GRK des armes et de l’entraînement militaire avant même ses affrontements armés avec Daesh. Côté stratégie économique, Israël a accordé un soutien vital au GRK en achetant du pétrole kurde en 2015, alors qu’aucun autre pays ne voulait le faire car Bagdad les menaçait de poursuites judiciaires. Le ministre des Ressources Naturelles du GRK, Ashti Hawrami, a même reconnu cet arrangement en disant que le pétrole kurde était souvent écoulé par Israël par souci de discrétion.
En janvier 2012, le journal français Le Figaro a affirmé que des agents secrets israéliens recrutaient et entraînaient des dissidents iraniens dans des camps clandestins de la région kurde d’Iraq. En se rangeant du côté kurde, Israël y gagne des yeux et des oreilles en Iran, en Iraq et en Syrie. Un an plus tard, le Washington Post a découvert que la Turquie avait révélé aux services secrets iraniens l’activité en Iran d’un réseau d’espions israéliens parmi lesquels figuraient dix personnes identifiées comme Kurdes qui auraient apparemment rencontré des membres du Mossad en Turquie. Cette situation instable entre Israël et la Turquie dure encore.
Les vétérans occidentaux se rallient à la cause kurde
Le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et son émanation syrienne, le YPG, sont des mouvements radicaux sectaires qui entremêlent marxisme, féminisme, léninisme et nationalisme kurde dans un méli-mélo idéologique. Ils utilisent abondamment une propagande qui se réfère à ces modes de pensée pour recruter leurs membres. Abdullah Öcalan, le leader du PKK, s’est inspiré de l’anarchiste américain Murray Bookchin pour créer sa philosophie qu’il appelle « confédéralisme démocratique ».
Cette émanation du PKK qu’est le YPG constitue l’essentiel des FDS en Syrie. Avec le soutien politique de l’occident, les FDS ont gagné en popularité et collecté un nombre impressionnant de soutiens chez les vétérans occidentaux, parmi lesquels certains ont quitté le confort de leur propre pays pour se battre à leurs côtés. Un de leurs plus efficaces outils marketing a été d’utiliser des jeunes et séduisantes combattantes comme visages des guérillas. Pendant sa lutte contre Daesh, le PKK a saturé les médias avec des images de jeunes « combattantes de la liberté », les utilisant comme des outils marketing pour sortir leur cause de l’obscurité et se faire une réputation
Un groupe de petites brigades rebelles du Nord-Ouest de la Syrie a annoncé être prêt à se joindre à la coalition soutenue par les Etats-Unis et dont le fer de lance sont les forces des unités de Protection du Peuple Kurde (YPG), qui jusqu’à présent ont concentré leurs opérations bien plus à l’Est.
Regardez un reportage de la BBC sur les combattantes kurdes en Syrie, avec la chanteuse kurde Helly Luv.
Mais ce qui n’est pas rapporté, c’est comment le mouvement a perpétré des enlèvements et des meurtres – sans parler de son implication dans le trafic de stupéfiants.
Des familles kurdes exigent que le PKK arrête d’enlever des enfants mineurs. Cela a commencé le 23 avril 2011, le jour où la Turquie commémorait la 91ème journée de la Souveraineté Nationale et journée des enfants. Alors que des enfants célébraient ce jour férié à l’ouest de la Turquie, le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) a enlevé 25 étudiants âgés de 14 à 16 ans du côté est du pays dans le district de Lice de la province de Diyarbakır.
Bien que le PKK ait enlevé plus de 330 mineurs en 2017, la famille Bockum a été la première dans la région à planter une tente près de son siège pour démarrer un sit-in de protestation, défiant le PKK et réclamant qu’on leur rende leur enfant. Sinan a été rendu à sa famille le 4 mai 2017. Al-Monitor a rapporté cet incident depuis le début avec force détails.
Comme l’a expliqué Bebyin Somuk dans son article, le PKK et le PYD enlèvent encore des enfants en Turquie et en Syrie. Elle déclare : « Comme je l’ai déjà écrit pour le Kebab and Camel, le PKK commet des crimes de guerre en recrutant des enfants soldats. Certains des militants du PKK qui se sont rendus hier étaient aussi des enfants soldats du PKK. La photo montre clairement que ces enfants n’ont pas plus de 16 ans. L’armée turque a publié une vidéo de 25 militants qui se sont rendus à Nusaybin. »
SouthFront a publié à propos des combattantes du PKK qui ont tué des soldats turcs : « Le commandement des combattantes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) a diffusé une déclaration où il affirme que des combattantes du PKK ont tué 160 soldats turcs en 2016. Selon la déclaration, le commandement des combattantes du PKK a conduit 115 opérations contre les forces du gouvernement turc en 2016. Le groupe a aussi juré de poursuivre la lutte jusqu’à remporter la victoire, pendant l’année à venir, pour une vie de liberté. »
Le PKK tue aussi des Kurdes sous prétexte de protéger leurs droits. « Cemil Bayık, un haut dirigeant du PKK, a dit dans une interview avec l’agence de presse Firat (ANF) “ Notre guerre ne se limitera pas aux montagnes, comme avant. Elle s’étendra partout sans faire de distinction entre les montagnes, les plaines ou les villes. Elle s’étendra aux métropoles. ” La déclaration du terroriste Bayık annonçait que le PKK s’en prendrait de plus en plus aux civils et viserait plus que jamais les zones civiles. Et c’est ce qu’il se passe. Depuis le 15 juillet 2016, le jour où FETÖ, la secte terroriste de Fethullah Gülen, a lancé son coup d’État manqué pour renverser le gouvernement démocratiquement élu, le PKK a perpétré des douzaines d’attaques terroristes qui ont tué 21 civils et blessé 319 autres – pour la plupart des citoyens kurdes. »
Selon le Washington Institute « Le 18 novembre 2009 Robert Mueller, le directeur du FBI, a rencontré des hauts responsables turques pour aborder les efforts turco-états-uniens visant le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), connu aussi sous le nom de Kongra Gel. À la suite de la réunion, un communiqué de presse de l’ambassade des États-Unis à Ankara a souligné que les responsables états-uniens ‘soutenaient vivement les efforts de la Turquie contre l’organisation terroriste PKK’ et a mis en avant la longue histoire commune des deux pays à travailler ensemble dans la lutte contre le terrorisme et le crime organisé transnational ».
Ces discussions tombent à point nommé. Malgré l’offre récente d’Ankara de remédier au problème kurde – proposition dite de « l’ouverture démocratique » – le PKK est impliqué dans le marché international de la drogue comme un nombre croissant d’autres organisations terroristes. En octobre 2009, le Département du Trésor états-unien a ajouté trois des principaux leader du PKK/Kongra Gel sur la liste des trafiquants étrangers de stupéfiant. Le PKK, avec les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) est l’une des rares organisations dans le monde pointée par le gouvernement des États-Unis à la fois comme une organisation terroriste et un trafiquant étranger notable de stupéfiants.
La contrebande de drogue est apparemment la principale ressource financière du PKK selon l’International Strategic Research Organization, dont le rapport détaillé peut être consulté en notes.
Leurs victoires surmédiatisées contre Daesh les ont aidés à évoluer d’une organisation militante radicale vers un acteur régional qui se prétend puissant. Est-ce qu’ils ont réussi dans leur combat contre Daesh en Syrie ? Oui – mais alors que l’Armée arabe syrienne était plus efficace, elle n’a pas reçu la moindre part des louanges et de la reconnaissance que le PKK a reçu.
Pato Rincon, un vétéran de l’armée états-unienne, a écrit à propos de sa période d’entraînement avec le YPG en Syrie. Bien qu’initialement intéressé par leur désir d’autonomie, il a bientôt découvert une autre facette du groupe : « Alors qu’ils sont des descendants directs de l’Union Soviétique, leur approche du marxisme a un penchant bien plus nationaliste que leurs prédécesseurs internationalistes. Dans le camp d’entraînement auquel j’ai participé, ils parlaient constamment de leur droit à un pays libre et autonome – ce que je pouvais soutenir. D’un autre côté, ils se ridiculisaient à prétendre que toutes les cultures alentours arabes, turques ou persanes, descendaient de la culture kurde. On peut trouver ça étrange étant donné que les Kurdes n’ont jamais eu autant d’autonomie que celle pour laquelle ils se battent. Il était facile de voir qu’ils étaient bouffis de nationalisme derrière leur masque internationaliste… non seulement leur idée du marxisme était stupide mais leur version du féminisme était pire encore. »
De tels témoignages n’apparaîtront certainement pas dans les médias traditionnels puisqu’ils ne cadrent pas dans le récit que les Kurdes et ceux qui les soutiennent diffusent.
Joe Robinson est un autre exemple du soutien occidental au YPG. Ancien soldat et ressortissant britannique, récemment revenu au Royaume-Uni après avoir passé 5 mois en Syrie à combattre avec le groupe, dès son retour, il a été interpellé et arrêté par la police de Greater Manchester pour suspicion d’acte terroriste. Il a rejoint l’armée britannique quand il avait 18 ans et a servi en Afghanistan avec le régiment du Duc de Lancaster en 2012.
Il a quitté le Royaume-Uni quand un mandat d’arrêt a été délivré pour non-comparution au tribunal. Robinson apparaît sur la photo ici en Syrie, avec des combattants du YPG.
Robinson est tout à gauche, tenant son arme pendant que ses camarades du YPG tiennent un drapeau de Daech. Les mots sur le mur en disent long sur les relations entre Israël, les Kurdes et les États-Unis.
Les FDS marchent avec Daesh
La plus évidente contradiction est que les Kurdes des FDS participent avec les États-Unis à l’opération Détermination Absolue qui est le nom officiel de leurs opérations anti-Daesh. Mais en même temps, la coalition menée par les États-Unis, qui inclut des unités armées kurdes, laisse « les militants du groupe terroriste État Islamique quitter Raqqa au lieu de les tuer, » selon Sergey Surovikin, le commandant des forces russes présentes en Syrie.
Il déclare : « Au lieu d’éliminer les terroristes coupables d’avoir tué des centaines et des milliers de civils syriens, la coalition menée par les États-Unis et les Forces Démocratiques est de connivence avec les meneurs de Daesh, qui abandonnent sans se battre les positions qu’ils avaient prises et se rendent dans les provinces où les forces du gouvernement syrien sont actives. »
Sputnik en arabe a pu parler avec Husma Shaib, un expert syrien des groupes armés en Syrie, qui explique pourquoi les FDS sont comparables au Front al-Nosra et le véritable but de leurs opérations en Syrie.
« En Syrie, nous considérons ces forces comme des formations militaires illégales qui opèrent en dehors de toute base légale. Ils sont comme les unités terroristes du Front al-Nosra et de Daesh. Les forces démocratiques syriennes ne coordonnent pas leurs activités avec l’armée syrienne. Nous les considérons comme des terroristes, » a dit Shaib à Sputnik.
Les FDS sont principalement constituées par la milice kurde du YPG qui a déclaré unanimement la « fédéralisation » de ce qu’ils appellent « Rojava » ou encore « Kurdistan occidental » en mars 2016.
Les leaders des FDS ont annoncé qu’ils essaieraient d’annexer la ville de Raqqa, majoritairement arabe, s’ils arrivent à la libérer.
Les Kurdes entreprennent un nettoyage ethnique de masse contre les Arabes de Raqqa pour ouvrir la voie à l’annexion de la ville qui sera prochainement capturée, à leur « Fédération » déclarée unilatéralement.
Lisez la deuxième partie de cet article
yogaesoteric
6 juin 2018