Les expériences au seuil de la mort (22)
Par Alain Moreau
Lisez la 21ème partie de cet article
7. Les NDE partagées :
En 2010, les éditions Robert Laffont ont publié un nouveau livre de Raymond Moody (en collaboration avec Paul Perry) : « Témoins de la vie après la vie ».
Dès la fin des années 1970, Raymond Moody a recueilli des témoignages sur l’expérience vécue par certaines personnes ayant accompagné un mourant.
Son premier cas lui fut rapporté par une femme médecin, le docteur Jamieson, qui venait de perdre sa mère après avoir vainement tenté de la réanimer pendant une demi-heure après un arrêt cardiaque.
« Elle raconte qu’elle s’est soudainement sentie sortir de son corps, s’est retrouvée flottant au-dessus de celui-ci et du corps désormais sans vie de sa mère, puis a réalisé que sa mère, radieuse, flottait à ses côtés ! Elle lui a dit au revoir, puis, regardant vers un coin de la pièce, elle a observé ‘une sorte de brèche dans l’univers, qui déversait de la lumière, comme l’eau coule d’une canalisation brisée’. De cette lumière sortaient des personnes décédées, amies de la mère et connues de la fille, ainsi que d’autres, inconnues. Puis sa mère s’est éloignée et a disparu dans cette lumière, sur fond de retrouvailles affectueuses… » (J. Morisson)
Raymond Moody rapporte des dizaines de témoignages semblables.
Un jour de mai 1994, il vécut lui-même l’expérience en accompagnant sa propre mère, chez laquelle on avait décelé, deux semaines auparavant, un cancer du sang extrêmement grave.
« Il se trouve à son chevet avec plusieurs membres de sa famille. Soudain, quatre d’entre eux perçoivent un changement dans la lumière et la forme de la pièce, puis se sentent soulevés, et sa sœur a même une vision de leur défunt père à la tête du lit. En fait, ses deux sœurs et l’un de ses beaux-frères vivent l’expérience avec de subtiles nuances, alors que les deux autres personnes présentes ne perçoivent rien de particulier. » (J. Morisson)
Raymond Moody note que le point de vue sceptique sur la NDE est qu’il s’agit d’une hallucination produite par le cerveau et due à la privation d’oxygène, aux médicaments, etc.
« Dans ce cas, pourquoi les accompagnants vivraient-ils le même type d’expérience ? Ils sont en bonne santé et pourtant rapportent les mêmes caractéristiques : la lumière, la vision de proches décédés, et même la vision de l’esprit de la personne qui s’élève au-dessus du corps, sous forme de brouillard, ou d’un petit nuage qui va traverser le plafond. Parfois il peut s’agir d’une forme plus définie, d’une silhouette. » (R. Moody)
Des accompagnants assistent aussi à la « revue de vie » du partant, une caractéristique majeure de l’expérience de mort imminente. Une femme âgée, qui connaissait son mari depuis l’enfance, a revu à ses côtés la vie entière de celui-ci, incluant les événements qu’elle connaissait et ceux dont elle ignorait l’existence !
Après avoir souvent mentionné en premier lieu un changement de « lumière », de « couleur » ou de « texture » dans la pièce, un autre élément rapporté par les témoins concerne la déformation de la géométrie de la pièce. Dans le cas de l’expérience de Raymond Moody, la pièce a semblé prendre la forme d’un sablier, comme évasée vers le haut et le bas, avant de retrouver celle d’un cube. Dans certains cas, les proches ont la sensation d’accompagner partiellement le défunt dans le tunnel de lumière !
* Les visions de mourants :
Raymond Moody s’est penché sur les écrits des premiers explorateurs scientifiques de ce que l’on appelle les « visions des mourants », un phénomène connu de longue date et qui implique la vision, peu avant la mort, d’entités angéliques ou de proches disparus.
Il s’agit parfois de longues discussions alors que la personne se trouvait, depuis des semaines, dans un état végétatif. Il y a des cas de personnes atteintes par exemple de la maladie d’Alzheimer, qui avaient perdu toute capacité à communiquer et qui ont retrouvé soudainement cette faculté juste avant leur dernier souffle. Il arrive que ces visions soient partagées par les proches.
« Atteint d’Alzheimer, M. Sykes est inconscient depuis plus d’un mois. Un jour, sa femme le retrouve assis sur son lit en train de converser de façon extrêmement lucide avec un certain “ Hugue ”. Or, il se trouve qu’Hugue est le frère de M. Sykes et réside dans un Etat voisin. Mme Sykes assure qu’il est en bonne santé et qu’elle l’a mis au courant deux jours plus tôt de l’état de son frère. On apprendra un peu plus tard que le frère est en fait décédé d’une crise cardiaque au moment où M. Sykes avait cette “ discussion ” sur son lit. » (J. Morisson)
Jocelin Morisson note que le fait de retrouver la lucidité au dernier stade d’une maladie d’Alzheimer « est en soi un énorme caillou dans la chaussure du matérialisme réductionniste ».
« Si le cerveau “ produit ” la conscience, le modèle tient tant que la conscience s’étiole à mesure que le cerveau s’abîme. Mais retrouver une pleine lucidité au dernier stade de cette dégradation physiologique du cerveau n’a aucun sens. Comme n’a aucun sens le fait d’affirmer que la mémoire est “ stockée ” dans le cerveau quand un proche assiste à la revue de vie complète et détaillée du mourant. Comment parler d’hallucination dans un cas comme celui de M. Sykes ou celui de ce militaire qui, au cours de sa NDE, a rencontré sa sœur qui venait de mourir au même moment ? Avancer la thèse de l’hallucination collective pour justifier les expériences de mort partagées sera une maigre consolation pour les sceptiques car cela n’explique en rien comment une femme peut assister à la revue d’éléments inconnus, puis avérés, de la vie de son mari, tout comme cette mère avec son fils. » (J. Morisson)
* Expériences de mort partagées chez le personnel soignant :
Si ces expériences sont relativement fréquentes parmi les accompagnants proches des mourants, on les observe aussi parmi les médecins et le personnel soignant. Ceux-ci les ont vécues soit dans un cadre professionnel, soit dans un cadre privé.
L’un de ces cas est celui de Jean-Pierre Postel, lequel témoigne dans le DVD « Faux départ ». On y voit aussi Raymond Moody évoquer les expériences de mort partagées lors du colloque de Martigues que Sonia Barkallah a organisé en juin 2006. Il y rappelait que les médecins pédiatres ont appris que même des enfants très jeunes ont des EMI quand ils ont frôlé la mort, et on a appris qu’il y a « des expériences empathiques, dans lesquelles de nombreuses personnes qui se trouvent près de leur proche mourant ont des expériences identiques ».
« Quand la personne qui est dans le lit meurt, le proche qui se trouve à côté a parfois la sensation qu’il quitte son corps et se dirige vers la lumière. » (R. Moody)
Dans son livre intitulé « La médecine face à l’Au-delà » (éditions Guy Trédaniel), le docteur Jean-Jacques Charbonier évoque les vécus de l’entourage des personnes au moment de la mort. Son livre débute par le témoignage d’un chirurgien qui parle d’« un truc qui sort du corps ». Jocelin Morisson note que ce « quelque chose » qui s’échappe du corps au moment du décès a été ressenti par plusieurs témoins interrogés par Jean-Jacques Charbonier, soignants ou non, ce qui vient confirmer les témoignages recueillis par Raymond Moody. Jean-Jacques Charbonier précise que son livre débute « sur les ressentis olfactifs, auditifs, tactiles, ou les visualisations de fumées, de brouillards ou “ d’entités ” s’échappant des corps de ceux qui nous quittent ».
« A ma connaissance, c’était la première fois que l’on abordait les expériences de mort clinique en se plaçant du côté de l’observateur qui est a priori sain de corps et d’esprit, mais c’était sans compter le dernier livre du Dr Moody qui parle d’expériences de mort partagées. Ainsi, nous avons eu presque la même idée en même temps. » (J.-J. Charbonier)
Jean-Pierre Postel, médecin anesthésiste/réanimateur à l’hôpital de Sarlat (Dordogne), a raconté son expérience devant la caméra de Sonia Barkallah.
« Accompagné de sa femme Anne, également médecin, et de son fils Pierre-Alexandre, le Dr Postel se trouvait au chevet de son père quand il a vu un “ halo vaporeux ” s’élever au-dessus du corps de celui-ci. Le fils rapporte “ une impression de brouillard ”, et la femme “ une espèce de brume apaisante ”. Jean-Pierre Postel explique ensuite : “ C’était purement mental. J’ai vu ce tunnel, je peux en décrire la couleur, c’était du bleu, c’était une espèce de grand tuyau… C’est difficilement descriptible, et au fond une lumière blanche intense, comme un halogène. ” Mais Anne Postel précise qu’il s’agit d’une lumière qui est au-delà du visuel, qui nous prend à l’intérieur de nous. Les trois décrivent la silhouette du père qui s’avance dans le tunnel, et Jean-Pierre Postel ajoute : “ Il était au bord et ne voulait pas sauter, il restait. ” Il se souvient alors avoir exprimé verbalement une “ autorisation ” de partir à son père. Pierre-Alexandre conclut : “ On est allé l’accompagner. On a fait un bout du tunnel et il y a quelqu’un qui a pris le relais, qui l’a pris. ” » (J. Morisson)
Cette expérience a bien sûr été un facteur déclenchant dans la démarche du docteur Postel, premier médecin hospitalier à superviser à l’hôpital de Sarlat une expérience de « cibles cachées », selon un protocole imaginé par son confrère Jean-Pierre Jourdan.
Dans son livre : « La médecine face à l’Au-delà », Jean-Jacques Charbonier livre le témoignage d’un chirurgien qui a souhaité le rencontrer après l’avoir entendu raconter dans une émission télévisée qu’il avait ressenti au début de sa carrière le décès d’un jeune homme, sous la forme d’une présence qui s’échappait du corps.
« Ce chirurgien révèle au Dr Charbonier qu’il a lui aussi ressenti la même chose par deux fois au cours de son exercice professionnel. La première fois, “ c’était à la fin d’une vilaine opération qui s’était mal passée ”, explique-t-il. Hémorragie massive, le cœur s’arrête, et le chirurgien sent “ un truc qui sort du corps ”. “ Ce truc était exactement comme vous l’avez dit à la télé ”, précise-t-il. “ Une sorte de présence joyeuse qui quittait le corps. Mon instrumentiste aussi l’a ressenti. Elle m’a regardé tout étonnée et m’a dit : Alors ! C’était quoi ça ? ”.
La seconde fois, le chirurgien ressent la même chose au début d’une intervention, après l’injection d’un antibiotique. Le patient fait une réaction allergique et un arrêt cardiaque. On masse le cœur pendant une heure, mais rien n’y fait.
“ Je savais bien qu’on ne le récupèrerait pas à cause de ce truc-là que j’avais déjà senti une première fois
”, ajoute-t-il. » (J. Morisson)
8. Quelques témoignages :
Voici un témoignage extrait du numéro 10 (avril/mai/juin 2011, page 12) du magazine de l’INREES :
« Nous sommes en août 1986. Je reviens d’Afrique avec une malaria non diagnostiquée. Dès mon retour en Belgique, je tombe très vite dans un coma profond. Je suis conduite en soins intensifs et les médecins, vu la gravité de mon cas, annoncent à mon entourage que je ne vais pas m’en sortir sans graves séquelles. Je ne suis plus consciente, mais pourtant, à un moment, je vois ces médecins s’affairer autour d’un écran et dire : “ On la perd, on la perd ! ” Je les entends demander à ma sœur, qui veillait sur moi, de ramener une robe pour le corps.
Pourtant, j’ai ce souvenir d’être assise sur le lit des soins intensifs… avec mon corps allongé derrière moi. Un ami se penche sur moi. Pour le rassurer, je veux le prendre par le cou et le rapprocher de mon visage, mais à ma grande surprise ma main traverse son cou. J’en suis toute étonnée. Sans transition, je me retrouve dans la salle d’attente, mes parents effondrés en face de moi. Je les rassure, je leur dis que tout va bien, mais ils ne semblent pas m’entendre ni me voir. Deuxième surprise. Je m’aperçois que je flotte au-dessus du sol. Ensuite, je suis projetée dans un couloir sombre avec de nombreuses portes de part et d’autre. Je sais intuitivement que je dois en ouvrir une, mais laquelle ? Je sens qu’il y a des portes à ne pas ouvrir. Je suis inquiète car j’avance et je ne trouve toujours pas la bonne porte.
Du fond du couloir, une petite lumière rose s’approche et devient de plus en plus précise. Des voiles roses en forme de silhouettes humaines flottent aussi au-dessus du sol. Arrivée à ma hauteur, je reconnais ma grand-mère paternelle, décédée depuis longtemps. Dans un large sourire, de sa main droite elle me désigne la porte à ouvrir et continue son chemin dans le silence. La porte s’ouvre d’elle-même. Au bout du sas, une lumière intense, un seuil à franchir… Je suis dans un jardin magnifique. Le sol est jonché de fleurs de couleur rouge et bleue que je ne connais pas. Au milieu du jardin, un arbre impressionnant. Mes pieds ne touchent pas le sol. Une lumière puissante, bienfaisante, douce, m’enveloppe, me transperce et m’inonde. Je cherche le soleil. Il n’y a pas de soleil, mais sur ma droite un être lumineux immense avec une sphère lumineuse en guise de visage. Cet être envahit mon coeur d’un amour inimaginable.
Tout de suite, je ressens une vibration au niveau du plexus, qui me parle :
“ Ta mission n’est pas finie, tu ne peux pas rester ici, il faut rentrer.
” Je refuse évidemment en m’accrochant à l’arbre que j’avais vu en entrant. J’entoure son tronc de mes bras, je sens son écorce rugueuse. L’être vient derrière moi. Je sens deux larges mains sur mes omoplates. Avec une force irrésistible et une grande douceur, il détache mes bras du tronc et me pousse vers la porte. Je suis alors projetée dans le couloir qui devient un long tunnel. Je me déplace à une vitesse accélérée. Je me retrouve alors au-dessus de mon corps, aux soins intensifs, et le réintègre avec douleurs. L’impact est violent et brutal. J’ouvre les yeux, je vois dans le brouillard des visages penchés sur moi, mes soeurs et l’équipe médicale, et j’entends :
“ C’est un miracle, elle vit !
”
Je suis revenue de cette aventure extraordinaire, bouleversée, transformée et totalement guérie, sans aucune séquelle. Je suis intimement convaincue que la lumière m’a guérie. Je n’étais au courant d’aucun de ces phénomènes et n’avais jamais entendu parler d‘EMI. J’ai longtemps tu mon expérience, par crainte de ne pas être crue, entendue, comprise. Récemment, j’ai pu en parler à mon médecin traitant qui ne connaissait pas le phénomène. Me voilà enfin écoutée. Cela me fait du bien d’avoir un espace pour témoigner. »
Voici maintenant un témoignage extrait du numéro 21 (mai-juin 2011, page 7) de « Science et inexpliqué » :
« Il y a quelques années, j’ai eu un terrible accident qui m’a fait sombrer dans le coma pendant 12 jours. Pendant cette période, j’ai vécu une EMI. En premier lieu, je ne me suis pas aperçu que j’étais ‘K. O’ et j’ai continué à me croire les deux pieds sur terre… Au bout de quelques heures, je me suis rendu compte que je flottais entre deux mondes et que j’étais devenu une “ entité ”. Je me sentais heureux. A un moment, j’ai pensé à ma mère et me suis retrouvé instantanément dans sa chambre. Tandis que je contemplais maman endormie, j’ai soudainement été aspiré au travers d’un tunnel “ cotonneux ” qui m’a semblé constitué d’énergie. Alors je me suis retrouvé dans un lieu splendide où j’ai rencontré des personnes de ma famille que je n’avais jamais vues autrement que sur des photos. Au loin, j’ai vu des “ constructions ”. J’ai voulu m’y rendre, mais un “ homme ” d’une luminosité incroyable est apparu et m’a regardé dans les yeux. J’ai senti son regard me pénétrer, je ne pouvais rien lui cacher ! Il savait tout de moi : mes mensonges, mes défauts, mes bonnes actions… Je lui ai demandé qui il était et il m’a répondu que je le savais parfaitement au fond de moi. J’ai ressenti de l’amour et j’ai pleuré de joie. Puis j’ai vu mon grand-père qui m’a dit que ce n’était pas encore le moment pour moi. Mais je ne voulais pas que l’expérience s’arrête, je ne voulais pas retourner sur Terre ! Rien à faire, je suis reparti dans l’autre sens et j’ai réintégré mon corps par le sternum “ comme une vieille chaussette ”. Pendant des années, je n’ai parlé à personne de cette étrange expérience… Voilà qui est fait aujourd’hui. »
Lisez la 23ème partie de cet article
yogaesoteric
19 décembre 2019